L'A380, un géant qui s'envole vers un avenir bien sombre !

        L'Airbus A380 déployait officiellement ses ailes de géant. Je salue l'exploit technique, industriel et la coopération dont il est le fruit mais je suis scandalisé par l'absence de recul des institutions et des médias sur l'impact qu'aura cet avion sur le réchauffement climatique. Comment peut-on se féliciter de l'envol d'un tel géant alors que nous devrions d'urgence nous unir pour réduire d'une manière très significative (d'un facteur 4 voire davantage) nos émissions de gaz à effet de serre ? L'A380 est même décrit comme étant un "géant vert" car la consommation par passager est de l'ordre de 3 litres aux 100 km (contre 3.4 litres chez le concurrent, le Boeing 747). C'est oublier plusieurs choses : 

        1, On ne nous dit pas dans quelle configuration on obtient cette consommation. J'imagine qu'il s'agit d'un A380 version Charter (avec 800 passagers, ce qui est loin de le version 550 passagers privilégiée au départ à Air France par exemple) totalement plein (alors le coefficient de remplissage moyen des avions est proche de 60% à 80% et que l'A380 est annoncé pour être "rentable" dès qu'il emporte 330 passagers payant) et sur des destinations lointaines (car comme pour les voitures c'est seulement sur les longs trajets qu'on obtient les consommations les plus basses). Compte tenu de tout cela, est-il raisonnable de laisser croire que de telle consommation seront la règle plus que l'exception ?

        2, On ne nous dit pas que le carburant qui est brûlé pour voler est pratiquement totalement détaxé, le prix à la pompe dans les aéroports est trois fois moins élevé que le prix à la pompe pour les automobilistes. Les passagers des avions ne paient pas le vrai prix (incluant le coût des nuisance, notamment sur le plan du réchauffement climatique) du carburant qu'ils consomment pour voler. On peut presque dire que les retraités, qu'on enrichi accessoirement avec nos loyers, qui vont aller en Australie pour se faire croquer par les grands blancs ont un voyage subventionné très grassement par l'état. N'est-ce pas une attitude que l'on peut qualifier de criminelle ? (pas à cause des grands blancs bien sur ! Mais à cause des conséquences sur le climat et notamment la disparition programmée des îles du pacifique sud d'ici deux à trois siècles.)

        3, Sur la question du réchauffement climatique, on ne nous dit pas qu'un seul voyage aller et retour Paris New York en A380 nous aura permis d'émettre 500 kg équivalent carbone (résultant de la combustion du kérosène). Ce chiffre est essentiel à connaître, car il caractérise le niveau d'émission annuel maximum de chaque habitant de la Terre, si l'humanité dans son ensemble décide de lutter équitablement, et efficacement pour limiter l'amplitude du réchauffement planétaire. Aujourd'hui le français moyen émet plus de deux tonnes équivalent carbone (2.2 en tenant compte des puits d'émissions que sont nos forêts). L'américain moyen est à plus de 6 tonnes par an et l'indien de base émet à peu près les fameux 500 kg équivalent carbone. Relisez bien ce paragraphe, vous comprendrez que l'aviation telle qu'on nous la propose ne peut pas avoir d'avenir si nous envisageons que les générations futures n'aient pas à faire face au pire (à savoir : la mort prématurée de quelques milliards de personnes, une possible destruction de la vie sur terre, un retour à des civilisations embryonnaires au stade moyenâgeux, avec tout le savoir technologique à redécouvrir, et ce, sur une terre au climat affolé et à la biodiversité réduite, ce qui ferait pour ce moyen âge retrouvé des conditions de vie très dures...). Mais le désirons-nous ? J'ai l'impression que non et l'expression "après moi le déluge" prend ici tout son sens.

