Chapitre 13
Ce dont nous devons nous souvenir
Nous avons oublié les histoires que nous nous racontions il
y a deux cents générations, ce qui est encore appelé pré-histoire.
Par exemple, Christophe Colomb est présenté comme celui qui a découvert les
Amériques. En réalité les premiers européens qui débarquèrent en
Nouvelle-Angleterre entre 100 av J.C. et 54 av J.C., furent des druides
britanniques voulant échapper à la torture des romains qui envahir l’Angleterre
à cette époque.
Thom Hartmann nous raconte l’histoire de Christophe Colomb et de Pizarre ;
et nous montre leur barbarie vis-à-vis des anciennes cultures.
Il montre aussi que les Inca n’ont pas résisté aux 260 hommes de Pizarre,
car ils ont été décimés par la variole.
Le grand oubli
Les Incas oublièrent l’existence des empires qui avaient précédé
le leur et ils sont eux-mêmes, aujourd’hui, oubliés des Péruviens. (page
170)
La beauté du souvenir
Le sens de l’histoire est vital pour les humains. Il est
indispensable à notre culture saine, et c’est la raison pour laquelle l’étude
de l’histoire est obligatoire dans les écoles américaines. De plus, il est
essentiel à l’estime de soi, ce qui explique pourquoi autant de Noirs américains
insistent à la fois pour débarrasser l’histoire africaine de toute interprétation
européenne et pour révéler la vérité au sujet de l’esclavage. (page 171)
L’anthropologue Mark Nathan Cohen souligne qu’au cours des 30 000 dernières
années, période très riche en trouvailles de fossiles humains, ce n’est
seulement que dans les cent dernières années, environ, que les peuples
agricoles virent leur durée de vie excéder celle des peuples pratiquant la
chasse et la cueillette. (page 175)
Ce que nous devons nous rappeler : les conceptions de " l’ancienne culture "
Comment tout cela est-il arrivé ?
Le fait de pouvoir conserver les aliments représenta peut-être les
premiers signes d’une rupture entre l’homme et la nature. (page 181)
Ce phénomène s’accompagna d’une arrogance autodestructrice et de la
croyance que la nature pouvait être dominée. Puis apparut l’idée que " les
autres " pouvaient être asservis ou exterminés. (page 181)
" La mise en esclave " de notre
civilisation
Notre culture nous enseigne que les civilisations apparurent à la
suite d’innovations technologiques (comme l’agriculture) procurant aux gens
davantage de temps libre. On nous dit que disposant ainsi de loisirs, les hommes
créèrent les arts, la religion et explorèrent le cosmos. Et on nous affirme
que les cultures " primitives " n’ont rien de tout cela
parce qu’elles ne disposent pas de temps libre. En réalité, ces mythes sont
des illusions mortelles.
Les loisirs
Toute étude exhaustive sur les cultures anciennes et contemporaines démontre
que plus une culture est complexe et hiérarchisée, plus ses habitants doivent
travailler et plus stressée est leur vie.
Les populations qui vivent de la chasse et de la cueillette sont celles qui ont
le plus de loisir.
L’importance des coutumes
Les Shoshones sont des indiens qui ont éliminé le mot " guerre "
de leur langue. Ceci est reconnu par tous comme étant le but le plus élevé de
l’humanité. La générosité était chez eux le moyen d’obtenir un statut
social élevé. Les responsabilités n’étaient ni souhaitées ni sollicitées,
mais plutôt " infligées " aux plus compétents par le
reste de la tribu.
Les esclaves modernes
Contrairement aux individus vivant une existence tribale, nous sommes peu
nombreux, aujourd’hui, à nous sentir " libres " dans
notre société moderne : nous sommes les esclaves de la vie moderne,
captifs des " esclavagistes " de notre société.
