Produits dérivés et utilisations des énergies fossiles

Cette page va vous montrer à quel point notre mode de vie est dépendant des combustibles fossiles.

Transport

        L'essence et le diesel que l'on met dans le réservoir de son véhicule sont probablement les premières choses qui viennent à l'esprit quand on pense à l'utilisation du pétrole. Étant donné sa nature liquide et son rapport masse/énergie avantageux, rien ne peut remplacer facilement le pétrole pour cet usage à part le gaz naturel. En effet, les automobiles actuelles équipées de moteur essence pourraient très facilement être adaptées pour brûler du gaz naturel. Le problème est qu'on ne fait que reculer un peu, de l'ordre de deux à trois décennies, le problème de la déplétion car le gaz naturel est lui aussi une énergie fossile, et aussi on continue d'aggraver le problème de l'effet de serre car la combustion du gaz émet du gaz carbonique. Il semble malheureusement que le remplacement du pétrole par du gaz naturel soit de plus en plus la solution invoquée pour faire face à l'après pétrole auprès des constructeurs. Le gaz est l'énergie de tous les miracles, il est préconisé pour remplacer le nucléaire dans la production d'électricité, pour le chauffage des habitations, la cuisson des aliments et pour remplacer le pétrole dans les transports. Le gaz est cependant une ressource limitée qui ne pourra satisfaire tous ces usages très longtemps.   

        Les automobiles pourraient être adaptées pour rouler à l'électricité avec une forme de stockage mécanique (l'air comprimé), chimique (l'hydrogène) ou électronique (les batteries au plomb ou au lithium). Le rendement énergétique serait cependant moins bon qu'avec le pétrole. Et électrifier tout le parc automobile français signifierait qu'il faudrait multiplier par deux ou trois le nombre de centrales nucléaires dans notre pays. Malgré ma nucléo-tolérance, j'y suis totalement opposé. Il n'est pas question pour moi d'accepter un nucléarisation massive qui soit synonyme de destruction de l'écosystème des rivières, au seul motif qu'il faut de l'énergie pour nos voitures. 

        Une autre solution souvent avancée consisterait à utiliser les agro-carburants (huile végétale brute ou pure en particulier car directement utilisable dans les moteurs diesels d'ancienne génération, sans l'injection électronique notamment), mais il se pose alors un problème de concurrence d'usage des sols. Les terres cultivables sont loin d'être une ressource renouvelable à l'heure de la désertification, de l'érosion et de la progression de la ville sur la campagne. En France on pourrait au maximum arriver à alimenter 5 à 10% du parc de véhicules automobiles avec des carburants "verts".

        Que ce soit pour le gaz naturel, l'électricité ou les agro-carburants, le diable est dans les ordres de grandeurs et dans les contraintes que nous impose la nature pour survivre, en particulier le fait de maintenir la concentration de gaz carbonique en dessous des 400 ppmv. Il n'existe pas de solution facile de rechange à la raréfaction programmée du pétrole pour notre mode de déplacement individuel qu'est la voiture. 

        Seul le vélo efficace représente une alternative à la voiture en ce qui concerne les déplacements individuels. Il faut pour cela repenser toute l'organisation de notre société. Il faudra dans l'avenir que les citoyens aient tout ce qui est vital pour eux dans un rayon de moins de 20 km, une distance qui rend tout à fait acceptable l'utilisation des véhicules à propulsion humaine. Qu'en est-il des transports collectifs ? et du transport des marchandises ?

        La circulation des personnes sur de grandes distances peut être dans une certaine mesure remplacée par les transports en commun comme le tramway et le train électrique (à condition de s'assurer que l'électricité n'est pas produite à partir de combustibles fossiles). La circulation des marchandises est plus problématique car la majorité des entreprises sont situées loin des axes ferroviaires et ont préféré se rapprocher des rocades et des autoroutes pour les camions. Il faut cependant espérer que le ferroutage soit une bonne manière de réaliser une transition douce dans le transport des marchandises. Je crois que le transport des marchandises se transférera progressivement des camions vers le rail et les véhicules mus par la traction animale.

        Les bateaux brûlant du fioul lourd (cargo, ferry...) pourraient réduire leur consommation d'énergie avec l'utilisation de voiles modernes à axe vertical. Ils seraient plus lent mais les marchandises et les passagers arriveraient à destination, à la vitesse des dauphins... Il serait possible de construire des bateaux à propulsion nucléaire, avec les réacteurs des sous-marins atomique, pour les liaisons rapides trans-océaniques. Cela fait aussi partie du futur possible.

        Le plus grand problème de la déplétion des énergies fossiles concerne les avions qui ne peuvent pas utiliser d'autres énergies alternatives. En raison de leur consommation excessive et du peu de taxes qui touchent les carburéacteurs, ils seront les premiers à souffrir de la flambée du pétrole à venir. Et à moins de développer une hypothétique aviation brûlant de l'hydrogène, et donc les centrales nucléaires qui vont avec, il faudra bien se rendre à l'évidence : l'aviation de masse n'aura duré que 50 ans.

