Les guerres du pétrole

Dans quelques décennies elles appartiendront définitivement au passé soit parce que nous aurons tout épuisé, soit parce que nous aurons sagement choisi de sortir de l'ère des combustibles fossiles.

Depuis le forage du premier puit de pétrole le 27 août 1859, le pétrole ne cesse de transformer la vie quotidienne des hommes. Il ne pouvait pas en être autrement pour la guerre. Le pétrole a révolutionné les conflits et presque partout où il jaillit abondamment et où on peut le contrôler, les armes ont parlé.

La première guerre mondiale (1914 - 1918)

La première guerre mondiale fut une guerre modifiée par le pétrole. Grâce à ce combustible elle devint mondiale et dura relativement peu de temps. C'est lors de cette guerre que pour la première fois le pétrole montra son importance et sa supériorité. Churchill convertit peu avant la guerre la marine britannique au fuel. Il était convaincu de la supériorité du pétrole sur le charbon en mer. Le pétrole permettait la construction de navires plus légers, plus rapides et facilement ravitaillables en pleine mer. Cinq navires à mazout sont construits en 1912. Bien qu'en nombre inférieur les anglais vont mener la vie dure aux navires allemands propulsés avec du charbon. Les anglais démontrèrent à tous la supériorité du pétrole en mer. Ils mirent au point les tanks et  Lord Curzon proclama que « La cause alliée avait atteint la victoire, portée par une vague de pétrole ».
Les navires, les locomotives, les camions et les avions dépendaient du pétrole et avaient surpassé le charbon. Telle était la principale leçon que retinrent les chefs militaires.

La seconde guerre mondiale (1939 - 1945)

Après la défaite de l’Allemagne en 1918, Hitler comprit qu’il fallait disposer d’une armée mobile. Les chars appuyés par des bombardiers en piqué constitueront une arme redoutable, mais très énergivore. Le pétrole dévorée par cette machine de guerre devait provenir du charbon extrait des mines allemandes pour garantir l'indépendance nationale. L’Allemagne développa une très importante filière de production nationale de pétrole synthétique. En 1940, les raffineries allemandes ont produit 72 000 barils de fuel synthétique par jour, soit 46% de tout l’approvisionnement de l’Allemagne. Le reste provenait des gisements roumains. En 1944, 92% du carburant aérien provenait du charbon. 
Dès le début de la campagne de Russie les Allemands ont deux objectifs : faire tomber les communistes et mettre la main sur les
champs pétrolifères du Caucase. Ces gisements sont vitaux pour une Allemagne au dimension européenne avide de combustible.
En Extrême-Orient les Japonais impérialistes ont attaqué les États-Unis car ils avaient besoin de pétrole. Il fallait anéantir la flotte américaine pour s’emparer du pétrole d’Indonésie. En 1945, les Japonais proches de la défaite n’avaient plus de pétrole, ils ont été dans l'obligation d'alimenter leurs avions suicides avec du carburant produit à partir des racines de pin.

Même si le monde de 1939 était découpé par des idéologies qui se détestaient, on peut considérer que la seconde guerre mondiale a été par bien des aspects la première guerre pour le pétrole. L'avidité des armées belligérantes a obligé celles-ci à se concentrer sur leur approvisionnement en or noir. Cette nécessité première a modifié la stratégie de la guerre. 

La crise de Suez (1956 - 1957)

Un mois après le départ des Anglais (présents ici depuis 74 ans), le 26 juillet 1956, Gamal Abdel Nasser, le leader égyptien au pouvoir depuis quatre ans, nationalise le canal de Suez qui permet la jonction entre la Méditerranée et la mer Rouge. L'Europe s'interroge : la route du pétrole va-t-elle être coupée ? Il s'en suit des querelles diplomatiques et une montée en puissance des armées autour de l'Égypte. Les Français (principaux actionnaires du canal), les Anglais (principaux utilisateurs du canal) et les Israéliens (qui veulent mettre un terme aux ambitions de Nasser) agissent de concert pour écraser une armée égyptienne soutenue par les Russes. Le 29 octobre trois colonnes blindés israéliennes envahissent le Sinaï. L'aviation égyptienne est détruite au sol. Le 5 novembre les Français et les Britanniques débarquent et prennent le contrôle de Port-Saïd. Aussitôt Eisenhower somme les européens de se retirer, de peur que tous les pays arabes tombent dans le camp soviétique. Les Russes brandissent la menace atomique s'il n'est pas mis fin à l'expédition. En décembre les troupes anglaises et françaises quittent le territoire égyptien. Les Israéliens font de même en mars 1957 ce qui permet la réouverture du canal que Nasser avait bloqué en coulant 47 vieux navires. La route du pétrole saoudien est de nouveau libre pour l'Europe qui avec cette expédition a failli déclencher un conflit nucléaire.

