Une séance d'essai de vélos couchés chez Cycles Zen à La Bohalle.
Nous avons découvert l'existence des vélos couchés au cours de l'automne 2004. Après de longs mois de prises d'informations et de réflexions, nous avons décidé d'en faire l'acquisition. Malgré l'enthousiasme que suscitent chez nous ces vélos décrits comme très efficaces, le préalable à une telle acquisition reste l'essai du véhicule.
Mon premier essai s'est déroulé pendant les vacances de février. Je ramenais ma Triumph du Mans où elle avait subit sa révision des 100 000 km. J'avais pris contact avec le seul vendeur de vélos couchés de la région, Jean-Jacques Duprat, pour que je fasse un essai un samedi matin près de son magasin "Cycles Zen" à La Bohalle (près d'Angers).
Lors de cet essai, je n'étais vraiment pas dans des conditions idéales, j'étais pour ainsi dire congelé, dans des habits adaptés à la moto mais pas vraiment au vélo. Jean-Jacques m'a installé sur un vélo Nazca Explorer neuf et j'ai réalisé quels risques il prenait à faire essayer à des inconnus des vélos de 1700 euros au bas mot. Ce premier essai a été un petit échec. J'avais parcouru une trentaine de mètres avec Jean-Jacques qui tenait le vélo sans que j'arrive à m'élancer par moi-même. Le froid, le risque de tomber avec un vélo neuf et la satisfaction que j'avais d'avoir mis mes fesses sur un bent en roulant sur 30 mètres m'ont incité à renoncer prématurément à la poursuite de l'essai. C'est autour d'une tasse de thé étiquetée commerce équitable que j'ai pris la mesure et la nature de ces vélos. Jean-Jacques m'avait expliqué alors que plus le cheminement se ferait dans ma tête pour vouloir rouler en vélo couché, plus cela serait facile pour acquérir les premiers réflexes nécessaires à la prise en main de l'engin. C'est vrai qu'il faut pratiquement réapprendre le vélo, les sensations sont tellement différentes. Il me fait part de ses expériences avec les autres cyclistes. Ils s'amusent à les "poudrer" sur la route et pour les faire rager davantage, ils n'hésitent pas à s'habiller en vieux avec la casquette sur la tête. Quelque chose qui m'avait marqué lors de cette première rencontre, c'est le fait que Jean-Jacques ne comprenait pas pourquoi les autres cyclistes voulaient avant tout souffrir sur la route. C'est vrai, pourquoi souffrir autant ? Mal aux fesses, mal au dos, mal à la nuque, mal aux poignets... Les adeptes des vélos droits sont des masos ! Et aussi des moutons qui manquent singulièrement de curiosité. J'ai quitté La Bohalle en me disant qu'il faudra y revenir à plusieurs dès que les beaux jours seront là. Et la prochaine fois, ce sera la bonne...
Mon deuxième essai a eu lieu au cours du mois de mars avec un particulier à Nantes. Il avait un Optima Lynx avec un guidon haut. Nous avons mangé ensemble dans un restaurant, il m'a beaucoup amusé car il m'a raconté ses déboires avec la chaussée (atterrissage forcé sur les fesses alors qu'il était sur l'angle pour tester les limites de la machine), les badauds (avec qui les discussions peuvent tourner court par manque de curiosité) et les automobiles, notamment un refus de priorité d'une voiture qui s'est soldé par un plateau fêlé et une énorme rayure sur la carrosserie de la voiture fautive. Après le repas il m'a permis d'essayer sa bécane et j'ai pu faire une soixantaine de mètres seul ... mais en descente. J'étais encore une fois incapable de pédaler car j'avais la trouille d'abîmer le vélo de ce particulier. Je me suis satisfait de cette descente, ce qui m'a beaucoup rassuré par la suite. Le cheminement s'opérant peu à peu dans ma tête, je me suis vraiment rendu compte que j'étais fait pour ce type de vélo. L'envie montait en moi et c'est ce qui a fait le succès du deuxième essai chez Cycles Zen.
