Considérations techniques préalables à l'acquisition d'un vélo couché.

Cette page a pour objectif de vous amener à faire les bons choix techniques pour acheter votre premier vélo couché. J'ai choisi d'aborder 9 questions qu'on peut être amené à se poser :


Guidon sous la selle ou guidon haut ? Et pourquoi pas un guidon U ?

Une des particularités des vélos couchés est qu'ils existent la plupart du temps en deux versions voire même trois versions : une version avec le guidon sous la selle (USS) et une version avec le guidon au-dessus de la selle, devant sa poitrine (ASS) et une version avec le guidon devant soi en forme de U. Comment choisir entre ces trois possibilités ?

     
Voici deux versions (ASS et USS) du Nazca Pioneer.

D'une façon générale, le guidon ASS est plus choisi par ceux qui veulent rouler vite. Les vélos très bas sont d'ailleurs exclusivement dotés de guidon haut. L'aérodynamisme est meilleur du fait que les mains sont devant soi et non pas sur les côtés. Le guidon haut rend le vélo plus léger, ce qui est un facteur important dans la performance en côte. Certains préfèrent le guidon haut pour bénéficier d'un plus grand rayon de braquage, plus pratique en ville. J'ai pu lire que la conduite avec un guidon haut était cependant plus apaisante qu'un guidon bas. 

Le guidon USS est plutôt choisi par une personne plus cool qui privilégie le confort, la vision panoramique et la convivialité (on se retrouve plus facilement debout avec ce type de guidon).

Vous pouvez me voir debout ci-contre à côté d'un vieux Azub guidon haut. L'avantage que je vois est qu'il est très manoeuvrable pied à terre. Je n'ai pas besoin de me pencher pour tourner le guidon, ce qui est vrai pour les guidons dessous. D'autres aiment le guidon haut car ils peuvent installer dessus une planche de lecture pour les cartes ou pour leur GPS. Voilà en gros les critères qui poussent les acheteurs vers une des deux versions.

Je préfère le guidon dessous pour laisser les bras vers le bas et lors de mes premiers essais chez cycles zen, j'ai remarqué qu'on faisait plus facilement un transfert des grands coups de guidon avec le guidon haut. Avec un guidon bas, on trouve très vite l'équilibre et je conseille à ceux qui veulent essayer de commencer par un guidon bas.


Avec le guidon bas, on se redresse facilement. Attention tout de même, cette attitude travaille les abdominaux !

Il existe aussi une forme de guidon que j'ai découvert plus récemment : le guidon U. Cette forme de guidon me semble particulièrement intéressante pour les vélos de course comme ce Fujin SL que vous pouvez voir ci-contre. Il offre une alternative précise et confortable au guidon haut et étroit qu'on peut habituellement trouver sur ces engins. 

J'ai également pu trouver le guidon U intéressant pour les vélos avec deux roues de 26 pouces car comme vous pouvez le voir sur une des photos ci-dessous, le pilote lorsqu'il se redresse pour s'arrêter est dans une position particulièrement naturelle propice à engager la conversation ou à contempler le paysage. J'ai noté cependant que le guidon U sur ces grands vélos augmente le rayon de braquage à basse vitesse.

    

Ma conclusion est qu'il faut prendre le temps d'essayer les trois ou les deux types de guidon qu'il est possible de monter sur votre futur vélo avant de vous décider. De toutes façons si vous devenez mordu du déplacement horizontal, vous finirez bien par un jour tous les essayer.


Le freinage : freins à disque ou freins V-brakes ?

On voit que de nombreux vélos couchés sont équipés de freins à disque. Ces freins sont un peu plus lourds que des très efficaces V-brakes et il convient de s'interroger sur leur utilité. Deux raisons peuvent pousser le cycliste à s'équiper ainsi :

La première est la grande vitesse permise par les vélos couchés qui impose un freinage puissant. Certains cyclistes atteignent souvent des vitesses supérieures à 70 km/h et ont besoin d'un freinage performant en toutes circonstances. La seconde raison concerne les roues de 20 pouces qui dans le cas où elles sont équipées de V-brakes peuvent s'échauffer, ce qui peut aboutir à une fusion des patins sur la jante entraînant l'éclatement du pneu. Gamelle assurée ! Surtout que ce genre de problème ne peut arriver que dans des descentes prolongées où les freins doivent être maintenus pour des raisons de sécurité.

Les freins à disque outre leurs poids ont l'inconvénient de ne pas apprécier les projections. Les premiers VTT équipés de freins à disque ont montré les limites de ce système dans un environnement sale. Le cadre de prédilection des freins à disque reste les grands trajets sur routes ou chemins propres.

