VACANCES SUR LA RIVIERE LA MAYENNE DU 3 AU 10 AOUT 2004

167 km en canoë, ça use, ça use; 167 km en canoë, ça use les pagaies !

Ambrières-les-Vallées / Château-Gontier / Ambrières-les-Vallées

Documents à se procurer dans des offices de tourisme

> Extrait de La Mayenne, carte touristique de la rivière

> Carte détaillée très pratique indiquant villages, emplacements des écluses, campings, commerces, douches...

> Guide indispensable du canoéiste
> Guide illustré pour découvrir la Mayenne, sa faune, sa flore, le fonctionnement des écluses...

> Plusieurs cartes détaillées de la rivière





















































 

Présentation de la rivière: 

La Mayenne s'étend sur 3 départements : l'Orne (61), la Mayenne (53) et le Maine et Loire (35). Elle prend sa source au pied du Mont des Avaloirs, sur la commune de Lacelle (Orne). Mince filet d'eau aux premières heures, elle longe le Parc Naturel Régional Normandie Maine, gonflant ses eaux des innombrables ruisselets qui courent à travers la bruyère. Dans cette partie du nord-Mayenne, il n'y a pas de chemin de halage et la navigation n'a pas cours, sauf pour les canoës-kayaks quand le niveau d'eau le permet. La Mayenne traverse les villes de Mayenne, Laval, Château-Gontier et se termine à Angers en même temps que la Sarthe. Ces deux rivières forment le Maine sur quelques kilomètres, qui se jette enfin dans la Loire. Le chemin de halage de 85 kilomètres débute à Mayenne. Des bornes sont présentes tous les kilomètres le long du chemin de halage, accessible aux randonneurs à pieds, à vélo ou à cheval. 

D'après les dires des éclusiers et des touristes, c'est le chemin de halage le mieux entretenu de France. Il est vrai que le chemin est dégagé, il y a régulièrement des tables de pique-nique et des poubelles ainsi que des points d'eau à disposition. On trouve également près de certaines écluses des sanitaires gratuits accessibles aux touristes en tous genres, des endroits pour bivouaquer ainsi que de petites alimentations. Des éclusiers organisent des expositions (peinture, sculpture...), et d'autres encore ont deux métiers comme l'éclusier-boulanger de Grenoux ou l'éclusier-restaurateur de la Fourmondière Inférieure. On ne s'ennuie pas sur la Mayenne car il y a toujours quelqu'un à rencontrer ou quelque chose à découvrir. Remercions le Conseil Général de la Mayenne qui oeuvre pour rendre la rivière accessible et agréable.

Particularités :

Écluses automatisées


Centrales micro-hydrauliques



Avertissement !


Attention si vous naviguez sur cette rivière car il y a probablement plus de pêcheurs que de poissons. Le mieux est de naviguer au milieu et d'être vigilant aux fils de pêche. Mais même avec toutes ces précautions, vous n'êtes pas à l'abri de passer sur une ligne car on ne les voit bien souvent que quand on arrive dessus. On ne voit quasiment plus de pêcheurs traditionnels avec une ligne tenue à la main. La plupart sont super-équipés de plusieurs cannes avec moulinets, mais apparemment... ça ne mord pas plus. Brochets, sandres et carpes restent sur leurs gardes... 



 

Faune rencontrée pendant notre voyage : canards, hérons, cormorans, martins-pêcheurs, mouettes, hiboux, chouettes, rapaces, ânes, vaches et ragondins... presque tous très difficiles à photographier car sauvages. Sauf les vaches bien sûr !

Famille de canards sauvages Arbre mort recouvert de mouettes   
(Mais si ! Ce sont les petits points blancs!) 
Mouette rieuse
Grand cormoran Martin-pêcheur Ragondin

Paysages typiques des rives de La Mayenne


Pourquoi le canoë après avoir adopté le vélo comme moyen de transport pour partir en vacances ? 

