Nos vélos couchés et ceux qu'on a essayé :
Le Nazca Pioneer USS
Je roule avec ce
vélo depuis le 6 juin 2005. Au jour (17 avril 2007) où j'écris ces lignes, j'ai
parcouru à son guidon presque 10200 km. Je peux donc vous faire part de mes
impressions sur une longue période. Globalement ce vélo est excellent et
correspond parfaitement à l'usage polyvalent auquel je le destinais. Il ne m'a
jamais fait défaut sur le plan technique et plus j'en sais sur les autres
vélos des autres marques, plus je suis convaincu de l'excellent rapport
qualité prix de ce modèle. Pour décrire ce vélo, le mieux est que je passe
en revu ses différentes caractéristiques.
Il s'agit d'un vélo avec deux roues
de 26 pouces qui le rendent moins nerveux que les vélos avec des roues de 20
pouces et qui permettent d'aborder avec beaucoup de sérénité les chemins non
goudronnées. Je passe avec ce vélo partout où je serais passé avec un VTT
chargé. Le choix des grandes roues est aussi lié à ma taille (178 cm) car je
peux poser mes pieds bien à plat au sol. Je pense cependant que ce vélo est
comme beaucoup de vélos couchés encore plus adapté aux grands bataves de 190
cm et plus. Il faut en effet que je me méfie de mon talon quand je tourne
serré à basse vitesse. Mais on s'y fait vite et c'est le genre de réflexe
qu'il faut garder quand on passe ensuite sur des low racers comme le Baron Xlow.
La hauteur du siège donne l'impression de piloter un ULM. On est au-dessus de
la circulation, comme dans un avion ou un hélicoptère. C'est une sensation
très sympathique en ville et j'ai le sentiment que les passants sont encore
plus impressionnés quand ils me voient pencher dans les virages avec le Pioneer
qu'avec le Baron.
J'ai pris des freins "V-brake"
pour ne pas alourdir le vélo inutilement avec des freins à disque. Je ne
regrette absolument pas car le freinage est vraiment d'enfer. Le seul
inconvénient est qu'il faut nettoyer la jante de temps en temps. J'ai changé
mes patins arrières au bout de 5000 km et mes patins avant au bout de 8000 km. Je les ai remplacé par des portes
patins plus longs et encore plus puissants.
Ce vélo est largement équipé : des
gardes boues très efficaces, une bonne suspension, un appui tête, un porte
bagage pouvant accueillir des sacoches de vélos droits, une béquille, un
système d'éclairage puissant avec dynamo pour le seul phare avant (La qualité
de l'éclairage a été une très bonne surprise !), un klaxon à air comprimé
(franchement indispensable !) et des pédales automatiques Shimano type VTT.
Tous ces accessoires font que le vélo pèse un certain poids, exactement 21 kg
! C'est beaucoup mais c'est pour moi très comparable à mon vélo droit dans
les mêmes conditions. Et je préfère un vélo lourd, solide et pratique à un
vélo plus léger, moins pratique et la fiabilité incertaine. Mais bon, il y a
certainement des progrès à envisager car mon siège est en polyester et
l'ensemble du cadre (potence du pédalier exceptée) est en acier chrome molybdène.
Bref le Nazca Pioneer est une mule polyvalente qui vous durera des dizaines
d'années sous soucis de fatigue du cadre.
A la place des traditionnels triples
plateaux avants, mon vélo est équipé d'un moyeu de roue arrière SRAM Dual
Drive. Ce système me permet de passer 3 vitesses à l'arrêt ou en roulant en
une fraction de seconde. Sur la vitesse la plus facile je suis à 73% de la
vitesse du moyeu, sur la vitesse intermédiaire je suis à 100% (donc
directement sur le moyeu) et sur la vitesse la plus difficile je suis à 136% de
la vitesse du moyeu. A l'usage je reste le plus souvent sur la vitesse
intermédiaire avec un grand plateau de 42 dents et je joue des 8 vitesses à
cassettes (11-32). Je me sers de la vitesse
la plus facile pour redémarrer suite à un arrêt d'urgence qui ne m'a pas
permis de passer la chaîne sur les grands pignons. J'utilise la vitesse la plus
rapide dans les descentes. Si vous ne connaissez pas ce système, essayez le car
certains en sont même à se demander si les changements de vitesse classiques
ont encore de l'avenir.
Comme vous pouvez le voir, il s'agit
d'un vélo couché uss avec le guidon sous la selle. Il est en prise indirecte
avec une tige de renvoi car le constructeur à souhaiter laisser la selle dans
une position relativement basse (56 cm). Ce type de guidon est très agréable.
Il invite au voyage et permet une conduite ultra détendue. Il impose cependant
la béquille latérale car sans elle, le vélo tient mal lorsqu'il est appuyé
contre un mur. Le surpoids de 1 à 2 kg est certain mais le comportement
dynamique du vélo vaut bien ce petit sacrifice.
