Consommation du pétrole dans le monde
Pour quantifier la consommation de pétrole, on utilise la masse ou le volume. L'unité de volume la plus utilisée est le baril valant 158.984 litres. Une tonne de pétrole brut est équivalente, en moyenne, à 7.33 barils.
Evolution de la consommation mondiale de pétrole de 1965 à 2003 (source: bp) L'augmentation massive de la consommation mondiale est représentée dans ce graphique. Elle double en environ 30 ans. Les diminutions et stagnations sont dues aux récessions des années 1970s et 1980s. |
Il est immédiatement notable que la consommation n'a cessé de croître régulièrement, excepté deux « mauvais » passages en 1974 et 1980. Ces deux « chocs pétroliers » étaient dus à des raisons politiques plutôt qu'aux effets de la déplétion et ont eu des conséquences importantes dans beaucoup de régions.
Ce qui est intéressant dans l'étude de la consommation du pétrole, c'est d'identifier les tendances, les pays les plus gourmands et les secteurs économiques les plus gourmands. Nous verrons ainsi quels sont les pays qui ont le plus d'effort à réaliser dans la sobriété.
La carte ci-dessus représente la consommation de pétrole par tête et par an dans chaque pays (source: bp). C'est sans surprise que l'on peut constater que le continent Nord-américain, l'Arabie Saoudite, dans une moindre mesure l'Europe, l'Australie et les puissances régionales d'Extrême-Orient (Japon, Corée du Sud, Taïwan) ont les consommations de pétrole les plus élevés par habitants. Je constate tout de même avec surprise que l'Islande fait partie des pays les plus gourmands en pétrole, alors qu'elle dispose d'importantes ressources géothermiques et hydrauliques.
La Chine consomme 5 Mb/jour pour 1300 millions d'habitants. Les USA consomment 20 Mb/jour pour 300 millions d'habitants. Vous avez dit péril jaune ?
Maintenant voyons qu'elle est l'évolution de la consommation mondiale par secteur depuis 1970.
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Sur ce graphique on voit qu'un secteur explose littéralement : le secteur
des transports. Du fait de la mondialisation, davantage de marchandises et
d'hommes voyagent à travers le monde.
Il y aurait aujourd'hui 800 millions de véhicules sur la
planète. On estime à 30 millions le nombre de ménages chinois
susceptibles d'acheter une voiture aujourd'hui. |
Détaillons mieux la répartition de la consommation
mondiale par secteur.
Concernant les transports, il y a ici le détail de la répartition de la consommation entre les principaux modes de transport. En toute logique, le transport terrestre tient largement le haut du pavé avec 41% de la consommation mondiale de pétrole. Viennent ensuite l'industrie et la branche énergie qui comprend la production d'électricité et le raffinage des produits pétroliers.
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Et en France ?
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Comme dans le reste du monde le secteur des transports en
France reste le plus gourmand en pétrole. La
tendance est à l'augmentation.
On voit sur ce graphique l'effet positif des mesures d'isolation prises dans le secteur du bâtiment après la crise de 1973. Il est dommage que cette baisse ait été compensée par une hausse de la consommation du secteur des transports.
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Autre considération : l'évolution du nombre des stations services dans l'hexagone.
Depuis 1973, leur nombre n'a pas cessé de diminuer.
L'essence et le gazole sont devenus des produits d'appel pour les grandes
surfaces. Ces temples de l'automobile ont su être très attractifs pour
les automobilistes en proposant ces carburants pratiquement à prix
coûtant. Résultat, les petites stations services de campagne ou de
centre ville ont fermé les unes après les autres. Malgré cela les raffineurs restent avec l'état les principaux bénéficiaires de la vente de carburant. |
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A travers le monde, on ne consomme pas les mêmes produits pétroliers. Pour se déplacer, les américains consomment davantage d'essence et les européens davantage de gazole. En Europe il y aussi des différences : la Suisse dispose d'un grand parc de voitures essence alors que la France possède pratiquement autant de voitures diesel que de voitures essence. Toutes ces disparités sont motivées par la pression fiscale instaurée au niveau de chaque état. Lorsque la pression fiscale est équivalente entre gazole et essence, la préférence des consommateurs va vers l'essence car les moteurs sont moins chers et il faut alors rouler extrêmement longtemps pour pouvoir amortir le surcoût d'achat. Pourtant le diesel a ses avantages : un meilleur rendement, un moteur qui tourne plus lentement, une durée de vie accrue. Le choix du diesel revient donc au gros rouleurs et à ceux qui ne veulent pas changer de véhicule tous les 7 ans (Les Français changent en moyenne de voiture tous les 7 ans !).
Évolution de la consommation au cours de l'année.
La consommation de pétrole évolue au cours de l'année
selon un rythme régulier (graphique ci-contre). Le pic de
consommation annuelle a lieu l'hiver. En 2004, il devrait atteindre 86 millions
de barils par jour. Alors qu'en moyenne, on considère que la consommation
actuelle est de 75 millions de barils par jour.
