Mon avis d'utilisateur sur la Triumph 900 Thunderbird, ainsi que son coût kilométrique réel.
Récit d'une expérience de 9 ans et plus de 100 000 km.



Cette moto appartient à quelqu'un d'autre depuis le 7 mars 2007.

Le pic oil approche. Consommer du pétrole pour me déplacer ne m'amuse plus. Il est temps pour moi de me séparer de mon dernier patrimoine issu de l'industrie des transports motorisés, temps qu'il a de la valeur aux yeux de certains d'entre vous. Je me suis donc décidé à vendre cette magnifique Triumph Thunderbird. 

Comme toutes les motos, cette Triumph a vieilli et elle n'est pas exempt de défauts de conception :

Pour le reste, cette moto est vraiment intéressante et vous n'avez aucune crainte à avoir concernant la fiabilité du moteur.

    
Voici quelques photos de la moto prises le 12 février 2007.


Depuis 1996, année de mes 18 ans et aussi année de l'obtention de mon baccalauréat ainsi que mes permis de conduire B (voiture) et A (moto), je ne rêvais que d'une chose : conduire une Triumph 900 Thunderbird. Le militant écologiste que vous avez découvert sur ce site a eu une histoire et il doit aujourd'hui assumer un héritage de très gros pollueur. Je ne peux pas faire l'impasse sur mon passé de motard. J'ai aussi envie d'attirer ce public sur mon site en parlant le langage simple de la passion qui m'a animée pendant de longues années. Et quelque part, elle m'anime toujours un peu aujourd'hui, même si, bien sur, mon regard a radicalement changé sur la manière de voir le monde de la moto.

Sur cette photo prise en 1996, j'ai juste 18 ans et je suis déjà un motard fan de la marque Triumph puisque je portais les chaussures et le blouson Triumph.

Ma première moto n'a pas été la Triumph 900 Thunderbird. J'ai commencé avec un Honda CB 500 avec lequel j'ai parcouru 47 000 km pendant les deux ans suivant le passage de mon permis, période pendant laquelle je devais rouler avec une moto ne dépassant pas 34 CV. J'ai d'ailleurs été le premier motard en France à être obligé de brider une moto à 34 CV. Je le sais car ma moto avait été équipée du premier kit de bridage mis au point par Honda. J'avais même du patienter pour que le bureau d'étude termine ses essais. Quand je pense que pour être trop jeune de quelques mois j'ai été obligé de passer par autre chose qu'une Triumph, cela me reste encore en travers de la gorge.

Je retiens quand même de très bons souvenirs de cette moto, bonne à tout faire et d'une grande fiabilité. Elle a eu droit à quelques erreurs de manipulation à l'arrêt qui m'ont permis de préserver d'une façon presque incroyable ma Triumph Thunderbird sur plus de 100 000 km.

Le CB 500 consommait autour de 5.5 litres d'essence aux 100 km en roulant à 90 - 100 km/h. Je me souviens m'être déjà amusé à faire de véritables records de consommation en roulant en dessous de 80 km/h sur des longs parcours. Elle pouvait descendre à 4.3 litres d'essence aux 100 km. Comme quoi, la consommation de mes véhicules m'a toujours intéressé. Sans avoir été un motard écologiste dans l'âme, j'ai au moins été un motard économe et prudent. Je n'ai malheureusement pas conservé les factures liées à l'entretien de cette moto, ce qui m'empêche de calculer le gouffre financier qu'elle a pu représenter.

Mais au fait, pourquoi suis-je devenu motard ? Les réponses à cette question vont vous étonner car une de mes motivations principales était déjà la préservation de la planète ! Et oui, ce qui me plaisait le plus avec l'idée de la moto, c'était consommer moins d'essence dans les embouteillages. Ce n'était pas le seul argument mais c'était probablement le plus percutant vis-à-vis de mes parents qui me voyaient partir étudier dans les grandes villes et qui pouvaient soit m'offrir une voiture récente d'occasion soit une moto, même s'il y avait des résistances pour la deuxième solution. 