Et bien par ce que le hasard a fait que mon beau-père habite au bord de la rivière La Mayenne et à proximité d'une base de canoë-kayak. Le hasard a aussi fait qu'en nous y promenant nous avons appris qu'ils vendaient de vieilles embarcations dont les clients ne voulaient plus en location. Le mystère du pourquoi n'est aujourd'hui pas encore élucidé car nous sommes très content de notre achat. Je crois que les touristes préfèrent louer les nouveaux canoës fluorescents insubmersibles car ils paraissent plus attrayants. Au niveau confort et capacité de chargement, je doute qu'ils fassent le poids avec notre bon vieux C3 (canoë 3 places), mais si tout le monde y trouve son compte c'est tant mieux. Nous achetons donc celui-ci en particulier parce qu'il a l'air résistant malgré ses innombrables rayures. En effet, il est en plastique, réputé plus robuste que la résine. De plus, comme nous ne sommes que deux, la place du milieux pourra servir à mettre nos sacs, ce qui n'était pas le cas dans le K2 (kayak biplace) que nous avons essayé avant. Certes, il était plus profilé et glissait donc mieux sur l'eau mais la capacité de chargement était quasiment nulle. D'après ce que nous ont dit des connaisseurs, on a fait une affaire car il y en a très peu à vendre à un tel prix (305 €) et dans un si bon état.

Notre périple



Lundi 2 août


Notre départ ne se fera pas aujourd'hui comme prévu car Eric est malade (Ca ne lui arrive qu'une fois l'an, on ne va tout de même pas lui en vouloir!) et il nous reste une foultitude de bricoles à terminer : coller de la mousse sur les sièges (pour améliorer ce confort spartiate), acheter quelques produits frais et agencer tout notre chargement pour optimiser la place et bien répartir le poids dans le canoë. Et oui, la première fois ce n'est jamais évident de s'organiser, mais nous prendrons vite nos marques dans ce réduit en plastique. Le chargement est fin prêt.



Mardi 3 août
          20 km

Ca va mieux et nous sommes enfin d'attaque, pas de bonne heure, mais de bonne humeur. Aujourd'hui nous pagayons pas loin de 7 heures au rythme de la balade et passons 3 écluses.

     Le début de notre périple n'est pas le plus facile pour les (presque) novices que nous sommes. En effet, les 12 premiers kilomètres, d'Ambrières-les-Vallées à Mayenne, font partie d'une zone non navigable... pour les bateaux à moteurs en tous cas. L'eau est par endroits un peu mouvementée avec quelques minis rapides à descendre et quelques rochers à éviter. Tant mieux, ça nous met tout de suite dans l'ambiance ! J'ai beau m'évertuer à manier ma pagaie comme un gouvernail, le courant nous emporte sur quelques mètres et nous nous faisons coiffer par des branchages. Puis l'eau reprend son débit normal et nous pouvons faire l'état des lieux : pas de blessés, juste une grosse frayeur et quelques feuilles et araignées échouées dans notre bateau. 

    Nous nous disons qu'il nous faudra être plus vigilants à l'avenir pour éviter ce genre de "boulette", mais ce passage aura été au final le plus mouvementé des vacances. C'est aussi l'endroit le plus sauvage puisque la présence humaine y est rare. C'est pourquoi nous rencontrons beaucoup d'animaux tels que des hérons, martins-pêcheurs, cormorans, mouettes, canards et ragondins... qui sont somme toute assez timides car ils ne se laisseront pas photographier si facilement. Nous déjeunons sur le barrage de Brives (juste au nord de Mayenne-City) qui est complètement à sec à cette saison. Il nous faut donc hisser le canoë sur le barrage pour ensuite le faire glisser lentement de l'autre côté. 