La guerre Iran-Irak (1980 - 1988) "La première guerre du Golfe"

Avec 60% des réserves mondiales de pétrole, le golfe arabo-persique est devenu un point clef pour l'équilibre mondial. Dans les années 70, les Américains ont soutenu l'Iran du Shah pour être le gendarme de la région. L'Irak pourtant aidé par les soviétiques n'a pas pu contester cette supériorité. Il a même été obligé, en 1975, de passer un accord frontalier défavorable avec son voisin concernant le delta du Chatt al-'Arab. Dès lors les Irakiens n'attendent qu'une seule chose, prendre leur revanche. En janvier 1978, L'ayatollah Khomeiny renverse le Shah et proclame la révolution islamique. Khomeiny souhaite exporter la révolution chez son voisin à majorité chiite. Le 22 septembre 1980, l'Irak de Saddam Hussein déclenche la guerre contre son voisin isolé sur le plan international. En décembre, les Irakiens stoppent leur avance en territoire iranien sous la pression des autres états arabes qui prennent peur. Khomeiny comprend rapidement tout le parti d'une guerre longue. La menace irakienne va servir de ciment à la révolution islamique. L'Iran envoie sur le front des martyrs qui meurent de plus en plus jeunes. En juin 1983, l'armée irakienne est revenue derrière ses frontières. La guerre devient alors une guerre de tranchée horrible. Les Irakiens malgré une supériorité matérielle évidente plient sous les attaques des révolutionnaires. En 1983, ils utilisent les armes chimiques et attaquent les installations pétrolières pour couper les vivres de Khomeiny. En janvier 1987, les Iraniens sont stoppés à proximité de Bassorah, la deuxième ville irakienne. Au cours de l'été 1987 les Iraniens truffent le Golfe de mines et s'attaquent aux pétroliers. Cette menace sur les approvisionnements en carburant a été violemment ressentie par l'Occident. Les Américains, les Français et les Britanniques envoient des portes avions sur zone pour assurer la libre circulation du pétrole. Les Russes sont présents et la situation devient explosive. Après une tentative infructueuse de négociation par l'ONU, les bombardements reprennent avec davantage d'intensité. En mars 1988, pour dénoncer le soutien des Kurdes envers l'Iran, l'armée irakienne bombarde la ville de Hallabjah à l'aide d'armes chimiques ( acide cyanhydrique et gaz moutarde ), faisant 5 000 victimes

La guerre s'arrête le 18 juillet 1988. Aucun des deux pays n’est vainqueur, et les revendications territoriales Irakiennes sont toujours en suspens  

Cette guerre est un immense gâchis. L'Irak, sans elle, aurait pu se hisser à un niveau comparable à celui de l'Espagne avant l'an 2000. Au contraire le pays est ruiné et endetté. La population souffre des restrictions. L'ambition de Saddam Hussein de jouer un rôle sur la scène internationale a été réduite à néant. Côté iranien, le désordre de la guerre est venu s'ajouter à celui de la Révolution. La guerre a tué 500 000 soldats, parfois très jeunes, et en a blessé 2 millions. 
A qui a profité ce conflit ? Tous les pays arabes se sont réjouis de l'affaiblissement de ces deux puissances locales. Les marchands d'armes comme l'URSS, les États-Unis ou la France ont su tiré leur épingle du jeu, même si cela s'est fait au prix d'attentats meurtriers comme en 1986. (On n'est jamais innocent quand on vend une arme à un tueur.)  L'Iran mis au ban de beaucoup de nations est obligé de se fournir sur la marché noir et a été jusqu'à acheter des char à son ennemi ! 

