Critères de réussite aux passages de grade en karaté Shotokan

        Cette page expose en détail les critères d'évaluations et de réussite des différents grades, symbolisés par les ceintures de couleurs. Cette page est avant tout destinée à mes élèves pour qu'ils comprennent bien leur progression dans le karaté do. Elle peut également être utile au professeur débutant pour leurs donner des repères.

Ceinture jaune (5ème kyu)  La confiance en soi.

Il s'agit du premier passage de grade. L'objectif est de donner confiance au candidat. Le candidat doit connaître les 3 Taykyokus. La vitesse d'exécution peut être très modérée. L'important est de montrer qu'on a assimilé globalement les techniques de base de karaté. Je dis souvent qu'on doit voir un karaté "rangé". L'hikité doit être à sa place, le zen kutsu dachi avec la bonne largeur, le genou avant à l'aplomb des orteils et la jambe arrière tendue. L'élève doit préparer correctement les blocages. Le bras qui indique la direction ne doit pas être à la place du bras qui prépare le blocage.
En Kumité, les candidats présentent le gohon kumité (5 attaques à suivre). Je ne demande qu'une démonstration à vitesse réduite mais en respectant la distance et les positions sur trois attaques : oi tsuki jodan, oi tsuki chudan et mae geri gedan.

Motifs de non réussite au passage de grade :
- Trop de confusion dans la préparation des défenses.
- Refus de prendre en compte les remarques du professeur  (Et oui, cela peut arriver parfois !)
- Incapacité à surmonter sa peur de passer devant les autres.
- Méconnaissance des katas.

Pour les enfants la ceinture blanche jaune peut attester de la connaissance des deux premiers Taykyokus.

Ceinture orange (4ème kyu)  Le kimé, la percussion.

Le candidat doit montrer son aptitude à percuter sur chaque technique. Il doit maîtriser parfaitement le shuto uke. Il doit connaître les 3 Taykyokus, Heian Shodan et Heian Nidan.
Le Kumité se fait sur quatre attaques mais sur trois pas (le sambon kumité), par rapport à la ceinture jaune, on ajoute mawashi geri jodan (ou chudan en cas de raideur).
Par rapport à la ceinture jaune le candidat doit montrer une plus grande maîtrise technique. La notion de progrès doit être évidente notamment lors des préparations des défenses.

Motifs de non réussite au passage de grade :
- Confusion au niveau du travail des hanches (de face en attaque et de profil en défense)
- Shuto Uke mal maîtrisé
- Manque de percussion, pas d'évolution par rapport au grade précédent.
- Méconnaissance et manque de pratique des katas.

Pour les enfants la ceinture jaune orange atteste d'une évolution au niveau de la percussion, mais une maîtrise insuffisante des katas. L'enfant peut par exemple méconnaître Heian Nidan alors que les autres katas plus simples sont sus et pratiqués avec une certaine percussion.

Ceinture verte (3ème kyu)  La concentration

Le candidat doit connaître les katas Heian Shodan, Heian Nidan, Heian Sandan et Heian Yodan.
Kata et Kihon doivent démontrer une grande vélocité dans les gestes et une stabilité des postures.
La ceinture verte est caractérisée par une grande maîtrise du yoko geri et du kiba dachi 
Le candidat doit démontrer principalement son aptitude à travailler efficacement avec un partenaire. Le candidat est jugé sur son aptitude à se concentrer lors du travail avec partenaire. Il doit montrer qu'il a pu transférer le kimé et les positions demandés à la ceinture orange sur le travail avec partenaire.
Lors des katas et du kihon, le placement du regard est fondamental. 
Pour moi, c'est à partir de la ceinture verte que le candidat peut envisager de se présenter en compétition kata.

Motifs de non réussite au passage de grade :
- Travail avec le partenaire trop "mou", pas assez précis.
- Méconnaissance du protocole du Kihon Ippon Kumité.
- Katas pas suffisamment vécus, on doit ressentir le combat dans le regard, dans les positions.

Pour les enfants la ceinture orange verte atteste d'une évolution vers davantage de concentration et d'une bonne connaissance du seul kata Heian Sandan.

Ceinture bleue (2ème kyu)  La détermination

Le candidat doit connaître les cinq katas Heians et Tekki shodan. 
Les techniques qu'il faut particulièrement maîtriser sont le ushiro geri, le ura mawashi geri et le mandji uke.
L'aptitude principale qu'il faut démontrer est la détermination. Pendant toute l'épreuve le candidat doit particulièrement soigner la détermination de son regard et ne pas oublier de Kiai. Cette détermination doit particulièrement éclater lors du Kihon Ippon Kumité. On doit sentir le danger dans ce travail. Je ne suis pas exigeant quant à l'originalité ou la variété des techniques, le candidat peut répéter la même défense et le même contre de chaque côté, par contre je dois ressentir la recherche d'efficacité.
Pour comprendre ce que j'entends par détermination, il faut se dire que qu'elle que soit l'adversaire que l'on a en face de soi, on doit oublier sa peur et utiliser tout le potentiel physique dont on dispose pour vaincre l'adversaire. C'est à partir de la ceinture bleue que le candidat peut envisager la pratique du kumité en compétition.

Motifs de non réussite au passage de grade :
- Manque de détermination global
- Manque de stabilité et de tenue technique.

Pour les enfants la ceinture verte bleue atteste d'une évolution vers davantage de détermination et d'une bonne connaissance du seul kata Heian Godan.

Ceinture marron (1er kyu)  L'autonomie

Le candidat doit connaître parfaitement les cinq Heians, Tekki Shodan, Bassai Dai et Kanku Dai.
Il doit démontrer une grande détermination et une capacité à s'adapter à des techniques variées.