Résumons ce que je pense de ces deux types de freins : les roues de 26 pouces peuvent largement se satisfaire des V-brabes. Y mettre des freins à disque ne se justifie que pour des cyclistes vraiment rapides ou roulant très chargés sur des routes goudronnées. Par contre les roues de 20 pouces sont plus exigeantes à cause de l'échauffement des jantes en cas de freinage prolongé et il me semble que si vous n'avez pas l'intention de faire du vélo cross, les freins à disque sont intéressants. 

Voici quelques exemples de configuration :

26x26 type Nazca Pioneer :  V-brakes sur les deux roues
20x26 type Nazca Cruiser : V-brakes sur les deux roues car ce type de vélo est polyvalent et dispose d'une roue arrière bien refroidie.
20x26 type low racer : V-brakes à l'arrière et frein à disque à l'avant car ce type de vélo est taillé pour la vitesse
20x20 type Nazca Fiero : deux freins à disque sont envisageables mais l'idéal est d'avoir un frein à disque à l'avant et un V-brakes à l'arrière pour gagner du poids.
Vélos légers : freins à patin typés "course" qui freinent pas terrible mais qui s'imposent si on recherche la performance et donc le moindre poids.

Guidon bas et freinage puissant permettent un 'bent stop' aux avertis, une descente par l'avant du vélo, sur un Optima Condor.

Visible en vidéo sur le site de l'AFB et aussi http://cybercondor.free.fr 

Voici quelques autres données techniques avant d'investir dans les freins :

Les disques standards ont un diamètre de 160 à 180 mm. Il convient d'augmenter ce diamètre à 200 mm si vous voulez équiper un tandem. Ce diamètre de disque est celui requis sur les VTT de descente.

Les meilleurs freins à disque du marché sont les Shimano BB7. Ils sont à câble et on les trouve entre 60 et 200 euros. Je ne vois pas l'intérêt d'aller vers des freins hydrauliques, c'est beaucoup plus cher et pas aussi simple à réparer que les freins à câble.
Concernant les freins à patins, les plus efficaces sont les freins hydraulique Magura et ensuite il y a les V-brake que j'aime beaucoup.


Grandes roues ou petites roues ?

Les roues de 26 pouces rendent le vélo plus sage. L'équilibre se trouve plus facilement. L'effet gyroscopique est plus grand avec des roues de 26 pouces que des roues de 20 pouces. Les roues de 20 pouces rendent le vélo plus nerveux, plus sportif. Il convient d'y joindre un frein à disque pour les raisons évoquées précédemment.

Mais la raison principale qui fait que les gens vont vers les roues de 20 pouces est tout simplement leur petite taille. Pour être à l'aise sur son premier vélo couché, il faut pouvoir poser ses pieds bien à plat au sol à l'arrêt. C'est plus rassurant. 


Vélo suspendu ou non ?

Pour les vélos de voyage, la question ne se pose pas, la suspension est réellement un plus. Par contre, pour les vélos rapides qui ne circuleront que sur du goudron, la réponse est moins évidente. Mon Baron Xlow n'a pas de suspension et j'apprécie d'autant mieux la souplesse du cadre en aluminium. Je pense que je regretterai le poids supplémentaire d'une suspension.


Nature du cadre : acier, alu, carbone ou ... bois !?

L'acier est ce qui se fait de plus solide mais il a l'inconvénient d'être plus lourd que les autres matériaux. Rassurez-vous, sur un vélo, cela ne représente que un à deux kilogrammes supplémentaires. Avant de vous interroger sur le poids du vélo, interroger vous sur votre propre poids de corps. On a tous un ou deux kilos de superflu qu'il faudrait d'abord éliminer.

Les cadres en aluminium sont plus légers tout en étant très rigides. Il semble que l'alu vieillisse mal et au bout de quelques années (5 à 8 ans) le cadre perd de sa rigidité. C'est très sensible sur un vélo droit, le vélo devient mou et le cadre peut lâcher. Sur un vélo couché, c'est différent. Le cadre est fait d'un tube cintré très solide qui n'a aucune raison de lâcher. Il faut juste vérifier les soudures avec les autres pièces.

Le carbone est le matériau le plus léger et le plus solide. Il a cependant l'inconvénient d'être cassant comme du verre au moindre impact direct. Il est donc à proscrire pour un usage intensif type globe-trotter. 

Le bois est un matériaux intéressant surtout en multi couches avec des essences différentes et complémentaires. Sait-on ce que nous réserve l'avenir ? Le bois a l'avantage d'être un matériaux renouvelable et facilement modelable avec de l'huile de coude.


Dérailleur classique ou intégré dans le moyeu ?