Pour conclure sur cette tragédie, beaucoup de pays occidentaux et arabes avaient intérêt à voir ces deux pays s'affaiblirent. Trop d'intérêts pétroliers étaient en jeu pour justifier une intervention d'une coalition internationale. Ce conflit porte en lui les graines du suivant.

La guerre du Golfe : la libération du Koweït (1990-1991)

A la fin du conflit Iran-Irak, le mécontentement populaire grandit. En effet, l'Irak sort épuisé de ces 8 années de guerre où des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie. Le pays est ruiné, la dette est estimée à 80 milliards de dollars. Pour tenter de sortir de la crise, Saddam Hussein va vouloir se servir du Koweït. Comme le riche Koweït voisin refuse à Saddam Hussein l'aide financière que l'Irak exige (Le Koweït aurait une dette de 10 milliards de dollars envers l'Irak parce que l'Irak l'a protégé de l'Iran.), l'Irak va l'envahir le 2 août 1990. Bagdad n'a jamais admis la souveraineté du Koweït, octroyée en 1961 par la Grande-Bretagne, soucieuse de voir le pactole pétrolier partagé entre quelques trônes, plutôt qu'abandonné aux mains d'une seule puissance. Vue d'Irak, l'annexion corrige une imposture héritée de l'ère coloniale. 
Aussitôt le conseil de sécurité de l'ONU réagit et exige à l'unanimité le retrait immédiat et inconditionnel. Une logique de guerre s'installe. Une coalition inédite et hétérogène se cimente autour de la libération du Koweït. Les pacifistes scandant "Pas de sang pour le pétrole" sont peu nombreux. Saddam Hussein exhorte les masses arabes et musulmanes à délivrer les lieux saints de l'islam, alors même qu'il vient d'endiguer l'essor du Khomeiniste. Il n'est pas à une contradiction près pour masquer sa véritable ambition : devenir le nouveau Nasser arabe en mettant la main sur 40% du pétrole de la région.

Le 17 janvier 1991, les hostilités débutent par des bombardements de l'aviation alliée. Le Koweït est libéré en moins de deux mois. Les combats s'arrêtent le 28 février.

Conséquences du conflit : 100 000 soldats irakiens ont trouvé la mort lors des combats, 35 000 civils irakiens sont morts et des centaines de milliers de Chiites soulevés contre Saddam ont été massacrés par son armée. Au total, on estime que cette guerre a fait entre 170 000 et 250 000 victimes civils et militaires.
Par ailleurs 300 millions de tonnes de pétrole ont brûlé, soit plus du dixième de la consommation mondiale annuelle. Il a fallu deux ans pour éteindre les puits de pétrole du Koweït. 

L'évolution du cours du baril de brut a suivi les affres de la crise. Le 27 juillet 1990, le baril atteignait les 21 dollars.  Le prix du baril de brut est montée à 28 dollars au plus fort de la crise. Le 17 janvier, quelques heures après l'offensive américaine, le baril a chuté de 10 dollars en moins de 24 heures. Plus que tout les marchés détestent l'incertitude. L'offensive américaine a rassuré les marchés. 

Une guerre qui coûte cher, très cher. Selon les prévisions du Congrès américain, la guerre pouvait coûter entre 17 et 35 milliards de dollars. Une bataille terrestre pourrait coûter jusqu'à deux milliards de dollars par jour. J'ai rassemblé ici les coûts unitaires des différentes armes utilisées au cours du conflit :

Une mission aérienne : 2000 dollars
Un missile antiradar / air-air / air-sol : 100 000 à 260 000 dollars
Un avion américain FA 18 Hornet ou un avion allemand Tornado : 31 millions de dollars
Un char américain M1A Abraham : 4 millions de dollars
Un porte avion-américain : 3.5 milliards de dollars 

Pour plus d'informations sur cette guerre : http://guerredugolfe.free.fr

Les opérations en Afghanistan (2001)

Il existe des arguments pour affirmer que la guerre en Afghanistan est une guerre pour le pétrole. Ben Laden et la majorité des pirates du 11 septembre venaient d'Arabie Saoudite, mais les USA ont quand'même attaqué l'Afghanistan et non-pas ce pays. En outre, l'Afghanistan se situe entre les deux principales régions productrices – Le Moyen-Orient et la Mer Caspienne. Un endroit très commode pour baser ses troupes.
   

