Heol : De la maison autonome à l'économie solidaire. Patrick et Brigitte Baronnet nous ont fait visité leur
maison autonome. |
A moins de 10 km de Châteaubriant, il existe une maison autonome en électricité, en eau et surtout en pensée. Cette maison a été construite petit à petit par une famille qui a souhaité résister au prêt-à-porter culturel imposé par l'environnement médiatique. Ce lieu est un réservoir de solutions pour construire un avenir solidaire. |
Samedi 4 septembre 2004, 11h30, sous un soleil de plomb, nous nous élançons fébrilement sur le tandem que nous venons d'acheter à des particuliers. Nous prenons la direction de Chateaubriand, nous avons rendez-vous à 15h à la maison autonome de Patrick et Brigitte Baronnet à Moisdon la rivière. Ils nous aura fallu rouler pendant 3 heures pour rallier sans problème la route de Louisfert où la visite va bientôt commencer. Une quarantaine de personnes sont déjà là, on nous regarde arriver avec notre machine à pédale avec incrédulité. Il était temps qu'on arrive... Eva prend les photos tandis que je prends des notes pour écrire cette page.
Le soleil au service du développement.
Nous commençons la visite par le fond du jardin où Patrick nous présente rapidement le déroulement de l'après-midi.
Ensuite, il nous explique le
fonctionnement d'un cuiseur solaire. Deux modèles sont présentés, un très
élégant en inox et un très rustique (en bois et en verre). Ils ont été
donnés par l'association Bolivia Inti. Le modèle en inox est un cuiseur parabolique d'un diamètre de 140 cm et d'une puissance de 700 Watts. Il permet de concentrer les rayons du soleil sur le récipient noir mat qui contient les aliments à cuir. Le récipient est placé sur le point focal, le point de convergence des rayons solaires. Ce type de cuiseur coûte environ 380 euros (dont 100 euros de matériaux pour les bricoleurs) et il économise 6 à 7 bouteilles de gaz par an. En une heure, on cuit un repas. Il est même possible de faire des grillades. C'est un cuiseur très efficace. |
Le second modèle est différent, il est plus simple dans sa conception et
son principe est celui de l'effet de serre. Pour le fabriquer il vous suffit de
récupérer une vitre et de concevoir une boite en bois, peinte en noir à
l'intérieur et le plus possible hermétique. Le cuiseur forme ainsi un piège
à chaleur solaire. La cuisson solaire de ses avantages : santé (évite la fumée de cuisson, pasteurise l'eau, cuisson douce qui préserve les qualités nutritionnelles des aliments), environnement (lutte contre le déboisement), économie (réduit le budget consacré à l'énergie, production des cuiseurs par des artisans locaux) et liberté (les femmes peuvent se libérer de 15 heures par semaine de la corvée de bois). |
Le soleil au service du développement Accédez au site de Bolivia Inti.
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Les cuiseurs solaires vont venir en aide
aux pays pauvres, qui généralement disposent de beaucoup de soleil.