        4, On ne nous dit pas que la production pétrolière est déjà sur le déclin et que d'une manière irréversible le coût du transport aérien ne peut qu'augmenter ce qui ne peut que contracter la demande de voyages à l'autre bout de la planète. Plus on avancera dans le temps et plus l'accès à l'aviation sera réservé à des privilégiés bien incapables de remplir les 250 gros porteurs que la firme européenne doit vendre pour rentabiliser ses investissements. Concorde a été un échec commercial à cause de la crise du pétrole de 1974. L'A380 subira-t-il le même sort du fait du déclin irréversible de l'extraction pétrolière ? Avouer que cette hypothèse sombre pour Airbus est fortement possible !

        5, On ne nous parle pas des efforts de recherche que nous avons fait dans l'aéronautique et que nous n'avons pas fait dans le domaine de la propulsion humaine. On sait aujourd'hui fabriquer des vélos couchés avec un carénage qui sont deux fois plus efficaces que les meilleurs vélos de courses classiques. Pour un même déplacement de 5 à 40 km, on peut se contenter d'une consommation d'énergie de l'ordre de 5 Wh au km alors que nos voitures avoisinent largement les 150Wh au km. Quand est-ce qu'on se félicitera pour ce type de progrès ? Quand arrêterons-nous la glorification du gaspillage des ressources, que représente pour moi l'Airbus A380, qui ne peut nous mener qu'à une catastrophe économique et écologique massive ?

        J'ai 26 ans, je suis français, j'ai honte d'Airbus qui vend ses avions à la Chine et qui condamne de ce fait nos efforts pour réduire nos émissions, j'ai honte du viaduc de Millau et de toutes les bagnoles qui l'emprunteront, j'ai honte de l'arrêt du surgénérateur nucléaire Superphénix en 1998, j'ai honte qu'on ait privilégié à sa place une cocotte minute atomique nommé EPR dont le rendement est 50 fois inférieur au précédent, j'ai honte de ne pouvoir me loger dans dans des habitats bioclimatiques et autonomes, j'ai honte d'être si seul à faire gaffe aux économies d'énergie dans les transports.

        Je suis nantais et pour ajouter à ce qui précède, j'ai honte de voir débarquer sous le pont de Cheviré tous ces arbres tropicaux (ce qui constitue une source considérable d'émission de gaz à effet de serre à cause du changement d'usage des sols) et enfin j'ai honte qu'il faille installer un tramway pour que les gens pensent à délaisser leurs bagnoles alors qu'ils n'ont jamais pensé au vélo, et encore moins à la vélomobile (un hybride vélo couché voiture électrique qui a certainement de l'avenir si on l'envisage sous un angle optimiste). Comme si la seule solution pour inciter les gens à limiter leur attitude sédentaire d'automobiliste était de leur fabriquer d'immense tapis roulant. Quand est-ce qu'on se servira de ses mollets pour se déplacer ?

        Et pour terminer sur une note volontariste et optimiste. Quand est-ce que je pourrais être fier de mon pays, de la sobriété de mes concitoyens ? Quand est-ce que je pourrais être fier de l'abandon d'airbus au profil de l'industrie des vélos efficaces ? Quand est-ce que je pourrais être fier de mon pays du fait qu'on privilégiera le train à la voiture ? Quand est-ce que je verrai se construire autour de moi des habitats sains, proche de l'agriculture dans des paysages où l'homme cohabite avec d'autres prédateurs ? 

        Vu la tournure des évènements, peut être jamais de mon vivant, mais j'espère que mes textes influenceront quelques uns.  

        Je retourne méditer dans mon monastère pour observer ce monde bizarre où règnent les pulsions destructrices de l'humanité servies par ce qui au départ pouvait être une qualité, un atout : notre intelligence.

Note pour les journalistes : Je sais c'est encore trop long, mais je ne peux pas faire court sur des sujets aussi complexes, j'en ai marre de la superficialité des articles que je lis tous les jours dans vos papiers.
Je vous autorise et même vous demande de réduire ce texte, d'en tirer peut être l'essentiel à vos yeux : ma révolte contre le gaspillage et contre l'abîme vers lequel nous allons : la possibilité que la température terrestre puisse monter de 5 degré d'ici 2100 et donc de 15 à 30 degré d'ici 2400 !!  La fin de la vie quoi !!

