VACANCES EN CORSE DU 28 JUIN AU 14 JUILLET 2002 

   Voici un aperçu de nos vacances en Corse à vélo. Vous y trouverez toutes nos péripéties ainsi que le trajet effectué. Au cours de ce voyage nous avons parcouru environ 600 km, dont à peu près 450 en Corse. Le reste correspond à nos escales en France lors de nos trajets en train ainsi qu'aux kilomètres parcouru à Nice, Marseille et Montpellier. Il ne faut pas oublier que le vélo était notre seul moyen de locomotion, donc chaque petit déplacement s'ajoute au compteur. 

   En espérant que cet aperçu de nos cyclo-vacances vous donne l'envie d'en faire de même. Et si la Corse vous fait peur, commencez par un endroit un peu moins vallonné.

Trajet effectué en France

Trajet effectué en Corse

    Remarque: Vous le constaterez probablement alors autant vous en parler tout de suite: sur les différentes photos que vous allez voir, c'est toujours moi que l'on voit en train de gravir les côtes; jamais Eric. Pourquoi ? Et bien, il y a quelques explications purement scientifiques à cela:

    - C'est un homme, je suis une femme, et nous n'avons donc pas la même masse musculaire. L'effort à fournir est moindre pour lui que pour moi. Résultat: il arrive au sommet de la côte avant moi.
    - Il a un vieux vélo acheté à Emmaüs qui n'a que 4 vitesses. Le mien, un peu plus récent, en compte 21, alors forcément je m'en sers. Pour avancer, je mouline alors qu'Eric, lui, est obligé de monter systématiquement en danseuse sur son vélo. Résultat: Il arrive au sommet de la côte avant moi.
    - Eric n'aime pas perdre son temps dans les côtes. Il trouve (à juste titre d'ailleurs) que ça réduit le temps consacré à la visite des lieux et au repos. Je n'en pense pas moins mais je ne peux pas, cela dit, gravir les côtes par la simple force de la pensée. La volonté ne suffit pas toujours... Résultat: Il arrive au sommet de la côte avant moi.

   Le résultat étant invariablement le même, voici la suite des évènements: Arrivé en haut, il a donc tout le temps de boire, de s'étirer un peu, de dégainer l'appareil photo et de me flasher en plein excès de lenteur. Puis j'arrive enfin à sa hauteur et j'ai à peine le temps de souffler que c'est déjà reparti !


Vendredi 28 juin

    Nous partons pour la gare de Nantes de bon et frais matin. C'est grisant de partir alors qu'il fait encore nuit et que la ville dort toujours. Et déjà nous rencontrons une première difficulté à laquelle nous n'avions pas pensé: nos porte-bagages étant très chargés, on a du mal à tenir notre cap car nos vélos ont une fâcheuse tendance à se balancer de gauche à droite à chaque coup de pédale. En plus, on attaque par une côte au sortir de chez nous: on est tout de suite dans l'ambiance ! Mais bon, on s'habitue vite aux charges que l'on transporte et au bout de quelques minutes on les a déjà presque oubliées. Il faut rester prudent cependant car la moindre embardée ou le moindre coup de pédale un peu appuyé et nous manquons de perdre notre équilibre. 
    Arrivés à la gare, nous rencontrons un 2ième problème (et oui, déjà !), que nous avions également sous-estimé: Pour monter les vélos dans le train il faut d'abord en détacher les bagages soigneusement arrimés. Ensuite, je les passe rapidement à Eric qui les installe aux endroits prévus à cet effet. Puis je lui passe les vélos tant bien que mal (les trains sont souvent assez haut par rapport aux quais) qu'il installe lui-même tant bien que mal dans le dernier wagon ou il y a un tout-petit-riquiqui-compartiment à vélos. Et ceci, dans le meilleur des cas, car parfois ce compartiment n'existe pas et nous plaçons les vélos entre deux toilettes qui se font face. Nous partons enfin de Nantes à 6 h 38 et nous laissons bercer par le cahotement du T.E.R. 