L'idée de devenir motard m'est venue en apprenant à conduire avec mes parents alors que j'avais 17 ans. J'ai parcouru plus de 10 000 km en conduite accompagnée et j'ai eu à cette occasion tout le loisir de voir les avantages et surtout les inconvénients de la voiture. Outre les embouteillages, je voyais dans la voiture un autre inconvénient m'incitant à réfléchir à un autre mode de transport, je roulais trop vite en voiture. Je conduisais une Renault 21 et il n'était pas rare qu'au lieu des 80 km/h préconisés pour mon inexpérience, je roulais à plus de 110 km/h, tout simplement comme mes parents et comme la plupart des gens qui se disent raisonnable en campagne. Je réalisais déjà que c'était à la fois dangereux et beaucoup plus consommateur d'énergie. Dans mon esprit, il était évident que je roulerais moins vite sur une moto car devant faire face aux conditions aérologiques et devant redoubler de prudence en adaptant ma conduite à l'état de la voirie. Après de nombreuses années, je me dis que j'avais eu la bonne intuition. Conduire une moto non carénée au delà des 100 km/h sur de longs parcours est extrêmement éprouvant (notamment à cause des perturbations aérologiques autour du casque) et incite réellement à rouler moins vite.

Bien sur, peu de motards partagent cette vision de la conduite et c'est avec tristesse que je vois ce monde de la moto s'enfoncer dans la course à la puissance ou la vitesse. Je vois bien dans les journaux combien la moto est dangereuse. Je suis pourtant convaincu que c'est l'attitude des motards qui rend la moto si meurtrière. Des gars comme moi, j'en ai si peu croisé. Amis motards, si vous ne retenez pas de cette page que la moto est à la fois un gouffre financier et un des responsables des bouleversements climatiques, retenez au moins mon message de prudence. Cessez de vous suicider sur nos routes ! Je suis sur que vous avez envie de voir ce qui va se passer quand le prix du pétrole dépassera les 200 dollars.

Une autre raison davantage personnelle et subconsciente m' a incité à conduire une moto. Étant jeune, je voulais devenir pilote de chasse mais ma myopie m'interdisait l'accès à cette profession. J'ai retrouvé des similitudes entre le monde de l'aviation et le monde de la moto qui m'ont séduites. L'équipement du motard ressemble à l'équipement du pilote de chasse, la combinaison anti-gravitationnelle en moins bien sur :-). Toute la préparation d'un voyage en moto avec la check liste qu'on nous enseigne avant de passer la plateau me rappelait avec délice la check liste des pilotes. Au guidon de ma moto, le nez au vent, j'avais la tête dans les nuages...

Revenons maintenant à cette Triumph qu'il m'arrive encore d'utiliser quand le train ou le vélo sont vraiment inadaptés à mes besoins de déplacement. Cette moto m'a été offerte par mes parents en 1997. Pour la petite histoire, en 1997 j'étais au milieu de ma période 34 CV et je devais donc attendre 1 an pour pouvoir la conduire. La moto a dormi un an dans le garage de mes parents et il a fallu qu'Alain Lechesne se déplace jusque chez moi pour me la démarrer. C'est d'ailleurs un truc que je déconseille aux motards car on a eu du mal à la démarrer, des joints avaient séché dans les carburateurs et des gicleurs s'étaient bouchés. 

En fait on a profité d'une promotion sur cette moto et je tenais à ce qu'elle soit bleue. Vous l'avez compris, il s'agissait d'un vrai caprice... Mais après tout, mes parents s'en permettaient aussi des caprices... C'était une période d'inconscience où je prenais l'avion une fois par an (et j'étais très content vu la passion que j'avais pour l'aviation) pour conquérir le monde, ou plutôt ses hôtels, avec ma famille. La fin du pétrole n'était alors pas pour demain et je n'avais pas lu le célèbre livre de Jean Marc Jancovici, l'Avenir Climatique

La Triumph 900 Thunderbird est une moto passion par excellence. Son moteur est un trois cylindres de 70 CV spécialement préparé pour distiller un maximum de couple dans une plage moteur moyenne. Il y a pratiquement autant de watt à 2000 tours qu'à 8000 tours. Le moteur est élastique au possible. Dès qu'on tourne la poignée, le moto réagit avec le même couple de tracteur. Ce moteur est vraiment impressionnant. Il est pourtant qualifier de sage par les motards. C'est probablement parce qu'il n'incite pas à rouler dans les tours comme la plupart des quatre pattes de 100 CV. C'est un moteur qui me correspondait bien car j'aime roulé sur un filet de gaz à 80 - 90 km/h et je ne suis plus adepte des folles accélérations que recherchent aujourd'hui les jeunes motards. Je suis très heureux d'avoir éviter cet écueil grossier de la passion pour le tachymètre. 

