Nucléaire et solaire, un compromis d'avenir. 

        Je souhaitais répondre à ce qu'ont écrit Jeannette et Robert Chiron dans le Ouest France du 14 août 2003 sur le nucléaire et le solaire. 

        Je ne conteste pas l'idée qu'il faut développer l'énergie solaire photovoltaïque surtout que celle-ci est six fois plus efficace par unité de surface que l'énergie éolienne. La production annuelle d'un panneau solaire photovoltaïque est de 100 kWh par mètre carré au moins sur la majeure partie de l'Europe. La consommation française d'électricité hors hydraulique s'élevant à 450 TWh en 2000, il faudrait tapisser 4500 km² de panneaux solaires pour y subvenir. Où pourrions-nous mettre tous ces panneaux pour ne pas défigurer le paysage ? En 1997 la surface bâtie en France était de 10000 km² (hors routes et parkings). La simple couverture des toits existants avec des panneaux solaires permet de produire quelque chose qui est du même ordre de grandeur que notre consommation électrique annuelle. Le solaire photovoltaïque représente donc une vraie marge de manœuvre. 

        Mais ce n'est pas pour cela qu'il faudra se passer du nucléaire. On fabrique les panneaux photovoltaïques avec du Silicium pur dans lequel on incorpore du Phosphore et du Bore. Aujourd'hui il provient essentiellement des chutes de l'industrie des semi-conducteurs. Le Silicium est très répandu dans la croûte terrestre mais il est fusible à plus de 2000°C. L'énergie électrique nécessaire à la fabrication d'un panneau est donc énorme. Étant données les conséquences sanitaires prouvées de la production d'électricité à partir des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz), je préfère qu'on exploite le nucléaire qui reste pour moi le secteur industriel le plus surveillé et le plus réglementé qui soit. Il faudra beaucoup plus de temps à la planète pour réabsorber le dioxyde de carbone issu de la combustion des énergies fossiles que d'attendre la fin de la radioactivité des déchets nucléaires. L'effet de serre me paraît être une plus grande menace que les déchets nucléaires. C'est pourquoi je refuse le socle identitaire antinucléaire de nombreux écologistes. 

        M et Mme Chiron nous comparent à l'Allemagne, nous serions 100 fois moins écologistes qu'eux. Pourtant en 1999 les Allemands ont émis 224 millions de tonnes de carbone alors que nous n'en avons émis que 100. L'humanité émet chaque année 7 Gt de carbone et la Terre ne peut en absorber que 3. Je suis tout à fait d'accord pour développer les énergies renouvelables mais en les attendant il faudrait commencer à limiter nos émissions de dioxyde de carbone et au regard de la comparaison avec l'Allemagne, le nucléaire semble être une partie de la solution. Sur le problème de la non adéquation entre le nucléaire et la canicule, je ne conteste pas le fond mais j'ajoute que les centrales thermiques classiques et les centrales hydroélectriques sont également sensibles à la canicule. On ne peut pas fustiger les seules centrales nucléaires. C'est toute notre manière de produire et surtout de consommer l'énergie qui est à revoir. Je ne tiens pas à être mal vu des Chiron d'autant que j'aimerais bien les rencontrer car j'admire leur action associative, mais il faut expliquer aux gens que le développement de l'énergie solaire se fera sur une base industrielle où le nucléaire jouera pleinement son rôle.

Eric Souffleux

 

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Dernière mise à jour : 29 janvier 2006
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