L'énergie de cuisson est un problème fondamental pour les femmes des
pays en voie de développement. Partout elles sont attachées à la
corvée de la recherche du bois de cuisson et de l'eau potable. Il faut
bien se rendre compte de la différence qu'il y a entre l'Europe et les
pays du sud. En Europe, nous travaillons deux heures par jour pour nous
payer l'énergie de cuisson (le gaz ou l'électricité), alors que dans
les pays pauvres, on travaille 12 jours par mois ! Un tiers du revenu
familial va dans l'énergie de cuisson. Les cuiseurs solaires libèrent
ainsi les jeunes femmes qui peuvent aller étudier à l'école. Avec la cuisson solaire, on économise également de l'huile abondamment utilisée pour que les aliments ne collent pas aux poêles. Il a été calculé qu'un cuiseur solaire sauve la vie de 100 arbres. L'association Bolivia Inti dispose d'autres système d'économie d'énergie de cuisson : la caisse thermique (une caisse en carton qui isole une casserole chauffée) et le poêle économe qui permet de brûler 125 g de bois au lieu de 1 kg pour porter à ébullition 1 litre d'eau. |
Le zome : une invitation au sacré
Après cette petite explication sur l'intérêt des cuiseurs
solaires, nous sommes priés de nous déchausser pour entrer dans le zome,
un bâtiment hémisphérique situé au fond de la propriété. Patrick et Brigitte se présentent et laissent chacun s'exprimer à tour de rôle sur les motivations qui les ont conduit jusqu'ici. Beaucoup viennent ici pour un complément d'information sur le livre des Baronnets. Tous semblent très admirateurs de ces pionniers de la vie durable. Il y a quelques étrangers qui souhaitent revenir dans leur pays avec des solutions expérimentées par les Baronnets. Lorsque nous prenons la parole, nous expliquons que nous souhaitons aussi l'autonomie et que notre visite sera retranscrite entièrement sur cette page du site http://www.generationsfutures.net |
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Brigitte s'exprime avec une voix plus douce, mais on sent la
même
détermination à l'insoumission. Nous sommes sous le
charme de la vie du couple
et leurs quatre enfants. Ils ont vécu ici pendant 25 ans sur un
demi salaire et
avec un jardin de 3600 m².
Leur préoccupation première a été de
chercher à ne pas perdre leur vie à
la gagner pour influencer la société. Mission
accomplie... Les Baronnets organisent des visites de leur maison
autonome depuis 1997. |
Le zome dans lequel nous sommes assis est une structure géométrique
originale composée de losanges agencés en double spirale. Elle fut
construite en 1999. Patrick nous en parle tant que nous restons dedans. Les fondations
et les murs de
cette structure sont réalisées avec de la chaux et du matériel végétal (ici
du chanvre). En mélangeant ces deux éléments, on obtient un matériau aussi
dur que du béton. Il n'y a pas de ferraillage de manière à ne pas perturber
la géobiologie. Le toit de la structure comporte 84 plans, alors que généralement une maison n'a pas plus de trois plans de couverture. Chaque plan a été réalisé en bois avec remplissage avec un mélange de chanvre et de chaux pour les deux premiers étages, puis du bauge (un mélange de terre et de paille). |
Voici ce que l'on peut voir lorsqu'on est à l'intérieur du
zome, et qu'on relève la tête.
Le zome est un bâtiment qui invite à l'écoute de l'âme et l'ouverture du coeur. Les vitraux que l'on trouve sur la porte d'entrée et les formes harmonieuses de l'ensemble rappellent l'ambiance que l'on peut ressentir dans une église ou devant une merveille de la nature. On touche ici à quelque chose qui est de l'ordre du sacré. |
L'eau de là
Depuis 25 ans, Patrick et Brigitte n'ont pas payé de facture d'eau. Ils disposent d'un puit et d'une éolienne de pompage. Plus récemment ils se sont dotés d'un système de recueil de l'eau de pluie qu'ils stockent l'hiver pour l'été.
A côté du zome, il y a une réserve en béton de 8000 litres d'eau
pluviale. La toiture du zome est le réceptacle de l'eau de pluie. Elle est
recueillie par l'intermédiaire de canalisations placées judicieusement sous
les gouttières. Une petite pompe maintien une pression qui permet d'acheminer
l'eau jusqu'au robinet.
L'eau de pluie ainsi récupérée est excellente pour boire. Très faiblement minéralisée, elle a très bon goût. Du moins, c'est mon point de vue... On peut rajouter un filtre en céramique pour avoir une eau hyper propre. Mais il faut savoir que l'eau de pluie est 2000 fois moins polluée que l'eau des nappes phréatiques bretonnes. |
C'est la manière de stocker l'eau qui permet de la rendre potable. Le réservoir
en béton, des fosses septiques à l'origine (d'une valeur de 1500 euros), permet
d'alcaliniser l'eau.