Avec nos six vélos couchés, nous avons pu tester toutes les formules. Nos Nazcas et L'Alleweder A2 sont équipés avec un dérailleur intégré dans le moyeu. Il semble que cette formule soit plus légère qu'un dérailleur avant classique assorti des trois plateaux, tant qu'on reste dans du matériel économiquement abordable. L'avantage de ce type de dérailleur est qu'on peut passer trois vitesses à l'arrêt, ce qui est très intéressant en ville. Cependant, les plateaux classiques ont l'avantage de procurer au cycliste un vaste choix de combinaison. On peut en effet remplacer à sa guise tous les plateaux pour obtenir la démultiplication souhaitée. Avec les vitesses dans le moyeu, on ne peut que changer le plateau avant, ce qui offre déjà pas mal de combinaison.

Question fiabilité, nous n'avons pas eu de problèmes avec nos dérailleurs intégrés au moyeu. Depuis juin 2005, j'ai parcouru 13 500 km (au 18 novembre 2007) avec le Pioneer sans aucun soucis. Je pense cependant que le point faible viendra certainement du boîtier en plastique qui permet de sélectionner les vitesses. En cas de chute sévère ou simplement à cause du vieillissement du matériau, je ne donne pas cher de la tirette en plastique qui actionne le câble de vitesse. Je ne sais pas aujourd'hui si je partirais pour un tour du monde avec cet équipement. Le gros avantage reste cette possibilité qui nous est offerte de changer de vitesse à l'arrêt.   


Quel constructeur choisir ?

Nazca est un excellent fabriquant de vélos couchés polyvalents, très solides, avec un rapport qualité prix excellent. C'est à mon avis la meilleur marque d'entrée de gamme dans le monde du vélo couché. Le meilleur vélo de la famille Nazca est sans aucun doute le Pioneer (2x26pouces). Le plus récent Paséo (20x26) semble intéressant en terme de poids et d'innovation technique. Par contre, je peux formuler une réserve sur le Fiero XS car ce vélo est conçu à la base pour des personnes d'un gabarit modeste (1m60, 50 kg) et les tubes utilisés pour le cadre et pour la fourche sont du même diamètre que pour le Pioneer, vélo à l'évidence capable de soutenir plus de 130 kg de chargement (pilote et bagage). Bilan, le Fiero XS est un vélo extrêmement bien fini mais beaucoup trop solide par rapport au public auquel il est destiné. Et aujourd'hui, on regrette un peu d'avoir un Fiero aussi lourd. Un autre bémol concerne le Fuego, un low racer avec suspension qui présente un compromis bâtard entre le vélo de course et le vélo utilitaire. Je pense que Nazca aurait du construire un lowracer avec un cadre acier sans suspension. J'aurai même pu être un client...

Optima est une marque de vélo couché ancienne. Ils ont une gamme étoffée qui va du lowracer de 10 kg au vélo de randonnée type Condor. Ce dernier est d'ailleurs le vélo  le plus spécifique de la marque car il est très haut et ne peut convenir qu'à des personnes de plus de 1m85. En France, on trouve beaucoup de Baron, un low racer alu sans suspension qui a longtemps été la référence en matière de vélo de course. Côté finition, on est un cran en dessous de Nazca mais ils se sont bien améliorés ces dernières années.

Challenge est la marque des vélos bijoux. Comment ne pas les appeler ainsi ? Depuis qu'ils ont sorti la gamme SL "Super Light", ils tiennent le haut du pavé du point de vu innovation technique. Depuis 2007, Challenge est devenu un constructeur de Trikes plutôt réussis. Le Seiran Endurance est un excellent vélo de randonnées qui concurrence sérieusement le Pioneer de Nazca. Dans la gamme SL, le Fujin et le Seiran sont les vélos les plus porteurs et ils sont régulièrement améliorés.

M5 est comme Optima, une marque de vélo couché plus ancienne. Ils fabriquent une large gamme de vélo en acier ainsi que quelques bêtes de courses en carbone et en titane. M5 a la réputation de fabriquer des vélos radicaux. Par exemple, le M5 Low Racer est un vélo qui braque moins bien que ses concurrents, ce qui le destine davantage au circuit qu'à la route ouverte. De même, les vélos de randonnée M5 ont le guidon bas en prise directe sur la roue avant ce qui fait que ces vélos sont réservés aux seuls grands bataves. Ayant pu essayer un de ces vélos, je peux vous dire que ce n'est pas très agréable lorsqu'on doit s'arrêter d'avoir les cuisses qui touchent le guidon situé juste devant la selle. Par contre je peux vous dire que j'ai beaucoup apprécié les formules M5 avec guidon haut. J'ai vraiment le sentiment d'avoir eu entre les mains des vélos très équilibrés et performants.

