Un sabot sain pour une vie saine
Les clés pour la santé optimale du cheval     -    Réhabilitation du cheval sportif non ferré après boiterie

Dr. médecin vétérinaire Hiltrud STRASSER
Traduit et édité par Dr. médecin Kai W. STENSROD et Dr médecin vétérinaire Gregory GHYOROS
Livre édité en octobre 2003, aux éditions KWASTEN  Walter Stenrod "Salat-Haut" 47500 Fumel - France

        Ce livre a été une révélation pour moi. Grâce à son auteur, j'ai pu comprendre la souffrance qu'éprouvent les chevaux ferrés. Le fer à cheval est un vestige du Moyen Âge qui torture des millions de chevaux simplement parce que culturellement les propriétaires des chevaux n'ont pas compris comment fonctionnent leurs sabots. Je ne résiste pas à vous en dire davantage pour que les chevaux puissent vivre une vie plus saine.

        La plupart des problèmes de santé et de boiterie touchant les chevaux domestiques sont les conséquences directes de violations de leur cadre de vie naturel, par l'homme. Ils peuvent être prévenus ou guéris par la suppression de la cause et un retour à une vie plus naturelle.

        Pour la suite, je me propose de répondre à des questions en m'appuyant sur des paragraphes présents dans le livre de Mme STRASSER.

Pourquoi a-t-on commencé à ferrer les chevaux ? 

        La recherche historique montre que la ferrure avec des clous a été introduite en Europe au début du Moyen Age. Au VIème siècle, quand on construisait des châteaux sur les sommets des collines, il n'y avait que peu de place pour les chevaux. Ils étaient enfermés dans des petites étables où ils stagnaient dans leurs excréments. Les sabots souffraient de mauvaise circulation par manque de mouvement. La qualité de la corne souffrait, les sabots étaient affaiblis par l'ammonium (composé issu de l'urine), et n'étaient plus capables de résister à l'usure portée par les surfaces rocheuses. C'est alors qu'on a inventé le ferrage comme un remède.   

        C'était les chevaux des Princes et des Chevaliers habitant les châteaux qui étaient ferrés pour protéger leurs sabots contre l'usure excessive. Les chevaux des vassaux ou des pauvres n'avaient pas, ou n'avaient pas besoin de fers. Mais les "jouets" utilisés par les riches et les nobles sont toujours convoités par des gens ordinaires, c'est dans la nature humaine. C'est pourtant des cavaliers sur chevaux non ferrés qui entreprirent les Croisades !

Comment ferre-t-on les chevaux aujourd'hui ? Quelle est la conséquence ?

        En général, le propriétaire européen agit de la manière suivante : Le jeune cheval est ferré et monté à l'âge de 3 - 5 ans, puis utilisé avec succès pendant quelques années. Puis, apparaît une boiterie. Le cheval est traité par le vétérinaire et vu par le maréchal-ferrand. Il est mis au repos plusieurs semaines au box. Il est à nouveau ferré, il est monté pendant quelques semaines ou mois. La boiterie réapparaît et le cycle infernal commence. Quand on a répété le cycle 3 à 4 fois, avec la boiterie plus prononcée à chaque fois, le cheval a en moyenne 8 à 10 ans. A ce moment le vétérinaire va le considérer incurable et suggère qu'on l'abatte. Le propriétaire trouve malheureux, encore une fois, d'être tombé sur un cheval en si mauvaise santé...

Quelles sont les conséquences négatives du fer à cheval ?

        Bref, le fer est un engin de torture qui n'a qu'une seule fonction : faire souffrir l'animal sans remettre en cause ses conditions de vie, dont le modèle est celui des châteaux forts du Moyen Âge.

        Toutes les conséquences négatives du fer aboutissent à une réduction importante de l'espérance de vie d'un cheval qui devrait normalement se situer entre 32 et 40 ans.