Production d'électricité

        Dans le monde, environ 42% de l'énergie primaire (pétrole, gaz naturel et charbon) est utilisée pour produire de l'électricité; et si le pétrole représente le sang de la société à cause de son rôle essentiel dans le secteur des transports, l'électricité en représente l'oxygène ou le système nerveux. Comme nous l'avons vu lors de la gigantesque panne du mois d'août 2003 au Nord-est des Etats-Unis et au Canada, quelques jours sans électricités et nous sommes forcés de nous arrêter. Les pompes à essence ne peuvent plus servir de carburant faute d'électricité, du fait de l'informatique le travail dans les secteurs tertiaires est impossible, on n'est pas loin d'une panique noire. 

        Bien que d'autres moyens de produire de l'électricité existent, ils ne représentent actuellement qu'un faible pourcentage de la production d'électricité dans le monde. En 1999, l'essentiel (63% de la production totale d'électricité) provenait des centrales électriques thermiques, 63% provenant du charbon, 27% du gaz naturel et 10% du pétrole. La part du gaz et du charbon est croissante depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1980 et on brûle uniquement les fond de soutes pour le pétrole. Les pétroles légers sont réservés pour le carburant automobile.

        Les autres sources d'électricité sont les barrages hydroélectriques qui sont dépendants de la disponibilité de l'eau, et le nucléaire qui dépend des réserves de combustibles fissibles. Il y aussi d'autres énergies renouvelables (solaire, géothermie, éolienne, hydrolienne...), mais elles ne sont pas encore suffisamment développées. Il aurait fallu dépenser plus d'argent pour la recherche dans les années 1970 et 1980. Maintenant nous sommes au pied du mur, il faudra avant toutes choses réduire d'une façon drastique notre consommation d'électricité.

Agriculture 

        Un des plus gros consommateurs de pétrole, – mais nous n'en sommes que peu conscients – , est l'agriculture, et pas uniquement pour alimenter les tracteurs et moissonneuses-batteuses. Les engrais et herbicides sont tous produits à partir de gaz et de pétrole, et les agriculteurs utilisent des aliments pour les animaux qui proviennent du monde entier et ont donc transité sur des bateaux dépendants du pétrole. Les plantes ont besoin de trois éléments pour pouvoir pousser : l'azote, le phosphore et le potassium. L'azote absorbé par les racines de la plante intervient dans la production de protéines. Le phosphore stimule le développement des racines et le mûrissement de la plante, tandis que le potassium est essentiel à la photosynthèse. La production d'engrais azotés représente maintenant une part importante de l'industrie chimique. La fixation de l'azote à l'ammoniac occupe le deuxième rang dans la production chimique mondiale, après l'acide sulfurique, dont le volume se justifie uniquement par le rôle clé qu'il joue lui aussi dans la fabrication d'engrais. 

        L'exemple de la Corée du Nord nous montre ce que devient l'agriculture quand on supprime les produits pétroliers. Après la guerre. La Corée a développé une agriculture moderne, mécanisée et basée sur les engrais pétrochimiques. Avec la chute de l'Union Soviétique, l'aide des Communistes s'arrêta et le pays ne fut plus capable d'acheter ni du pétrole, ni d'autres fournitures. Sans pétrole, les machines agricoles restaient au repos (80% de leurs capacités en 1998) et une large portion de la population a dû retourner aux champs. Malheureusement, le sol a été érodé et vidé des substances nutritives durant des années et, sans engrais, il n'était plus capable de produire autant qu'avant. Les rendements des cultures agricoles ont chuté jusqu'à 60% durant la période 1989 – 1998. Tant que le pays ne pourra pas accéder de nouveau au pétrole et aux engrais, sa population déclinera jusqu'à atteindre son niveau d'équilibre viable.

Le graphique ci-contre montre l'utilisation d'engrais en Extrême-Orient de 1961 à 2001.

La chute soudaine et massive de l'utilisation des engrais azotés en Corée du Nord au milieu des années 90 est clairement illustrée ici. Une telle chute a manifestement affecté la production de nourriture.
Source: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture


Le chauffage des serres l'hiver

        Si vous avez consommé des tomates entre les mois de novembre et mai, c'est qu'elles ont été cultivées hors-sol dans des serres chauffées avec du pétrole ou du gaz. Imaginez, il faut environ 1 litre de pétrole sous forme de gaz pour le chauffage pour produire 1 kg de salade ou 1 kg de tomate en hiver !
        Vous avez certainement entendu des gens se plaindre qu'il n'y a plus de saisons, c'est vrai du fait des changements climatiques, mais surtout vrai du fait qu'on mange n'importe quoi toute l'année. Le choix alimentaire n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui. Cette grande variété, ou plutôt cette homogénéisation des aliments, a un prix : la dépendance vis-à-vis du pétrole ou du gaz.