Nous connaissons tous autour de nous quelqu’un sous l’emprise de
tranquillisants ou qui s’adonne à la boisson. La dépendance à la télévision
est si répandue qu’elle cause la désintégration des groupes sociaux
traditionnels et plonge nos enfants dans la dépression et la confusion. (page
187)
Chapitre 14
Le mode de vie des anciens peuples
Chez les San et les Kogui : importance de la communauté
et de la coopération. Nous sommes partie intégrante du monde, nous ne sommes
pas séparés de lui.
Dans la culture San, manger devant quelqu’un qui n’a pas de
nourriture est un acte immoral aussi horrible que si, dans notre propre culture,
quelqu’un marchant sur un trottoir populeux se mettait à baisser son pantalon
et à déféquer. (page 190)
Les Kogui, en Colombie, contemplent la Terre – qu’ils appellent La Grande Mère
De Toute Vie – depuis leurs montagnes de la Sierra Madre et constatent que les
" jeunes frères " de notre jeune culture sont,
aujourd’hui, sur le point de détruire la Mère elle-même, elle qui a procuré
aux humains un endroit où vivre. (page 193)
Chez les Kayapo : une agriculture viable
Les Kayapo sont des indigènes qui vivent dans les forêts pluviales du
nord du Brésil depuis au moins 2000 ans.
Ils commencent par créer ce que l’on appelle des " champs
circulaires ". Après avoir choisi un endroit précis de la forêts,
ils abattent les arbres d’une zone de trois à dix mètres de diamètre, délimitant
ainsi un espace recouvert d’arbres abattus dont les cimes tournées vers
l’extérieur font penser à une roue de chariot.
La première année, ils plantent, entre les arbres abattus, des légumes et des
tubercules comme le manioc, la pomme de terre et la patate douce. Ces
plantations stabilisent le sol et permettent d’y fixer l’azote et d’autres
nutriments. A la fin de la saison de pousse, les Kayapo brûlent les arbres, répartissant
les cendres sur le sol afin de le fertiliser. Ce procédé n’affecte pas les
tubercules qui sont alors arrachés, consommés ou conservés.
Au cours de la seconde année, des plantes comestibles sont semées en cercles
concentriques, à partir du centre de la clairière vers la forêt environnante.
Les plantes nécessitant la plus grande quantité de soleil, telles les patates
douces, sont plantées au centre. Celles appréciant davantage la pénombre,
comme le maïs, le riz, le manioc, les haricots, la papaye, la banane et le
coton sont, quant à elles, plantées en cercles s’éloignant progressivement
du centre. Les plantes nécessitant le moins de soleil sont semées à la périphérie
de la zone de culture circulaire.
Pendant une durée de deux à cinq ans, ce champ est ainsi cultivé et, chaque
année, un nouveau champ est préparé. Finalement, aux environs de la septième
année, le premier champ est abandonné afin que les forêts puissent se réensemencer
et que de nouveaux arbres puissent recommencer à pousser dans le sol toujours
fertile. De nombreuses cultures continuent à pousser à l’état sauvage -
particulièrement les pommes de terre et les patates douces – et sont récoltées
pendant des années, au fur et à mesure que la nature reprend ses droits.
Pendant dix ou vingt ans, des baies sauvages, des plantes médicinales et de
petits arbres fruitiers prolifèrent, fournissant une nouvelle et différente
source de nourriture. Poussent également des tas de buissons et de broussailles
abritant le petit gibier que les Kayapo chassent pour équilibrer leur
nourriture. En vingt ans, cette zone est, à nouveau recouverte d’une forêt
pluviale. (page 194-195)
Chapitre 15
Le pouvoir opposé à la coopération dans l’édifice social :
l’opposition cité/tribu.
L’alternance des cycles prospérité/crise,
essor/chute, gaspillage des ressources/extrême pénurie, ainsi que les cycles
de famines et d’épidémies sont des phénomènes tout à fait normaux pour
les cités/états fondées sur une forte densité de population, la croissance
et la consommation.
