Conséquences d'une augmentation du coût des énergies fossiles
En France, nous ressentons surtout l'augmentation des coûts du pétrole et du gaz. Le nucléaire nous épargne une augmentation du coût de l'électricité que d'autres pays subissent à cause de leur dépendance vis-à-vis du charbon ou du pétrole et du gaz.
Quelles seront les conséquences d'une augmentation du coût des transports ?
Les transports sont presque exclusivement dépendants du pétrole. Les seuls
qui échappent à cette extrême dépendance sont les trains ou tramways
électriques,
lorsque l'électricité provient du nucléaire ou des énergies renouvelables,
la traction animale (avec des animaux nourris exclusivement à l'herbe) et le
vélo.
Les voitures, les camions, les avions et les navires modernes auront du
mal à se passer de combustibles fossiles liquides, voire gazeux. Il est donc
inévitable que ces modes de transport devront faire face à une augmentation de
leurs coûts de fonctionnement, qu'ils répercuteront sur leurs clients.
La
question sera alors de savoir combien de temps les consommateurs pourront-ils
assumer ces hausses des coûts de transport en gardant le même mode de vie ? Il
est inévitable, qu'à un moment donné, les transporteurs les moins
compétitifs mettront la clé sous la porte faute de clients solvables. Les
compagnies aériennes seront certainement les premières touchées car s'il y a
bien un moyen de transport dont on peut se passer aujourd'hui, c'est bien l'avion.
Les
automobilistes seront très touchés et cela aura trois conséquences :
A terme, d'ici trente ans, si l'humanité n'a pas mis au point un système efficace de stockage de l'électricité et un développement massif des réseaux de voies ferrées, ce sera la fin de l'hyper mobilité que nous a permis la voiture.
Solutions envisageables :
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Il sera plus coûteux de se chauffer l'hiver.
Le prix du fioul domestique explose avec les cours du pétrole. En août 2004,
alors que le baril de brut flirte avec les 50 dollars, le m3 de fioul (1000
litres) coûte environ 100 euros de plus qu'au cours de l'été 2003. Les
français utilisent en moyenne 11 millions de m3 de fioul domestique par an pour
se chauffer. Il s'agit normalement du combustible le moins cher pour cette
utilisation, mais son prix proche des 40 centimes d'euro par litre se rapproche
peu à peu de celui du gaz naturel.
Les distributeurs de fioul sont confrontés à des clients qui poussent des
hurlement lorsqu'ils voient le montant de la facture. Certains préfèrent même
se débrouiller avec la cheminée pour se chauffer l'hiver.
La situation de l'année 2004 est très symptomatique des conséquences catastrophiques qu'aura la déplétion du pétrole sur le confort de la vie de millions de foyers de part le monde. Ni en mai ni en juin, les français n’ont commandé de fioul pour leur chaudière. C’était trop cher à la veille des vacances et on pouvait tabler sur une baisse des prix à la rentrée. Quatre mois plus tard, octobre est revenu avec ses soirées fraîches et ses matins frisquets, et on a commencé à vouloir se chauffer. Quand on est au gaz ou à l’électricité, c'est simple. Mais quand on fonctionne au fioul et que la cuve est vide, c’est impossible. Résultat : les téléphones des livreurs s’affolent depuis quelques jours. Faute de sous et vu le cours du baril (plus de 55 dollars ce vendredi 15 octobre à New York), les commandes sont minimales : 500 litres. Elles ne permettront pas de franchir le cap du Réveillon. On rappellera en fin d’année, une troisième fois en février et une quatrième fois en avril. L’anxiété est palpable dans les familles, comment va-t-on payer ? C'est la galère pour les négociants, comment gérer la multiplication des livraisons sans y perdre ? Le Syndicat des Négociants Détaillants en Combustibles (SNDC) du Nord – Pas-de-Calais menace de bloquer les principaux dépôts de la région si le gouvernement ne se préoccupe pas de leur sort comme de celui des marins-pêcheurs, des transporteurs et des agriculteurs.