        Le nombre de chevaux boiteux et qui sont abattus pour cette raison est bouleversant. une étude faite par des compagnies d'assurance en Allemagne entre 1984 et 1994 a montré que le pourcentage des chevaux mis "hors service" à cause de problèmes locomoteurs étaient de 46.8 à 55.9 %. Une autre étude en 1993 - 1995 recherchait la perte, ce qui inclut mort et euthanasie; elle concluait que 83% des cas étaient dus à des problèmes locomoteur. Dans une population de 600 000 chevaux en 1994, pas plus que 11% avaient dépassé l'âge de 14 ans. C'est cette situation alarmante qui a poussé le Dr STRASSER à étudier en profondeur les causes de boiterie, qui, de surcroît, se retrouve dans les écuries les plus professionnelles du monde.

Quelles sont les fonctions du sabot ? 

Quelles conditions faut-il réunir pour ne pas avoir besoin de ferrer un cheval ?

        Pour ne pas avoir besoin de ferrer un cheval, il faut construire autour de lui un environnement favorable, un environnement qui se rapproche le plus possible de ses conditions de vie naturelles et originelles. 

        La première des choses est de considérer qu'un cheval est fait naturellement pour marcher 25 km par jour. Tout enfermement dans des box ou des parcs de petites dimensions nuit à la santé du cheval. Pour reproduire les conditions naturelles, il convient d'inciter les chevaux au mouvement. Pour y arriver, on peut mettre en place un parcourt entre le point d'eau, le point où les chevaux viennent manger du foin (répandu par terre et surtout pas à hauteur d'homme) et le point où les chevaux viendront au contact de leur propriétaire pour venir chercher une récompense. Le schéma classique où le cheval dispose d'un champ carré avec dans un coin réunis au même endroit l'accès à l'eau, le foin et les humains, est typiquement le mauvais exemple de ce qu'il faudrait faire. On peut faire pire en pratiquant l'enfermement de ces animaux adaptés aux grands espaces dans des box de petites dimensions. De même il faut bien comprendre qu'un cheval est un animal grégaire. Il a besoin du contact d'autres chevaux. Entre eux, ils se stimuleront pour se déplacer davantage.

        Il faut s'assurer qu'en plus de la possibilité de mouvement, le cheval pourra rencontrer sur son parcourt des conditions de sol différentes. Il faut absolument que les sabots soient exposés régulièrement à l'eau. L'idéal est d'imposer aux animaux le passage d'un ruisseau pour aller pâturer. Il faut éviter que les sabots soient en contact prolongé avec de la paille imbibée d'urine. L'ammonium attaque sévèrement la corne. Il faut que les chevaux puissent avoir accès à une surface dure pour user leurs sabots et ainsi favoriser la pousse d'une corne plus dure, susceptible ensuite de résister à l'abrasion prolongée du bitume. Comme vous l'avez peut être lu sur une autre partie du site rédigé par mon papa, un cheval attelé qui perd un fer peut user toute sa corne en seulement 4 km en marchant au pas sur du bitume. C'est tout à fait compréhensible dans la mesure où le fer empêche une pousse rapide de la corne. D'autre part, comme celle-ci n'est plus habituée à l'abrasion, elle est beaucoup plus tendre que la corne des chevaux ayant toujours vécu dans des conditions naturelles optimales.

        Le Dr STRASSER explique dans le détail toutes les conditions favorables pour que le cheval ait une vie saine. Si toutes ces conditions sont réunies, vous n'aurez pas besoin de vous occupez de leurs sabots. La corne sera suffisamment dure pour que vous montiez vos animaux sur de longues randonnées. 

Depuis combien de temps connaît-on les méfaits du fer à cheval ?