Je suis saoulé que vous ne m'ailliez encore jamais appelé pour écrire un vrai article sur ce que je pense de tout cela, sur l'éclairage nouveau que je pourrais apporter à vos lecteurs. Me cantonner à la rubrique courrier des lecteurs de la région de Nantes, alors qu'aucun de vos confrères ne maîtrise le sujet est vraiment désolant. J'arrête là parce que j'imagine que plus je continuerai sur ce discours moins vous me laisserez une chance de m'exprimer dans vos colonnes.

Bien cordialement

Eric Souffleux

Générations Futures : leur avenir climatique et énergétique est entre nos mains, mais pour combien de temps encore ?
Apprendre à consommer autrement pour ne pas compromettre notre avenir et celui de nos enfants.

Si vous voulez en savoir plus sur mes idées et mes activités :
http://www.generationsfutures.net 
http://generationsfutures.chez.tiscali.fr 

        Voici maintenent l'article tel qu'il a été publié dans le Ouest France du vendredi 21 janvier 2005. Je félicite le (ou la) journaliste qui a très bien retranscrit l'esprit du texte que j'ai envoyé le 19 janvier 2005.

        Pour l'anecdote, j'ai su ce vendredi 21 janvier 2005 que ce texte sur l'A380 avait été publié car j'ai reçu un coup de téléphone d'un Monsieur de 65 ans qui souhaitait me féliciter et qui comme moi espérait un avenir moins sombre pour notre civilisation. Il m'a fait part  d'une de ses convictions : il faut parler du développement des capteurs solaires, en particulier pour chauffer l'eau dont on a besoin pour laver ses vêtements, sa peau et sa vaisselle et aussi chauffer son habitat. Je lui ai fait part que je croyais beaucoup à la complémentarité du solaire thermique et du bois. Il partageait totalement cet avis. Je lui ai bien expliqué que le nucléaire ne devait pas servir selon moi à chauffer nos bâtiments, voire même les éclairer. Je souhaite réserver l'énergie nucléaire à des besoins plus nobles comme fournir de l'énergie pour nos transports longues distances (les trains), ou fournir de l'énergie pour fondre les métaux et développer de nouvelles structures pour une société plus économe et à terme totalement renouvelable.

        J'en ai profité pour lui demandé de m'aider. Il faut écrire aux journalistes pour exprimer le soutien à cette position que j'ai prise sur l'A380. Vous aussi, témoignez votre soutien en écrivant aux journalistes du monde entier. Les écologistes sont beaucoup trop discrets, il faut sortir de l'ombre et s'affirmer d'urgence.

Eric Souffleux, nantais de 26 ans.


        Par la suite, j'ai reçu d'autres coups de téléphone pour me féliciter. La FNAUT m'a envoyé un courrier avec un bulletin de leur organisation spécial "transport aérien". Parmi les gens qui m'ont appelé, l'un d'eux m'a particulièrement marqué. Il s'agit d'un agriculteur de Corsept (dans l'Ouest de la Loire-Atlantique) qui souhaitait me parler de la nouvelle PAC, cette nouvelle PAC qui va favoriser l'agriculture intensive et agressive, au détriment des agriculteurs plus respectueux de la nature. Nous sommes allés voir ce Monsieur ce dimanche 23 janvier 2005 et il nous a expliqué en détail son sentiment de révolte. Une page du site sera entièrement consacrée à cette rencontre citoyenne. 


Voici maintenant quelques réactions à cet article dans le forum du Journal Ouest France :


Après avoir lu cette contribution de Michel Chauvel j'ai écrit un nouveau texte que j'ai envoyé au Ouest France ce lundi 7 février 2005, puis à nouveau le mercredi 16 février (avec quelques modifications). Je ne sais pas s'il sera publié. 

Seulement 10 ans pour agir avant la possible extinction de masse ! Il est urgent d'agir.

