Les inconvénients du vélo couché.

Il y a tout de même quelques inconvénients, parfois discutables et plus psychologiques que réels :

La maniabilité serait moins grande en ville. Il est vrai qu'on ne passe pas les trottoirs comme avec un VTT. Mais des bentriders expérimentés peuvent réaliser de véritables prouesses, même en tout terrain ! (voir les vidéos du site de l'AFB) Personnellement, avec un usage uniquement routier et urbain, je ne vois pas de différences importantes au niveau de la maniabilité. Je me surprends même à oser des parcours que je n'aurais même pas affronter en vélo droit.

Pour passer un carrefour, il faut davantage s'avancer pour voir, ce qui donne l'impression de snober la priorité. Mais bon, en vélo on perçoit mieux les bruits des autres voitures du fait qu'on est directement à l'extérieur, donc c'est une question d'habitude.

Du fait de la position "ras du sol", on peut passer inaperçu dans la circulation. Pourtant, les automobilistes sont la plupart du temps capables d'éviter une cannette de 15 cm qui traîne sur la route, d'éviter un chat ou un piéton qui traverse loin devant la voiture, alors pourquoi ne verraient-ils pas un engin de 80 cm de haut ? Cependant, pour éviter des mauvaises surprises, il suffit d'installer un petit drapeau, d'adopter un vélo avec roues de 26 pouces et un comportement plus prudent dans certaines situations. On ne le répétera jamais assez, le maître mot est l'anticipation.

On ne passe pas inaperçu auprès des promeneurs et des enfants qui regardent avec étonnement la machine glisser sur l'asphalte. Les personnes réservées ou timides ne trouveront pas leur bonheur avec ce vélo. Il faudra qu'elles attendent que les vélos couchés se démocratisent. Mais au regard des problèmes planétaires, vous n'allez pas attendre que les autres s'y mettent ! Un peu de courage voyons !

La position allongée nous rendrait plus vulnérables vis-à-vis des intempéries, et en particulier de la pluie et du froid. Il est vrai qu'il faut penser à couvrir davantage ses pieds qui, étant moins irrigués, souffrent davantage du froid en hiver. Mais ceci reste très discutable car l'un des avantages les plus évidents du vélo couché, c'est justement que les pieds ne sont pas mouillés, et qu'on a moins froid en hiver. Explication : la semelle de la chaussure est pratiquement toujours verticale, et le pied est moins exposé directement à la pluie. Mais il y a plus important, il n'y a pas de projections issues de la route (en vélo droit, on a les pieds mouillés dès qu'on roule sur une route humide, pas en vélo couché). Question protection, pour la même raison, c'est la semelle qui est soumise à l'air froid et pas le dessus, ni le coup du pied (la cheville). Il suffit d'avoir une chaussure avec une semelle pas trop aérée (ce qui arrive souvent avec les chaussures à cales automatiques (indispensables) ).
Et pour finir sur cette question des intempéries, on peut installer un accessoire qui vous protégera totalement les pieds et les jambes en augmentant accessoirement votre aérodynamisme. Il s'agit d'une bulle appelée aussi Streamer. Cet accessoire pèse moins de 2 kilogrammes et apporte pour ceux qui l'ont adopté un confort réel en hiver. Ce genre d'accessoire ne pourra jamais être installé dans les mêmes conditions de poids et d'aérodynamisme sur un vélo vertical.


(crédit : cycleszen)


Ce vélo appartenant à un espagnol est équipé d'un toit très ingénieux qui complète le Streamer, une toile tendue entre deux arceaux de tente fixées sur le porte bagage et le Streamer.


La montée des cols est plus ardue en vélo couché qu'en vélo en danseuse. En fait, c'est selon les styles, mais les deux positions se valent en terme de performances avec une nette préservation de l'état de fraîcheur pour la position horizontale. Et ce qui est important dans les longues étapes de montagne, c'est la globalité du temps de parcours et là, l'avantage est nettement en faveur du vélo couché du fait du gain de temps en descente et sur le plat. 

