Lutter contre la voiture

L'arme fatale : la taxe sur les carburants, la mise en place d'une assurance payée à la pompe et le retour de la vignette.

La voiture est aujourd'hui une plaie plus qu'un progrès. Elle menace le vivant dans son ensemble. Son développement a été responsable du délitement de nos liens sociaux. Elle a entraîné l'individualisme, le développement des grandes surfaces, des banlieues pavillonnaires et une forme de violence admise créant un climat d'insécurité tout à fait insupportable.

La lutte contre le voiture est un axe majeur d'un programme politique visant à préserver l'avenir des générations futures.

Plusieurs moyens sont envisageables et peuvent être mis progressivement en place. Tous ces moyens visent à orienter le choix d'automobilistes consommateurs grâce à des taxes, l'arme fatale pour sortir du tout voiture.

Une taxe sur la possession du véhicule

La première des choses est certainement le retour d'une vignette automobile incitant les automobilistes à posséder des voitures sobres.  Remercions au passage le gouvernement Jospin pour la suppression de la vignette auto en 2002, un geste en vue des présidentielles qui a incité les plus riches à remplacer leurs grosses routières par des gros 4x4.

Je préconise un retour de la vignette automobile, une taxe annuelle sur la possession d'une voiture ou d'une moto. Cette vignette pourrait s'appliquer à tous les véhicules à moteur à combustion. Le montant de cette taxe serait proportionnel à la consommation du véhicule ainsi qu'à la puissance de son moteur. Je préconise que cette vignette se transforme même en cadeau fiscal pour les véhicules ne dépassant pas un certain seuil de consommation de carburant. Ce seuil devant se situer en dessous des deux litres d'essence aux 100 km ou encore du litre et demi pour les moteurs diesel. En fait la vignette deviendrait un cadeau fiscal pour les hyper voitures et une super taxe pour les gros véhicules puissants.

La vignette est un impôt juste, progressif, puisqu'il ne touche les gens qu'en fonction du train de vie qu'ils veulent bien se donner, et surtout qu'ils peuvent. Il est évident qu'une vignette onéreuse n'empêchera pas les plus fortunés de rouler en 4x4 ou en grosse berline. Par contre, cela permettra de les faire participer davantage aux revenus de l'état, ce qui permettra à ce dernier de limiter les ponctions fiscales sur les populations les plus pauvres.

La collecte de cet impôt ne doit pas servir à alimenter un poste de dépense en particulier. C'était une erreur d'avoir réservé l'argent de la vignette aux personnes âgées puis au fonctionnement des conseils généraux, alors que depuis 1970 l'état français est déficitaire. Cet impôt écologique doit avant tout servir à renflouer les caisses de l'administration, ce qui permettra de baisser plus tard d'autres impôts non progressifs, la TVA en particulier ou mieux encore les charges sociales qui pèsent sur les salaires.  

L'adoption d'une assurance à la pompe pour sanctionner les gros kilométrages et promouvoir la vérité sur le coût de la voiture.

Concernant les émissions de gaz à effet de serre, il faut bien comprendre que la planète se contre fiche de savoir que vous possédez une voiture sobre, si dans le même temps vos émissions globales sont considérables parce que vous roulez beaucoup. Il faut donc inciter à la sobriété dans les déplacements et promouvant la vérité sur le coût du déplacement automobile. La piste la plus intéressante me semble être l'assurance payée à la pompe.

Aujourd'hui, les automobilistes payent leur assurance sous la forme d'un forfait indépendant du nombre de kilomètres parcourus. Par exemple, dans mon cas personnel, je payais tous les ans environ 300 euros pour me couvrir des dégâts que je pouvais causer à autrui (la responsabilité civile). Ce coût était invariable quelque soit la distance à effectuer dans l'année. Cela incite à rouler au maximum avec son véhicule pour diminuer son coût kilométrique. Ce système n'incite pas à la sobriété dans les déplacements. Pourtant, il est clair que du point de vue des assurances, plus je suis amené à prendre mon véhicule, plus j'ai de chance d'avoir un accident, donc ceux qui parcourent peu de kilomètres avec leur voiture paient une partie du coût réel pour les assurances de ceux qui s'en servent davantage. Est-ce juste ? Moins tu roules, plus tu payes, pour les autres. Plus tu roules, moins tu payes parce que les autres t'aident.