     La première écluse est celle de Mayenne. Bon, c'est l'écluse de Mayenne quoi ! A la seconde nous faisons connaissance avec l'éclusière qui nous dit que son mari (éclusier-boulanger) vend du bon pain à l'écluse suivante, 4 kilomètres plus loin. Nous arrivons donc à l'écluse de Grenoux où nous rencontrons cet homme à l'activité atypique. Nous lui achetons donc du pain bio à l'épeautre bien de chez lui, tout d'abord parce que nous aimons le pain, mais aussi pour faire tourner le commerce local. Nous lui demandons s'il connaît un endroit où nous pourrions piquer la tente et il nous indique que 500 mètres plus loin il y a un terrain prévu pour cela. Au moins, nous sommes sûrs de ne déranger personne.

Mercredi 4 août          12 km

Nous avons prévu de nous lever tôt pour partir à 9 heures mais l'envie de nous lever nous passe rapidement lorsqu'un orage éclate au petit matin. Il ne nous reste dons qu'une chose à faire : prolonger la grasse matinée jusqu'à ce que le ciel s'éclaircisse. Mais bon, la pluie battante a raison de notre toile de tente plantée un peu à la va-vite (il faisait si beau la veille...) et à 10 heures nous avons les fesses humides car l'eau s'est infiltrée on ne sait trop comment pour baigner duvets et matelas. Ouf, la pluie cesse enfin et nous ne partons qu'à midi, la tente encore trempée ainsi qu'une partie de nos affaires. Cette heure pour prendre la rivière n'est pas idéale car les éclusiers sont en repos de 12 h 30 à 14 h. Le cercle est donc bleu et comme je suis devant aujourd'hui, c'est moi qui vais devoir écluser pendant qu'Eric gouverne le canoë. Tant mieux ! C'est sympa de voir par soi-même comment ça fonctionne et de se mettre dans la peau des éclusiers. 

Ce à quoi je n'avais pas pensé, c'est que sur cette partie de la rivière les écluses sont très rapprochées (tous les 500 mètres à 2 kilomètres environ). Je vais donc devoir écluser souvent, d'autant plus que beaucoup d'éclusiers ont à charge 2, 3, voire 4 écluses, ce qui fait qu'ils ne sont que très rarement présents lorsque nous arrivons. Là du coup, ça devient physique ! Cela nous prend pas mal de temps (7 minutes lorsque les portes sont déjà ouvertes dans notre sens; 15 minutes lorsque nous ne somme pas déjà à niveau), mais cela fait partie du charme du voyage. Au total, nous aurons passé aujourd'hui environ 2 h 15 dans les différentes écluses (9 très exactement) car pas de chance, elles étaient toutes fermées à notre arrivée.


Mais pourquoi patienter dans les écluses, nous demanderont certains, alors que vous pouvez accoster pour porter le canoë ou bien passer les barrages directement en canoë ?

Et bien pour diverses raisons:

> Ecluser soi-même est plaisant (quoique fatigant à la longue), et prend moins de temps que de sortir le canoë de l'eau pour le tirer sur roulettes.

> Se faire écluser est encore mieux. On peut ainsi se reposer un peu, raison pour laquelle (je crois) nous n'avons jamais fait aucune pause en dehors des temps d'éclusage. De plus, nous pouvons discuter avec les éclusiers (étudiants ou autochtones) pour en connaître un peu plus sur la région. Et puis, ils sont là, il faut bien les faire travailler, sinon ils s'ennuient !

> Accoster n'est pas si facile qu'on le croit car les petites plages ou plans inclinés sont rares. Il y a bien des pontons avant et après chaque écluse mais ils se trouvent à un mettre environ au dessus du niveau de l'eau. Dans ces conditions, l'éclusage s'impose à nous comme la solution la plus pratique.