Le confort du vélo couché sur les pavés n'est pas terrible, il faut disposer de bonnes suspensions et la plupart des vélos couchés sont équipés comme cela. Les vélos classiques sont un peu plus avantagés sur les revêtements de très mauvaise qualité du fait que les cyclistes peuvent se mettre debout sur les pédales et se servir de leurs cuisses comme d'une suspension naturelle. Mais soyons d'accords, aucun cycliste qu'il soit horizontal ou vertical n'apprécie les pavés. Cet inconvénient pourrait à mon avis être considéré comme un avantage car s'il y avait davantage de cyclistes horizontaux, nous serions davantage à pouvoir exiger des revêtements de qualité pour les pistes cyclables. C'est à mon avis un des grands intérêts du vélo couché, nous pourrions former un véritable lobby contre la voiture à cause de cette exigence de confort pour nos vélos. Il est clair que le vélo couché est avant tout adapté au long trajet. Et sur ce terrain, les routes existantes où nous cohabitons avec les automobilistes sont très confortables.

Par ailleurs, on reproche souvent au vélo couché son poids, mais il faut comparer ce qui est comparable. On ne peut pas comparer le poids d'une mule comme le Nazca Pioneer de 21 kg et un vélo de course standard de moins de 10 kg (ce qui peut être l'équivalent au niveau du prix) sans porte bagage et avec un confort précaire. Les mules équivalentes au Pioneer dans les vélos droits sont les VTC largement équipés qui pèsent facilement leurs 20 kg. A caractéristiques équivalentes, un vélo couché n'est pas beaucoup plus lourd que son équivalent en vélo classique.

Le prix élevé des vélos couchés est-il inconvénient ? Pour répondre à cette question il faut réfléchir au type de société que nous souhaitons. Moi, j'ai envie de faire bosser des petites entreprises artisanales en France. Il n'y en a pas, à par 4 ou 5 importateurs qui ont bien du mal à en vivre. Je me dis que si je suis incapable de me payer un vélo fabriqué en Hollande avec des coûts sociaux européens, je serai incapable d'acheter un vélo construit dans les mêmes conditions en France. Acheter un vélo couché à son juste prix, ce n'est rien de moins que du commerce équitable local, ce n'est rien de moins que donner une chance à nos enfants de travailler dans autre chose que sur des chaînes de montage pour des automobiles ou des airbus. Il faut souhaiter que les vélos couchés n'aillent pas vers la production industrielle. Je n'ai pas envie de voir arriver par milliers des vélos construits en Chine avec un acier de mauvaise qualité et à des prix qui interdisent à nos artisans d'y survivre. Et puis, un autre aspect de cette question est de regarder la qualité des vélos. C'est du très haut de gamme pour des prix qui finalement restent tout à fait corrects. L'essentiel de la gamme est accessible dans une fourchette de prix allant de 1500 euros (pour les vélos de voyage) à 3000 euros (pour les vélos ultra-performants de moins de 10 kg). Il y a bien des cornichons de l'UCI qui n'hésitent pas à claquer 5000 euros dans des vélos "planche à voile" qui ne leur rapporteront que des douleurs lombaires et cervicales.

Pour terminer cette liste des inconvénients, il y a l'éternel problème du vol. Les vélos couchés sont des vélos chers qui ne manquent pas d'attirer la convoitise. Je déconseille l'utilisation de ce genre de vélo si vous ne pouvez pas le surveiller lorsque vous le laissez quelque part. Les vols de vélos couchés sont cependant rares car les voleurs peuvent vite se faire repérer simplement parce qu'il n'arrive pas à démarrer avec l'engin. La demande est limitée et la plupart des cyclistes horizontaux sont des gens honnêtes et marginaux. Le gros risque est de ce faire voler le vélo pour qu'il soit vandaliser. C'est pourquoi j'ai conservé un vieux vélo droit pour le cas où j'ai besoin de laisser le vélo sans surveillance pendant une longue période.

Eric Souffleux

 

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Dernière mise à jour : 11 mars 2006
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