Le scandale du Tour
Coluche le disait : "S'il y a un sport qui est dur, c'est le vélo ! Oh la la ! Qu'est-ce qui faut être con pour faire ça comme sport !" C'est vrai que s'épuiser à battre des records sur un vélo de facteur (y'en a même qui marquent US-postal dessus), avouez que ce n'est pas très malin.
Le scandale du Tour, et plus généralement des compétitions réglementées par l'UCI (l'Union Cycliste Internationale), cela pourrait être le dopage, cela pourrait aussi être la pollution atmosphérique générée par la caravane ou encore les masses de supporters sédentaires qui pour fêter la petite reine, ont pris leurs bagnoles dans des embouteillages monstres.
Non, le scandale est ailleurs ! Le scandale auquel je pense est la pollution mentale qu'entraîne le Tour en insinuant dans la tête des gens que le seul moyen de se déplacer en vélo est de pédaler comme des ours debout sur des vélos qui n'ont objectivement d'intérêts que pour tirer de lourdes charges (et encore...), s'arrêter souvent (comme les facteurs) et faire du tout terrain dans le cadre du loisir (et certainement pas du voyage).
Il existe une autre façon plus intelligente de faire du vélo : pédaler couché. A quoi bon en effet pédaler debout alors que dès 30 km/h, le cycliste dépense l'essentiel de son énergie à lutter contre le vent. La position qu'adoptent les cyclistes de l'US postal et qui est largement véhiculée par les médias est une véritable torture : Les fesses au-dessus de la tête, pour mieux embrasser la route en cas de choc; la nuque et les poignets crispés; et de sérieux problèmes de dos à l'arrivée. Mais heureusement, il y a la pharmacie derrière...
Et on voudrait que les gens abandonnent leur voiture au profit d'une pareille monture, quel supplice !
Le vélo couché devrait être l'évidence quand on parle de vélo. Historiquement la formule est aussi vieille que le vélo
"normal". C'est cependant en 1933 qu'on entendit beaucoup parler des vélos couchés car un certain Francis Faure battit le record de l'heure à vélo en effectuant 45.055 km. Le précédent record était alors de 44.247 km, effectué par
le champion Oscar Egg, 20 ans plus tôt. Le 3 février 1934, une commission de
l'UCI déclara que ce type de vélo n'était pas un vélo acceptable pour
les courses. La honte !!! L'UCI retira le titre de record du monde de Faure, et depuis, les cyclistes du monde entier se ruinent le dos, les poignets et le croupion (surtout pour les femmes) sur des vélos inefficaces.
Aujourd'hui, la barre des 50 km/h semble toujours insurmontable pour les meilleurs cyclistes de l'UCI. Avec les vélos couchés modernes, des amateurs qui roulent à l'eau claire, atteignent sans problème les 52 km en une heure. Et ce n'est pas tout ! Équipés d'un carénage, les vélos couchés atteignent des vitesses phénoménales : le record de l'heure est de 84 km ! le 200m (lancé) : 130 km/h ! Des chiffres qui suggèrent que la moyenne du Tour de France pourrait s'établir vers les 60 km/h. Quand aura-t-on des gens ouverts aux progrès techniques dans le milieu du cyclisme ? Car là au moins, il s'agit de progrès dont on pourrait réellement se féliciter, ce qui n'est pas le cas de l'Airbus A380, du pont de Millau ou des voitures hybrides comme la Prius pour revenir à des sujets sur lesquels j'ai l'habitude de m'exprimer dans ces colonnes.
Alors en attendant, qu'est-ce que je fais ? Et bien c'est simple, je boycotte les évènements liés à l'UCI, dont le Tour de France. Et je poudre les cyclo-sportifs glauques (qui ne disent pas bonjour, et qui pensent que vous n'êtes qu'un nul pour rouler le cul si près de la route) que je peux croiser sur mon chemin. Depuis que je roule en vélo couché il m'est arrivé quelques expériences plutôt drôles. Je vous raconte l'une d'elle :
Je revenais de Couëron le long de la Loire, il y a une bande cyclable longue de 7 km. Je venais du bac reliant Couëron et Le Pellerin, j'étais chargé de provisions alimentaires, je venais de rendre visite à un agriculteur bio (vous savez, le commerce équitable local...). Un couple cyclo-sportif était aussi dans le bac, tenue publicitaire
US-postal,
vélo de course ultra light, du carbone partout (faudrait pas que traîne une allumette...)... Sur le bateau, pas un mot, juste de l'indifférence... Je suis parti du bac en premier et j'ai rejoint tranquillement le bourg de Couëron. Les cyclo-sportifs m'ont rattrapé, m'ont doublé, sans un mot,
le regard vers la route... Trop c'est trop ! Je me suis dit, ceux là je me les poudre ! Je me suis mis dans leurs roues bénéficiant à fond de l'aspiration alors que nous roulons vent de face. Ils ont accéléré en roulant entre 26 et 30 km/h, ce qui est pas mal pour des vélos droits vu les conditions aérologiques, aucun problème pour les suivre. Je continue la pression psychologique jusqu'à la fin de la bande cyclable. Je sens une volonté chez eux d'en finir, de me semer, et pourtant je suis toujours dans leurs roues. Puis vient le rond point où s'arrête la bande cyclable, au niveau de Haute Indre, j'appuie sur les pédales à fond, je les
dépasse et je les vois s'éloigner dans mon retro, psychologiquement détruits. Je
ne les ai jamais revus. Ont-ils attrapé froid ? J'imagine que leur vélos ont passé un sale quart d'heure à l'arrivée. Voilà où cela mène le manque
de
curiosité quand on pratique un sport qui incite tout le monde à rester en voiture ou devant sa télévision, cela réveille en moi de la combativité
et amènent les manges bitume à se faire poudrer par une mule de 18 kg
chargée à ras bord de provisions biologiques et pilotée par un non spécialiste
de la discipline. Si les cyclistes respectaient la maxime citius, altius,
fortius, ils amélioreraient d'abord le vélo avant d'améliorer les individus.
Et pour en revenir à Coluche : "Faut pas s'étonner qu'ils soient aussi cons à l'arrivée qu'au départ..."
Allez, sans rancune...
Je connais un bon magasin de vélos efficaces à La Bohalle (près d'Angers), cycles zen, allez y faire un tour, un seul essai de ces chaises longues ultra rapides vous fera changer d'avis sur ce que doit être un bon vélo.
Eric Souffleux, 26 ans, roule depuis un mois avec un Nazca Pioneer (plus de 900 km parcourus).
Voici maintenant l'article publié dans le Ouest France du Samedi 9 juillet 2005. De nombreuses lignes ont été supprimées mais la mise ne valeur de l'article avec une photo que je leur avais envoyée est excellente.