Les dernières heures du soleil ancestral

Thom Hartmann

(édition Ariane, 2002)

Agir pour une transformation personnelle et globale.

Avant-propos

Un autre compagnon de voyage fut un géologue de la firme BP (British Petroleum), en 1991. " Nos ressources pétrolières sont presque totalement épuisées ", me déclara-t-il tristement. " La fin est proche et, pourtant, le gaspillage continue ", se plaignit-il. " Nous devrions conserver le pétrole qui nous reste afin de le consacrer à l’immense potentiel que représentent les produits dérivés. Nous pourrions remplacer le pétrole par du combustible d’hydrogène, substance la plus répandue dans l’univers. Ce combustible pourrait être adapté afin de permettre le fonctionnement des voitures, des usines, des générateurs électriques, etc. Mais brûler les dernières réserves de pétrole représente un désastre majeur et totalement illogique. "

Lisez ce livre ! Offrez-le à un ami. Attirez l’attention publique sur lui : envoyez-en un exemplaire à votre député, à votre sénateur, à la Chambre de commerce, aux stations de radio et insistez pour qu’il figure dans toutes les bibliothèques des écoles, des lycées, des universités. Ne vous reposez pas sur vos lauriers vertueux après avoir accompli quelques bonnes actions (comme j’ai, moi-même, tendance à le faire). Continuez ! La détérioration générale à laquelle nous avons largement participé et qui se développe de plus en plus rapidement ne s’arrêtera pas du jour au lendemain. De gigantesques engagements sont donc nécessaires.

Introduction : Pourquoi ce livre ?

Les polémiques et les prises de position négligent 4 réalités fondamentales :

Nous avons détruit une bonne partie de notre monde à cause de notre culture.

Culpabilité et dépression ne constituent pas les buts de ce livre : je l’ai écrit avec l’espoir de provoquer les changements positifs et durables. (page 4)

1ère partie

L’ancienne lumière solaire est sur le point de s’éteindre.

 

D’où provient notre énergie, comment nous vivons " au-dessus de nos moyens ", et ce qui arrivera à nos enfants lorsque cette énergie sera épuisée. (page 7)
D’où provient notre énergie : tout commence avec la lumière du soleil.
La lumière du soleil se déverse sur la Terre et son énergie est convertie, sous une forme ou une autre, selon le cycle vital éternel : mort et renaissance. Au cours des millénaires, une partie de cette lumière solaire fut stockée dans le sous-sol, nous procurant ainsi un gigantesque réservoir d’énergie dans lequel nous puisons aujourd’hui à volonté. Notre civilisation éprouve une soif inextinguible d’énergie provoquée par les milliards et les milliards de machines de toutes tailles dont le fonctionnement dépend du pétrole et de l’électricité. (page 7)
Mais nos réserves se tarissent, présageant des temps extrêmement difficiles.

Chapitre 1
Nous sommes tous faits de lumières solaires.

J’ai rencontré de nombreuses personnes convaincues que les plantes sont le produit du sol sur lequel elles poussent. Il s’agit là d’une erreur largement répandue : en effet, les arbres sont principalement composés de l’un des gaz constitutifs de notre air (gaz carbonique) et d’eau (hydrogène et oxygène). En réalité, ils sont faits d’air solidifié et de lumière solaire !
Les feuilles des plantes capturent la lumière solaire, emploient cette énergie pour extraire le carbone de l’air sous la forme de gaz carbonique et combinent ce dernier avec l’oxygène et l’hydrogène de l’eau afin de fabriquer des sucres et autres hydrates de carbone complexes, telle la cellulose, qui représente l’essentiel des racines, des feuilles et des troncs. (page 10)
Contrairement aux plantes, les animaux et les humains ne peuvent créer de tissus simplement à partir de la lumière du soleil, de l’eau et de l’air. Ainsi, depuis le début de notre histoire, la population humaine de notre planète fut limitée par la quantité disponibles de plantes et de viandes comestibles. (page 11)
De 200 000 à 400 000 ans, le monde entier n’a probablement jamais compté plus de cinq millions d’habitants. Et cette faible densité s’explique par le fait que les habitants de cette époque ne consommaient que la nourriture naturelle alors disponible. Les habits et les abris étaient aussi le fruit de la lumière solaire du moment.