En Kihon Ippon kumité, je dois voir une grande détermination et une grande variété dans les techniques employées. 

Motifs de non réussite au passage de grade :
- Manque de détermination global
- Manque de stabilité et de tenue technique.
- Manque de connaissance et de pratique des katas avancés (Bassai Dai et Kanku Dai)

Pour les enfants, la ceinture bleue marron atteste d'une connaissance du seul kata Bassai dai, Kanku Dai étant insuffisamment maîtrisé.

Ceinture noire 1er dan

Tronc commun

Kihon

Le candidat est interrogé sur tout le programme technique de sa discipline. Le jury emploiera la terminologie officielle et il peut interroger les candidats sur quelques spécificités techniques de leur style.

Le kihon comporte :

Les candidats sont évalués d'après les critères suivants :

Kata

Le candidat doit présenter un kata libre choisi parmi la liste officielle et le jury lui imposera un autre kata tiré au sort.

Liste des katas : Les 5 Heians, Tekki Shodan, Bassaï Daï et Kanku Daï

Kumité : Kihon Ippon Kumite

Les candidats devront effectuer cinq attaques (à droite et à gauche) et les défenses correspondantes. Les candidats inversent les rôles lorsque l'un d'eux à terminer ses attaques.

Assaut fondamental basé sur une attaque contrée par une seule défense et/ou contre attaque.

Cet assaut se déroule de la manière suivante :
Les deux candidats sont placés à une distance de 1 mètre l'un de l'autre et de profil par rapport au jury. Après s'être salués, les deux candidats se mettent en Hachi ji Dachi en écartant successivement le pied gauche et le pied droit afin de rester dans l'axe, Tori se met en garde en reculant la jambe droite. Uke devra trouver la distance par rapport à l'attaque de Tori. Tori annonce son attaque et, après un moment de concentration, la lance avec le plus de conviction et de détermination possible. La défense et la contre attaque de Uke sont libres.
Uke devra rester un instant sur sa technique de contre-attaque afin de bien la définir.

Après chaque attaque, les deux candidats reviennent en Hachi ji Dachi et Tori se met en position inverse pour répéter la même attaque du membre opposé. L'attaque s'effectue toujours avec la jambe ou le bras arrière.

On demande cette forme de kumité, car la défense, dans l'idée martiale, doit pouvoir s'exécuter depuis une position naturelle.

Critères de notation :

Partie spécifique

Le candidat peut choisir la voie compétition ou la voie traditionnelle. En choisissant la voie compétition, il devra gagner un nombre minimum de combat. En choisissant la voie traditionnelle, il devra démontrer des applications des katas. Il sera également évaluer sur du Jyu Ippon Kumité et du Jyu Kumité.

Ceinture noire 2ème dan

Liste des katas : Tekki Nidan, En-pi, Jion, Hangetsu et Kanku Daï

Le deuxième dan est un grade similaire au premier dan. Il s'agit d'une confirmation dans la progression du karaté ka.

Ceinture noire 3ème dan

Kihon

Les blocages et attaques de pieds et de poings sont demandées dans différentes positions et avec différentes formes de déplacements choisies parmi toutes celles envisagées par le karaté-do.

Les enchaînements sont plus complexes et peuvent comporter, mais sans excès, des changements de position et/ou de direction.

Le jury peut interroger le candidat sur le sens, l'application, l'intérêt et l'opportunité de quelques techniques de base.

Jiyu Ippon kumité

Le nombre d'attaque est de 5.
Tori doit lancer son attaque au moment opportun. Il effectuera un travail de recherche de distance afin de placer efficacement sa technique. La perception de l'attaque devra être particulièrement sensible et la contre attaque judicieusement utilisée, avec des opportunités en Sen no Sen (contre attaque directe en anticipant l'attaque) ou go no sen (blocage suivi d'une contre attaque). La notation prendra en compte le travail de Uke et celui de Tori, les candidats assurant tour à tour les deux rôles.

Kata

Liste des katas : Gangaku, Jitte, Kanku Sho, Bassaï Sho et Jiin.


Parole d'un grand maître :


Taiji Kase

La progression idéale telle que l'enseignait Taiji Kase

"Avec cinq ans de pratique, on obtient la ceinture noire. Les techniques de base sont mémorisées, c'est le "baccalauréat". Après dix ans, on a de bonnes bases techniques. C'est à ce niveau seulement que l'on peut prétendre commencer à enseigner régulièrement. En quinze ans, on a eu le temps de former parfaitement le corps et les techniques viennent spontanément. L'esprit s'éveille. C'est le niveau 4ème dan. Avec vingt ans, au niveau 5ème dan, c'est la compréhension du karaté qui s'approfondit. Le mental, toujours en éveil s'élève à la dimension du physique. A partir de ce temps de pratique, on ne change plus de voie, le destin est tracé. Trente ans... Avec une pratique régulière, c'est le temps de l'accomplissement : le corps exprime la pensée naturellement, en parfaite harmonie. Plus tard, vers quarante années de pratique, aux alentours du 8ème dan, une certaine forme de sensibilité spirituelle, télépathique, se développe. A ce niveau, c'est l'esprit qui progresse... Pendant tout ce parcours, la réflexion, la remise en question intérieure accompagnent le travail physique. Pratique et réflexion ne doivent pas être séparées. Dans les premières années, la mentalité est primitive, l'opposition agressive. En évoluant, on comprend que la pratique du karaté-do, ce n'est pas de tuer l'autre, mais de l'aider à progresser à son tour dans la voie. L'adversaire devient partenaire..."

 

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Dernière mise à jour : 11 mars 2006
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