On nous explique qu'après le montage de l'installation, l'eau n'était pas bonne à boire pendant 3 à 4 mois. Il faut que le béton soit laver de ses impuretés. Patrick parle d'un "mystérieux" dialogue bioélectronique qui s'établit entre l'eau et les parois du réservoir. L'eau potable est caractérisée par son pH, son potentiel oxydoréduction et sa "résistivité". (Là, j'ai quelques notions à approfondire.) La qualité du réservoir est fondamentale pour rendre potable de l'eau de pluie. Un réservoir en plastique n'assurerait pas cette fonction. Concernant l'emplacement du réservoir, il faut l'enterrer sous 70 cm de terre pour éviter le gel l'hiver et la prolifération bactérienne l'été. A 1 mètre de profondeur il règne toute l'année une température constante de 12°C. |
Face à la raréfaction de l'eau potable pour cause de pollutions agricoles et industrielles des nappes aquifères, le recueil de l'eau de pluie, quasi pure, est une solution qui a de l'avenir. Les Baronnets sont probablement à la pointe de ce qui se fera dans 20 ans.
Patrick et Brigitte nous interpelle sur la première fonction de l'eau : la détoxication. La comparaison entre la répartition géographique des maladies et la qualité des eaux montre l'importance de consommer une eau douce et saine pour augmenter son espérance de vie. Les gens les plus vieux sont ceux qui boivent les eaux les plus douces. Or l'eau que l'on consomme aujourd'hui en bouteille (eaux minérales et eaux de source) est souvent fortement chargée en minéraux qui au lieu de revitaliser notre organisme, l'encombrent d'un travail supplémentaire. On est donc en plein paradoxe, les gens veulent vivre longtemps alors ils se rabattent sur les eaux minérales et oublient, avec la bénédiction de la publicité, l'intérêt médical de l'eau qui tombe du ciel, gratuite celle-là.
Ensuite Patrick nous fait sortir du zome pour parler de ses éoliennes.
L'éolienne pour dire non aux centrales nucléaires.
Depuis 8 ans, les Baronnets sont indépendants du réseau d'EDF et des
centrales nucléaires. Pour commencer Patrick insiste sur le fait que cette
autonomie, ils l'ont désiré pour dégager leur conscience de la
responsabilité qu'ils pouvaient avoir vis-à-vis du nucléaire en France.
C'était aussi une question d'insoumission par rapport à ce système qui ne
favorise qu'une seule chose : le gaspillage.
Il nous interpelle sur le fait qu'il faudra 2000 ans pour gérer les déchets nucléaires. Il ajoute qu'il rencontre souvent des gens au cours de conférence qui disent que les déchets nucléaires ne sont pas un problème. Pour Patrick, "c'est un crime que de dire que le nucléaire n'est pas un problème." Les victimes de Tchernobyl sont là pour le rappeler. |
Sur ce sujet, nous avions déjà eu des échanges plutôt houleux à Nantes où je
l'avais rencontré la première fois, inutile de l'interpeller sur la
hiérarchisation des risques climatiques et nucléaires, Patrick est un opposant
naturel à l'énergie nucléaire. Peut-être a-t-il raison ? Aujourd'hui je
suis très convaincu du contraire même si comme eux, nous n'aspirons qu'à
vivre en harmonie avec la nature dans une autonomie similaire.
La
sortie du nucléaire à long terme est certainement possible, mais
arrêtons prioritairement de brûler du charbon, du gaz et du pétrole pour produire nos
éoliennes, nos photopiles et notre ciment, si essentiel à l'autonomie décrite
ici.
Mais pour plus d'explications sur le nucléaire, je vous invite
à visiter d'autres pages du site.
Réduire sa consommation pour accueillir le soleil et le
vent.