Mon troisième essai a eu lieu à l'occasion des vacances de pâques 2005. Il est 10h00 à La Bohalle ce samedi 23 avril 2005. Une matinée d'essais démarre. Si les essais s'avèrent concluants, des commandes seront passées. Je ne suis pas seul cette fois-ci. Eva et des amis élèves karatékas (Michel, Laurence et Marine) s'étaient joints à moi par curiosité et aussi avec une grosse motivation écologique.
Au départ, nous pourrons essayer deux vélos, des Nazca : un Fiero XS appartenant à la femme de Jean-Jacques et un Explorer neuf. Des vélos nickels qu'il faudra rendre dans le même état à leur propriétaire. La pression monte...
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Jean-Jacques effectue le réglage de la potence pour adapter le vélo à notre taille. |
Une fois les réglages réalisés, on se dirige tous vers la petite route qui fera office de piste de décollage pour ces drôles de vélos.
Je commence l'essai. J'ai le trac car tous les autres attendent que je réussisse. Ma motivation est très grande et je fais preuve du plus grand contrôle de moi-même. Les premiers mètres sont laborieux. En m'éloignant du groupe et en étant accompagné de la présence rassurante de Jean-Jacques, mon stress diminue. A un moment, Jean-Jacques me pousse un peu plus fort. Je sens que je suis libre et surtout que je trouve mon équilibre assez facilement. Il faut juste éviter de donner des grands coups de guidon. Le début du parcours est un peu en zigzags. J'évite à peu près le fossé. Je commence à appuyer plus fort sur les pédales. Le vélo prend davantage de vitesse. L'impression de glisse et d'efficacité est réelle. La petite route est une sorte d'impasse qui mène à un champ. Elle est longue de plus de 500 m et cela permet de prendre confiance en soi, de sentir la machine en toute sécurité. Arriver en bout de piste, c'est le premier freinage en totale autonomie, puis le laborieux demi-tour. Le stress monte d'un cran car je suis seul au bout de la route. Vais-je pouvoir démarrer seul ? On se concentre, un vigoureux coup de pédale et la machine s'élance. L'équilibre se retrouve facilement et on ressent une très grande satisfaction intérieure car on a démarré tout seul. Le retour s'accompagne d'un grand sourire qui se communique à tout le monde. Le hic, c'est que je n'ai pas de photos à vous montrer de ce premier essai.
J'ai pu essayer par la suite un Nazca Pioneer (avec deux roues de 26 pouces) avec guidon dessus. Je n'ai pas réussi car j'avais trop les réflexes de me cramponner au guidon comme sur un vélo classique. Comme je voulais absolument essayer un vélo avec deux roues de 26 pouces, Jean-Jacques m'a prêté le sien, un Challenge Seiran avec guidon dessous. Le premier essai a été le bon et j'ai vraiment apprécié car il n'y a pas de doutes, avec les roues de 26 pouces, le vélo est beaucoup plus stable. En descendant du Seiran, je me suis décidé tout de suite, ce sera le Pioneer avec deux roues de 26 pouces et le guidon dessous.
Ensuite, c'est Michel qui s'essaye sur l'Explorer. Il s'élance seul au bout de 20 mètres et accomplit le même périple que moi avec même un peu plus de fantaisie, puisqu'il en vient à lâcher une main, puis un pied !
Ensuite, c'est le tour d'Eva sur le Fiero XS. Là j'ai toutes les photos.
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On sort les trains d'atterrissage alors que la machine ralentit nettement grâce aux freins à disques. Le bonheur est dans le vélo couché...