        Dans son "Guide to the Shoeing-Forge" (Guide pour la forge) publié autour de 1830, Bracy Clark (vétérinaire et activiste pour les droits des animaux) réprouve l'art du ferrage de son temps, en prenant exemple sur les chevaux d'autres pays :

        "Les beaux petits chevaux de Suède et de Norvège voyagent souvent à la vitesse de dix, douze et même quatorze miles à l'heure (16 à 23 km/h), avec une gaieté et une vivacité jamais vu dans nos chevaux de la Poste... Les chevaux des Caraïbes voyagent tranquillement sur les terrains caillouteux de ces régions, comme tous les chevaux d'Amérique du Nord et du Sud. On les admire pour leurs allures saines, (...) encore pour tous ces chevaux, la grâce du ferrage est joyeusement inconnu...
        Laissez ces faits pénétrer dans l'esprit de tous ceux qui montent les chevaux mutilés et infirmes de ce pays. faites taire ces vantards quand ils racontent leurs faits, et quand on voit les routes gorgées de destriers mutilés de leur création, sans pied, toujours trébuchant, faisant des faux-pas, culbutant, avec des mors en fer dans leur bouche, cela pour diminuer ou détourner l'appréhension de la douleur dans leur pieds... Tout est causé par leur art glorieux, rendu encore plus destructeur par la folie qui ne lui appartient pas nécessairement.
        Il va être difficile de faire croire à la postérité que de telles folies étaient commises par des maréchaux-ferrants, que ses conséquences ont été exposées, expliquées et complètement prouvées, mais réfutées pendant presque 20 ans, même si le Collège Vétérinaire existe, jamais n'ont été entamée les démarches pour prévenir ou diminuer ce mal flagrant... !"

        Pourtant, tel était, et tel est toujours le cas, 200 ans plus tard. Le ferrage est une pratique tolérée. D'innombrables chevaux souffrent et meurent de boiteries qui pourraient être prévenues, voire guéries.

        Pour terminer, M. Clark remarque que "Le courage naturel de l'animal à endurer la douleur sourde à laquelle il est habitué, la peur de la punition, et la récompense d'un repas à la fin des efforts, tout tend à le rendre moins sensible. Même son existence va être reniée." 

        Si vous aimez les chevaux, faites tout pour qu'ils n'aient pas recours à cette béquille moyenâgeuse qu'est le fer à cheval. Je vous conseille la lecture et la mise ne application de ce livre à la portée humaniste. Comme je serais moi aussi bientôt en compagnie des chevaux, je fais voeux de tout faire pour ne pas recourir à la ferrure. Mon gros soucis est mon désir d'amener sur le marché les légumes que nous produirons avec une roulotte tirée par des chevaux ou poneys. Je ne connais pas la réelle résistance des sabots préparés à l'abrasion du bitume. Si j'ai seulement 5 kilomètres à parcourir deux fois par semaine, je pense que cela sera tout à fait abordable. Mais si j'ai plus, il faudra probablement travailler avec davantage de chevaux qui alterneront dans les trajets. Et si vraiment la ferrure devenait la seule solution, je pense que je laisserai tomber cette belle idée que serait le transport des légumes avec les animaux qui nous aideraient à les produire, en me rabattant sur le transport par des moyens motorisés.

Eric Souffleux

Pour poursuivre vos investigations sur le web :

http://achevalpiedsnus.free.fr/     Site comportant de nombreuses photos montrant les soins que l'on peut apporter aux sabots des chevaux.

http://www.paragenaturel.org/     Site de l'Association Française pour le Parage Naturel.

http://sabotsnus.free.fr/   Un site très bien fait qui reprend tous les points abordés ici.

http://www.equinextion.com/quinextionpourlechevalquotnaturellementquot/    

http://www.cheval-sans-fers.com/  

http://lebreak.dyndns.org/   Un site génial avec beaucoup de photos qui valident la solution cheval pied nu. Il y a même un poney qui est mort à l'âge de 50 ans !

http://www.equi-libre.fr/eleva.htm   Les cavaliers des cimes. Pour faire des balades en montagne sur des animaux sans fers, sans box, sans mord...

http://www.poney-boisguilbert.com/   Un éleveur de poney Shetlands et Islandais tous pieds nus. Des photos grandioses, magiques !

http://www.hufklinik-strasser.de   Comment devenir spécialiste de soins de sabot ?

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Dernière mise à jour : 22 février 2007
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