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Patrick nous explique quelles sont les
étapes à franchir pour devenir
autonome en électricité. La première des choses
est de "sentir sa
consommation électrique". Ils ont donc relevé, pendant
deux ans, tous les
dimanches soirs leur compteur. Normalement les français
consomment en moyenne
12 kWh/jour/ménage. Les Baronnets consommaient quatre fois
moins, avec en
moyenne 3 kWh/jour. Depuis qu'ils sont autonomes, ils sont
remontés à 5 kWh/jour. Cela fait une consommation presque
trois fois moindre que la
moyenne des français. Pour Patrick, cette étape est essentielle, il nous a relaté une petite anecdote : un jour une dame l'appelle et lui dit "Je consomme 16 kWh journalier, quel type d'éolienne vous me conseilleriez ?" Autant vous dire que la réponse de Patrick a été expéditive... Une fois qu'on a établi ses besoins, on peut commencer à s'intéresser aux générateurs. Les Baronnets ont opté pour une éolienne de grande envergure avec un petit générateur. Cette éolienne a 7 ans de fonctionnement, c'était un prototype qui est produit en série, d'une manière artisanale à Missilac. Elle coûte 6750 euros, pose comprise. Le concept de base de cette éolienne est qu'elle doit démarrer par vent très faible, dès 6 km/h. Avec un tel vent, elle fournit déjà 200 W/h. Le mât est haut de 18 mètres et l'envergure des pales est de 4.7 mètres. A 35 km/h, elle donne le maximum d'énergie. Elle supporte des vents de 140 km/h. Le premier obstacle à l'installation d'une éolienne, ce sont les spécialistes des éoliennes. La plupart d'entre eux vous disent qu'il faut coupler une grosse génératrice avec une grande éolienne. En réalité : Une petite puissance * beaucoup de temps de fonctionnement produit davantage d'énergie sur une année qu'une grosse puissance * moins de temps de fonctionnement. Il faut donc coupler une grande hélice avec une petite génératrice pour disposer du maximum d'énergie. Lorsque vous allez chez un constructeur d'éolienne, il faut demander la production énergétique sur un an en fonction des vents locaux. Il ne faut surtout pas se limiter à la puissance maximale de l'éolienne. |
Du point de vue de l'entretien, il faut juste remplacer les charbons de la génératrice. L'éolienne devrait avoir une durée de vie supérieure à 50 ans.
Des visiteurs interroge Patrick sur les problèmes juridiques rencontrés pour installer l'éolienne. Toute construction, autre qu'une habitation, d'une hauteur inférieure à 12 m demande une autorisation de travaux. Entre 12 et 25 m, il faut un permis de construire. Au delà de 25 m, on passe dans la catégorie des grandes éoliennes et il faut multiplier les études d'impact.
Quel est le temps de retour sur investissement des capteurs d'énergie
renouvelable, d'un point de vue énergétique ?
Pour la petite éolienne, il faut six mois seulement. Cependant, les Baronnets
n'ont pas compté les 5 tonnes de ciment nécessaire aux plots qui ancrent les câbles
de soutien de l'éolienne. Le retour sur investissement pourrait être beaucoup
plus long. A la fin de la journée, nous avons évoqué ce problème. Il serait
théoriquement possible d'utiliser un mélange de chaux et de chanvre (le
matériau que l'on trouve sous le zome) avec une armature de bambou pour
constituer les plots d'amarrage de l'éolienne.
Pour les photopiles, le retour sur investissement est de deux ans.
Comment construire une maison avec la terre de son jardin ?
A côté de la petite éolienne, les Baronnets ont construit une maison de
terre et de paille qui fait aujourd'hui office de toilette sèche. Des pierres
ont été posées dans le bas du mur pour empêcher l'érosion.