Extraire davantage de lumière solaire des animaux.
L’élevage naquit il y a 40 000 ans. Cette pratique nous permettait de consommer davantage de lumière solaire " récente " accumulée par la végétation au fil des années précédents dans une zone géographique déterminée, avec les animaux comme intermédiaires. (page 12)

Extraire davantage de lumière solaire du sol.
L’agriculture se développa il y a environ 10 000 ans, elle permit de remplacer des forêts non comestibles par des cultures comestibles.
L’extraction des minerais de la terre permis de fabriquer des outils qui accrurent notre productivité agricole.
Au Moyen Age, nous découvrîmes une nouvelle source de lumière solaire (captée par les plantes, environ 400 millions d’années auparavant). Le charbon, en remplaçant les forêts comme source de chaleur et, de ce fait, libérant des terres pour l’agriculture, pouvait être utilisé afin d’accroître cette production. (page 13)

Lorsque l’ancienne lumière du soleil s’accumulait au sein de la Terre.
Durant la période du carbonifère, qui dura 70 millions d’années, il y a 330 à 410 millions d’années, il existait une telle quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère terrestre que la température de la planète était beaucoup plus élevée qu’aujourd’hui.
A cette époque l’ensemble des terres constituait un unique et gigantesque continent : La Pangée.
Pangée exista bien avant l’apparition des oiseaux, des mammifères et des dinosaures, et les seules formes de vie présentes sur la planète à cette époque étaient représentées par des plantes, des poissons, des insectes et des petits reptiles. Le taux élevé de gaz carbonique dans l’air permettait de capter l’énergie de la lumière solaire en la transformant en chaleur, fournissant ainsi d’abondantes quantités de carbone aux plantes, ce qui leur permit alors une croissance luxuriante. Pangée était pratiquement entièrement recouverte d'une végétation extrêmement dense s’élevant à des centaines de mètres d’altitude, créant une couche de plantes mortes pourries qui atteignait , à certains endroits, des centaines de mètres d’épaisseur. Ces couches de végétation vivante et morte s’épaississent peu à peu durant plus de 70 millions d’années.
Simultanément, les océans captaient le gaz carbonique grâce aux algues monocellulaires. (page 14)
Il y a 300 millions d’années un désastre massif se produisit, provoquant l’une des cinq catastrophes naturelles majeures qui bouleversèrent notre planète.
L’épaisse couche végétale qui recouvrait la Pangée s’effondra dans le sous-sol, entraînant avec elle 70 millions d’années d’excellente énergie solaire emmagasinée dans le carbone.
Les mouvements tectoniques enfoncèrent encore davantage le domaine végétal âgé de plusieurs millions d’années. (page 15)

L’utilisation de l’ancienne lumière solaire.
Il y a environ 900 ans, les habitants de l’Europe et de l’Asie découvrirent du charbon juste sous la surface de la Terre et commencèrent à s’en servir comme combustible. En le brûlant, les humains devinrent capables de mettre à profit l’énergie de la lumière du soleil accumulée dans un très lointain passé.
L’exploitation du charbon réduisit la dépendance des humains envers la lumière solaire actuelle que représentait les forêts pour le bois de chauffage. Ils disposèrent ainsi de surfaces cultivables plus importantes.
Et la population du globe passa de 500 millions d’habitants aux environs de l’an 1000 de notre ère, à un milliard en l’an 1800. (page 16)

Nos ancêtres, désormais en mesure d’utiliser la lumière solaire stockée par les végétaux il y a des millions d’années, se mirent, pour la première fois, à consommer plus de nourriture et de chaleur que ne pouvait en fournir la lumière solaire actuelle qui inondait alors quotidiennement la planète. Et la population humaine dépassa le seuil que la Terre aurait pu supporter, si les humains s’étaient contentés de recourir à la lumière solaire actuelle comme unique source d’énergie et de nourriture. (page 16)

Le pétrole fut largement exploité en Roumanie, aux environs de 1850. Toutefois, le véritable boom eut lieu en 1859, lorsque l’on découvrit du pétrole à Titus ville, Pennsylvanie, aux Etats-Unis. A cette époque, la population du globe se chiffrait à un peu plus d’un milliard d’individus, et la race humaine était nourrie par la lumière solaire actuelle baignant les terres arables et ses pâturages, et aussi par une importante quantité de lumière solaire ancienne qu’elle extrayait du charbon en provenance de l’Europe de l’Est, de l’Asie et de l’Amérique du Nord. (page 17)

Le pétrole permit le remplacement des animaux de trait par des tracteurs, et nos ancêtres augmentèrent considérablement leur production de nourriture.
Les animaux de trait se nourrissent de lumière solaire actuelle, l’herbe. Les tracteurs fonctionnent avec l’ancienne lumière solaire, le pétrole. D’un système durable, on passe à un système fini.