    Voici notre parcours ferroviaire pour le moins saccadé:

    6 h 38     Nantes   =>    7 h 32      Angers 
    11 h        Angers   =>    12 h 01    Tours 
    12 h14    Tours     =>    14 h 22    Nevers  (déjeuner sur les bords de Loire)
    18 h 27   Nevers   =>    19 h 15    Moulins 
    19 h 31   Moulins  =>    19 h 57    St Germain des Fossés (bivouac près de l'Allier)

Samedi 29 juin

    6 h 56    St Germain des Fossés    =>    8 h 48      Lyon (petit déjeuner près de la gare)
    9 h 25    Lyon                               =>    13 h 07    Marseille (déjeuner au vieux port)
    14 h 23  Marseille                         =>    17 h 04    Nice     

Port de Marseille

   Ce voyage nous aura coûté 84.20 € pour nous deux avec nos cartes 12-25 ans, en "tarif lent", en 2ième classe.

Voyage dans la "soute à bagages" (Marseille-Nice)

        Nous nous disons que, vraiment, la SNCF ne fait rien pour favoriser les cyclistes. Tout d'abord, il faut deux jours entiers pour traverser une partie de la France en train + vélo, alors qu'il ne faut qu'une journée si on n'a pas de vélo. Sans parler des très nombreux changements qui deviennent de vraies expéditions quand il faut monter et descendre des escaliers avec vélos et bagages ! J'imagine le calvaire que doivent rencontrer les personnes handicapées en fauteuil roulant qui souhaitent voyager en train... Nous prenons alors la décision qu'à l'avenir, train autorisé aux vélos ou pas, nous tenterons notre chance. Tout dépend de la compréhension du contrôleur et du nombre de passagers dans le train. Au pire, on essaiera de lui faire pitié ou alors je lui ferai du charme... Tous les moyens sont bons.
    Cela dit, nous sommes enfin à Nice. Nous piquons la tente au camping "La Laune", à Peillon , à 12 km de Nice 
(10.25 €).

Dimanche 30 juillet

    Nous passons une journée "tranquille" à visiter Nice ou nous prenons et reprenons je ne sais combien de fois la "Promenade des Anglais" qui fait plusieurs kilomètres de long. Ca roule tellement bien ! Et puis, là au moins, on est à l'abri des automobilistes. Il faut dire que la circulation à Nice est très dense et puis, il faut bien l'avouer, les gens roulent n'importe comment (comme à Marseille d'ailleurs). Beaucoup de motards ne portent pas de casque, alors imaginez les cyclomotoristes... Les automobilistes roulent très vite et chacun applique son propre code de la route: circulation sur les voies de bus, stationnement en double, voire en triple file, ou même à contre sens... Sans blague ! Moi qui trouvais que les nantais se comportaient mal au volant... Alors imaginez 2 petits cyclotouristes chargés et de surcroît pas pressés. Et bien on se fait klaxonner de toutes parts... Alors vive la "Promenade des Anglais" ! 
    On profite de cette belle journée pour prendre un petit bain dans la Méditerranée.  Nous nous mettons ensuite à la recherche d'un camping le long de la route de Grenoble mais ne trouvons rien. Nous revenons alors sur nos pas et dînons sur le vieux port de Nice. Nous commandons des moules / frites mais c'est la croix et la bannière pour obtenir une seconde, puis une troisième assiette de frites. Le serveur n'est pas particulièrement aimable et n'a pas l'air de se rendre compte que les assiettes qu'il nous apporte ne suffisent pas à satisfaire nos appétits. Il faut bien que l'on fasse des réserves car les journées à venir vont être assez fatigantes. Mais bon, il faut croire qu'ils n'ont pas l'habitude de servir des sportifs dans ce restaurant. Gros mangeurs, allez voir ailleurs ! Nous passons enfin la nuit à l'hôtel le moins cher du coin: l'hôtel 1ère classe, près de l'aéroport (36.46 €).

Lundi 1 juillet

    Nous petit déjeunons à Nice dans un café près du port où nous voyons arriver notre bateau. Nous embarquons à 8 h 15 avec "Corsica Ferries" pour arriver vers 13 h à Calvi (40.60 € pour nous, les vélos et les différentes taxes). En descendant du bateau, le câble de frein arrière du vélo d'Eric casse et on ne tardera pas à le remplacer car on a prévu des câbles de rechange. Nous déjeunons à la pizzeria "Capuccino" à Calvi. On y mange d'excellentes pizzas calzone et des raviolis au brocciu. En dessert, nous nous régalons de tartelettes aux figues fraîches. 