En parlant de cette maison, Patrick soulève un gros problème auquel nous
sommes tous confrontés : l'emprunt pour acheter notre maison. Aujourd'hui, nous
travaillons l'essentiel de notre vie pour payer notre habitation que possèdent
les banques. Signer un emprunt immobilier de 25 ans revient pour une famille à
se lier à vie à ce système de société gaspilleur et injuste. |
Patrick et Brigitte, en quittant Paris il y a 25 ans, ont refusé de perdre leur vie à la gagner. Ils ont acheté une vieille maison pour 40 000 F de l'époque. Il était hors de question de tomber dans le piège de la maison "clés en main" et de rembourser deux fois et demie son prix, sur un emprunt à long terme. La maison telle qu'elle existe aujourd'hui a du leur revenir à 26 000 euros.
Il serait tellement possible de construire des maisons saines, en ossature bois avec
bouchage des trous par un mélange de terre et de paille. L'avenir pour ceux qui
souhaitent vivre hors du gaspillage est à l'auto construction.
A ce propos il existe un Ecocentre dans le Périgord qui propose des formations
pour des sans emplois qui souhaiteraient apprendre des techniques de
construction saines et écologiques. ( site internet : http://www.cr3e.com
)
Le compost : une manière intelligente de valoriser nos déchets.
A quelques mètres de l'éolienne, c'est au tour de Brigitte de nous parler
du compost. Le principe du compost est de dégrader les déchets organiques par une flore microbienne aérobie que l'on trouve naturellement sur les végétaux. Le compost, c'est une formation accélérée de l'humus, cette mince (12 centimètres en moyenne) couche de terre qui porte la vie sur terre. |
Il faut disposer de paille, on l'arrose, on la piétine, ce qui donne une paille
préactivée. Cette paille est le porteur des germes qui dégraderont la
matière organique ajoutée par la suite. On ajoute par couches successives les
déchets des toilettes sèches et la paille préactivée. On arrose et on laisse
deux mois en été (trois en hiver). On observe une montée en température qui
tue les germes pathogènes. Il faut suffisamment de compost pour que la
réaction de montée en température s'effectue. Un cycle complet de compostage des déchets organiques dure entre 4 mois l'été et 5 mois l'hiver. Les différents tas (paille en cours d'activation, compost en formation) sont placés dans des silos (filet de plastique) sur palette (pour faciliter l'aération du tas). |
Les toilettes sèches : une révolution domestique pour économiser l'eau.
Nous sommes maintenant invités à nous diriger vers la maison. Patrick nous
rassemble devant l'entrée, il nous parle de la gestion des
déchets organiques avec les toilettes sèches et de l'importance de cette
manière de faire pour préserver une ressource qui commence à devenir rare :
l'eau potable. 40% de l'eau potable sert au chasse d'eau. 40% de la pollution des eaux de surface sont dus à la chasse d'eau. Aujourd'hui on potabilise l'eau grâce au chlore et la production de chlore nécessite une grande quantité d'énergie. Notre société n'existe encore une fois que parce qu'elle gaspille. Grâce au système des toilettes sèches, les Baronnets n'ont aucun rejet d'eau fécale. Il doivent épurer un tiers de l'eau consommée normalement par les français. |
Comment fonctionne une toilette sèche ? On fait ses besoins dans un seau et on arrose abondamment urine et matières fécales d'une sciure très fine. Le rôle de la sciure est d'absorber, d'éponger, l'eau des matières fécales et de l'urine. Il faut un milieu aérobie pour qu'il y ait une production d'uréase (une enzyme) par les bactéries présentes dans la sciure. L'urine contient de l'urée qu'il faut neutraliser grâce à l'uréase. Avec ce système, plus on pollue, plus on épure. |
A l'intérieur : une ambiance chaleureuse.
Le désordre planétaire est le reflet de nos désordres
intérieurs.