Autres façons de consumer l’ancienne lumière solaire.
Aujourd’hui, nous utilisons le pétrole pour fabriquer des vêtements, ce qui nous permit de diminuer les surfaces consacrées aux pâturages pour moutons et à la culture du coton, permettant ainsi l’augmentation des surfaces cultivables productrices de produits alimentaires.

Alors que le charbon est clairement issu d’une végétation ancienne, il existe un débat sur l’origine du pétrole. Une majorité de scientifiques considèrent ce dernier comme étant de nature végétale, probablement d’origine sous-marine, mais une autre théorie se fait jour, présentée par le professeur en astronomie Thomas Gold, de la Cornell University, qui soutient que le pétrole provient de bactéries hyperthermophiliques à des profondeurs variant de huit à cent kilomètres sous la surface du sol. Si la théorie de Gold – qui s’appuie sur des éléments fascinants, comme la présence d’hélium dans le gaz naturel – se vérifiait, cela signifierait que le pétrole ne provient pas de l’ancienne lumière solaire. Toutefois, cette théorie ne remettrait pas en cause la thèse centrale du livre, car la processus bactérien proposé par Gold et ayant produit le pétrole utilisable aujourd’hui implique une durée de plusieurs millions d’années. Une fois les réserves actuelles épuisées, plusieurs centaines de millions d’années seront nécessaires pour la reconstituer. (en bas de la page 18)

L’explosion démographique récente est due à l’utilisation du pétrole.
En 1990, nous représentions l’espèce mammifère la plus répandue sur la planète, dépassant même la population totale des rats. (page 20)
90% d’entre nous ne vivraient pas si nous n’avions pas découvert le pétrole.
Au rythme actuel d’accroissement de notre population, nous devrions atteindre dix milliards d’individus en 2030. (page 20)

Sans l’apport de cette ancienne lumière solaire, notre planète pourrait peut-être subvenir aux besoins de 250 millions à un milliard d’individus, comme c’était le cas avant la découverte du pétrole et du charbon. Cependant, sans pétrole ni charbon, les cinq autres milliards mourraient de faim.

Combien de temps nos réserves vont-elles durer ?
Et quelle quantité de combustible fossile nous reste-t-il ?
Depuis la découverte du pétrole à Titus ville en 1859, nous avons extrait 742 milliards de barils de pétrole des entrailles de la terre. Actuellement, les réserves mondiales sont estimées à environ 1000 milliards de barils, ce qui couvrirait nos besoins, selon les normes actuelles, pendant 45 années au maximum (d’après les estimations les plus optimistes de l’industrie pétrolière). (page 21)
Nous ne produisons pas de pétrole, de même que les mineurs ne produisent pas le charbon. Nous ne faisons que le pomper du sol. Il fut produit par la lumière solaire et la végétation il y a 300 millions d’années. (page 22)
Imaginez la situation suivante : dix milliards d’habitants, mais du combustible disponible uniquement pour trois milliards. Cela signifierait que sept milliards d’individus mourraient de faim. (page 22)

Campbell et certains autres scientifiques soulignèrent que les pays producteurs de pétrole gonflent souvent leurs réserves estimées, de façon à obtenir des quotas de production plus élevés de la part de l’OPEP. Ils peuvent emprunter de l’argent à la Banque mondiale en utilisant leurs réserves supposées de pétrole comme garantie. (page 23)

Moins de 700 milliards de barils restent vraisemblablement enfouis dans la sol.
On prévoit un doublement de la demande globale d’énergie aux environs de 2020, essentiellement en raison de la croissance rapide de l’industrialisation des nations asiatiques, dont la Chine en particulier.

Et même si d’abondants nouveaux gisements de pétrole étaient soudain découverts ou si des sources d’énergies alternatives devenaient immédiatement disponibles, leur rapide prolifération provoquerait probablement l’accélération de la destruction de notre planète et la mort de milliards d’être humains par des causes qui deviendraient rapidement évidentes. (page 24)

Aller à la page 2

Retour à la page d'introduction du site generationsfutures.net

Dernière mise à jour : 29 janvier 2006
Cliquez ici pour contacter l'auteur du site, Eric Souffleux.

Retour à la page précédente