        Je ne vous parlerai que d'un seul exemple. Les Hollandais possèdent de grandes réserves de gaz, ils en disposent donc pour chauffer des serres immenses et à des prix très concurrentiels. Résultat, les légumes hollandais inondent les étales européennes et font même concurrence aux tomates espagnoles, qui disposent de plus de soleil ! Ainsi dans les années 1980, un accident dans le centre de la France entre deux poids lourds avait fait scandale. L'un des poids lourds transportait des tomates provenant d'Espagne à destination de la Hollande. L'autre camion transportait aussi des tomates mais originaire de la Hollande et à destination de l'Espagne. Comment un tel accident avait-il été rendu possible ? Aujourd'hui, on retrouve le même type d'aberration dans un grand nombre de domaine et cela illustre le grand gaspillage dont nous sommes témoins et complices. 

        A l'avenir, les serres devront être très isolées et chauffées avec la géothermie, sur le modèle islandais. Mais l'essentiel sera de réapprendre à manger avec les saisons. Le grand malheur de notre temps est que nous nous sommes coupé d'une relation fraternel avec notre sol. Le jour où tout le monde cultivera son jardin pour sa propre subsistance, nous aurons accompli d'important progrès quant à la manière dont nous voyons le monde. 

La pêche

        La pêche courageuse à bord de bateaux à voile fait partie de l'histoire. Aujourd'hui plus aucun marin des pays modernes ne prend la mer avec la force du vent. Ils utilisent tous du gazole ou de l'essence détaxée pour nous pêcher bars, dorades et autres langoustines. Cependant, tous les bateaux de pêche ne sont pas aussi dépendants du pétrole. Un fileyeur consomme jusqu'à quatre fois moins de gazole qu'un chalutier hauturier. Il se contente de se déplacer d'un lieu de pêche à un autre pour y poser ses pièges que sont les filets de fond. Le chalutier, lui, doit dépenser une énergie considérable pour labourer sable et vases avec son train de pêche. Et même parmi les chalutiers, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne : les côtiers s'en tirent mieux avec une langoustine fraîche plus correctement vendue que la lotte du large. 

        En avril 2005, à l'occasion d'une sortie dans la région de St Brieuc, j'ai eu l'occasion de discuter avec un marin pêcheur qui rentrait au port. Ce que j'ai appris à l'occasion de cet échange m'a tout simplement effrayé. Au moment de notre discussion, le pêcheur côtier nous raconta qu'il lui fallait consommer chaque jour entre 100 et 150 litre de gazole pour pêcher moins de 200 kg de seiches. Il nous a expliqué que la conception des bateaux était que pour être rentable, c'est-à-dire en comptant le repas de l'équipage, son salaire et le paiement du bateau, il fallait que pour un litre de gazole consommé, la campagne de pêche rapporte un kilogramme de poisson. Aujourd'hui le poisson se fait plus rare et les plus gros bateaux côtiers consomment 500 litres de gazole par jour pour ramener à la criée entre 100 et 1000 kg de poisson selon le prix du poisson. Les gros chalutiers consomment 40 000 litres de gazole par mois et ramènent 20 à 40 tonnes de poissons. Le constat de cette dépendance vis-à-vis du pétrole est accablant pour notre civilisation. Comment peut-on brûler autant de pétrole pour ramener finalement si peu de poissons ?    

        Avec des frais de carburant durablement trop élevés par rapport à ce que propose la criée, le chalut n'est-il pas un outil condamné ? Cette question soulève un sérieux problème car elle concerne 70% de la pêche française.

        L'hydrogène pourrait-il venir en aide aux chalutiers ? Rien n'est impossible, mais il faudra se rendre à l'évidence d'une chose, le prix du poisson risque d'augmenter en ville et dans les zones éloignées de la mer. La seule solution consistera à réduire les charges sociales des pêcheurs pour qu'il redevienne rentable de pêcher en mer avec des bateaux à voile.

La Chimie 

        La majeure partie du pétrole brut est raffiné en carburants et brûlée, mais une petite part sert de substrat pour alimenter des usines pétrochimiques. Là, elle est transformée en plastiques, engrais, herbicides, produits pharmaceutiques, teintures, détergents et fibres sur lesquels repose la qualité de vie moderne.

Matières plastiques

        La plupart des gens oublient souvent que les matières plastiques sont dérivées du pétrole. Un rapide coup d'oeil dans n'importe quelle pièce nous montre à quel points ils sont envahissants. 

Ciment,  goudron et matériaux divers

        Les résidus du pétrole sont des matériaux de base des routes, s'ils venaient à disparaître, comment ferions-nous pour entretenir nos routes défoncées continuellement par le flot de camions et d'automobiles ?

Usage militaire et importance des énergies fossiles dans les conflits passés

Pour cette question, je vous invite à continuer la visite en allant sur la page guerres du pétrole.

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Dernière mise à jour : 26 mai 2006
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