La maison est le reflet de notre intérieur. Elle est le fondement de l'écologie et de l'économie. Chez les Baronnets, l'harmonie que dégage cette ambiance chaleureuse est rassurante pour l'avenir. Nous pourrons vivre heureux dans des maisons autonomes et simples. A nous de suivre le chemin qu'ils viennent de tracer. |
Nous passons ensuite chacun notre tour dans les petites pièces de la maison des Baronnets. Le chauffage de la maison est assuré par un foyer de masse qui dissipe sa
chaleur longtemps après l'extinction du feu (photo ci-contre à gauche), un
four à pain (photo ci-contre à droite), une serre et le chauffe eau
solaire. |
Les Baronnets ont aussi travailler sur l'inertie thermique de leur maison. Dans leur serre, ils ont installé un banc thermique constitué avec des bouteilles de verre noyées dans un mélange de chaux et de ciment. Le fond de ces bouteilles pleines d'eau, dirigé vers le sud reçoit les rayons du soleil et chauffe la masse du banc. Pendant un temps plus ou moins long, le banc dégage, le soir, la chaleur emmagasinée le jour, prolongeant ainsi la douce ambiance de la serre. |
Le chauffe eau solaire : simple et efficace.
De l'autre côté de la maison, nous découvrons le chauffe eau solaire. Il
fonctionne depuis 28 ans, l'air emprisonné est porté à plus de 90°C. La
tôle est noire mat pour absorber au maximum la chaleur. Patrick se montre scandalisé du prix des chauffes eau solaire actuellement sur le marché. On donne des subventions que si vous rentrez dans le système. Un chauffe eau solaire coûte aujourd'hui 3750 euros alors qu'au grand maximum, cela ne devrait pas dépasser les 2250 euros. Patrick prévoit dans l'avenir d'organiser des stages de fabrication de chauffe eau solaire. Le réservoir d'eau chaude est plus haut (50 cm de dénivelé) que le chauffe eau. L'eau circule naturellement. Il n'y a pas de problème de surpression car il y a un vase d'expansion. |
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La station d'épuration biologique.
Nous nous retournons et Brigitte nous explique le fonctionnement des deux
stations d'épuration qui se trouvent de part et d'autre de la maison. Il faut des cuves en béton, de la pouzzolane (une pierre volcanique du Massif Central) et des plantes aquatiques qui portent sur leurs racines les bactéries qui vont assainir l'eau. La menthe aquatique est par exemple une station d'épuration naturelle des étangs. Là où il y en a on peut se baigner sans aucun problème. |
Posséder un système dépuration, c'est bien mais il faut aussi
s'intéresser à l'origine des eaux sales.
Brigitte lave le linge dans une machine à laver avec une lessive à base de
cendre végétale.
Pour fabriquer cette lessive 100% biologique, il faut deux verres de cendre de
bois dans un litre d'eau, on filtre et on lave le linge avec cela.
Ils nettoient leurs éviers avec de l'argile.
Grâce à l'eau de pluie qu'ils consomment, ils utilisent trois fois moins de
shampoing et de savon qu'avec l'eau potable classique et plus chargée en
minéraux. Des mesures ont permis de dire que l'eau qui sort de leur système d'épuration est trois fois plus propre que l'eau de baignade. La pompe de la machine à laver permet d'envoyer l'eau sale dans les cuves de béton. L'eau monte de 1 mètre. Il n'y a donc pas besoin de pompe supplémentaire. Une fois le système mis en place, l'entretien est minime, il faut juste couper les herbes quand il y en a trop. |
La lessive avec de la cendre végétale
Recette pour faire une lessive : deux grandes tasses (tasse
de 200 ml) de cendre pour un litre d'eau. Il faut laisser décanter le
mélange une nuit. Le lendemain, il faut filtrer le liquide pour l'épurer
de la cendre qui s'est normalement déposée au fond du premier
récipient. Le liquide obtenu se met directement dans la machine à laver.
On peut y ajouter quelques gouttes de lessives classiques pour avoir
l'odeur de lavande ou encore des huiles essentielles très parfumées.