    Puis on passe enfin aux choses sérieuses. Fini de rigoler ! Nous enfourchons nos vélos en début d'après-midi direction l'Ile Rousse. Le trajet le long de la route nationale s'avère être long et fatigant. De toute façon nous comprendrons vite qu'en Corse, le simple fait de s'éloigner de la côte de quelques centaines de mètres pour rejoindre la route la plus proche implique un énorme dénivelé. Même les routes qui longent la côte surplombent les plages d'assez haut.
 

   Nous arrivons cependant entiers à l'Ile Rousse et piquons notre tente au camping "Les Oliviers" (13 €). Nous allons ensuite pique-niquer sur la presqu'île de l'Ile Rousse en profitant du paysage.

 


Mardi 2 juillet

    Nous nous levons tôt pour attraper le train reliant l'Ile Rousse et Ajaccio (72 €). De 8 h à 13 h nous voyageons dans deux trains différents.

Gare de Calvi Changement de train à Ponte Leccia Passage sous un vieux tunnel Gare de Corte

Gare de Vizzanova

    Nous nous laissons bercer par les cahots et admirons les paysages qui défilent sous nos yeux. Eric en profite pour prendre plusieurs photos de trains, de voies ferrées et de gares. Le trajet se passe sans encombre mais il faut cependant s'accrocher car les trains et les rails sont assez âgés et nous sommes ballottés dans tous les sens. Au cours du voyage nous faisons connaissance avec un jeune corse qui nous parle avec passion de son île. 

Un viaduc

Gare entre Corte et Ajaccio

Ouvriers entretenant la voie ferrée Gare près d'Ajaccio Arrivée en gare d'Ajaccio

    A Ajaccio nous faisons une petite visite de la ville mais nous sommes rapidement attirés par le marché. Nous y découvrons plein de spécialités locales et avons envie de goûter à tout. Nous modérons cependant nos envies et nous contentons d'acheter du saucisson de sanglier, du fromage corse, des confitures (châtaigne / figue / arbouse) et des beignets fourrés aux oignons et aux poivrons que nous dégustons sur place. Puis nous terminons notre déjeuner au port de plaisance face aux riches touristes qui se gavent de foie gras et de champagne sur leurs bateaux de luxe.
    Nous n'avons même pas fini de digérer que nous reprenons nos vélos direction Coti-Chiavari. Cette route grimpe énormément et sur la fin nous sommes même contraints à descendre de nos montures pour continuer à pieds. On arrive tout juste à maintenir une vitesse de 3 / 4 km/h. On décide alors que, quoiqu'il puisse nous arriver, nous ne reprendrons pas cette route pendant notre séjour. Le soir nous campons au camping "La Vallée" à Coti-Chiavari (11.60 €). Nous profitons de l'heure tardive pour aller nous baigner (la plage est à quelques mètres). L'eau est bonne (c'est facile comparé à notre Océan Atlantique habituel !) et la plage quasi-désertique. Nous qui nous attendions à croiser beaucoup de touristes à cette période de l'année, nous somme très agréablement surpris par le calme ambiant. On a parfois presque l'impression de se retrouver dans un pays étranger tellement les paysages sont différents de ceux que l'on a l'habitude de voir. En plus, ça parle toujours Corse autour de nous, ce qui renforce ce sentiment de dépaysement total.

Mercredi 3 juillet

  Nous reprenons la route de Coti-Chiavari jusqu'à Propriano. Le trajet  est toujours aussi épuisant, mais on commence à s'y faire. Il faut avouer que nous n'avons pas vraiment les vélos adaptés à ce genre de parcours. Et puis nous ne sommes que des cyclistes du dimanche. Alors forcément, pédaler tous les jours demande un certain temps d'adaptation. Mais comme après la pluie vient le beau temps, après la côte vient la descente. 


    Les pentes sont les récompenses des efforts fournis dans les côtes. Dans les côtes, on sue et on en bave. Dans les pentes, on sèche et on profite de l'air chaud qui nous fouette le visage. Parfois nous descendons tellement vite des routes en lacet que les voitures restent derrière nous pendant plusieurs kilomètres, incapables de nous doubler. Nous restons prudent tout de même et nous invitons les candidats au périple à bien respecter les distances de sécurité et à s'assurer de l'efficacité des freins. 
    Arrivés à Propriano, nous déjeunons sur la plage "Cala di Copabia" et profitons de l'après-midi pour nous baigner et nous balader. C'est une ville très agréable qui nous a tout de suite plu à tous les deux. Le soir nous dînons à "l'Ambata" près du port de Propriano, ce qui ne gâche rien. Nous sommes sur une terrasse avec vue sur la mer, nous mangeons d'excellentes pizzas et rencontrons des savoyards forts sympathiques avec qui nous discutons pendant une bonne partie du repas. A vrai dire, ils ont l'air assez attirés par notre façon de voyager mais n'y pensent pas vraiment car ils ont deux jeunes enfants. 