> Les barrages sont de hauteurs variées (1 m à 1,50 m). Certains sont à pic (impossibles à passer en canoë) et d'autres sont suffisamment inclinés pour qu'un kayak ou un canoë peu chargé puisse y passer. 
Cela dit, nous sommes relativement chargés et le niveau d'eau est tellement bas en cette période de l'année que le fond de l'embarcation touche le haut du barrage. Nous restons donc coincés à son sommet et devons descendre et pousser pour re-rentrer dedans au dernier moment pour au final nous prendre (enfin surtout Eric qui était devant à ce moment-là) une grosse vague qui nous oblige à écoper quelques litres de flotte juste après. Vous me l'accorderez : le bénéfice est mince (voire nul), mise à part une petite montée d'adrénaline pas désagréable du tout. Voilà où ça nous mène de naviguer sur une rivière très (trop ?) calme : on en arrive à vouloir jouer les GI Joe's, mais le résultat n'est pas très probant.


Nous nous arrêtons déjeuner vers 15 h (Bah oui, quand on a pris son petit dèj' à 11 heures !) à l'écluse de Montgiroux, halte fluviale. On remballe tout vers 16 h et on s'apprête à repartir quand il se met à nouveau à pluvioter, puis à pleuvoir des vaches carrément ! C'est ça qui est bien avec la pluie : on sait quand ça commence mais on ne sait jamais quand ça va s'arrêter. Bon, là il faut avouer qu'on a de la chance : le départ est repoussé à... 17 h. Quelques écluses plus loin, il commence à se faire 19 heures et nous commençons à être à l'affût d'un petit lopin de terre pour bivouaquer. L'éclusier de La Fourmondière Supérieure nous offre l'hospitalité. 


Le terrain à côté de l'écluse est prévu spécialement pour accueillir les randonneurs, cyclistes et autres canoéistes de passage. Il laisse même à notre disposition son petit cabanon de fonction avec toilettes et lavabo, plus une table de jardin avec des chaises. Sympa ! 

C'est une écluse expo, c'est à dire qu'il y a régulièrement de nouvelles expositions (gratuites) sur différents thèmes ou artistes (peinture, sculpture, épices...). L'éclusier et ses collègues proposent également des balades en pousse-pousse pour les personnes voulant profiter du chemin de halage d'une manière différente. Cela a en particulier une utilité pour les personnes âgées ou handicapées qui peuvent ainsi se faire transporter et profiter pleinement du paysage. Notre objectif de rallier Saint Jean sur Mayenne ne sera pas atteint ce soir mais nous n'avons rien à regretter vue l'hospitalité de l'éclusier. 

Celui-ci passe d'ailleurs tous les matins devant une boulangerie (à 5 kilomètres de là) et nous propose donc de nous apporter le petit déjeuner. Chouette ! Nous lui commandons 4 croissants pour 9 h 00, heure de l'embauche. La coutume à l'époque voulait qu'il y ait un noyer et un cerisier près de chaque maison d'éclusier, pour leur assurer une certaine autonomie en fruits. L'écluse de la Fourmondière Supérieure possède un beau noyer qui nous abritera et veillera sur nous cette nuit.

Jeudi 5 août
         22 km


Nous nous levons vers 8 h 15 le temps de plier la tente, de tout ranger, et d'être prêts pour déguster nos croissants. 9 h 00 : pas d'éclusier. 9 h 15 : pas d'éclusier. 9 h 30 : pas d'éclusier... donc pas de croissants. Snif :o(  Tant pis, on petit déjeune quand même. On n'est pas démunis, c'est juste que des petits croissants tous frais sortis du four, ça fait toujours plaisir.