C'est donc l'hiver que nous aurions le plus à craindre un choc pétrolier. Ces dernières années les stocks d'essence américains ont été très affectés par les évènements en Amérique Latine. Nous sommes particulièrement exposés aux effets d'attentats terroristes au Moyen-Orient. |
Les chocs pétroliers des années 1970
L'OPEP a été fondée en 1960 par l'Iran, l'Irak, le Koweït, l'Arabie Saoudite et le Venezuela. A cette époque, l'industrie pétrolière dans ces pays était contrôlée par les compagnies américaines et européennes. Ces sociétés payaient aux gouvernements hôtes des impôts et des royalties basés sur le prix annoncé que les compagnies payaient pour le pétrole sur le marché mondial. En 1959 et 1960, la production de pétrole a largement dépassé la demande mondiale. Le surplus ainsi créé a poussé certaines compagnies majeures à réduire le prix annoncé et donc leurs paiements aux gouvernements les hébergeant. L'OPEP a été créée en réponse à cette réduction de prix.
L'OPEP n'a eu que peu d'influence sur les prix durant les années 1960, lorsque la production s'est accrue pour satisfaire le demande. Toutefois, dans les années 1970, la demande mondiale de pétrole a surpassé l'offre disponible des pays non-membres de l'OPEP. En 1973 l'OPEP a cessé de consulter les compagnies pétrolières et a décidé d'augmenter les prix pour les maintenir en relation avec l'inflation.
Les conflits armés ont aussi contribué à l'augmentation des prix du pétrole. Durant le conflit arabo-israélien de 1973, certains membres arabes de l'OPEP ont réduit ou cessé leurs exportations de pétrole vers les pays soutenants Israël. La conséquence fut une forte augmentation des prix du pétrole aux Etats-Unis et dans les autres pays occidentaux. Vers la fin des années 1970, la révolution iranienne a provoqué une pénurie qui a permis à l'OPEP d'augmenter encore une fois les prix.
L'OPEP a eu moins de succès dans sa tentative d'augmenter les prix dans les années 1980 lorsque l'offre mondiale de pétrole dépassa à nouveau la demande. En 1983 l'OPEP a réduit le prix de son pétrole pour la première fois. Vers le milieu et la fin des années 1980, l'OPEP a fixé des limites de production pour ses membres à plusieurs reprises. Mais la plupart des membres ont ignoré ces limites, tirant ainsi les prix vers le bas. Malgré quelques courtes périodes d'augmentation résultant de l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, les prix du pétrole sont restés stables durant les années 1990.
Les résultats des chocs pétroliers ont été une inflation mondiale à deux chiffres et la stagnation de l'économie. Les effets de l'augmentation à venir des prix du pétrole seront pires, puisqu'il n'y aura pas d'espoir d'un retour du pétrole bon marché.
Consommation future
Le problème de la consommation du pétrole dans le futur tourne autour de deux facteurs: la population et l'augmentation de consommation des pays en développement. Un tableau du bureau de recensement des USA montre que la population mondiale devrait croître de façon continue durant la première moitié de ce siècle. (ce qu'il ne montre pas, c'est une chute de la population qui pourrait être provoquée par un déclin du pétrole – pour cause de guerres, récessions, famines, etc.)
Plus de personnes signifient une demande accrue de carburants, énergies, matières plastiques et nourritures – toutes choses fortement dépendantes du pétrole. Durant les dix années entre 2002 et 2012, la population mondiale devrait s'accroître de 6,23 milliards à 6,96 milliards, 12 % de plus qui devront être nourris, logés et fournis en énergie. Avec la population, l'autre facteur est l'utilisation croissante du pétrole par les pays en développement – pays qui n'ont jusqu'à présent que peu contribué à la consommation.
Ce graphique ci-contre montre l'augmentation de la
consommation de pétrole dans différentes régions du monde entre 1965 et
2003 (source: bp).
Il met en évidence que les pays asiatiques sont ceux dont la consommation de pétrole progresse le plus rapidement. La Chine a multiplié par 11 sa consommation de pétrole en 38 ans. Nous devons donc surveiller la croissance chinoise, celle-ci devrait absorber le reste de marge de production dont nous disposons à l'échelle du globe dans les années qui viennent. Quand la chine s'éveillera, le monde tremblera en regardant les cours du pétrole. |
Le graphique ci-dessous montre l'évolution de la
consommation chinoise seule (source: bp). Le présage est évident, la consommation de pétrole en Asie va croître de façon spectaculaire dans les prochaines décennies et ne sera pas compensée par les diminutions de consommation de l'Europe et des USA. La population de la Chine, même avec le contrôle des naissances va continuer d'augmenter. C'est la tendance. En réalité la consommation ralentira et déclinera alors que la production de pétrole diminuera et la récession s'installera, mais il est impossible de calculer exactement ces chiffres. Ce qui est clair, c'est que si le monde continue sur ses tendances, la consommation de pétrole continuera d'augmenter. |
Eric Souffleux
Dernière mise à jour : 6 février 2006 |