Voici maintenant quelques photos que je me propose de vous commenter.

Le passage des 100 000 km dans 900 mètres !

Des déflecteurs qui protègent les tubes de fourches des éventuels impacts de gravillons et qui augmente considérablement la durée de vie des joints spis.

Ma moto après la révision des 100 000 km chez le Alain Lechesne au Mans.

Didier nous confirme que le trois pattes de Triumph, c'est du béton !

Vue latérale gauche de la moto. Vous pouvez voir le dossier avec porte bagage, bien pratique pour les grands voyages.

Passons maintenant au vif du sujet de cette page : le coût kilométrique de la Triumph Thunderbird pendant plus de 100 000 km. 

  Total Détails
Achat du véhicule 9150 euros 60 000 F en 1997.
Accessoires pour la moto 1500 euros Sacoches cuirs : 3500 F
Poignée passager : 1200 F (achetée d'occasion)
Tapis réservoir : 660 F
Sacoche réservoir : 550 F
Pare brise : 650 F
Graisseur automatique : 700 F
Cache chromé et protection fourche : 400 F
Cache bobine : 230 F
Béquille centrale : 1300 F
2 antivols (un U et un bloque disque) : 650 F
Accessoires pour le pilote 1608 euros Casque intégral Shoei : 1749 F
Casque ouvert Roof : 1100 F
2 paires de gants pour l'hiver : 900 F
1 paire de bottes : 600 F
1 paire de chaussures : 600 F
2 blousons : 3500 F (hiver) et 1500 F (été)
1 combinaison de pluie : 600 F 
Frais administratifs 80 euros Carte Grise : 9 chevaux
Assurance 4600 euros 1998 : 300 euros (Maaf Tous risques)
1999 : 900 euros (Maaf Tous risques)
2000 : 850 euros (Maaf Tous risques)
2001 : 800 euros (Maaf Tous risques)
2002 : 700 euros (Maaf Tous risques)
début 2003 : 200 euros (Maaf Tous risques)
2003 / 2004 : 427 euros (Macif Tous risques)
2004 / 2005 : 285 euros (Macif Tiers Collision + Vol incendie)
2005 / 2006 : 186 euros (Macif Tiers simple usage balade)
2006 / 2007 : 170 euros (Macif Tiers simple usage normal)  
Entretien courant 4000 euros

(3870 selon le détail mais arrondi à 4000 pour tenir compte des incertitudes sur la MO)

4 pneus avant : 760 euros
4 pneus arrière : 600 euros
4 jeux de plaquettes : 200 euros
2 kit chaine : 450 euros
2 filtre à air : 150 euros
7 remplacements des 3 bougies : 200 euros
3 vidanges liquide de refroidissement : 100 euros
19 vidanges huile moteur à 60 euros :   1140 euros - 240 euros (vidange maison me permettant de gagner un peu sur la MO) =  900 euros
(détails pour les vidanges : 25 euros d'huile et filtre + 35 euros de MO)
2 vidanges des fourches : 60 euros
2 joins spi : 150 euros
1 batterie (remplacée aux 100000 km) : 70 euros
1 chaîne de distribution (80000 km) : 230 euros 
Carburant 6000 euros 103000 km avec une conso moyenne de 6 litres aux 100 km
6180 litres
Total 26938 euros  

Voici ci-dessous quelques informations complémentaires et intéressantes concernant la durée de vie record des consommables. Les chiffres donnés en rouge correspondent à la durée de vie des consommables actuellement sur la moto (J'ai pris un kilométrage de 109000 km).