Bonjour,

        Je n'ai pas pu m'empêcher de répondre à la dissertation de Michel Chauvel à propos du sujet que j'ai lancé sur l'Airbus A380. J'ai l'impression qu'il n'a pas perçu le drame de notre époque. J'en profite d'ailleurs pour glisser un petit pic vers l'ensemble des médias (il y a trop peu d'exceptions) qui ne font pas grand chose pour l'expliquer aux citoyens, même lorsque l'actualité si prête comme en ce moment avec l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto . Les articles sur la problématique énergético-climatique tiennent une place tellement ridicule par rapport aux autres informations (footbalistiques, politico-judiciaires, publicitaires...) que je reste stupéfait devant ce manque de clairvoyance. J'ai même entendu sur France Info que la météo était sponsorisée par une compagnie aérienne. Effectivement, les avions participent au changement climatique, mais de là à sponsoriser la météo, on repousse toujours plus loin les limites de l'absurde. 
        Ce lecteur, que je remercie par ailleurs pour avoir pris le temps de répondre à ma révolte, pense que "le pétrole, qui s'épuise, aura des énergies pour lui succéder." Tout son texte d'apparence optimiste repose sur cette hypothèse. Il faut pourtant regarder les choses en face et s'interroger sur le plan scientifique et technique. Je m'excuse d'avance si j'en viens à employer des notions un peu barbares (mais elles le seraient moins si les journalistes faisaient leur boulot qui est d'informer et d'éduquer les masses sur les problèmes qui attendent les prochains prétendants au pouvoir dont nous sommes les électeurs.)
         La production de pétrole conventionnel (facilement extractible) va culminer d'ici 5 à 30 ans pour inexorablement décliner ensuite. Ce constat ne dit pas quelle part pourrait jouer le charbon liquéfié. Après cela, nous pourrions compter sur une vingtaine d'années supplémentaires grâce à des progrès dans le domaine de l'extraction et enfin nous pourrions exploiter pendant quelques autres décennies les pétroles non-conventionnels (le charbon et les pétroles extra-lourds), extrêmement polluants. Voilà pour ce qui est de l'état de nos réserves. Nous avons grosso modo 80 ans de pétrole (probablement très cher) devant nous. Mais la question n'est finalement pas là puisqu'un autre loup nous menace : le changement climatique. Pour ce problème crucial pour la vie terrestre et marine, nous devons nous poser la question suivante : Pendant combien de temps pouvons-nous encore brûler du pétrole, et aussi les autres énergies fossiles, à ce rythme là, avant l'emballement du système climatique ? Probablement, très peu de temps...
        Sur cette question, les scientifiques ont une réponse floue dont les contours se dessinent peu à peu grâce aux ordinateurs qui essaient de modéliser le climat. Voici tout de même quelques éléments de réponse pour se faire une idée. Avant l'ère industrielle, l'atmosphère contenait 280 ppmv (partie par million de volume) de gaz carbonique (le CO2). Aujourd'hui, nous sommes rendus à 380 ppmv ! L'augmentation annuelle varie selon les années de 1 à 3 ppmv, ce qui est tout à fait considérable et inédit ! La réponse des scientifiques à la question que j'ai posée plus haut est qu'à partir de 400 ppmv ( soit tout de même plus de 40% d'augmentation !), on peut craindre un emballement irréversible du phénomène. Les scientifiques pensent que la température moyenne que nous aurons au maximum du réchauffement ne doit pas dépasser de deux degrés la température actuelle. Or les modèles climatiques parient sur un réchauffement allant de 3 à 8°C à l'horizon 2100 (1.5 à 11°C pour les plus extrémistes). Les écosystèmes terrestres sont très sensibles aux modifications climatiques et de nombreuses régions du monde pourraient devenir d'énorme source d'émissions supplémentaires (du fait de la déforestation en particulier). Les océans qui pompent une grosse partie du CO2 émis aujourd'hui pourraient ne plus agir ainsi et même devenir une source supplémentaire d'émission ! Si la température moyenne continue de grimper de 5°C, les régions boréales et les fonds océaniques pourraient devenir des sources considérables de méthane (un gaz à effet de serre extrêmement puissant). Si on arrive à cet extrême, et nous sommes hélas sur ce chemin, c'est l'extinction de masse qui devient possible ! Donc, d'après ces chiffres, nous pourrions encore brûler du pétrole (au rythme actuel) pendant environ 10 ans, après quoi il faudra apprendre à s'en passer totalement (sans le substituer avec des dérivés des autres énergies fossiles) si nous voulons que le XXIème siècle ne soit pas le dernier à compter sur la planète quelques milliards d'hommes pour cause de catastrophe climatique.
