Le grand retour de la traction animale dans l'agriculture.

La réduction souhaitable des émissions de gaz à effet de serre et l'épuisement inéluctable des ressources pétrolières, impose à l'agriculture moderne une réflexion sur la possibilité d'un retour de la traction animale agricole, pour économiser le combustible fossile. Dans cette page, je me propose d'étudier globalement la traction animale et de réfléchir à la place qu'elle pourrait occuper dès aujourd'hui dans l'agriculture. Nous devons être conscients qu'il ne sera pas possible de réaliser une transition brutale entre l'agriculture moderne totalement mécanisée et l'agriculture de demain (l'agriculture Amish) qui devra presque totalement se passer des services des moteurs à explosion. Il faut donc dès à présent étudier les axes de recherches pour réintégrer le cheval dans nos fermes car ce qui nous manque le plus aujourd'hui, c'est la perte culturelle des savoirs que possédaient nos arrières grands parents en matière de travail avec les animaux.

Avant de poursuivre, sachez qu'il y a sur notre planète environ 30 millions de tracteurs, près de 300 millions de paysans qui travaillent en traction animale et plus de 1300 millions de paysans qui travaillent avec leurs seules mains. La mécanisation agricole est un fait marginal dans le paysage paysan mondial. Si nous devons apprendre à nous passer des services de la mécanisation moderne, devons-nous pour autant tous redescendre au niveau de ceux qui travaillent la terre avec des outils manuels ? Tout l'enjeu de cette page est de réfléchir à la nouvelle répartition des tâches entre travail manuel, travail en traction animale et mécanisation sur des bases énergétiques renouvelables.

Le cheval a longtemps fait partie de l’histoire humaine et il a grandement contribué au développement des sociétés industrielles jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. De 1800 à 1945, le cheptel chevalin français comptait deux millions et demi de têtes. Depuis 1950, ce cheptel fut considérablement réduit. Il y a 20 ans, on ne recensait que 200 000 chevaux de trait et de mules, surtout utilisés pour la production de viande. En 1921 aux États-Unis, on comptait plus de 24 millions de chevaux de trait et de mules. En 1979, on n’en recensait plus que 8 millions, la plupart étant des chevaux d’équitation.

Aujourd'hui, nous voyions réapparaître le cheval de trait dans trois activités où il a su montrer ses avantages : le débardage, la viticulture et le maraîchage. Dans l'activité de débardage, les chevaux permettent un travail de précision sur des terrains accidentés. En viticulture, le cheval permet l'entretien des allées sans produits chimiques nocifs. Il ne tasse pas le sol comme le font les roues des tracteurs. Grâce à ce travail respectueux du sol et des plantes, la vigne est beaucoup moins sensible aux maladies, ce qui rend encore plus inutile le recourt à l'arsenal chimique usuel. En maraîchage, la traction animale est de retour dans quelques exploitations biologiques pionnières. Elle s'y révèle aussi rentable que le tracteur car le maraîchage diversifié reste un secteur agricole très manuel où la mécanisation n'occupe qu'une petite place dans l'emploi du temps. Le développement d'outils modernes a permis d'améliorer considérablement les conditions de travail.

La Kassine avec les pâtes d'oie.

Les disques billonneurs.

Porte-outil moderne de par sa polyvalence, sa légèreté (28 kg), sa souplesse d'utilisation, sa solidité (l'utilisation d'aciers spéciaux sur les points les plus sollicités), son faible coût et sa facilité d'entretien, la Kassine peut recevoir tous les outils nécessaires aux différents travaux du maraîcher.

La lame sarcleuse.

Hugolin est utilisé pour les travaux de précision.

Le crochaxe, système d'attache des outils, permet un changement facile et rapide de tous les outils. La traction par chaîne, la légèreté, la roue avant et le régulateur latéral permettent des passages en finesse pour l'entretien des cultures et une bonne adaptation aux terrains pentus. Une barre transversale avant permet de recevoir une deuxième roue pour une grande stabilité dans certains travaux comme le buttage ou l'arrachage des pommes de terre. Le guidon est ajustable à la convenance de l'utilisateur et la barre à crans permet le réglage rapide du piquage de l'outil dans le sol. Tous les réglages sur étrier sont réalisés rapidement sans clé, avec une simple tige métallique fixée à poste sur le guidon de la Kassine.

Pâtes d'oie, disques billonneurs,

herse étrille,

autant d'outils que de manière de travailler.

Devine attelée au Polynol équipé de buttoirs,

et de sous-soleuses.

Le Polynol est un gros porte-outils à traction animale en simple ou en double par limonière ou timon. Il dispose d'un système de relevage de l'outil et une barre porte-outils est fixée par deux points sur le relevage. On peut régler l'angle de la limonière ou du timon.

Le Polynol peut être utile pour passer le vibroculteur (c'est plus large qu'avec la kassine), pour monter les buttes (soit avec des buttoirs, soit avec des disques billonneurs), les applanir à la herse étrille et passer avec la sous soleuse. L'avantage est qu'on travaille deux buttes à la fois. L'inconvénient est que c'est moins précis car cela demande un effort important à l'animal.

Tous ces outils sont fabriqués par l'association Prommata, association loi 1901 pour la PROmotion du Machinisme Moderne Agricole à Traction Animale. Le siège et l'attelier de cette association se trouve dans l'Ariège, dans l'ancienne gare du Rimont.

La bineuse à étoiles est un outil très intéressant qui devrait être développé pour la traction animale. Cet outil existe pour les tracteurs et permet un travail sur butte d'une grande efficacité. C'est presque un outil qui remplacerait tous les outils polyvalents développés autour de la traction animale. Cependant, comme il ne nécessite pas de prise de force, l'adaptation à la culture attelée ne doit pas être très compliquée. Une bineuse à étoiles remplace la herse étrille et la bineuse classique avec des lames en forme de patte d'oie.:

Une photo prise en 1991 par Yann Arthus Bertrand pour son livre les îles vue du ciel qui montre un cheval en train de biner des cultures sur l'îles de Batz.

Un épandeur à fumier dont la vis sans fin à l'arrière du tombereau tourne grâce à la vitesse d'avancement des chevaux. Superbe outil !

Les américains sont vraiment incroyables ! Encore une illustration du rêve américain dans un monde où le pétrole ne pourra plus être bu comme maintenant.

http://www.farmingwithhorses.com L'équivalent américain de Prommata. Matériel utilisant le système d'attelage 3 points et la prise de force grâce à des moteurs auxiliaires. Il y a un importateur en Pologne. Avec ce type de matériel, il y a de quoi ranger définitivement le tracteur au placard.