Quelques constructeurs se sont spécialisés dans les vélos en carbone comme Vélokraft et Cobrabike. L'avantage du carbone réside essentiellement dans la légèreté et dans la rigidité du matériau. Les inconvénients sont le prix, le bruits que génère le cadre (comme un bruit de planche qui vibre en permanence) et la problématique de la réparation en cas de chute. La plupart des vélos en carbone sont presque tous des pièces uniques avec leurs défauts spécifiques. D'après les échos que j'ai eu des clients, il semble que la qualité des vélos soit tout simplement aléatoire. Mais heureusement, il s'agit de construction sur mesure et artisanale où les fabricants font preuve de réactivité.

Il y a beaucoup d'autres constructeurs de vélos couchés. Je ne fais que donner mon avis sur les principaux qui vendent en France. J'étofferai cette partie dans les années à venir.   


Quelle démultiplication choisir au niveau de la transmission ?

Sur un vélo la transmission comporte trois éléments : la chaîne, les plateaux (à l'avant) et les pignons (à l'arrière). Les plateaux sont liés au pédalier et aux manivelles. Les pignons sont liés à la roue propulsive. Les chiffres donnés par la suite correspondent au nombre de dents que comportent les couronnes.

Concernant les roues de 26 pouces, il existe quatre types de montage pour les plateaux :

Pour les vélos plus petit disposant d'une roue propulsive de 20 pouces, il faut augmenter le nombre de dent de 20% environ par rapport aux chiffres donnés précédemment. Le Fiero d'Eva a un plateau de 52 dents, alors que mon Pioneer se contente d'un plateau de 42 dents sachant que nous avons tous les deux trois vitesses intégrées dans le moyeu arrière. Sur un trike ou un vélomobile avec une roue propulsive de 20 pouces, il ne serait pas illogique de rencontrer des plateaux de 60 dents, voire même 65 dents.

Concernant les pignons (ou caissettes), il existe principalement deux solutions :

Après les plateaux et les pignons, j'ai juste une petite remarque à formuler sur la chaîne. Il en existe à ma connaissance deux principaux modèles : le modèle 8 vitesses (et moins) et le modèle 9 et 10 vitesses. Ce dernier modèle est plus fin et donc moins durable que le modèle 8 vitesses. D'après ma propre expérience, j'évalue à 5000 à 8000 km la durée de vie d'une chaîne 9 vitesses, alors qu'une chaîne 8 vitesse, plus lourde, plus solide doit pouvoir durer entre 10 000 et 18 000 km.

On peut aussi choisir sa longueur de manivelle pour mieux adapter le pédalage à sa morphologie. Les manivelles standards mesurent 170 mm. 

Il existe trois autres tailles disponibles facilement dans le commerce : 172.5 mm, 175 mm et 177 mm. 

Pour les manivelles de plus petites dimensions, il faut les fabriquer sur mesure. La championne du monde 2006 et 2007, Barbara Buatois pédalent, ou plutôt ventile d'après certains récits, avec des manivelles de 140 mm sur son Cobrabike. (photo ci-contre : Barbara Buatois)  

Voici maintenant quelques exemples de configuration particulière :


Speculoos de Denis Lotte 65 - 45   et  11 - 28


VK 2 de Denis Lotte 58 - 42 et 11 - 28


Orca ou VTT standard  44 - 32 - 20 et 11 - 32

Alleweder A2  52 et 11 - 28

 


Comment s'y retrouver dans toutes les marques des pièces de pédalier et de dérailleur ?

Je n'y connaissais rien dans le monde du vélo avant que je m'intéresse au vélo couché. Depuis, j'ai été obligé de m'intéresser à toutes ces marques de pièces détachées et je vous fais part ici de quelques points de repères. Tout d'abord, il faut savoir qu'il y a deux marques concurrentes qui se partagent l'essentiel du marché : l'Italien Campagnolo et le Japonais Shimano. A l'aide d'une personne expérimentée (Denis Lotte pour ne pas le citer) j'ai pu construire ce petit tableau qui montre les correspondances qu'on peut faire entre les deux marques.

 

Bon rapport qualité/prix

Haut de gamme Très haut de gamme Luxe
Gamme Campagnolo Véloce Centaure Chorus Record
Gamme Shimano  course 105 Ultegra Dura ace  
Gamme Shimano  vtt Alivio Deor XT Deor XTR  

Je pense qu'il faut toujours privilégier le bon rapport qualité prix s'il s'agit d'équiper un vélo utilitaire, même si on recherche la performance. Par exemple un pédalier Dura ace va coûter jusqu'à trois fois plus cher qu'un 105 pour gagner seulement 80 g. 
De même, la différence technique entre du 105 et de l'Ultegra est minime alors que les tarifs ne sont pas les mêmes.

Je complèterai cette partie dans les années à venir car je n'ai pas d'autres informations.


En espérant que la lecture de cette page vous aura été utile pour prendre votre décision d'acheter un vélo couché.

Eric Souffleux

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Dernière mise à jour : 18 novembre 2007
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