L'invasion de l'Irak (2003-????) 

Depuis la première guerre du Golfe, l'Irak est obligé par l'ONU de détruire ses armes de destruction massive, armes chimiques et programme nucléaire (résolution 1441). Pendant 11 ans, Saddam Hussein n'a pas cesser de jouer au chat et à la souris avec les inspecteurs de l'ONU, censés vérifier le démantèlement de l'arsenal irakien. Le vendredi 20 décembre 2002, les chefs des inspecteurs de l'ONU ont affiché leur scepticisme et dénoncé des zones d'ombre dans le rapport remis par les Irakiens. Aux yeux des Etats-Unis, ces omissions constituent une violation patente des obligations irakiennes. 

 "Depuis trop longtemps, le régime itaire de Saddam Hussein accumule les provocations à l'égard du monde libre et se croit éré de toutes représailles. Nous avons jusqu'à présent conservé notre s-control en proposant à Bagdad des solutions pacifiques. Mais le manque de coopération des irakiens nous contraint désormais à une action à plus grande é. L'heure de la isation a sonné. Le compte à rebours vers une intervention armée le est déclenché. Mes chers concitoyens, soyez certains qu'en choisissant la guerre, j's pour la paix." George W. Bush

« Regardons les choses simplement. La principale différence entre la Corée du Nord et l'Irak, c'est qu'économiquement nous n'avions pas le choix pour l'Irak. Le pays nage dans le pétrole. » Le Secrétaire à la défense des USA, Paul Wolfowitz, à Singapour, 31 mai-1er juin, 2003

La seconde guerre en Irak menée par les Américains est une des preuves les plus évidentes que le monde fait face à une crise pétrolière. Alors qu'on a longtemps cherché des raisons alternatives pour justifier l'invasion, le seul but qui résiste à un examen approfondi est celui de sécuriser les futurs approvisionnements en pétrole. Toutes les autres raisons – « humanitaire », liens avec Al-Quaïda, menaces pour le monde, les fameuses armes de destructions massives – ont été réfutées ou tout au moins présentent de sérieux défauts.

1000 soldats américains morts en Irak, toutes causes confondues (combats, accidents, suicides...), source : 7/09/2004 Global Security

La barre symbolique des milles morts dans les rangs de l'armée américaine a été franchie le mardi 7 septembre 2004. Toutefois, le nombre des tués cache d'autres réalités tout aussi inquiétante dans un Irak où des zones entières échappent au contrôle des forces irako-américaines. Les zones urbaines du triangle sunnite sont en passe de devenir des "no-go zones". 
Au mois d'août 2004, les contacts violents avec l'armée américaine sont passés de 1700 à 2700. Le nombre de blessés dans les rangs de l'armée américaine est en augmentation nette de 30%. L'Irak devient peu à peu un nouveau Viêt-Nam. 

Selon une étude de la revue médicale américaine The Lancet, environ 100 000 civils irakiens, en majorité des femmes et des enfants, seraient morts à la suite de l'occupation américaine de leur pays depuis mars 2003. Jusqu'ici les groupes d'experts les plus pessimistes parlaient de 14 à 17 000 morts civils (comme on pouvait le lire, par exemple, sur le site américano-britannique opposé à la guerre : http://www.iraqbodycount.net ). 
L'enquête de The Lancet a porté sur un total de 988 foyers irakiens, répartis dans 33 localités. Dans chacun de ces foyers, les causes du décès, la date et les circonstances de la mort violente ont été recensées depuis janvier 2002. Cette étude a permis de mesurer l'augmentation du risque de décès entre avant et après l'invasion. La région de Fallujah est la plus dangereuse pour les civils. Dans un commentaire accompagnant l'article, le rédacteur en chef de la revue médicale, Richard Horton, estime que "l'impérialisme démocratique a conduit à plus de morts, pas à moins". Il ajoute : "Cet échec politique et militaire continue de provoquer d'innombrables victimes parmi les non-combattants."  (lu dans le Ouest France du 29 octobre 2004)

Projet pour un nouveau siècle américain

Il s'agit d'un groupe de néo-conservateurs particulièrement influents, avec des intérêts dans le gouvernement des USA et/ou dans l'industrie du pétrole. Parmi ses membres, ont trouve Jeb Bush, Dick Cheney, Dan Quayle, Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz. Sur leur site Internet, ils sont très clair au sujet de leurs positions par rapport aux USA, au monde et au pétrole.