Dans l'édition du mercredi 13 octobre 2004 de La
voix du Nord, Marc Vanhalst, vice-président du SNDC, donne les clés pour
comprendre le problème.
Petites commandes. Si les clients ne commandent que des petites quantités,
et c’est logique vu la dépense à engager, il faut les livrer plusieurs fois
sur un même hiver. D’où une augmentation des frais de fonctionnement du détaillant
(horaires à rallonge des chauffeurs-livreurs, carburant supplémentaire pour
les camions...).
Taxes injustes. « L’État gagne beaucoup d’argent en ce moment grâce
aux taxes. Il peut jouer là–dessus. Pour la TVA, il faut l’autorisation de
la Commission européenne, c’est très compliqué, très long. Pour la TIPP
(Taxe intérieure sur les produits pétroliers), c’est possible très vite. On
peut aussi choisir des mesures sociales, comme en Belgique où les personnes en
difficulté ont droit à des chèques-fioul. »
Trois fois sans frais. La plupart des négociants acceptent les paiements
en trois fois sans frais. Mais face aux augmentations, les clients ne vont-ils
pas solliciter du quatre ou cinq fois sans frais ? « Nous les comprenons
mais nos trésoreries ne sont pas extensibles. Nous ne pouvons pas bloquer les
livraisons à nos clients. Nous avons connu la grand-mère et nous connaissons
aujourd’hui ses petits-enfants. Et le fioul est une énergie de première nécessité.
En revanche, les sociétés pétrolières qui nous fournissent ne font pas dans
le sentiment ! Si nous, négociants, ne payons pas nos commandes, elles nous
bloquent nos livraisons à la seconde. Nous ne sommes pour elles qu’un numéro
de compte client. »
Variations. Hier, mardi, Marc Vanhalst a acheté son mètre cube (1 000
litres) de fioul ordinaire 524 €. Lundi, il avait payé 521 €, TVA et TIPP
incluses. « Nous recevons les cotations trois fois par jour (vers 11 h, 14 h
et 16 h 30). Trois fois par jour, le prix du pétrole change et nous répercutons
ces variations sur nos clients auxquels nous sommes incapables de répondre
combien coûtera le mètre cube demain... Nous choisissons de commander à nos
fournisseurs juste après qu’on nous ait donné la cotation. Une fois la
commande passée, on ne peut pas revenir dessus. C’est une sorte de
"pari" chaque fois. Plusieurs éléments nous influencent : l’état
de notre stock, la météo, les prix mondiaux et notre intuition.
Depuis quelques jours, les prix ne font qu’augmenter et je pense que ce sera
dur jusqu’à la fin de l’hiver. Nous avons déjà connu des années où le
fioul était aussi cher qu’aujourd’hui : 1979 et 1984. En francs constants,
on est dans la normale sauf que le prix est élevé à cause de la spéculation.
»
Pétroliers spéculateurs. Le gouvernement, explique le syndicaliste,
peut aussi faire pression sur les sociétés pétrolières qui ravitaillent les
négociants. « Sur le cours du baril de pétrole, il y a bien 20 € du
mètre cube qui sont pure spéculation. La cargaison d’un navire qui charge du
pétrole au Moyen-Orient est vendue, revendue et re-revendue sept fois avant
d’arriver dans nos ports ! »
Solutions envisageables :
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Les chalutiers du large sont pénalisés.
Au cours de l'été 2004, à près de 32 centimes le litre, le carburant des
pêcheurs a pris 40% en un an. En 2000, les pêcheurs avaient été contraints
à la fronde avant même que le litre n'ait sauté la barre des 25 centimes.
C'est dire s'il règne un certain fatalisme chez les pêcheurs.
Tous les bateaux de pêche ne sont pas égaux devant la flambée des cours du
pétrole. Un fileyeur consomme jusqu'à quatre fois moins de gazole qu'un
chalutier hauturier. Il se contente de se déplacer d'un lieu de pêche à un
autre pour y poser ses pièges que sont les filets de fond. Le chalutier, lui,
doit dépenser une énergie considérable pour labourer sable et vases avec son
train de pêche. Et même parmi les chalutiers, tout le monde n'est pas logé à
la même enseigne : les côtiers s'en tirent mieux avec une langoustine fraîche
plus correctement vendue que la lotte du large.