    Nous cherchons ensuite un endroit pour bivouaquer. Comme nous savons que le camping est très réglementé en Corse et le bivouac interdit presque partout (il y a des panneaux partout pour vous le rappeler), nous nous éloignons de la ville à la recherche d'une plage. Il fait déjà nuit et nous sommes simplement éclairés par la lumière de la lune et de nos lampes de poche. Nous n'avions pas prévu de rouler de nuit, mais nous nous sommes fait surprendre par le coucher de soleil. Cela devient difficile et même dangereux de continuer à pédaler dans ces conditions. En plus, nous apercevons une voiture de Police au loin qui patrouille.

    On décide alors de descendre nos vélos sur la plage la plus proche, de dérouler nos sacs de couchage et d'attendre demain. Il fera plus jour. Au lever du soleil nous voyons donc où nous avons passé la nuit: sur la plage de "Capo Lauroso", entre des herbes, des bouts de bois et des gravillons. La prochaine fois on s'y prendra plus tôt !


Jeudi 4 juillet

    Le petit déjeuner est vite avalé et les affaires vite rangées puisqu'on n'a pas à replier la tente ce matin. Tant mieux ! Nous nous sommes rendu compte que nous n'aurions pas le temps (ni l'envie) de retourner jusqu'à Ajaccio le vendredi 12 pour reprendre le bateau: la route est beaucoup trop fatigante car plus que vallonnée. Nous changeons donc nos billets pour la traversée: nous repartirons de Propriano dans quelques jours. On peut alors quitter Propriano tôt le matin pour rejoindre Sartène en fin de matinée. Le village de Sartène se trouve à 250 mètres d'altitude et nous profitons de la fraîcheur matinale pour avaler la côte. De 11 h à 16 h  nous restons à Sartène à l'ombre de la vieille ville. On y déguste des spécialités sur la place du marché et faisons la rencontre d'un vieux sarténais sympathique qui nous raconte un peu l'histoire de son village et ses habitudes de vie. Il est heureux dans son village perché sur la colline. Il faut dire que Sartène est aussi une très belle ville même si elle n'a rien à voir avec Propriano: pas de vue sur la mer, mais des vieilles bâtisses en pierre couvertes de fleurs et des petites ruelles pavées.

Vue de Sartène Petite ruelle pavée dans Sartène Place du marché à Sartène
    Nous repartons vers 16 h, direction le camping à la ferme "U Cavallu Senza Nome" que nous avons repéré dans le "Guide du Routard". Un petit panneau en bord de route nous indique qu'il faut emprunter un petit chemin en terre sur quelques kilomètres pour y parvenir. On ne peut pas tomber dessus par hasard car il est éloigné de tout: de la route et des grandes agglomérations. C'est un endroit très sympathique avec une vue imprenable sur une paroi rocheuse. En plus, ce n'est pas très cher pour un camping corse: 9.50 € la nuit pour 2 personnes. 

