Un autre Tour de France est possible !

        Avec toutes ces affaires de dopage, le Tour de France est à l'agonie. Cela fait bien longtemps que je ne le regarde plus, pour d'autres raisons que le dopage, mais je tenais à suggérer quelques améliorations aux organisateurs du Tour pour l'assainir et pour lui donner un nouveau rôle : celui de promouvoir les progrès qui existent dans le vélo mais qui n'intéressent pas l'UCI. Du haut de mes 28 ans, j'ai beau ne pas être capable de grimper les cols comme le maillot jaune, je parcours près de 10 000 km par an en vélo couché pour mes trajets utilitaires et mes vacances, là où d'ordinaire j'utilisais la voiture. C'est pour dire que si je ne suis pas un tendre avec l'UCI et les organisateurs du Tour, j'ai la petite reine dans le sang !

        Pour limiter la triche dans ce sport, supprimons les enjeux ! Je propose de donner la même somme d'argent aux participants quelque soit leur classement à l'arrivée. La victoire ne doit pas rapporter autre chose que des petits lots et le droit de parler dans les médias plus que les autres. L'émulation resterait mais il y aurait moins d'intérêts à prendre des risques avec l'industrie de la triche. De même, il faudrait plafonner les recettes publicitaires et le sponsoring que pourrait percevoir chaque coureur. Il faudrait aussi exiger des coureurs une totale transparence sur leurs entraînements, de manière à faciliter les contrôles inopinés. Toute personne qui ne répondrait pas à ses critères se verrait interdire de courses et tout tricheur doit être banni à vie et déposséder de ses records. 

        Voilà pour les suggestions contre le dopage, passons maintenant à beaucoup plus sérieux, passons à ce qui me scandalise le plus quand j'entends parler du Tour de France. Je veux parler de la nature même de la caravane. Il y a certes 180 coureurs, mais plus de 2500 voitures "officielles" sont aussi conviées à la balade. Et je ne parle pas des milliers de camping cars des aficionados et les millions de bidons vides et papiers de barres énergétiques qui jonchent le sol. Quel exemple donne-t-on aux générations futures ? Le climat est en péril, le défi écologique est immense et nous ne trouvons pas mieux que de fêter le vélo avec un gigantesque cortège de moteurs à explosion. J'idéalise peut être le Tour mais j'aime à croire qu'il ne restera pas dans l'histoire comme une fête pour entretenir un mythe qui dit que le vélo doit avant tout faire terriblement souffrir. Pas étonnant avec une telle logique que les participants cherchent des béquilles biologiques pour supporter le calvaire. Il faut dire aussi qu'on les oblige à pédaler sur un type de vélo des plus archaïque, fait justement pour souffrir au maximum. Dos, poignets, aine, le vélo droit est un engin de torture qui nous complet dans notre rêve automobile.

        Il existe pourtant une autre famille de vélos beaucoup plus aérodynamiques et confortables. Je parle ici des vélos couchés. Pourquoi n'en voit-on pas dans cette épreuve dont les organisateurs se targuent de leur indépendance face à l'UCI ? Si le Tour de France veut compter sur moi pour les prochaines éditions, qu'il accepte les progrès techniques dans le vélo. Bien sur, il faudra plusieurs catégories : les vélos droits (les seuls homologués par l'UCI dont le record de l'heure sur piste se situe autour de 46 km), les vélos couchés (15 à 20% plus rapides à poids équivalent), les vélos couchés avec une pointe (20 à 30% plus rapides), les vélos couchés entièrement carénés (dont le record de l'heure est de 86 km !) et pourquoi pas les tricycles carénés avec assistance électrique solaire dans lesquels pourraient prendre place les journalistes pour interviewer les coureurs en plein effort. Dans la même logique, le Tour pourrait s'ouvrir aux tandems, ce qui permettrait aux femmes d'accéder massivement à l'épreuve. Et je peux dès aujourd'hui vous prédire quelle formule sera la plus rapide, il s'agit des tandems couchés dos à dos dont vous pouvez voir ici un modèle en carbone fabriqué en Hollande par M5.

        Ainsi je rêve d'un Tour de France sans dopage qui permettrait le développement des progrès techniques dans le vélo de manière à tous nous aider à nous affranchir de l'automobile. le prix du pétrole et la météo folle l'exigent !

Eric Souffleux   28 juillet 2007