Tout cela pèse sur le marché et conduit certains à s'interroger : avec des
frais de carburant durablement trop élevés par rapport à ce que propose la
criée, le chalut n'est-il pas un outil condamné ? On ne peut pas reconvertir
du jour au lendemain 70% de la pêche française, ce qui conduirait à
concentrer tous les navires équipés des mêmes outils sur les mêmes zones et
les mêmes espèces de poisson. Une perspective que craignent, par exemple, les
adeptes du filet tournant ou bolinche. La crise du carburant n'est pas vraiment
leur problème, mais le jour où ils seront trop nombreux, il y aura une crise
de la sardine.
Sur ce sujet, vous pouvez aller lire cette page où je décris plus en détail le mal être des pêcheurs face à la flambée du pétrole.
Solutions envisageables :
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Les travaux agricoles souffrent.
En 2004 le prix du fioul agricole a bondi avec celui du pétrole. Il a
grimpé de 35% depuis le début de l'année. C'est une catastrophe pour les 1225
entreprises bretonnes de travaux agricoles (2600 salariés) qui consomment en
moyenne 65 000 litres de fioul par an. Ces entreprises sont spécialisées dans
les travaux de battage, d'ensilage et d'épandage des boues d'épuration. Pour
la seule Bretagne, cela représente 75 millions de litres de fioul utilisés
chaque année. 30% de leur chiffre d'affaires a été consacré, cette année,
à l'achat de carburant, contre 8% en 2003. L'envolée du prix du fioul pourrait
mener la moitié d'entre elles au dépôt de bilan.
Les entrepreneurs des Territoires de Bretagne menacent de se grouper avec les
pêcheurs et les routiers pour bloquer la sortie des camions de pétrole comme
ils l'ont déjà fait en 2000 pendant une semaine.
Solutions envisageables :
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Assisterons-nous à des pannes d'électricité si le prix des énergies fossiles augmente ?
La panne de courant qui a touché l'est des USA et du Canada en août 2003, et la petite panne qui a touché le Métro londonien peu après montrent à quel point nous sommes totalement dépendants du courant électrique et les effets dramatiques que son absence provoque. Les trains et métros s'arrêtent, piégeant leurs passagers; les ascenseurs stoppent entre deux étages, les feux tricolores s'éteignent, les gens se précipitent hors des immeubles, augmentant ainsi le risque d'accidents. Plus personne ne pouvait communiquer puisque tout le monde avait passé du réseau fixe au réseau mobile. La pression sur les services de secours était énorme. Imaginez les conséquences si tout le pays était touché, et pas seulement quelques villes. Et si cette panne durait des jours, avec d'autres survenant les semaines suivantes ?
Dans le monde l'électricité provient à 63% du thermique classique (1999, observatoire énergie). Le charbon est utilisé dans 63% de ces centrales. Le pétrole assure 10% de la production mondiale des centrales thermiques. La part du gaz naturel, dont la croissance s'est accélérée ces dernières années, s'établit à 27%.
Avec le déclin du pétrole et du gaz, les pannes (et coupures) de courant seront constantes et se produiront toute l'année dans les pays dont l'électricité provient pour une large part des énergies fossiles. Pas de lumière, pas de chauffage, pas de cuisine (à moins que vous ne disposiez du gaz, et imaginez comme son prix va augmenter!). Le nombre de morts va exploser ainsi que la pression sur les autorités. Les coûts des services d'urgence, des hôpitaux, ainsi que l'aide sociale vont augmenter alors que l'efficacité diminuera.
Dans le monde, le nombre de pannes et leur durée risque de s'accroître avec le temps. C'est à ce moment là que l'existence même de la civilisation sera menacée. Nos sociétés modernes ne peuvent pas exister sans électricité. Elle est même plus essentielle que le pétrole puisque par exemple, il faut de l'électricité pour que fonctionnent les stations services qui délivrent du carburant aux voitures.
