Le scandale des distributeurs automatiques. 

Un exemple avec la SNCF au cours de l'automne 2004 :

Ce qu'on peut lire au dos de la plaquette :

5 gestes simples et rapides pour acheter votre billet TER
-1 Choisissez votre destination...
-2 Sélectionner votre tarif...
-3 Indiquez le nombre de titres...
-4 Validez votre commande...
-5 Et choisissez le moyen de paiement...

Quels billets pouvez-vous acheter aux distributeurs de billets régionaux ?
- Billets sans réservation sur les parcours régionaux.
- Abonnements régionaux.

Utilisez un distributeur de billets régionaux : des avantages multiples...
- Vous évitez les files d'attente. (sauf panne d'électricité)
- Disponible 24h/24, 7j/7 (Cela doit être courant d'avoir besoin d'acheter un billet peu après minuit pour un train qui part le lendemain ... Il y a des clients qui ne doivent pas dormir comme moi.)
- Accepte les cartes bancaires et les euros. (Et pour les chèques, on fait comment ?)
- Vous rend la monnaie (Heureusement parce que moi j'ai un tempérament à m'énerver avec les machines...)

Plus sérieusement...

Il y a d'autres avantages que n'explique pas la SNCF :
- Le distributeur automatique, c'est un maximum de bénéfice pour l'entreprise et ses actionnaires car avec un seul distributeur automatique, on supprime au moins deux postes d'agents aux guichets classiques. C'est autant de charges sociales et de salaires qui ne viendront pas plomber le chiffre d'affaire de l'entreprise. C'est autant de salariés en moins qui ne viendront pas faire grève pour oui ou pour un non. Et du fait du chômage grandissant, une pression s'installe sur les salariés qui restent car ils savent qu'ils peuvent être poussés à la faute s'ils ne suivent pas la cadence.
- Le distributeur automatique, les banques adorent cela car grâce à lui, elles peuvent plus facilement justifier la vente de cartes bancaires. Avec les distributeurs automatiques, les cartes bancaires deviennent obligatoires.
- Et puis un robot, c'est l'idéal, ça ne tombe jamais malade, ça ne dort jamais, ça ne se plaint jamais, ça ne demande pas d'augmentation de salaire... Bref le rêve pour un patron ou pour des actionnaires. Le hic, c'est que le robot ne participe pas au paiement de leurs retraites. Gard au retour de manivelle ! 

Et il y a les inconvénients majeurs que n'expliqueront jamais les entreprises adeptes de ces machines :
- Dans leur travail les hommes et femmes sont peu à peu remplacés par des machines robots dont les performances sont tout le temps améliorées. Conclusion : il sera de plus en plus difficile de trouver du travail car nous serons de plus en plus en concurrence avec elles. 
- On peut considérer que le salarié qui a perdu son emploi à cause d'une machine pourrait exiger de recevoir son salaire dès que la machine a été rentabilisée, de manière à payer aussi les gens qui ont conçu cette machine. Le salarié ainsi lésé pourrait percevoir une indemnité mensuelle de licenciement qui remplacerait les indemnités de chômage. Ainsi le choix de remplacer l'homme par un automate serait beaucoup plus difficile.
- En cas de panne d'électricité c'est tout le système bancaire qui se retrouve paralysé, mais bon c'est peut être sans importance car nous sommes par ailleurs tout aussi dépendant de la constance de l'électricité (transport, téléphone, chaîne du froid, approvisionnement en eau...).
- L'insécurité augmente car il y a davantage de gens au chômage (donc davantage de personnes susceptibles de commettre des petits délits) et beaucoup de gens préfèrent la présence rassurante de quelques personnes au guichet plutôt qu'un bataillon de distributeurs automatiques sans âmes qui ne bougeront jamais le petit doigt en cas d'agression. Bilan, l'argent que la SNCF ne met pas dans le salaire des guichetiers, l'état le met dans le salaire de policiers supplémentaires pour assurer la sécurité dans ces temples de la robotique. Mais ce que la SNCF n'a pas vu, c'est que l'état qui augmente ses dépenses, c'est davantage d'impôts à collecter, et parmi ces impôts, il y a l'impôt sur le bénéfices des entreprises. Bilan final très mitigé... 
- Ces machines sont confrontées maintenant à une montée de la résistance humaine qui perçoit bien qu'entre acheter à un robot "distributor" et acheter à un humain, cela n'a pas la même conséquence sur l'évolution du chômage. Donc il faut investir dans la publicité pour dire aux gens : "Moutons moutons, laissez ce travail ingrat qui consiste à vendre des billets de train, à des machines, vous rendrez heureux ses salariés déprimés en les invitant à prendre du temps libre avec le RMI pour salaire."
- Et pour finir sur les inconvénients, les distributeurs automatiques n'attirent pas forcément les foules car dans une société où le "client est roi" il semble essentiel pour le consommateur d'avoir la possibilité de porter des réclamations à quelqu'un. On peut en effet engueuler une personne au guichet, mais une machine... C'est plus compliqué.

La guerre contre les machines ne prendra pas l'aspect du film américain Terminator, elle prendra l'aspect d'une indifférence grandissante à l'égard des distributeurs automatiques, des transactions marchandes sur internet et des cartes bancaires.

Faites comme moi, laissez tomber votre carte bancaire ! C'est un acte militant pour ceux qui se sentent politiquement à gauche autant que trier ses déchets peut être un acte militant pour les sympathisants des amis de la nature.

Je vous laisse m'envoyer vos réactions. Cela serait chouette que vous m'écriviez pour me dire à quoi vous sert votre carte bleue.

Eric Souffleux

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Dernière mise à jour : 6 février 2006
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