Cette aviation qui se moque du réchauffement de la planète... 

        Dans le Ouest France du 10 juin 2006 j'ai pu lire avec intérêt une page entièrement consacrée au futur de l'aviation nantaise. Si j'ai bien compris cette page, l'aéroport de Notre Dame des Landes est définitivement abandonné et on veut essayer de nous vendre une piste transversale sur l'actuel aéroport, histoire de justifier tout le tintamarre médiatique de ces dernières années. 

        Je suis amusé (ou attristé) de lire les propos de Jean François Gendron (actuel président de la CCI) qui parle d'un risque de saturation à partir de 3 millions de passagers annuels. Le trafic aérien peine pourtant à se maintenir autour des 2 millions de passagers et il me semble peu vraisemblable que les 2.5 millions de passagers soient atteints un jour car la fin du pétrole bon marché aura raison de l'aviation civile de masse dans la décennie qui arrive. Par ailleurs, je suis ce dossier aéroportuaire depuis assez longtemps et la saturation des installations actuelles évoquées dans les mois et années précédentes par les médias était plutôt autour de 4.5 millions de passagers. M. Gendron veut nous convaincre que le taux de saturation de Nantes Atlantique peut subitement passer de 4.5 millions à 3 millions de passagers annuels en se justifiant par une étude d'un cabinet spécialisé. Qu'est-ce que veut dire "cabinet spécialisé" ? Cela me fait penser au sketch du regretté Coluche sur les milieux autorisés. Vous savez, ces milieux où des mecs s'autorisent des trucs vachement gonflés. Avec M.Gendron, on est en plein dedans. Et le truc vachement gonflé, alors qu'on constate avec nos propres sens que la météo devient complètement folle, c'est d'en rajouter une couche avec l'effet de serre dus aux avions. Je comprends son attitude puisqu'il vit en partie de l'aviation mais je n'admets pas qu'il veuille faire avaler une telle couleuvre à l'opinion. Non vraiment, Nantes Atlantique n'a aucune raison de craindre une éventuelle saturation. Face à la crise du pétrole qui s'annonce, il devrait même envisager une cure d'amaigrissement car la décroissance du trafic aérien civil est inévitable. Elle est même largement souhaitable car les avions ont un impact sur notre climat quatre fois supérieur aux voitures pour une même quantité de carburant utilisée.

        Il faut ajouter que le carburant des avions n'est pas taxé. Et c'est franchement un grand scandale ! Les agriculteurs, les pêcheurs, les camionneurs et les automobilistes devraient réclamer une équité devant la taxe sur les carburants. Je suis convaincu qu'ils bloqueront les pistes des aéroports lorsque le baril de pétrole frôlera les 100 dollars (seuil de prix où la menace d'une récession sera très sérieuse). Pourquoi seuls les avions peuvent brûler du carburant détaxé ? Combien de temps perdurera cette injustice ? Les émissions stratosphériques des avions le rendent quatre fois plus polluant vis-à-vis du climat que les mêmes émissions au niveau du sol. La logique pollueur payeur voudrait que les carburéacteurs soient quatre fois plus taxés que le fioul de nos chaudières. Il n'en est rien ! Les carburéacteurs sont même moins chers que le fioul domestique. Que les passagers des avions paient d'abord le vrai prix de leur billet et on évoquera ensuite l'opportunité d'agrandir les installations aéroportuaires existantes.

        Pour moi, toute politique qui envisage une croissance du transport aérien sans prendre en compte la menace de l'effet de serre et l'approche du pic de la production pétrolière sera vouée à l'échec. Visiblement, tous les pro-aéroports (ainsi que leurs passagers) se moquent ouvertement des problèmes écologiques. J'ai bien compris qu'ils ne voteront jamais pour des projets politiques incitant à la décroissance de notre consommation de pétrole (en augmentant les taxes sur les carburants). Cependant, les lois de la physique s'en chargeront dans très peu de temps. Les réserves de pétrole ne sont pas infinies. La production de pétrole ne peut même pas être indéfiniment constante en supposant qu'il reste 40 ans de pétrole au niveau de production actuelle. Et pourtant la croissance de notre consommation semble être infinie. Cherchez l'erreur !

        Comme je vous l'avais dit dans un précédent message (dont je vous remercie la publication même partielle), je crois qu'il n'y a plus d'autres choix politiques que l'extrême droite (dont les idées sont maintenant largement reprises à gauche) et l'extrême vert (ou vert kaki si vous préférez) dont je suis l'un des rares représentants dans les médias, bien qu'orphelin au niveau politique (J'attends toujours un hypothétique Yves Cochet ou Nicolas Hulot.). Je ne vois pas bien comment la société peut évoluer vers la paix. Tous les indicateurs que je suis depuis quelques années me montrent que nous avons toutes les chances d'aller vers une guerre civile. Personne ne dit rien pour l'éviter. C'est désolant !

        Si je prends un autre sujet que je suis depuis quelques années, l'immobilier, je constate que le Ouest France en est encore à soutenir l'idée qu'il faut acheter plutôt que louer. Dans le numéro du 11 juin, vous avez publié tout un article sur les jeunes faces à leur retraite. Le premier conseil que vous proposez, c'est acheter son habitation, même en empruntant sur 25 - 35 ans. Ce conseil n'est pas le mien. Le retournement du marché est imminent même s'il n'a jamais aussi bien résisté parce que les gens sont globalement investis par un sentiment d'insécurité qui les poussent à investir dans leur cocon. Les femmes font pourtant moins d'enfants et les taux des crédits vont sérieusement augmenter. Il n'y a aucune logique à acheter un bien hors de prix lorsque l'Europe entière s'apprête à devenir une véritable friche immobilière. Mais de cela, seuls quelques sites internet (dont le mien) en parle.

Vous ne publierez pas tout, j'accepte cette règle du jeu. Merci pour l'intérêt que vous porterez à mes réflexions.

Eric Souffleux

Vous allez sûrement sourire, voici ce qu'ils ont publié :

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