Les pannes de courant nous ramèneront au Moyen-âge à plus d'un titre. Et c'est là que la théorie d'Olduvai entre en scène.
Solutions envisageables :
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Conséquences au niveau de la bourse.
Si vous vous étonnez de n'avoir jamais entendu les compagnies pétrolières et le gouvernement parler de déplétion du pétrole, souvenez-vous de ce qui s'est passé en janvier 2004. Voici un compte-rendu du site Internet de la BBC:
Les actions de Shell plongent avec la diminution des réserves.
Malgré des bénéfices en hausse, les investisseurs ont tourné le dos au
groupe pétrolier Shell. Royal Dutch Shell a réduit les chiffres de ses réserves
prouvées de pétrole et de gaz de 20%. Les investisseurs abasourdis ont immédiatement
vendu leurs actions du groupe Anglo-néerlandais, qui ont chuté de 7% tant à
Londres qu'à Amsterdam. Shell affirme ne pas s'attendre à un impact négatif
sur ses résultats financiers, puisque 90% des réserves impliquées demeurent
inexploitées. Mais les analystes ne sont pas convaincus. Les actions de la collègue
BP on également chuté de 2%.
Les investisseurs et spécialistes du pétrole, perplexes, ont été surpris
par la vente.
« J'étais choqué, pour le moins" » rapport l'agence France
Presse qui cite un analyste pétrolier souhaitant garder l'anonymat. « Ils
n'ont pas donné d'explications détaillées pourquoi cela s'est passé. »
« La valeur de la compagnie s'en trouve réduite de 10% en prenant en
compte le cash flow, » a affirmé Richard Brackenhoff, expert pétrolier
chez Kempen & Co.
Finalement, le président fut contraint à la démission. Les effets sur le
cours des actions de la compagnie sont clairement illustrés dans le graphique
ci-après.
Vous pouvez imaginer les effets sur les bourses si les compagnies pétrolières admettaient que le pétrole déclinera dorénavant chaque année et ne retrouvera jamais son niveau d'avant. Un jour elles devront l'admettre, mais aucune compagnie (ou président) ne veut être la première.
Selon Gaëtan Lafrance1, "La crise ne viendra pas d'un manque de ressources, mais d'une perception du marché selon laquelle il sera impossible de remplacer à temps une source tarie. Connaissant la subjectivité des analyses boursiers, on peut imaginer le pire."
Les crises pétrolières passées :
La crise de 1973.
La première crise du pétrole est la crise de 1973. Elle résulte d'une riposte des pays musulmans à la victoire Israélienne lors de la Guerre du Kippour. Israël n'est pourtant pas passé loin d'une défaite contre une coalition musulmane féroce. C'est l'intervention de l'ONU qui lui a permis de sortir la tête haute. Les pays musulmans ont pris l'avantage politique en quadruplant le prix du pétrole.
La crise de 1973 a obligé les automobilistes à régler leurs carburateurs pour
économiser l'essence.
Les protestations de l'an 2000.
Elles furent un excellent exemple de ce qui arrive quand nous sommes privés de notre essence, et un avertissement salutaire. Les prix du pétrole étaient restés bas depuis un certain temps quand l'OPEP a décidé de réduire ses quotas, entraînant les prix à la hausse. Les pêcheurs français ont commencé à protester, puis la vague a traversé la Manche. Les agriculteurs (qui utilisent un carburant moins taxé furent ainsi plus conscients de l'augmentation) et les transporteurs (qui voyaient leurs concurrents du continent utiliser un diesel moins taxé) ont débuté leur propre opposition. Le gouvernement était mal pris, ayant augmenté progressivement les taxes quand le pétrole était meilleur marché et ne les ayant pas réduites lors de l'augmentation du prix du baril. Il en est résulté un blocage des raffineries pour environ 2 semaines et demi.