 Lorsque nous embarquons vers 10 h, toujours pas d'éclusier en vue. J'espère qu'il avait faim ! Quelques temps plus tard nous arrivons à Saint Jean sur Mayenne où nous nous arrêtons. Il y a là un ancien camping qui a fermé pour on se sait quelle raison mais qui reste accessible (officiellement je veux dire) à tous. On y trouve de quoi piquer sa tente (mais bon, midi ça fait un peu tôt) et de quoi se ravitailler en eau. Les sanitaires sont super propres. Seul hic : il n'y a pas d'eau chaude. Mais bon, au camping comme au camping, après 2 jours et demi de canoë on est bien content de pouvoir se doucher. Il y a également un énorme barbecue mais nous n'avons pas nos saucisses-merguez sur nous. 
Un petit tour au bourg plus loin et nous sommes toujours bredouilles car les rares commerces qui se trouvent à Saint Jean sur Mayenne sont fermés. Pas de croissants, pas de grillades ! On déjeune (on ne va quand même pas se laisser abattre) et on reprend la rivière de 15 h à 19 h 30 avec une pause à la halte fluviale de Laval pour faire quelques courses et manger une glace. Miam :o)  La halte du soir se fait dans un coin assez sauvage près du chemin de halage, à proximité du ponton où nous accostons. Nous sommes en fait à 500 mètres de la prochaine écluse : Bonne. Nous pique-niquons assis sur le ponton, les pieds dans le vide quand soudain Eric attire mon attention sur un petit rat qui nage tranquillement vers nous. Arrivé presque à notre hauteur, il lève enfin les yeux et tourne rapidement les talons lorsqu'il constate que nous sommes... des humains. Petit feu de camp à la tombée de la nuit, juste pour le plaisir de prolonger la soirée au dehors avec les hiboux (ou les chouettes). Sur le chemin de halage, on voit encore quelques cyclistes ou groupes de randonneurs qui nous souhaitent bonne nuit.


Vendredi 6 août
          21 km


Nous naviguons calmement toute la matinée et nous pressons la pagaie lorsque nous avons l'écluse de La Benâtre en vue car il est presque l'heure de la pause déjeuner des éclusiers. Nous y arrivons à 12 h 25 et visiblement ils n'ont pas envie de nous écluser car ils sont rapidement rentrés chez eux après avoir fait passer le bateau précédent. Nous aimerions bien cependant continuer un peu avant de déjeuner nous aussi. Comme le cercle est rouge, Eric va demander à la dame si cela ne la dérange pas que nous nous éclusions nous-mêmes. Elle est OK donc on se débrouille et une fois sortie de l'écluse, je vois Eric qui a visiblement l'air de se faire enguirlander par l'éclusier sorti d'on ne sait où.
Lorsqu'il remonte dans le canoë, il m'explique que "quand c'est rouge, c'est rouge, on ne passe pas !" .C'est malgré tout une belle journée, le paysage est joli et on a même la chance d'avoir le soleil avec nous. Mais, re-pas de chance aujourd'hui, on rencontre un autre bougon peu après : tout à notre discussion, nous pagayons machinalement lorsque nous sommes inquiétés par un bip-bip-bip virulent.

   Nous venons d'être pêchés par un       carpiste, ou plutôt, nous venons de    passer sur sa ligne. Il a une tête tellement peu aimable qu'il nous coupe l'envie de nous excuser. Quelle idée aussi de lancer son appât aux 3/4 de la rivière ! S'il veut pêcher de l'autre côté, qu'il change de rive ! Nous restons désormais aux aguets pour ne pas tournicoter d'autres fils, au risque de se mettre tous les pêcheurs mayennais à dos. 
 En fin d'après-midi, je ressens mes premières douleurs dans le bas du dos, mais rien de bien méchant. C'est juste une fatigue musculaire. Nous nous arrêtons à l'écluse de Neuville où il y a des sanitaires à notre disposition (avec douche chaude, s'il vous plaît) et une table de pique pique-nique près de l'endroit où nous plantons la tente. L'éclusière fort sympathique nous propose des tomates et des betteraves du jardin pour le lendemain. Nous en sommes ravis car il n'y a rien de tel que des produits frais du jardin. Une petite crêperie le soir en bord de rivière pour changer des pâtes et du riz, puis un bon dodo.


Samedi 7 août          29 km

Nous prenons la rivière le matin quand l'éclusière nous hèle de son balcon : "Vous avez oublié vos légumes !". Nous n'avions en fait pas oublié mais nous ne voulions pas la déranger de si bon matin. Son mari nous les descend dans un sceau attaché à une corde, puis nous partons en les remerciant. Arrivés à Château-Gontier pour déjeuner, nous savourons leur légumes. Finalement, nous n'irons pas à Daon comme prévu car la prochaine écluse est fermée pour cause de déjeuner et le temps est trop incertain pour prolonger nos vacances. En début d'après-midi nous commençons donc à rebrousser chemin.