Cette technique permet de diviser par vingt les besoins en produits
chimiques pour laver les vêtements.
Une autre recette très efficace essayée chez mémé : |
Les photopiles : l'autonomie pendant six mois !
Nous sommes plus très loin des photopiles ou tuiles solaires. Les Baronnets disposent de 6 m² de tuiles solaires. Il y en a de deux types : des rondes en silicium pur, et des rectangulaires en silicium amorphe. Elles produisent 3 kWh/jour. Elles ont coûté près de 3200 euros. Ils ont choisi de mettre au point un système d'orientation et d'inclinaison du support des photopiles, de telle sorte qu'elles suivent en permanence le soleil, ce qui augmente le rendement de l'ordre de 20 à 30 %. Un jour, un certain 1er avril, ils ont décidé de débrancher le compteur EDF et Patrick disait " On va jouer à on se rebranche le plus tard possible..." Ils ont tenu 6 mois ! Cette expérience les a motivé par la suite pour se déconnecter totalement du réseau nucléaire. |
Il faut savoir qu'en hiver, dans les mois les plus sombres, les six panneaux
ne donnent que 200 Wh en une journée, contre quelques 2500 Wh dans les
meilleurs conditions, en été.
Les deux tiers des photopiles sont fabriquées par des pétroliers, ce qui
signifie bien qu'ils sentent poindre la menace d'épuisement des réserves et
qu'ils veulent avant tout rester des fournisseurs énergétiques.
L'éolienne et les photopiles fournissent du courant continu 24 V. Les Baronnets
ont une installation électrique double, une adaptée au 220 V alternatif et une
autre adaptée au 24 V continu. Il faut donc faire attention lorsqu'on branche
un appareil. Toutes les lampes de leur maison, sont des lampes de camion ou de camping car. Le courant continu n'émet pas de rayonnement électromagnétique. A cela il faut ajouter les batteries (photo ci-contre) qui stockent l'électricité de l'éolienne et des photopiles, aussi un onduleur (d'une valeur de 750 euros) qui transforme le courant continu 24V en courant alternatif 220V. |
Voilà, la visite est presque terminée, il est pas loin de 18h. Nous n'avons
pas vu le temps passé.
Nous nous retrouvons, pour ceux qui peuvent rester, dans le zome pour un
dialogue question réponse avec Patrick et Brigitte.
Le débat durera jusqu'à 20h.
Patrick pense que 70% des gens peuvent faire ce qui se fait ici car seulement 30% des français vivent réellement en ville. (J'avoue que j'ai du mal à croire ce chiffre...).
La ville est hors-sol, elle sera de plus en plus dangereuse dans l'avenir et Patrick nous dit "Quittez la ville si vous le pouvez."
La pollution des eaux en Bretagne les scandalise autant que le nucléaire. Tous les ans, le lisier des cochons bretons pourrait remplir un train de wagons citernes de 9000 km de long ! soit la distance qui sépare Brest de Vladivostok !
Patrick et Brigitte sont végétariens (crudité, céréale et légumineuse), et cette habitude de vie leur permet de se passer de réfrigérateur. Seuls les laitages, la viande et le poisson réclament une chaîne du froid. Manger de la viande matin et soir est une invention américaine. Le lait est une sacrée vacherie. En France on a toujours mangé des lentilles et du pain. En Afrique, ils mangent du mil et du sorgho. Il faut associer 1/3 de légumineuses et 2/3 de céréales pour apporter au corps les acides aminés dont il a besoin. Nous n'avons pas étendu la conversation sur ce point car il commençait à se faire tard. Quand je m'attaquerai à la page sur l'alimentation soutenable, j'étudierai le problème de long en large.