Impressions d'Eva Avant de monter sur l'engin, j'étais un peu effrayée car j'ai beaucoup lu sur le sujet auparavant et je n'ai trouvé que des commentaires du genre : "Au début, c'est très difficile, on n'arrive pas à tenir en équilibre, à se lancer et il faut en fait réapprendre à faire du vélo. Au bout d'un moment on arrive enfin à pédaler tout seul, mais il faut plusieurs centaines de kilomètres pour se sentir vraiment à l'aise." Je m'étais donc mis en tête que pendant cette séance d'essai je ne ferais que m'asseoir sur le vélo pour goûter la position. Mais après 2 minutes assise dessus à essayer de gérer l'équilibre à l'arrêt, Jean-Jacques me suggère de me lancer. Soit ! Il connaît son boulot et s'il dit que je peux essayer, c'est que je peux ! Franchement, l'adrénaline commence à monter. En fait, ma plus grande peur est de tomber et d'abîmer ce beau vélo tout neuf. Il y a aussi le fait que les autres avant ont réussi et que je crains de ne pas faire aussi bien qu'eux. Au bout de quelques tentatives, j'élance enfin la machine mais je zigzague dans tous les sens. Heureusement que Jean-Jacques est derrière pour me rassurer et que le vélo possède de bons freins pour s'arrêter avant de se prendre le fossé. Puis, me sentant presque à l'aise au bout de quelques mètres, je vole de mes propres ailes jusqu'au bout du chemin. Et là, une inquiétude surgit : "Comment faire pour s'arrêter ?". Je crois que c'est un peu tard pour se poser la question... En fait, l'arrêt, qui fait un peu peur à tout le monde au début, est ce qui se gère le plus facilement. Sans même m'en rendre compte, je freine gentiment, puis je sors les trains d'atterrissage qui se posent naturellement au sol. Cela se passe sans à-coups, et surtout sans aucune perte d'équilibre car on a une bonne assise et les deux pieds sont largement écartés sur les côtés pour assurer une bonne stabilité. Par contre, le demi tour au bout du chemin est laborieux et s'effectue en plusieurs manoeuvres maladroites. Jean-Jacques nous montrera par la suite comment faire un demi-tour lorsqu'on est un bentrideur averti : sur place en freinant de l'avant et en basculant simplement la roue arrière de 180 °. Ah, effectivement, c'est autre chose ! Après plusieurs essais de 2 / 3 minutes chacun, je commence à me sentir plutôt à l'aise sur la bestiole. On peut très tôt commencer à lâcher une main pour faire coucou aux copains ou tout simplement pour régler le rétroviseur. La sensation de glisse est vraiment étrange, ce qu'on ne ressent pas sur un vélo droit. En fait, cela s'apparente à ce que l'on peut ressentir sur des patins à glace ou sur une luge (sensation difficile à définir mais bien réelle). La position couchée, les bras relâchés le long de corps et la tête posée sur l'appui-tête contribuent grandement au confort de la machine. Le pédalage paraît alors plus facile et on peut pleinement profiter du paysage. En pédalant, malgré le stress omniprésent, on a toujours le sourire qui monte aux oreilles et un mot sort naturellement de notre bouche : "Génial !". Quelques conseils aux futurs pilotes d'essai :
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Pour Jean Jacques, c'est le bluffe total, jamais il n'a vu des femmes aussi motivées et aussi talentueuses au guidon de ses vélos.
Nous avons pu essayer une autre machine très surprenante : le tricycle Hase.
Marine ravie
Le tricycle Hase est génial. C'est une machine surprenante. Il faut appuyer fort au démarrage et ensuite il y a une telle inertie qu'on appuie très peu. Le confort est un peu moins bon que sur le vélo couché, mais c'est probablement parce que le siège était mal réglé. Jean Jacques nous assure qu'il a déjà été aussi vite que des VTT sportifs sur la route. Même si ce n'est pas comparable aux vélos couchés, c'est déjà impressionnant. La surprise vient aussi des demi-tours que l'on effectue dans un mouchoir de poche. C'est prodigieux !! Une autre particularité de ce genre de machine est qu'on peut les coupler, un peu à la manière d'un tandem. Le record est de 60 tricycles couplés les uns aux autres. De loin, quand on voit quelqu'un arriver en tricycle, on se demande vraiment ce que c'est. Ce véhicule ressemble davantage à un véhicule adapté pour les handicapés, une sorte de fauteuil roulant amélioré. Comme il prend plus de place sur la route, l'effet ralentisseur chez les automobilistes doit être très fort, et tant mieux ! Un autre avantage du tricycle : on peut le tirer à pied à la manière d'un traîneau sur la neige et c'est très avantageux lorsqu'on tire de lourdes charges dans des côtes. |
Voici les impressions de Michel qui est maintenant l'heureux propriétaire de ce Tricycle.