On pagaie pas mal pendant tout l'après-midi, avec quelques sprints par moments juste pour le plaisir. En arrivant à l'écluse de la Benâtre, on voit une pénichette qui descend et on pense donc être éclusés en premier car l'eau est à notre niveau. On n'a même pas le temps de s'engager dans l'écluse que les portes se referment pour faire passer le gros bateau avant le petit canoë. Décidément, il nous en veut cet éclusier, d'autant plus que ça l'oblige à plus de manoeuvres. Nous nous résignons et poireautons 30 minutes avant de sortir de l'écluse. En fin de journée, la fatigue nous tombe dessus d'un seul coup et nous conseille de nous arrêter pour reposer nos avant bras et nos poignets mis à rude épreuve. Nous nous endormons après un bon feu de camp le long du chemin de halage grâce à la berceuse d'un hibou.

 

Dimanche 8 août          31 km

Petite matinée tranquille où le vent nous aide à remonter le courant. Pause sandwiches à Laval avec déjà quelque 16 km dans les pagaies. Nous avons prévu de camper au camping fermé de saint Jean sur Mayenne où nous avons pique-niqué à l'aller, mais il n'est que 17 h et des poussières et le petit resto que nous avons repéré à l'aller nous tente bien. Allez, plus que 6 km et nous y sommes ! On pique vite fait bien fait la tente à la Fourmondière Supérieure comme à la descente et un brin de toilette plus tard nous voilà en terrasse du restaurant "La Guinguette", à la Fourmondière inférieure, sur la commune de Montflours. 

L'accueil y est très chaleureux, la vue imprenable et la cuisine excellente. On s'est régalé tous les deux. En nous installant à notre table, un couple assis à nos côtés nous demande si l'on ne s'est pas déjà vus le matin même à Laval. On leur répond que p'têt ben qu'oui, qu'on ne se rappelle plus trop car on a croisé plusieurs canoës dans la journée. En fait, on a bien croisé ce couple sur la rivière (il nous ont reconnus avec notre canoë rouge et nos doubles pagaies) quelques heures plus tôt. Ils avaient loué une embarcation à Laval pour une demie-journée et ont été très surpris de nous revoir le soir même, 15 kilomètres plus loin, assis à leurs côtés. On a donc fait connaissance et parlé canoë et rivière... forcément.

 

Lundi 9 août          22 km

Cette journée est un peu particulière car c'est notre journée challenge. Dès la première écluse le matin, un bateau s'engouffre derrière nous pour se faire écluser en même temps. Comme nous sommes pas mal secoués à l'avant de l'écluse, nous décidons de rentrer après eux dans les écluses suivantes. Ce que nous faisons... et regrettons aussitôt ! En effet, le canoë se trouve au niveau de la sortie d'échappement de leur bateau et nous inhalons tous leurs gaz d'échappement.  