        Voilà donc la situation ! Nous avons dans nos fonds de tiroirs 80 ans de pétrole (en supposant une consommation constante, ce qui est totalement irréaliste compte tenu de la pensée unique de la croissance) et il faudra que nos démocraties choisissent de faire comme si nous avions devant nous seulement 10 ans. Pour revenir aux réflexions de Michel Chauvel qui me qualifie injustement d'utopique. Est-ce utopique d'écrire à mes concitoyens pour les convaincre de la nécessité d'une décroissance volontaire de notre consommation d'énergie fossile ? N'est-ce pas plutôt utopique de croire que l'industrie aéronautique civile doit continuer son développement ? et qu'il faut se féliciter de ce projet fédérateur qu'est l'A380 ? Le seul projet européen, et même mondial, dont nous devrions nous féliciter, c'est un projet de décroissance majeur de nos émissions de gaz à effet de serre. 
        Je suis choqué de lire que "l'industrie aéronautique civile est quand même préférable à une industrie guerrière", comme si l'industrie guerrière était la seule alternative à l'aéronautique. N'y a-t-il pas d'autres industries à opposer à ces deux industries ? Les industries des capteurs d'énergies renouvelables et des véhicules à propulsion humaine me semblent être de vraies réponses.
        Ensuite, Michel Chauvel pose plusieurs questions auxquelles les réponses me viennent avec le bon sens. "Comment empêcher les pays en voie de développement d'acquérir une technologie aéronautique ?" Tout simplement en leur montrant par un autre modèle de développement qu'ils n'ont plus besoin de l'aviation. "Comment gérer l'aviation militaire ?" L'aviation militaire se confrontera comme le reste du monde à l'augmentation du prix du pétrole. De moins en moins de pays auront les moyens d'entraîner les pilotes. Les efforts à consentir dans d'autres domaines seront tellement énormes que l'aviation militaire gérera sa décroissance toute seule.   
        Et pour terminer, qu'avons-nous dans nos cartons pour remplacer le pétrole dans notre civilisation moderne ? A part la liquéfaction du charbon (ce qui serait terrible pour le climat), pas grand chose en fait ! L'hydrogène ? Non-démocratisable du fait du coût exorbitant de son stockage, de son utilisation et de sa production. S'il fallait que toutes nos voitures roulent à l'hydrogène, il faudrait multiplier par deux ou trois notre parc de centrales nucléaires. Qui le voudrait ? Malgré ma nucléo-tolérance, faut pas pousser mémé dans les orties (ou ça va pas non ?!). Les biocarburants ? Notre surface cultivable nous permettrait d'alimenter au maximum 5% du parc de véhicules actuels en France. Le charbon et le gaz ? Là aussi ce sont des fonds de tiroirs qu'il vaudrait mieux laisser où ils sont. Les énergies renouvelables ? Se pose toujours le gros problème du stockage de l'électricité pour des applications dans les transports, ce qui me laisse penser, avec réalisme, que seuls les véhicules à propulsion humaine efficaces ont de l'avenir.
        Vous voyez peut être maintenant ce qui nous attend, nous les jeunes. On devra s'adapter à un climat affolé avec une biodiversité en souffrance (ce qui est un vrai péril pour la vie) et des moyens énergétiques limités. Nicolas Hulot a bien raison quand il dit "sans nature, pas de futur, parce que nos vies sont liées".J'invite les lecteurs curieux à visiter mon site internet dédié à l'avenir des générations futures. http://www.generationsfutures.net 
        Et je serais ravi de lire dans le Nantes forum des réponses de jeunes. Que pensent-ils de tout cela ? Il est grand temps que l'homme se construise une nouvelle maison, plus sobre. Profitons de notre immense savoir et de la relative paix de cette fin de millénaire pour la construire. Il sera très difficile d'en construire une nouvelle lorsque celle qu'on occupe aujourd'hui prendra feu de toutes parts. 