Pneu antérieur 17166 km 27414 km 26107 km 29386 km 8927 km
Pneu postérieur 12564 km 15684 km 17847 km 29267 km 33638 km
Plaquettes antérieures 15740 km 16136 km 77124 km    
Plaquettes postérieures 15740 km 83410 km 25590 km    
Kit chaîne  14708 km 45210 km 49082 km    

Cela vous montre concrètement ce que signifie pour moi prendre soin d'un véhicule. Depuis environ cinq ans, je n'utilise cette moto que pour des longs trajets. Cela explique en partie l'extraordinaire durée de vie des pneus. L'autre raison tient à ma façon de rouler peu conventionnelle pour un motard chevauchant une telle cylindrée. Je roule rarement au dessus de 100 km/h et j'essaie de rester le plus souvent entre 75 et 85 km/h, vitesse à laquelle la Tbird consomme en instantané autour de 4 litres d'essence aux 100 km. Je n'aurai pas l'occasion de poursuivre l'expérience pour valider l'intérêt financier de rouler de cette manière.

Ce qui est sur pour celui qui me l'a achetée, c'est qu'il aura la certitude de monter sur une machine parfaitement rodée qui aura toujours roulé d'une façon optimale. L'embrayage est d'origine et ne présente pas d'usure particulière. Le pneu arrière actuellement sur la machine a une gomme très dure parfaitement dessinée qui doit lui permettre d'abattre entre 3000 et 8000 km supplémentaires (selon conduite nerveuse ou pas). Le pneu avant semble être de moins bonne qualité que les précédents et il est vraisemblablement à mi vie. Le chaîne de transmission secondaire est en parfait état grâce au graisseur automatique. Il n'y a pas lieu de la changer avant 15000 à 30000 km. La faiblesse actuelle de la moto réside dans le disque arrière qu'il faudra changer dès que l'occasion se présentera. Même chose pour les plaquettes avant même si le disque avant n'a pas lui atteint les côtes de remplacement. 

Pour mémoire, voici comment j'ai annoncé que je voulais vendre cette moto en page d'accueil de generationsfutures.net (Je vous rappelle qu'elle est bien vendue cette moto, inutile de m'écrire pour me demander si je l'ai toujours !) :

Je vends cette Triumph Thunderbird à qui voudra profiter des joies de la moto tant que le pétrole reste encore une énergie bon marché (Vous avez peut être encore cinq à dix ans pour en profiter...). Cette moto est de 1998 et totalise 108400 km (le 4 février 2007). Je ne l'ai jamais faite tombée, ce qui montre ma prudence sur la route. J'ai toujours ménagé la partie cycle et le moteur en cherchant à consommer le moins possible (autour de 5.5 litres d'essence aux 100 km). A part quelques piqûres (sans traces de corrosion) sur les chromes de quelques pièces accessoires, l'état de cette machine est vraiment exceptionnel. Il s'agit d'un objet superbe qui lorsque le pétrole nous interdira les plaisirs de la moto fera un excellent meuble de salon pour ceux qui voudront recréer l'ambiance des années 1950 à 2000, les années folles de la surconsommation. Je pense que cette moto pourrait intéresser autant la personne nostalgique des motos anciennes (sans leurs tracas mécaniques) qui souhaite rouler uniquement quand il fait beau pour le plaisir, que le débutant qui comme moi souhaite prendre soin de cette machine d'exception en l'utilisant régulièrement.
Si cette moto vous intéresse, vous pouvez vous rendre sur cette page où j'ai décrit son coût global d'utilisation. Cette page est un document très pédagogique pour vous montrer que les transports motorisés individuels représentent un gouffre financier qui me fait préférer le train et la propulsion humaine.

Et justement venons en à ce gouffre financier qu'est la moto !

Bilan final :

J'ai dépensé environ 27000 euros pour parcourir 109000 km entre septembre 1998 et mars 2007.
J'ai récupéré 3100 euros lors de la vente.
Le coût kilométrique réel peut s'arrondir à 22 centimes d'euro.

Ne trouvez vous pas cela énorme de dépenser 3800 euros en moyenne pendant 7 ans pour seulement se payer le droit de rouler en moto (ou en voiture car c'est le même prix) ?

Moi si !

Et c'est pourquoi j'ai vendu cette moto le 7 mars 2007.

Eric Souffleux  


Photo de la moto prise le 6 février 2007 avec son habillage routier comprenant sacoches cuirs, pare brise, protéges mains et tapis réservoir.

    
Voici les dernières photos que j'ai pu faire avec cette moto, moi même avant mon dernier voyage et le nouveau propriétaire ravi de continuer cette expérience sur la longévité d'une telle machine.

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Dernière mise à jour : 3 avril 2007
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