Source (en anglais) : http://www.newamericancentury.org/

En protégeant leurs intérêts dans le Golfe Persique, les États-Unis ont toujours espéré trouver un partenaire régional : en premier l'Iran, puis l'Irak, puis l'Arabie Saoudite, chacun à tour de rôle a prouvé son incapacité à assumer ce job. Heureusement les Saoudiens ont surestimé le danger qu'ils représentent pour la politique présidentielle. Interdire aux troupes US l'accès aux bases saoudiennes rendra la guerre en Irak plus dure, mais ne la stoppera pas. De plus, le remplacement du régime de Saddam Hussein à Bagdad réduira d'autant plus l'influence des Saoudiens – le retour du pétrole irakien sur le marché ne pourra que réduire la capacité des Saoudiens à imposer les prix du pétrole, et rendra les bases US là-bas superflues.

Depuis plus d'une décennie les USA ont eu une présence militaire en Arabie Saoudite, ostensiblement pour protéger ce pays contre l'Irak. Il avait été annoncé que, une fois la guerre en Irak « terminée », les troupes seraient retirées.

Le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld et son homologue saoudien le Prince Sultan bin Abdulaziz, ont affirmé dans une conférence de presse que la fin de la guerre en Irak et la chute du régime de Saddam Hussein signifiaient la fin de présence militaire américaine. Il ne restera qu'un léger programme de formation militaire… Déjà avant l'annonce de mardi, les forces américaines en Arabie Saoudite, qui avaient doublé pour atteindre 10.000 hommes durant la guerre, ont commencé le démantèlement des bases tentaculaires du désert utilisées par les avions de guerre des Etats-Unis depuis 1991 pour patrouiller dans la zone d'exclusion aérienne du sud de l'Irak.

La présence des forces américaines depuis la Guerre du Golf de 1991 était un problème litigieux en Arabie Saoudite et a alimenté le terrorisme d'Oussama Ben Laden. Le chef d'Al-Quaïda, natif d'Arabie Saoudite, avait appelé au retrait des troupes « d'infidèles » Américains du pays des deux lieux les plus sacrés de l'Islam.

Les tensions entre les deux alliés se sont accrues peu après l'ouverture du centre des opérations aérienne en 2001, juste avant les attaques du 11 septembre. Durant les premiers jours de la campagne d'Afghanistan, Les Saoudiens n'ont pas autorisé le survol de leur espace aérien par les avions de guerre américains, avait rapporté un officiel américain. Le problème a été rapidement résolu, mais le délai est resté en travers de la gorge des généraux américains. Le gouvernement saoudien a empêché les États-Unis de lancer des frappes aériennes contre l'Afghanistan ou l'Irak de la Base Aérienne du Prince Sultan. Une des raisons qui ont poussé le Pentagone à construire le centre de commandement au Qatar était la crainte des officiels de voir les Saoudiens nous interdire leurs sites durant la guerre en Irak.

L'Arabie Saoudite est un pays vraiment instable, avec 42% de sa population en dessous de 15 ans (Factbook CIA) et un revenu par tête en chute de $28.000 en 1980 à $10.500 aujourd'hui. Il y a beaucoup de troubles et il est notable que Oussama Ben Laden et quinze des dix-neuf pirates de l'air du 11 septembre provenaient de ce pays. Ca n'était pas une base idéale pour les forces américaines, mais plutôt la moins pire.

Il est probable que les militaires et le gouvernement américain ont vu dans les atrocités du 11 septembre le prétexte dont ils avaient besoin pour attaquer et déposer Saddam hussein. Ils ne doutaient pas qu'ils allaient défaire facilement son armée (ce qu'ils ont fait) et établir un gouvernement de marionnettes qui « demanderait » aux militaires américains de rester pour maintenir l'ordre, assurant ainsi une base militaire pour de futures opérations. Malheureusement pour eux, le peuple irakien ne voit pas l'occupation d'un bon oeil et le pays est en train de se transformer en Vietnam, mais un Vietnam que la maison Blanche ne peut pas se permettre d'abandonner.