Notes pour le ou la journaliste : Bon, c'est toujours trop long, mais quand vous aurez dégagé tous les pics que j'envoie aux médias, et les quelques vannes de ce texte, cela fera probablement moins long. Je vous laisse faire votre soupe. La dernière était excellente ! Comme quoi il y a bien des exceptions chez les journalistes et je ne vous vise pas vous en particulier. Peut être même que vous faites partie des personnes conscientes des problèmes auxquels je m'attaque et que vous vous battez seul (e) contre tous pour me publier. Vous venez peut être en vélo à votre travail et vous jetez de temps en temps un regard de mépris envers les conducteurs de 4x4 (peut être votre patron). Ne me répondez pas ! Je pourrais être déçu et je préfère rester sur certaines espérances. En tout cas bravo pour la première publication sur ce thème de l'a380. J'ai reçu de nombreuses félicitations et mes écrits ont fait plaisir à un paquet de personnes, souvent âgées d'ailleurs, qui regrettent une seule chose, ne pas avoir eu ce courage plus tôt. Un agriculteur m'a même demandé d'écrire pour lui un texte sur la catastrophe que représente la nouvelle PAC. Bon voilà, une vie citoyenne bien remplie... en attendant que le pire ou l'inespéré arrive.

Eric Souffleux, toujours le même, 26 ans, Nantes.     


Enfin, pour terminer sur cette page, voici un texte que m'a envoyé Jean-Marc Jancovici sur ce même sujet. Ce texte a eu le privilège d'être lu par tous les journalistes de France puisqu'il a été publié par l'AFP. Je remercie l'amabilité de Jean-Marc qui a accepté que je le publie tel quel sur cette page. Des liens situés en bas de page vous permettront d'accéder à des pages de son site. N'hésitez pas à y faire un petit tour, c'est très instructif.