D'autre part, il est avéré qu'une proportion non négligeable d'automobilistes roulent sans être assurés. Cette proportion atteindrait 20% en France et entre 25 et 30% aux États-Unis. L'assurance payée à la pompe permettrait de résoudre ce grave problème car chaque litre d'essence serait acheté avec son assurance. La crainte d'avoir un accident avec un chauffard non assuré qui prendrait la fuite, disparaît pour de bon. N'est-ce pas une perspective rassurante ?

Avec ce système, où les pompistes deviennent des collecteurs d'assurance, le prix du carburant augmenterait de 20% environ, mais ce serait un prix plus juste que maintenant. Attention, cette augmentation n'est pas une taxe sur les carburants; au contraire, le coût social des déplacements diminuerait, car cela supprimerait le coût social des accidents causés par les automobilistes non assurés : quiconque achète de l'essence achète automatiquement une assurance. Il s'agit simplement d'une façon plus juste d'acheter son assurance et cela nous rappellerait, à chaque plein, que l'assurance compte dans le prix du kilomètre.

La Hongrie et, de manière indirecte, la Nouvelle-Zélande ont mis en place un système similaire, mais l'ont abandonné récemment, semble-t-il pour harmoniser leur système d'assurance avec celui de leurs voisins. Apparemment, ils étaient trop en avance sur leur temps. 

Cette forme de collecte de l'assurance pourrait être également associée à une collecte pour améliorer la sécurité routière. Ainsi l'assurance payée à la pompe pourrait être directement indexée sur le niveau de responsabilité et de sagesse de l'ensemble des automobilistes. Moins il y a d'accidents, moins il y a besoin de collecter des fonds par l'intermédiaire de ce système "payez à la pompe".

Comment réagirait le secteurs des assurances ? Il est certain que ce secteur devrait s'adapter à une forme de nationalisation de leurs prérogatives, ce qui ne se ferait pas sans quelques chaudes larmes. Cependant, ce secteur pourra toujours proposer aux automobilistes des assurances les couvrant contre le vol, les incendies, les catastrophes naturelles et d'une façon générale tous les accidents n'impliquant pas des tiers. L'assurance payée à la pompe ne concerne que la responsabilité civile, c'est-à-dire l'obligation de réparer les dégâts causés à un tiers. Il faut voir aussi que le monde de l'assurance privé reste vaste. Nous voulons encore assurer notre maison, notre famille, nos enfants lors de leurs activités sportives et nos entreprises. Le secteur des assurances devra s'adapter à un système plus juste mais il s'en remettra. Il faut voir aussi que les assureurs qui seront potentiellement licenciés des compagnies d'assurance pourront être embauchés par l'administration pour s'assurer de la bonne collecte des fonds auprès des pompistes.

L'assurance payée à la pompe est une mesure salutaire essentielle pour nous obliger à moins utiliser nos voitures. Tout homme politique prenant en compte la question environnementale ne peut pas faire l'économie de la proposition d'une telle mesure.

Sanctionner plus sévèrement, et d'une façon automatique, les comportements automobilistes dangereux.

S'il y a quelque chose qui m'effraie, c'est bien l'insécurité routière et le sentiment d'impunité qu'éprouvent les chauffards à l'égard de notre code de la route. 

Par exemple, voici des faits relevés dans le journal Presse Océan du 5 janvier 2006 qui m'ont atterrés :

Le tribunal correctionnel de Nantes a condamné, hier, un homme de 29 ans à quatre ans de prison dont deux ferme après un accident de la route aux conséquences désastreuses dans la cité des Ducs (Nantes). Une jeune femme de 26 ans en est ressorti lourdement handicapée simplement parce qu'elle avait croisé la route de ce récidiviste de la conduite en état d'ivresse. L'accident s'est déroulé le 9 avril 2004, le chauffard avait consommé de l'alcool et fumé plusieurs joints. Il avait 2.39 g d'alcool par litre de sang ! L'avocate de la victime résume sa vie brisée : "Elle a besoin d'une assistance permanente dans les gestes de la vie quotidienne, à cause d'un automobiliste qui s'est cru le maître du monde." Le journal précise que le permis du chauffard est annulé et qu'il ne pourra pas le repasser avant trois ans.