Considérant la résistance qui a suivi l'invasion de l'Irak, une des possibilités serait la « balkanisation », c'est à dire la division en trois nouveaux pays. Au Nord, le Kurdistan, au sud la région des Chiites (Chiitistan?) et les Sunnites restant recevraient un nouvel Irak plus petit. Le Kurdistan et le Chiitistan pourraient permettre ou demander aux USA de rester pour « maintenir la paix ». Donc le gouvernement US aurait des forces militaires en permanence au Moyen-Orient, proche des champs pétroliers de l'(ancien) Irak. Leur espoir serait alors que le nouvel Irak des Sunnites cesserait les attaques contre les militaires américains.

Les preuves que les Américains ont l'intention de rester longtemps en Irak sont nombreuses, tel que ce reportage du Daily Telegrapph du 31 janvier 2004:

"L'Amérique a l'intention d'établir une ambassade de 3.000 personnes, la plus grande de toutes ses représentations, a révélé hier le secrétaire d'état Colin Powell. Il s'agit là d'une partie des décisions importantes et urgentes pour ancrer la présence des USA en Irak après l'occupation. Cette ambassade géante exercera une influence considérable sur le nouvel Irak, notamment parce que Washington espère maintenir une garnison de plus de 100.000 hommes dans le pays, même une fois l'occupation officiellement terminée."

Les preuves de ces opinions viendront dans le futur. Si les USA retirent leurs forces militaires d'Irak (non-pas seulement le transfert du pouvoir aux Irakiens) ou transfèrent le maintien de la sécurité aux Nations Unies ou à une coalition Arabe, cela supposera que j'ai eu tort et que l'invasion de l'Irak avait d'autres raisons. Mais si le pays est divisé ou que les Américains restent malgré les pertes et l'hostilité du peuple irakien, alors…

Les futures guerres du pétrole

Il ne reste que peu de temps (autour de 2010) pour que plus de 50% de la production mondiale de pétrole ne provienne des pays de l'OPEP. Lors de conflits futurs, il sera dur pour n'importe lequel de ces pays de rester neutre.

Il y a de grands risques que les USA soient rançonnés à l'avenir, particulièrement parce qu'ils utilisent bien plus de pétrole que n'importe quel autre pays. Il n'est donc pas surprenant que le gouvernement et les militaires des États-Unis pensent à sécuriser l'accès aux puits du Moyen-Orient.

Il n'est pas inhabituel pour un pays d'entrer en guerre pour s'assurer d'un bien dont il a besoin et ne dispose pas. Il semblerait que nous ayons eu deux guerres du pétrole contemporaines (y' a t'il quelqu'un qui doute que les USA et l'Europe auraient eu le courage de libérer le Koweït, ou l'Irak de l'envahir, s'il ne disposait pas des sixièmes (d'après les statistiques) plus grandes réserves de pétrole?) Il est probable qu'il y aura beaucoup d'autres guerres dans les décennies à venir. Les USA ont démontré leur volonté et capacité d'attaquer d'autres pays pour leurs propres intérêts et il est peu probable qu'ils y renoncent si leur élément vital est menacé. L'Europe, la Russie et la Chine ont plutôt décidé de ne pas intervenir, et s'installent eux-mêmes doucement dans leur déclin.

Mêmes si les pays de l'OPEP voulaient être « justes » et répartir équitablement le pétrole quand la production déclinera, les plus gros consommateurs devront faire face aux pénuries et prix élevés. Est-ce que les dirigeants américains ou chinois vont rester les bras croisés face aux augmentations de prix et troubles intérieurs, ou vont-ils utiliser la force militaire, peut-être sous prétexte de menaces terroristes ou d'instabilité? Notre croissance de la dernière moitié du vingtième siècle s'est appuyée sur une guerre économique et de pouvoir entre les principaux pays, oubliant les millénaires de conflits quasi-perpétuels. Les guerres du vingt-et-unième siècle pourraient être le premier signe d'un retour en arrière vers un mode de vie « historique », une régression de la civilisation.

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Dernière mise à jour : 6 février 2006
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