Les implications de cette mini-pénurie furent énormes. Il y a eu non-seulement de longues colonnes aux stations-service pour faire le plein, mais aussi des achats en catastrophe dans les magasins dont certains se trouvèrent à court de lait et de pain. La levée du courrier fut suspendue les dimanches pour économiser le carburant. Les animaux des fermes furent menacés de famine, les aliments n'étant plus livrables. Les écoles furent fermées et les hôpitaux ont annulé toutes les opérations exceptées les urgences. Et tout ceci en seulement deux semaines et demi.
Et la prochaine crise ?
Pour les pays les plus riches, au début, le pétrole sera encore disponible bien que le consommateur devra y aller de sa poche. Les gouvernements (en Europe du moins) pourraient être tentés d'adoucir la crise en réduisant les taxes sur les carburants, mais ils devraient trouver l'argent ailleurs (particulièrement en cas de récession). Pour les pays les plus pauvres (et finalement tous les pays) il n'y aura simplement plus assez de pétrole pour répondre à la demande. Les effets, se déployant sur une plus longue période, ne seront sans doute pas aussi dramatiques que lors des protestations de l'an 2000, mais nous devrons trouver des moyens pour réduire notre consommation. Le coût du transport aérien va augmenter, ce qui pénalisera les vacances à l'étranger, et les nourritures exotiques deviendront rares et il y aura moins de choix dans les supermarchés. Les trajets en voiture pour se rendre au travail seront décriés et amener les enfants à l'école en voiture sera désapprouvé. Les conséquences seront énormes – et elles surviendront d'ici une ou deux décennies.
Comment saurons-nous quand le déclin commencera à se faire sentir ?
Certains ont fait des estimations. La première est tirée de la newsletter de l'ASOP de mars 2002 (le Rapport Nemesis)
Au début il sera nié. Il y aura des mensonges et des embrouilles. Alors les prix monteront et la demande diminuera. Les riches vont surenchérir pour le pétrole disponible. Initialement il semblera que le système s'équilibrera à nouveau. La ruée sur le gaz sera plus frénétique. Les gens se rendront compte qu'il faut dix ans pour construire une centrale nucléaire. Ils se rendront aussi compte que les capteurs d'énergies renouvelables sont vraiment marginaux et demandent beaucoup d'énergie pour être construits. Il y aura une ruée sur les véhicules et équipements énergétiquement plus efficaces. Les pauvres n'auront plus les moyens de se payer ces équipements ou les combustibles.
L'exploration et l'exploitation du pétrole et du gaz deviendront complètement frénétiques. De plus en plus de pays décideront de garder pour eux leurs réserves de pétrole et de gaz. La qualité de l'air sera ignorée tandis que la production et la consommation de charbon s'accroîtront à nouveau. Une fois le déclin vraiment entamé, la production de tous les liquides issus du pétrole va implacablement chuter de 5% par an. Les prix de l'énergie augmenteront impitoyablement. L'inflation deviendra endémique. Les guerres pour les ressources éclateront.
La propagation des pannes d'électricité causera finalement une sévère récession, particulièrement avec l'augmentation des prix du pétrole, qui se produira à la fin de la décennie. Le pétrole alimente les avions, l'électricité, le travail. Bartlett a affirmé que l'agriculture moderne était simplement une façon de convertir le pétrole en nourriture! Sans énergie, la quantité de nourriture produite diminue.
Une autre implication concerne la capacité qu'auront les gouvernements à tendance socialiste à maintenir leurs programmes sociaux…Il s'agit là des français et de la dernière génération de Britanniques et d'Ecossais à profiter d'un programme comme la Sécurité sociale. Aucun gouvernement de la planète ne sera plus capable de financer pleinement ses services sociaux avec des prix du pétrole élevés.
Il s'ensuivra une instabilité politique. Je suis convaincu que quelques meneurs deviendront fous après que les masses les auront rejoints. C'est dans de genre de situation que Lénine, Hitler et d'autres individus dangereux ont pris les rênes du pouvoir. La vie ne sera alors pas une sinécure.