Comme tout engin à propulsion
humaine, le déplacement s'accompagne de quelques bruits parasites. La béquille
vibre lorsque le vélo roule sur les imperfections de la route. Le moyeu SRAM
émet un bruit strident désagréable lorsqu'il fait très humide et lorsqu'on
n'est pas sur la vitesse intermédiaire. J'ai découvert ce petit problème au
bout de 4500 km d'utilisation, pendant l'hiver, où j'utilisais beaucoup le
moyeu en position difficile. En roulant maintenant davantage sur la position
intermédiaire, je constate que je n'ai plus ce problème. Quand je suis en
plein effort de vitesse, j'entends la chaîne tapée dans la gaine plastique à
chaque coup de pieds dans les pédales. Bien sur, c'est normal et sans autre
conséquence que l'apparition d'un bruit nouveau. Globalement, sur la route, ce
vélo est très silencieux et cela participe à la surprise des gens qui vous
voient passer au dernier moment.
En conclusion, si c'était à refaire, je pense que je reprendrai le même ! Peut être que je regarderais de plus près le Challenge Seiran Endurance car un peu plus léger dans la même gamme de vélo, mais aussi plus cher. Le guidon dessus me tenterait bien pour bénéficier de plus de compacité et d'un poids moindre mais c'est discutable car de toutes manières, le Pioneer reste un vélo de grandes dimensions. Je pencherais peut être vers un vélo avec simplement 8 vitesses et un seul grand plateau à l'avant, car je m'aperçois que je me sers peu du SRAM Dual Drive. Il n'y a pas de honte à poser le pied à terre dans les côtes de plus de 10% et en conséquence, l'équivalent d'un petit plateau est un accessoire inutile. Je me dis aussi qu'en position très allongée, la suspension n'est pas forcément utile sur des trajets urbains. Il y aurait ainsi le moyen de perdre de précieux kilos. Et dernière chose, je prendrais peut être un siège carbone.
Le Nazca Fiero XS
Il s'agit du vélo d'Eva qu'elle a reçu le 6 juin 2005. En un an, elle a parcouru 3700 km. Son vélo est grosso modo dans la même configuration que le Pioneer excepté qu'elle a deux freins à disque Tektro Aquila très efficaces mais relativement lourds à la place des "V-brakes". Son vélo pèse lui aussi ses 21 kilos. Et là, c'est vrai que cela commence à faire beaucoup pour un petit bout de femme de 50 kg. Le vélo est probablement trop solide ! En tenant compte d'un gabarit du pilote plus léger, le constructeur Nazca aurait du prévoir d'alléger le cadre. Il est probable que pour la même raison, les freins à disque sont surdimensionnés par rapport à la puissance de freinage. Il y a donc davantage matière à améliorer le vélo mais globalement Eva en est pleinement satisfaite. Là où elle peinait à rouler à 20 km/h sur le plat avec son Triban Décathlon de 18 kg, elle roule aujourd'hui à plus de 25 km/h ! Côté confort il n'y a rien à redire. Le seul problème vient du poids du vélo qui aurait du être plus léger pour tenir compte des cyclistes "petits gabarits" auquel il est destiné. Comme il s'agit d'un vélo avec des roues de 20 pouces, le plateau comporte 52 dents.
L'Optima Baron Xlow
Je possède ce vélo
depuis fin décembre 2005. Je l'ai acheté à Didier Varin (Alias le Baron
Rouge) qui a du parcourir environ 5500 km à son bord. Le cadre est un modèle
2004. Aujourd'hui (17 avril 2007), j'ai parcouru un peu plus de 2600 km avec. La
période hivernale n'est pas favorable à des sorties sans garde boue et je
profite davantage de ce vélo pendant la période estivale. Ce Baron doit peser
entre 10 et 12 kg. Il a tout même un siège carbone (avec appui tête s'il vous
plaît) et un pédalier carbone avec axe en titane (axe qui vient d'ailleurs de
rendre l'âme). Évidemment, il n'y a pas de
suspension et le freinage est très léger autant en poids qu'en efficacité. Ce
problème du freinage est récurrent sur les vélos couchés "sports"
et je commence à me méfier de tous ces constructeurs qui nous font des supers
vélos légers et rapides mais qui freinent comme des savonnettes.
Cependant, rouler en Baron, plus
encore en Xlow (j'ai les fesses à 27 cm du sol) procure de très bonnes
sensations. Je sens maintenant une vraie différence en terme de vitesse par
rapport au Pioneer. Là où je roulais
à 35 km/h sur le plat avec le Pioneer, je suis aujourd'hui à 37 - 39 km/h.
C'est un vrai délice de rattraper les cyclistes du dimanche. Ils ont beau
appuyé sur les pédales, rien n'y fait, ils finissent immanquablement par être
rattrapés. En ville la traction directe impose de nouveaux réflexes pour les
virages serrés. C'est d'autant plus vrai que mes "petites" jambes
font que la pédale gauche peut toucher directement le pneu avant. Mais bon,
c'est pas un gros problème une fois habitué.