Quand je lis cela, je me dis qu'il n'y a pas de justice à l'égard de violence automobile. Comment peut-on infliger une peine aussi minime à quelqu'un qui a brisé la vie d'une jeune femme de 26 ans ? Dans trois ans, il pourra conduire et recommencer ses conneries alors qu'une femme souffrira dans sa chair jusqu'à la fin de ses jours. Il est temps d'instaurer une bien plus grande sévérité à l'égard de ce genre de crime. Les victimes sont sacrifiées sur l'autel de la civilisation automobile et cela m'insupporte. Ce qui m'aurait apaisé, c'est d'apprendre que ce criminel aurait eu l'interdiction à vie de conduire un véhicule à moteur. Cela aurait été d'apprendre que cet individu aurait du consacrer deux jours par semaine à l'accompagnement de victimes de la route pendant toute sa vie. La prison n'est à mon avis pas nécessaire s'il adopte une attitude de repentance et de coopération. L'important est qu'il répare les dégâts causés aux autres soit en y consacrant du temps, soit en y consacrant de l'argent et surtout qu'il ne remette plus jamais les mains sur un volant ou un guidon. Seule une telle sévérité incitera les gens à la prudence au volant.

La vitesse, l'alcool et les refus de priorité sont des causes majeures dans l'accidentologie routière. Pour les deux premiers facteurs, je ne crois plus à la prévention. La répression est la seule solution et je pense qu'il faut frapper fort. Pour le troisième facteur, il est certainement possible d'éduquer mieux les conducteurs, ou de parfaire les aménagements routiers, mais je pense qu'il faut avant tout alourdir la sanction en cas d'accident pour celui qui est responsable.

Pour juguler le problème des excès de vitesse, je propose évidemment la bridage des moteurs à 120 km/h. Ce qui n'exclue pas la mise en place de contrôles de vitesse en ville ou sur les routes de campagnes. Contrairement à ce qui se fait depuis de nombreuses années, je pense qu'il faut permettre à la gendarmerie de contrôler la vitesse des usagers de la route de manière furtive. Trop souvent, les gens se permettent des excès parce qu'ils sont couverts par les automobilistes qui arrivent en face. Il est en effet courant de voir des automobilistes vous prévenir que vous allez rencontrer des gendarmes. J'ai même remarqué que vous êtes d'autant plus prévenus par les autres que vous roulez vite! Ce jeu du chat et de la souris est révélateur du manque de responsabilité de ces usagers de la route. La seule solution, outre le bridage, c'est bien la répression par les moyens les plus efficaces et cela passe inévitablement par le simple fait d'exiger des gendarmes qu'ils se cachent un minimum des automobilistes qu'ils veulent contrôler. La généralisation des radars avec des appareils photographiques devrait supprimer tous les litiges qui existent entre les chauffards et la loi.

Concernant l'alcool, il n'y a là aussi pas d'autres solutions qu'une solide répression et un réel alourdissement des sanctions en cas de responsabilité dans un accident de la route. Les conséquences encourues par ceux qui veulent boire et conduire doivent dès le départ les inciter à la modération.

Le sentiment d'impunité des criminels de la route est d'autant plus grand qu'ils sont peu sanctionnés et que certains trouvent des passes droits leur permettant d'échapper à l'amende. Pour rendre la sanction automatique, je propose la mise en place d'un système de caution de bonne conduite. Il s'agit de demander aux automobilistes de payer à l'avance leurs éventuelles amendes. Je vais prendre plus de temps pour vous expliquer de quoi il s'agit.