Bonsoir
Eric et Eva, Je vous livre mes impressions sur le tricycle couché que je viens d'acquérir. Si l'engin paraît formidable au premier abord, il n'échappe malheureusement pas aux caractéristiques que sa condition de véhicule à propulsion humaine lui impose : il faut pédaler ! Et dur ! Il n'y a pas de miracle : trois roues, c'est plus que deux, donc il y a plus de frottements et l'engin est plus lourd. Alors, pour chercher la vitesse sur des longs parcours, mieux vaut être sportif, ce qui n'est pas vraiment mon cas. Ma moyenne de vitesse est de 20 km/h, ce n'est pas un exploit. Par contre, à petite vitesse, c'est formidable et pas très fatigant. Même les côtes sont surmontables avec un petit ou moyen développement. Tout l'effort est fourni par les jambes, ce qui est un avantage (le haut du corps est détendu) mais aussi un inconvénient (on ne peut pas s'aider des muscles du haut du corps ni de son propre poids comme sur un vélo debout). C'est un « coup à prendre » et c'est finalement très agréable. Il faut bien régler la distance entre le pédalier et le siège, et je suppose que l'on peut également régler l'assiette de celui-ci pour une meilleure position (dégager la cage thoracique pour mieux respirer) et donc un meilleur rendement. Les descentes en roue libre permettent des vitesses assez impressionnantes dans une détente totale (alors que sur un vélo debout on est toujours plus ou moins en tension). Le confort est un atout à ce genre de véhicule : on est très bien assis et entièrement détendu à l'arrêt. L'avantage du tricycle réside, je pense (mais je ne l'ai pas encore expérimenté) dans le transport de charges assez lourdes. Je suis sûr que l'on peut transporter l'équivalent d'un caddy de supermarché plein, en disposant la marchandise dans des sacoches situées sur la roue avant, dans un sac (30 litres) situé derrière le siège et dans une possible remorque. L'effort devrait être raisonnable pour aller faire ses courses à plusieurs kilomètres.
Celle qui adore le tricycle, c'est notre chienne Luna (un labrador couleur sable très enthousiaste dès qu'il s'agit de galoper). Je la promène en la tenant en laisse. Elle court comme une folle sur le côté droit du tricycle, et il n'y a même plus besoin de pédaler ! Elle tire l'engin avec une force incroyable. Les retours de promenade sont en général plus laborieux, elle est crevée. On pourrait imaginer des attelages de chiens de traîneau pour tirer de tels engins, cela serait une alternative formidable à l'automobile. Amitiés, Michel |
Voici la réaction de Jean-Jacques lorsqu'il a lu la première mouture de cette page.
Bonsoir Eric, Puisque tu me demandais mon avis , voilà quelques mots : J' ai donc relu ton texte : il est super ! Les 1ers essais sont bien relatés, ils reflètent bien les sentiments éprouvés la 1ère fois : le trac du départ, la concentration, la sensation qu' on n' y arrivera jamais, donc qu' on est nul , les zigzagues , la chute parfois, puis les 100 premiers mètres vaincus , le sourire jusqu' aux oreilles et l' envie de ne plus redescendre ! d' en refaire encore , et encore ........ Texte bien écrit avec des originalités: " piste de décollage pour ces drôles de vélos ", " on sort les trains d' atterrissage " Moi qui vient des sports aériens, forcément j' y suis sensible. Les photos avec commentaires = très bien, tricycle :
commentaires + photos = très bien |
Pour contacter Jean Jacques Duprat, visitez le site de Cycles Zen : http://www.cycleszen.com
Voici pour finir quelques photos du magasin Cycles Zen :
Plus on pédale moins fort, moins on avance davantage...