Pour ceux qui n'ont jamais mis le nez dans le pot d'une péniche (tant mieux pour eux), c'est encore pire que de se trouver en vélo derrière un bus en centre ville. Horrible quoi ! Nous leurs demandons donc de bien vouloir éteindre leur moteur pendant les longues minutes d'éclusage. Ils ronchonnent, bougonnent, râlent mais se résignent. Ouf ! L'écluse d'après, rebelotte : ils nous font subir leur pollution jusqu'à ce qu'on leur demande à nouveau de couper les gaz. Ils n'ont pas l'air de comprendre que cela nous indispose. Ils ronchonnent, bougonnent, râlent encore mais se résignent. C'est là que commence la course-poursuite avec cette péniche de 8 personnes. Nous ne voulons plus nous retrouver derrière eux dans les écluses, mais devant. 
Ils nous doublent entre les écluses, mais nous avons la pagaie rebelle et les redoublons avant d'entrer dans l'écluse d'après car ils doivent beaucoup ralentir pour manoeuvrer leur engin. Nous fonçons d'écluse en écluse puisque nous avons le temps de nous reposer (7 à 15 minutes) pendant les éclusages. On a à subir les remous, mais c'est quand même beaucoup plus agréable. Ces gens, qui n'ont pas compris que leur moteur ne leur sert à rien pendant les éclusages, s'en donnent maintenant à coeur joie et le laissent tourner en permanence. Nous pagayons toujours plus vite que notre ombre pour réussir le challenge de rester devant le bateau. 
Il a plu toute la matinée et nous sommes bien contents de nous arrêter à la petite halte fluviale de Montgiroux, comme à l'aller. C'est à croire qu'il pleut toujours ici ! L'éclusière m'affirme que non pourtant. Après le déjeuner, nous reprenons notre chemin sous la bruine. Quand on pagaie on arrive à se réchauffer mais lors des éclusages on est presque immobile et là il commence à faire froid. Brrr. A l'écluse de Grenoux, nous achetons à nouveau du pain au boulanger, Monsieur Le Péculier : du pain aux noix et une brioche. Miam ! En passant à Mayenne en soirée, nous voyons notre fameuse péniche accostée à la halte fluviale. C'est la fin de la partie navigable pour eux et le début de la partie sauvage pour nous.

 Nous galérons un peu pour passer le barrage de Brives car le niveau d'eau a baissé d'environ 15 cm par rapport à il y une semaine et le fond du canoë accroche le fond de la rivière. Nous évitons in extremis et pour la dernière fois du voyage la ligne d'un pêcheur. Décidément ! Nous accostons dans un champ de vaches après Mayenne. Nous le traversons pour rejoindre le petit château de Brives dans lequel la mère d'Eric habite. L'aventure, c'est chouette mais nous sommes quand même bien contents de pouvoir manger et dormir au sec car il n'a cessé de pleuvoir de la journée. Il était d'ailleurs temps car nous avons épuisé toute notre (mince) réserve de vêtements secs. Ben non, on n'avait pas de vêtements de pluie ! On ne pensait pas qu'il allait pleuvoir autant...

Mardi 10 août          10 km

Journée cool. On a toute la journée devant nous pour parcourir les 12 derniers kilomètres qui nous séparent d'Ambrières-les-Vallées. Nous observons attentivement la faune et tentons quelques photographies infructueuses car les animaux sont sauvages et s'éloignent dès qu'ils nous estiment trop près, c'est à dire à plusieurs dizaines de mètres.
Hérons, cormorans et martins pêcheurs nous narguent donc toute la matinée. Nous faisons une halte déjeuner à Saint Fraimbault de Prières où il y a de très chouettes tables de pique-nique en pierre au bord de l'eau. Il y a même un sentier botanique créé par une école du coin : quels sont les arbres qui bordent la Mayenne et comment les reconnaît-on ? On fait faire un petit tour de canoë à trois jeunes pour les amuser : 5 sur un canoë, ça commence à faire lourd !
Puis nous remontons le courant, ce qui n'est pas trop difficile, sauf à quelques endroits où il faut slalomer entre les rochers et les branchages et pagayer très fort pour pouvoir passer ces mini-barrages. A deux ou trois reprises nous sommes obligés de poser le pied à terre pour tirer-pousser notre embarcation. Le niveau d'eau est tellement faible qu'en de nombreux endroits nos pagaies heurtent le fond, même lorsque nous sommes en plein milieu de la rivière. Dernier gros effort à fournir : passer le barrage de Saint Fraimbault. Avec les roulettes ça va comme sur des roulettes ! Dernière petite pause mûres avant de terminer notre voyage à Ambrières-les-Vallées. Il ne nous reste plus qu'à nettoyer grossièrement le canoë et à faire sécher toutes nos affaires humides.

 

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Dernière mise à jour : 11 mars 2006
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