Comme j'ai acheté le vélo avec un
porte bagage, ma foi bien pratique, je suis obligé de laisser le siège dans la
position la plus haute et ceci fait que j'ai la tête bien au-dessus du guidon
dessus. Je profite pleinement du paysage presque autant qu'avec le guidon
dessous du Pioneer.
J'ai acheté ce Baron Xlow pour goûter les joies du Low racer. Je compte le garder quelques années mais je pense que je le revendrai pour acheter un engin plus compact et avec un freinage à la hauteur des prétentions sportives du vélo. Mais bon, il est aussi possible que le garde toute ma vie...
Le Greenspeed GTT Tandem
Nous avons acheté ce
tandem fin juillet 2005 à un couple de parisien (Julius et Barbara) encore plus
passionnés que nous. Ils ont parcouru autour de 5500 km comme Didier avec le
Xlow. Ils ont du prendre possession du tandem en avril 2003 (ou 2004) à
l'occasion du Spezi (Salon International du Vélo couché).
Nous avons parcouru 2300 km à son
bord en 10 mois, dont 450 km pour le seul trajet Paris Nantes en 4 jours. Cet
engin est tout simplement génial ! Le confort est extraordinaire. Il est
équipé de gardes boue efficaces, de trois rétroviseurs, d'un porte bagage
spacieux et d'une transmission par chaîne aussi simple qu'efficace. Le cadre
est en acier type aviation et l'engin pèse 31 kg. Il est long de près de 3
mètres. Un petit drapeau nous signale dans le flux automobile mais
l'originalité de l'engin suffit en général à nous faire bien repérer.
Avec ce tricycle, ou trike, nous
allons moins vite que moi tout seul sur le Pioneer mais nous allons beaucoup
plus vite qu'Eva seule sur son Fiero. Pour les longues balades, le tandem est
l'idéal. Du point de vue aérodynamique, cette formule trike couché dans le
même sens n'est pas l'idéal. La position très basse et assez allongée offre
un gain aérodynamique non négligeable. Mais il doit simplement compenser la
perte aérodynamique du large empattement qu'exige le tandem sur les roues
avants. Sur le plat, nous croisons entre 20 et 35 km/h selon la vitesse du vent.
C'est pas mal mais cela correspond aux performances d'un tandem droit. Oh bien
sur, je ne regarde pas le confort quand je dis cela.
Le très gros avantage de cet engin
à trois roues, c'est la sécurité liée à la stabilité de l'engin et liée
à la perception des automobilistes qui vous doublent comme si vous preniez la
place d'une voiture. Ce sentiment de sécurité que procure le trike, quand on y
a goûté, on a du mal à y renoncer. Je ne nous verrai pas partir en vacances
chargés comme il se doit sur un tandem à deux roues, même couchés ! Grâce
aux trois roues on peut emmener beaucoup d'affaires sans même avoir besoin
d'une remorque. L'engin reste stable en toutes circonstances et en plus du
confort sénatorial cet avantage est déterminant.
Un jour peut être, on équipera notre Greenspeed d'un pare brise comme celui que vous voyez. On y ajoutera des supports pour des arceaux de tente qui permettront de couvrir l'ensemble de l'équipage avec de la toile étanche. Ainsi pour seulement 4 kg supplémentaires nous aurons un engin plus aérodynamique et surtout nous serons plus à l'abri du froid et de la pluie hivernale. Voilà donc ce que sera notre voiture quand le pétrole deviendra définitivement inabordable.
Quand on parle du pétrole, nous en avons déjà transporté un baril à l'occasion d'une marche "décroissance" au printemps 2006 à Nantes. Un dernier baril de pétrole qui se négocierait à plus de 400 dollars en 2010. Tout cela pour une toute petite prise de conscience...
Les vélos qu'on a pu essayer :
Un Fujin sl chez Cycleszen
C'est un vélo très léger (autour de 10 kg), très agréable à piloter. Au départ, c'est ce modèle de low racer que je comptais acheter. Mais j'ai préféré dépenser moins dans un vélo d'occasion pour bien tester la formule. J'y reviendrais peut être un jour...
Un seiran sl chez Cycleszen
Comme le Fujin SL, le Seiran SL est impressionnant par sa légèreté. C'est un vélo très facile mais curieusement il me sembla que j'allait moins vite avec le Seiran que le Pioneer qui pèse pourtant 10 kg de plus. La raison de cette impression vient de l'inertie du Pioneer qui autorise de furieux coups de pieds dans les pédales alors qu'on ose pas forcément avec un vélo trop léger. Le reproche à faire à la gamme SL de Challenge, c'est le freinage vraiment très léger à mon goût.
Un tricycle hase très intéressant et un baron (avant que j'en achète un).
Eric Souffleux