Cependant, de tels cycles de catastrophes ne surviennent que très rarement chez
les peuples qui vivent de façon tribale en subsistant grâce aux ressources
locales. (page 198)
L’opposition des structures culturelles tribales et
citadines
Les tribus possèdent 5 caractéristiques distinctes :
1 : une indépendance politique,
2 : une structure égalitaire,
3 : un approvisionnement fourni par des ressources locales renouvelables,
4 : un sens très développé de leur propre identité,
5 : le respect de l’identité des autres tribus. (page 199)
Structures de la culture ville/état.
Voici les défauts inhérents à toute organisation moderne :
Thom Hartmann compare les caractéristiques des structures tribales avec celle des cités/états :
L’origine probables des cités/états.
Il est possible possible qu’un jour, dans la lointaine Préhistoire,
un chef de tribu ait violé les conceptions de sa tribu ou soit devenu fou
(selon les critères de son peuple).
Ce chef décida de rompre la coopération traditionnelle avec les autres tribus :
il choisit d’attaquer l’un de ses voisins et de mettre son peuple en
esclavage.
Thom Hartmann explique ensuite comment ce chef inventa la guerre et le génocide,
le pouvoir par la domination et la crainte, la richesse et l’utilisation du
capital, la domination sexuelle et le patriarcat, l’évangélisation
spoliatrice et forcée, et l’épuisement du sol par l’agriculture intensive.
L’histoire montre que ce chef pourrait être le roi Gigamesh, dont le royaume
se situait dans la région du Croissant fertile au Moyen-Orient. (page 210)
Les populations tribales
Les populations tribales sont restées stables pendant des milliers d’année
et ont vécu une vie saine. L’arrivée de l’agriculture a renforcé le
pouvoir de certains hommes et a dégradé l’hygiène de vie de ces
populations.
Mais comment les tribus contrôlent-elles leur population ?
Si ce n’est par le cannibalisme, l’infanticide, les épidémies latentes
ou un taux élevés de mortalité infantile. Tout ceci est infondé et personne
ne sait comment ces tribus sont aussi stables.
Une théorie présuppose que la fertilité est fonction des quantités de
nourritures disponibles.
Une autre théorie concerne l’exercice physique. Dans une étude publiée
en 1997, on s’aperçut que 57% des femmes qui pratiquaient la course à pied
souffraient d’aménorrhée, une affection au cours de laquelle le cycle
menstruel normal cesse et la femme touchée devient temporairement stérile.
De même, d’après une étude réalisée en 1993, la probabilité pour
qu’une femme souffre à la fois d’un cancer du sein et d’un cancer des
ovaires au cours de sa vie est largement augmentée si elle a eu ses règles très
jeune, une ménopause tardive et, peut être encore plus important, des règles
très jeune, une ménopause tardive et, peut-être encore plus important, des règles
trop régulières. En effet, plus une femme a des règles fréquentes, plus elle
est exposée aux hormones corporelles qui peuvent faciliter la croissance de ces
types de cancers. Parmi les femmes très actives, les cycles menstruels sont
moins nombreux et limitent donc l’exposition aux œstrogènes. (page 215)
Selon une troisième théorie récente, les femmes jouissent d’us statut et de
pouvoirs égaux à ceux des hommes dans la plupart des cultures tribales. Dans
ces sociétés, les femmes ont leur mot à dire sur les problèmes de procréation,
de relations sexuelles, de contraception, etc.
Quelle que soit la méthode choisie, le niveau démographique des
populations tribales reste stable proportionnellement aux ressources disponibles
de leur environnement. (page 217)
" Mais nos nations sont tellement stables… "
Plusieurs pays d’Europe ont stabilisé leur population mais ils n’en mènent
pas pour autant une existence viable, car ils consomment beaucoup plus qu’ils
ne produisent.
Anarchie ou tribalisme ?
Ce livre n’est pas un appel à la révolution ni à l’anarchie. De plus
je ne suggère pas que la vie tribale représente un idéal utopique.
Cependant, en adoptant certains principes et modes de vie de nos ancêtres, nous
pouvons créer un futur viable dont profitera, au minimum, une partie de la planète.
(page 219)