Conclusion
Un jour de mai 2004, en lisant le Ouest France, j'apprends qu'une conférence sur les cuiseurs solaires donnée par M. Chiron, de l'association Bolivia Inti, aura lieu à la fac de droit. Cette conférence est suivie par une autre donnée par M. Baronnet, un inconnu pour moi. Je suis libre ce soir là, je saute sur l'occasion. L'amphithéâtre est vide, une dizaine d'étudiants sont là. Je fus extrêmement surpris par la conférence de Patrick, je n'avais pas imaginé que l'on pouvait aller aussi loin dans l'autonomie. J'étais ébranlé dans mes convictions les plus profondes. Ce jour là, nous nous sommes quittés sur un mal entendu : j'avais osé dévoiler ma nucléo-tolérance et la discussion semblait difficile. A ses yeux, j'étais probablement un écologiste pro-climat et nucléo-tolérant, pas forcément très fréquentable, même si nous avions tous les deux un soucis sincère des générations futures.
Cependant, j'ai éprouvé une grande admiration pour son parcours. Il est
très probable que nous marcherons sur le chemin qu'il vient de tracer sans pour
autant être d'accord sur les mêmes idées. C'est
pourquoi nous sommes revenus ce 4 septembre 2005. Curieusement, je n'ai pas appris
beaucoup ce jour là car la première conférence à la fac et le livre de
Patrick avaient été déjà très explicatifs. Par contre, nous avons ressenti
une harmonie qu'on imagine lorsqu'on est assis dans un amphithéâtre mais qui
devient éclatante lorsqu'on est sur le terrain. C'est pourquoi il faut à
mon avis faire le voyage.
Nous sommes tellement semblables : Patrick était professeur d'EPS et de Yoga,
je suis éducateur sportif dans une discipline qui comme le yoga est orientale :
le karaté. Nous avons je pense le même soucis de l'être plutôt que de
l'avoir. Le yoga comme le karaté sont davantage des philosophies de vie que de
simples activités physiques. Je pense que nous recherchons plus que tout que
notre vie est un sens, et le bon.
Nos compagnes de vie se ressemblent aussi tellement. Elles sont toutes les deux
des artistes, entre Brigitte la harpiste
et Eva l'ébéniste, je ne vois qu'une douce coïncidence. Comme si
effectivement le hasard n'existait pas vraiment.
Je pense qu'un des secrets du détachement vis-à-vis de notre société
matérielle est qu'il faut développer ses qualités personnelles à travers des
arts comme le sont les arts martiaux, la musique, le dessin, l'ébénisterie,
etc.
Il y a peu de temps, le week end du 23 et 24 avril 2005, nous avons participé à la construction d'une maison révolutionnaire. Nous avons construit quelques centaines de briques en terre crue destinées à la construction d'une maison écologique de 70 m²coûtant moins de 20 000 euros. Patrick et Brigitte nous ont très bien accueilli et nous avons longuement pu nous entretenir. Nous nous sommes largement accordés sur le fait que la sortie éventuelle du nucléaire passait par des économies d'électricité très importantes, et aussi qu'il fallait se pencher sérieusement sur le problème du climat. Patrick nous disait qu'il devrait être possible d'avoir tout ce qui est vital à moins de 20 km de chez soi, ce qui permettrait d'éviter la dépendance vis-à-vis de l'automobile. Car l'automobile, c'est notre point noir à tous et de toute évidence, personne ne peut se satisfaire des voitures actuelles.
Merci pour l'intérêt que vous avez porté à la lecture de cette page, Patrick et Brigitte Baronnet vous attendent pour de prochaines visites de leur maison autonome.
Bon vent !
Eric Souffleux
" Je crois qu'il faut finalement tendre les bras à sa propre vie. " Arthur Miller |
Autres informations utiles :
Adresse de la maison autonome : Route de Louisfert 44520 Moisdon la
rivière tél.: 02 40 07 63 68 http://www.heol2.org
Fabricant de l'éolienne : Auton'home productions ZA La Pommeraie 44780
Missilac tél.: 02 40 66 99 92 lien
disponible