Les véhicules actuels ne sont pas un mode de transport durable.

        Je réponds à Corine Sarré-Besnard qui explique que " dégoûter les automobilistes ne règlera pas les problèmes. " Alors que les autres lecteurs qui écrivent dans ce forum spécial circulation semblent acquis à la cause des transports en commun et du vélo, cette dame nous défend avec un certain talent le droit de circuler en voiture. Mais un bon nombre de ses arguments m’ont fait bondir.

        Tout d’abord je suis scandalisé par les arguments développés pour défendre les grandes surfaces, qui ont soi disant créer des milliers d’emploi et qui n’auraient pas vu le jour sans l’automobile. La réalité est que ces temples de la consommation et du gaspillage ont terrassé le commerce de proximité et qu’ils rapportent beaucoup d’argent à des multinationales qui font souffrir les paysans du sud en leur imposant des cultures productivistes et font souffrir les paysans du nord en dévaluant leur travail. Les parkings des grandes surfaces sont de véritables aspirateurs à voiture qui obligent effectivement son usage inconditionnel, mais on pourrait tout à fait s’en passer en organisant différemment la dynamique urbaine.

        Ensuite je perçois dans son texte une contradiction entre la volonté de s’échapper de la pollution (en fluidifiant la circulation, en vérifiant la qualité des véhicules qui circulent, en combattant la pollution sonore et en allant s’oxygéner avec les enfants en bord de mer) et le refus d’attribuer la pollution à la voiture, qui pourtant est bien responsable du quart de nos émissions de gaz à effet de serre et de plus de la moitié de la pollution atmosphérique dont nous souffrons tous en ville.

        Puis je souhaites apporter une précision à nos lecteurs. La pollution d’un véhicule ne se résume pas à l’opacité de la fumée qu’il dégage. Bien souvent, un simple remplacement du filtre à air et des bougies règle bien des problèmes d’échappement. Une voiture d’ancienne génération peut parfaitement moins polluer qu’une voiture plus récente. La pollution la plus grave est justement celle qu’on ne voit pas, je pense en particulier à la pollution au gaz carbonique qui accentue l’effet de serre et qui bouleverse le climat. Cette pollution là, on l’accentue dès l’instant qu’on roule avec une voiture puissante et lourde. Aujourd’hui toutes les personnes qui pensent faire un bon geste pour l’environnement en achetant une voiture récente généralement équipée de la climatisation et alourdie par des accessoires inutiles, se trompent. Personnellement, je roule en Citroën AX diesel et je connais peu de voitures récentes qui me rendent les mêmes services et qui consomment moins de 3.7 litres de gasoil aux 100 km. Jeter l’anathème sur les vieilles voitures est de la pure hypocrisie.

        Pour terminer sur cette réflexion je souhaites rappeler aux lecteurs trois raisons qui justifient le renoncement à notre mode de transport.

        1 : Les véhicules qui brûlent du pétrole, du gaz et même du bio carburant (qui nécessite des engrais pétrochimiques en amont) ne représentent pas un mode de transport durable ! Dans 40 ans, nous n’aurons plus une goutte de pétrole à mettre dans nos réservoirs, et il est probable que certaines régions du monde devront faire face à des pénuries de carburants dans la décennie à venir. Imaginez que l’Arabie Saoudite tombe aux mains d’Islamistes radicaux et embrase la région du Golfe Persique. Il semble d’ailleurs que ce soit la dernière stratégie des terroristes. Donc d’une façon ou d’une autre, nous, les toxicomanes de la voiture, devront faire face au sevrage des énergies fossiles !

        2 : La priorité écologique auquel nous devons faire face est la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. Elles sont générées essentiellement par la combustion des énergies fossiles. Il faut nous battre tous ensemble pour économiser le pétrole qu’il nous reste. Et cela passe par une économie de déplacement, une réduction importante du poids des véhicules et aussi de leur puissance. Le système Pantone adapté sur les moteurs permettrait une réduction de 50% de la consommation de pétrole. Si on utilisait les meilleures technologies disponibles, on réduirait d’un facteur quatre notre dépense énergétique, en ayant un confort de vie identique voire meilleur (diminution nette du stress et de la pollution).

        3 : Enfin il sera techniquement difficile de remplacer nos actuelles voitures consommatrices de pétrole, par des voitures électriques aussi performantes. Si on prend l’exemple de l’air comprimé, qui risque d’être le meilleur moyen de stocker l’électricité, on s’aperçoit que ce sont des voitures qui auront une autonomie de 200 km en roulant à 60 km/h ! (source : www.mdi.lu ). Les autres possibilités que sont les piles à combustible et les accumulateurs classiques posent des problèmes de coût qui les rendent hors de portée d'une démocratisation.

        Pour conclure je reprends ce qu’a écrit cette dame. " Les élus doivent faciliter la vie ", oui mais ils ont aussi le devoir d’anticiper les problèmes que devront résoudre les générations futures et qui nécessite souvent des actions impopulaires au départ.

        Que faire alors ? La première des choses est d’arrêter d’investir dans le tout voiture. Cela signifie pas d’élargissement du périphérique nantais, pas de nouveau franchissement de la Loire et recentrer les activités commerciales au coeur des villes plutôt qu’en périphérie, ceci favorisera les transports collectifs et non polluants comme le vélo. Ensuite, il faut utiliser cet argent économisé sur le dos des automobilistes pour développer 3 axes prometteurs : les économies d’énergie (par restriction et amélioration de l’efficacité), les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire (la surgénération et la fusion). La voiture symbole de notre boulimie énergétique peut permettre l’avènement d’un monde vertueux mais il faut que tout le monde en prenne conscience.

Eric Souffleux

 

 

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Dernière mise à jour : 29 janvier 2006
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