    Car si la Corse est un très beau "pays", il n'en est pas moins cher. Tout (ou presque) est plus coûteux que sur le continent: les campings, mais aussi la nourriture. Avant de dîner nous allons à pieds à quelques centaines de mètres de là car nous avons remarqué à l'aller un panneau devant une maison indiquant qu'ils vendaient des produits frais fabriqués sur place. Nous y achetons du pain noir (ou "panoa" comme le prononce cet agriculteur d'origine allemande) et des fraises bien mûres et sucrées.
    Nous sommes tranquillement en train de pique-niquer au camping quand nous apercevons soudain une épaisse fumée noire se dégager d'une colline toute proche. Nous voyons aussitôt des canadairs virevolter au dessus de nos têtes et comprenons alors qu'il s'agit d'un incendie de forêt. Nous nous inquiétons de la possible propagation des flammes et en faisons part aux propriétaires des lieux. Ils nous rassurent vite: le foyer est à plusieurs kilomètres d'ici et les pompiers s'activent depuis un moment déjà. Les autochtones ont malheureusement l'air d'être habitués à ce genre de problèmes. On en profite pour demander aux propriétaires du camping s'il n'y a pas déjà eu un incendie ici-même car les arbres nous semblent morts, comme brûlés. Et en fait, non. Ce sont des chenilles qui ont fait tous ces dégâts. Elles mangent tous les végétaux et en arrivent même à creuser les troncs d'arbres, qui finissent petit à petit par dépérir. C'est apparemment un autre grand fléau qui touche la région, très probablement aggravé par le réchauffement climatique. Nous restons tout de même sur nos gardes quand nous voyons enfin les fumées disparaître et les canadairs cesser leur ballet. Nous faisons la connaissance d'un couple passionné par la plongée sous-marine et habitant Toulon. Il nous font part du sentiment d'insécurité qui règne dans tout le Sud de la France: ils ont déjà été cambriolés cinq fois pendant qu'ils étaient en vacances et nous expliquent que le seul moyen d'être à peu près tranquilles est d'investir dans des minuteurs qui allument la lumière le soir en leur absence. Nous n'avons pas ce genre de problèmes à Nantes. Nous pouvons donc dormir sur nos quatre oreilles. (Et oui, nous sommes deux !)

Vendredi 5 juillet

    De bon matin nous quittons le camping "U Cavallu Senza Nome" pour Bonifacio. De toute façon, même si on avait voulu se lever tard on n'aurait pas pu à cause de la chaleur dans la toile de tente et de la lumière du soleil qui traverse nos paupières. Sur la route nous passons devant le " rocher du lion". Au loin, on aperçoit plusieurs criques accessibles uniquement par la mer et quelques "passages de sangliers". La région que nous traversons est désertique. Nous déjeunons sur une jolie plage du Golfe de Figari à l'ombre des rochers.     L'après-midi on se contente de lézarder, de se baigner, de boire et de chercher de l'ombre. Et puis on vadrouille aussi: on explore tous les petits chemins et on profite de tous les points de vue. Le soir nous pique-niquons au camping "Araguina" de Bonifacio (13.30 €) puis visitons la vieille ville. 
 

Port de Bonifacio

Grand escalier dans Bonifacio

Le "grain de sable" à Bonifacio

    Bonifacio est magnifique avec ses falaises abruptes et ses maisons perchées sur les hauteurs. Dans la ville il y a partout de grands escaliers qui remplacent les habituelles portes d'entrée des maisons. Ils sont très hauts, abrupts eux aussi et donnent accès aux domiciles. Dans les rues on voit donc très peu de portes d'entrée mais beaucoup d'escaliers interminables. C'est vraiment un type d'architecture particulier, que nous n'avons encore jamais vu auparavant.


Samedi 6 juillet

      Le matin nous embarquons pour une petite croisière aux Iles Lavezzi avec "Roca Croisières" (35 €). Cela nous permet d'avoir d'une vue imprenable sur Bonifacio. C'est une ville qui ne peut pas se visiter que de l'intérieur car toute sa beauté se révèle vue de la mer.

Falaises de Bonifacio

   

Voilier amarré aux Iles Lavezzi

    Le bateau nous emmène près de l'île de Cavallo où le guide nous fait part de son profond mépris pour cette "réserve naturelle devenue réserve de milliardaires". Cette île compte notamment une résidence de Johnny Halliday. Si vous voulez passer une nuit à Cavallo, prévoyez 230 € au minimum ! Les corses n'aiment pas qu'on s'approprie leur paradis avec de l'argent. Ils en font une question d'honneur. Sur cette petite île, des résidences ont été construites illégalement. Ah, le pouvoir de l'argent ! Ces riches se sont sont complètement approprié l'île et se réservent le droit de refuser les quidams qui souhaiteraient y accoster. C'est donc avec un brin d'insolence que le bateau pénètre dans le port de Cavallo alors que nous n'accosterons pas et que le capitaine monte le son pour que les habitants de l'île entendent bien les commentaires houleux du guide. 