----message envoyé le 16 janvier 2005-----

Chers journalistes (et chers politiques, à qui j'envoie copie de ce message),

        L'Airbus A380, qui va apparemment tenir le devant de la scène dans les jours à venir, justifiant même un speech présidentiel, est comme la Guerre des Étoiles : il y a aussi un "dark side" à l'affaire. Comme je doute que le dossier de presse d'Airbus ou de Matignon en fassent grand cas, votre serviteur va tenter d'attirer très modestement votre attention dessus, en espérant que je pourrai tout aussi modestement éveiller votre curiosité et que vous aurez envie de creuser un peu cette question, même si je doute que la régie publicitaire de votre média voie cela d'un très bon oeil :-) (petite pique pour mes correspondants de France Info, dont je sais bien qu'ils n'en peuvent mais : cela est désormais valable même pour cette radio, depuis que Easy Jet - ou un de ses concurrents, j'ai peut-être mal noté - sponsorise la météo !).
        La dark side en question n'est en fait qu'une évidence : un avion consomme du pétrole. Ce faisant, l'aviation participe à la diminution des ressources pétrolières, et émet des gaz à effet de serre. L'aviation ne consomme certes qu'une petite fraction du pétrole annuellement extrait dans le monde (quelques %), mais c'est l'usage qui croît le plus vite sur les dernières décennies, et en prolongation tendancielle il pourrait en représenter plusieurs dizaines de % d'ici 40 ans ! (ce qui signifie que cela n'arrivera pas, c'est tout, et que la régulation involontaire se mettra en place avant). Si nous prenons l'exemple de la France, de 1973 à 2000 (donc avec 2 chocs pétroliers inclus), pendant que la consommation de carburants routiers augmentait de 2,4% par an, celle de carburants aériens servis aux avions passant par un aéroport français augmentait de 4,5% par an (voir détails à la fin du message).
        Par ailleurs, à consommation égale de carburant, un avion a un impact climatique qui vaut 1 à 5 fois celle d'un transport routier, à cause du fait que les émissions ont lieu à haute altitude (voir détails à la fin du message).
        Enfin l'économie de carburant par passager, argument qui sera très probablement mis en avant par Airbus, ignore l'augmentation du trafic, qui fait plus que compenser les économies par personne. Tous les exemples historiques montrent que la baisse de la consommation unitaire a généralement été de pair avec une hausse de la consommation globale, quelle que soit l'énergie considérée. C'est vrai pour la voiture (les voitures consommaient plus aux 100 kilomètres en 1970 qu'aujourd'hui,
mais la quantité annuelle de carburant routier consommé en France a quand même doublé depuis !), pour l'électricité (un frigo d'aujourd'hui consomme beaucoup moins qu'un frigo d'il y a 30 ans, et cela est vrai pour n'importe quel appareil électroménager, et pourtant la consommation globale d'électricité des ménages a été multipliée par 5 environ depuis 1970), etc.
        L'économie par passager n'est valable que si le trafic ne croît pas, mais je ne pense pas que le business plan d'Airbus soit basé sur la perspective d'un trafic aérien stable !!! En fait le seul déterminant de l'économie, c'est la hausse du prix. Je rappelle que le kérosène ne fait l'objet d'aucune taxe, alors que c'est le carburant le plus polluant pour le climat, à cause du facteur 1 à 5 mentionné ci-dessus.
        Enfin certains d'entre vous seront probablement intéressés par le fait qu'allumer une ampoule de 100 watts pendant 1 heure, ou faire 200 mètres en avion (par personne, bien sûr), c'est pareil. Un aller-retour Paris New York, par exemple, c'est 60.000 heures (environ 7 ans) d'ampoule allumée, et si vous voyagez en business vous pouvez multiplier cela par 2,5 (parce qu'un fauteuil business prend 2,5 fois plus d'espace au sol qu'un fauteuil de seconde).
        Si vous estimez que ce que vous devez à vos lecteurs est une information factuelle, et non la simple mise en forme des communiqués de presse du gouvernement ou d'Airbus (qui préparent mieux à la vente de Coca-cola que le contenu de ce message, c'est sûr !!!), ne pensez vous pas qu'il serait pertinent d'apporter à votre audience aussi des informations sur les inconvénients de cette inauguration, et que plus nous nous félicitons de l'augmentation des moyens affectés au transport aérien
aujourd'hui, et moins nous pourrons venir nous plaindre des chocs pétroliers et/ou du changement climatique "plus tard" ?
        J'ai bien conscience que d'attirer l'attention du lecteur sur cette question, quand l'émetteur de l'info (journaliste ou politique) est généralement un consommateur d'avion au-dessus de la moyenne, ne fait qu'ajouter à la difficulté, mais vous savez que vous faites un dur métier !

Très cordialement à tous

Jean-Marc Jancovici

Quelques pages de documentation pour en savoir plus :
sur les effets climatiques du transport aérien :
http://www.manicore.com/documentation/aeroport.html
sur les ressources pétrolières :
http://www.manicore.com/documentation/reserve.html
sur le difficile mariage de la "croissance" et de la solution VOLONTAIRE aux problèmes évoqués ci-dessus :
http://www.manicore.com/documentation/serre/croissance.html (sachant qu'en l'absence de solution volontaire, le système se régulera quand même avec des solutions que nous n'aurons pas choisies, ce n'est là que de la physique élémentaire) sur ce que cela signifie de parvenir à une stabilisation VOLONTAIRE de la quantité de CO2 dans l'air :
http://www.manicore.com/documentation/serre/quota_GES.html (idem : en l'absence de solution volontaire, c'est une régulation involontaire qui se chargera d'engendrer la baisse durable des émissions) sur les économies d'énergie :
http://www.manicore.com/documentation/economies.html


Lire aussi un texte que j'ai écris suite au premier vol de l'Airbus A380. (Cliquez sur la photo)

 

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Dernière mise à jour : 2 mai 2006
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