Lors de la mise en place de ce système, en 2007 ou 2008, en même temps que le retour de la vignette automobile, il sera demandé aux propriétaires de voiture de payer une caution de bonne conduite. Le montant de cette caution sera fonction des points que compte le permis de conduire. Si le permis compte tous ses 12 points, la caution sera minimale : 50 euros. Cette somme correspond au paiement d'une petite amende pour par exemple un excès de vitesse inférieur à 10 km/h au dessus de la vitesse légale. Par contre si le permis de l'automobiliste ne compte plus que 6 points, la caution de bonne conduite passera à 300 euros à raison de 50 euros par point. Si le permis compte seulement 2 points, la caution de départ coûtera 500 euros. Voilà qui permet de comprendre comment démarrera le système. Vous avez bien compris, je vais encore vous demander de payer pour votre voiture. Certes, mais à la différence de la vignette, vous pourrez récupérer l'intégralité de cette caution dès que vous vous séparerez de votre véhicule et si évidemment vous n'avez commis aucune infraction caractérisée. Si par contre vous avez été sanctionné, on vous demandera de payer en plus de l'amende un supplément pour votre caution. La caution pourra redevenir minimaliste au bout d'un certain de temps de bonne conduite. Elle deviendra vite insupportable pour les moins raisonnables et elle sera imparable car les gendarmes pourront venir directement confisquer véhicules et permis des gens qui refusent de payer la caution. Les informations relatives à la vie d'un automobiliste seront centralisées dans les fichiers de l'administration et de la police.

Parallèlement à cette politique visant à limiter l'usage de l'automobile, il faudra aider l'émergence d'alternatives.

Nous devrons construire un immense réseau de pistes cyclables efficaces. J'entends par efficaces, des pistes cyclables qui utilisent le chemin le plus court et le plus plat possible pour relier les personnes. Des pistes cyclables qui doivent être prioritaires sur les voies où circulent les automobiles. Nous pourrons par exemple développer des pistes le long des voies ferrées qui ont souvent été tracées avec une faible pente. Nous pourrons développer des pistes le long des cours d'eau. Il sera peu coûteux d'aménager ces nouvelles voies de circulation car leur aspect "structure légère" s'adaptera facilement au relief. En ville il faudra aménager des pistes cyclables rapides qui permettront la suppression des transports en commun "lourds", les tramways et les bus. 

Nous devrons développer un service de location de voiture efficace et moins onéreux que le fait de disposer d'une voiture personnelle. Les gens devront en outre pouvoir disposer d'une flotte de taxis dont le coût devra être équivalent à l'usage d'une voiture personnelle. Ainsi, pour des déplacements exceptionnels, il sera toujours possible de faire appel aux services d'un véhicule à moteur. La différence avec le passé (ou plutôt le présent) résidera dans le fait que les véhicules utilisés seront toujours idéalement adaptés aux besoins de transport des personnes et des marchandises. La règle devra être la propulsion humaine, l'usage d'un véhicule à moteur devra être l'exception. Telle est la grande logique de la société que je souhaite voir naître.

Parallèlement au développement des pistes cyclables, nous devront développer un réseau de transport ferroviaire permettant à chaque habitant d'une zone urbaine d'habiter à moins de 15 km d'une gare correctement desservie. Je pense qu'il faudra permettre l'accès des vélos en plus grand nombre dans les wagons. Cela favorisera l'inter modalité entre les rails et les pistes cyclables. Nous aurons ainsi un réseau de transport d'une efficacité incroyable. Il faudra en outre développer un service transport des marchandises par le rail très efficace. Les camions ne doivent plus sillonnés la France et l'Europe comme ils l'ont fait jusqu'ici. Développons un système concurrent en utilisant le rail et les véhicules légers.

Voilà ce que j'aimerais qu'un candidat aux prochaines élections nous propose pour nous inciter à moins utiliser la voiture et pour limiter l'insécurité routière :

La société qui pourra naître autour de cette politique pourra se réorganiser autour du vélo, du train et du bateau. Elle sera moins violente et objectivement les seules personnes qui ne désirent pas une telle société sont des personnes parfaitement irresponsables qui mesurent leur ego avec les chevaux qu'ils alignent sous le capot. 

Si vous faites parti des gens sages et responsables, de telles mesures ne doivent pas vous effrayer. La griserie de la vitesse et de la jeunesse pourra toujours exister, mais elle se fera avec des moyens de transport à propulsion humaine, infiniment moins destructeurs de l'environnement.

J'ai écrit cette page en pensant aux victimes du réchauffement climatique, aux victimes de la violence routière et finalement à la société que j'espère voir naître pour nos enfants. Puisse-t-elle vous aider dans votre décision pour les élections de 2007 ?

Eric Souffleux

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Dernière mise à jour : 26 février 2006
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