Une fois le pic de Hubbert passé, quand les coûts de l'énergie vont crever le plafond, il y aura une période avec un fort accent mis sur la préservation des ressources. Ce sera comme au début des années 1980, quand les prix élevés du pétrole ont rendu le monde attentif à l'efficience énergique. De plus petites voitures avaient été achetées à l'époque, les maisons isolées et les ampoules à basse consommation ont fait leur apparition. Cela se produira de nouveau, repoussant quelques-uns des problèmes les plus graves. Mais cette fois, contrairement aux années 80, il n'y aura pas d'augmentation de la production de pétrole. Chaque année, continuellement, nous aurons besoins de plus d'efficacité dans notre consommation d'énergie. Chaque année l'inflation augmentera le prix des biens de consommation parce que le pétrole deviendra de plus en plus rare… La Grande Dépression de 1929 était agréable en comparaison de ce qui va nous frapper.
Les habitants du Tiers Monde, comme le Mexique, feront la seule chose humaine, une chose que nous ferions tous dans cette circonstance – essayer de se rendre dans les pays qu'ils perçoivent comme riches et ayant du travail. L'armée, sans pétrole, sera incapable de contrôler les frontières. Il ne sera pas agréable de voir des pauvres gens se faire abattre pour éviter qu'ils n'entrent dans un pays.
Comment en serez-vous informés ?
Si vous êtes arrivé jusqu'ici, vous avez un énorme avantage sur les 99% du reste de la planète, vous êtes conscient du problème. Pratiquement tout les autres croient qu'il y a plénitude de pétrole, ou que le problème est mineur. Ils s'inquiètent du réchauffement du climat, de la pauvreté, ou des guerres. Ils ne connaîtront pas, ou ne croiront pas, la déplétion du pétrole jusqu'à ce qu'elle ne les frappe de plein fouet et que les prix à la pompe n'augmentent chaque jour et le chômage ne s'envole. Mais vous savez. Regardez les journaux et la télévision, recherchez les statistiques données généralement sans commentaires – en particulier la production de pétrole. Téléchargez chaque mois la newsletter de l'ASPO et chaque année la statistique BP.
En ce qui concerne les politiques, des experts ont déjà tenté de les alerter, mais nos dirigeants soit les ignorent ou ne les croient pas. Néanmoins, il vaut la peine de les contacter, ainsi que les journaux, les médias électroniques ou les écoles. La prise de conscience de la déplétion du pétrole sera graduelle et plus ceux qui doutent en entendront parler, plus rapidement ils en prendront conscience.
Selon les chiffres de BP et de l'ASPO, la production de pétrole est en recul ces deux dernières années. Cela ne pourrait être qu'une baisse passagère et la production pourrait repartir pour quelques années (souvenez-vous que les producteurs d'appoint – OPEP – produisent actuellement en dessous de leurs capacités. Ils peuvent augmenter leurs productions pour compenser la baisse des autres pays. Pourtant, finalement eux aussi atteindront leur maximum. Ou il se pourrait que l'année 2000 marque le pic de production et que nous ayons entamé la descente.
Les années passant, le déclin permanent deviendra clair. Les gouvernements et groupes pétroliers prétendront qu'il ne s'agit que d'une mauvaise passe, rassurant chacun qu'il y a assez de pétrole et que la production repartira bientôt à la hausse. Votre avantage, alors que les ignorants seront apaisés, sera de pouvoir lire entre les lignes et d'agir. Ne ratez pas cette occasion.
Quelle attitude faudra-t-il adopter ?
Il y a deux comportements qui me sembleront salutaires : adopter un mode de vie indépendant des énergies fossiles et le transmettre à ses voisins.
Pour plus d'informations sur ce qu'il est possible de faire, voyez la page avenir dans ce même chapitre.
1. LAFRANCE Gaëtan, La boulimie énergétique, suicide de l’humanité ?, Québec, Canada, Editions multimondes, 2002.
Dernière mise à jour : 6 février 2006 |