  Sur les Iles Lavezzi il n'y a rien que des herbes, des rochers et quelques lézards. Quel calme ! Il n'y a même pas une seule poubelle. C'est une réserve naturelle, un des rares endroits que l'on essaye de préserver de l'Homme. Cependant, on y trouve ça et là des détritus laissés par des touristes sans gêne. Tous les soirs il y a même une équipe de nettoyage qui passe les îles au peigne fin pour ramasser les éventuels déchets. Tout cela gâche un peu le charme de cet endroit qui paraît tout compte fait "artificiellement naturel". Nous passons toute la matinée à nous promener sur les différents sentiers de l'île. Parfois on s'arrête pour mettre nos lunettes de plongée et aller observer les poissons. Nous tentons de déjeuner sur le bateau en revenant des Iles. Je dis bien "tentons" car il y a tellement de houle que nous sommes ballottés dans tous les sens. Les vagues viennent se briser sur la coque du bateau et arrosent nos sandwiches achetés au port le matin même. D'ailleurs, les guides prennent un malin plaisir à nous éclabousser en accélérant de plus en plus. 

    Nous arrivons donc au port de Bonifacio trempés mais contents de notre aventure. Heureusement que nous n'avons pas le mal de mer ! Dans l'après-midi nous visitons le petit aquarium de Bonifacio (6 ou 7 € / pers.), creusé dans la roche. Le soir nous dînons et campons dans le même camping que la veille. 

Retour au port de Bonifacio

Falaises à Bonifacio


Dimanche 7 juillet

    Nos muscles s'étant reposés pendant 24 h, nous repartons en pleine forme de Bonifacio pour rejoindre Porto Vecchio. En plus nous avons de la chance car il paraît que c'est la route la plus droite et la plus plate de toute l'île. Nous parcourons donc environ 40 km dans la journée sans trop fatiguer. La ville par contre est très haut perchée et nous y montons à pieds en poussant nos vélos. Le midi nous mangeons des moules / frites à Porto Vecchio et le soir nous dînons et bivouaquons sur la plage de St Cyprien, dissimulés entre des buissons.


Lundi 8 juillet

    Le plus dur est à faire et nous le savons: nous allons devoir traverser l'île. Je m'étais mise en condition psychologique: j'allais en baver. Pourtant, c'est toujours plus difficile qu'on l'avait prévu. Nous faisons dans la journée la route Porto Vecchio => Zonza. Ca grimpe horriblement et nous sommes obligés de nous arrêter très fréquemment pour boire et reprendre notre souffle. En fait, notre seul objectif  est chaque fois d'atteindre le prochain virage, puis le suivant et puis celui d'après... On progresse par sauts de puces mais on progresse. Cette extrême lenteur nous permet au moins de bien observer tout ce qui nous entoure car nous faisons des pauses plus que fréquentes.
    Nous constatons donc à plusieurs reprises que les panneaux d'indication sont vandalisés. Sur la plupart on remarque simplement que le nom écrit en français est réécrit par dessus en corse. Mais parfois on trouve des panneaux (à l'écriture française) complètement saccagés par des trous de balles de révolver. Ca a de quoi faire frémir... En fin de matinée nous arrivons enfin au Col d'Illarata (1008 m.). Il était temps !  Nous déjeunons sur les bords d'un lac artificiel bordé de sapins, au creux d'un énorme rocher. 

Photo souvenir après 1008 mètres d'efforts intenses

Lac artificiel

     Déjeuner au creux d'un rocher

    Après, c'est cool: ça descend plus ou moins. Enfin, on a des côtes et des pentes jusqu'à Zonza, et c'est déjà mieux que ce matin. Le paysage a bien changé: nous pénétrons dans une forêt de résineux où l'ombre est très agréable. Arrivés au village, nous piquons la tente au camping municipal (11 €) et visitons les environs. 


Mardi 9 juillet

    Si la veille nous avons mis de très longues heures pour rejoindre Zonza, nous mettons aujourd'hui à peu près deux heures pour redescendre jusqu'à Propriano. Vous vous rendez compte ? Deux heures de pure descente ! Rien que pour ça, ça vaut le coup d'en baver un peu dans l'immense côte qui précède. On a vu les aiguilles de Bavellas et le pont génois de "Spin' A Cavallu". Nous passons le reste de la journée à déambuler dans les rues de Propriano et à manger des glaces. 

Au loin, les aiguilles de Bavellas

Le pont génois de "Spin a Cavallu"

    Le soir nous bivouaquons à nouveau sur la plage de "Capo Lauroso" qui est devenu notre QG. 

Dîner au crépuscule

Réveil sur la plage de "Capo Lauroso"


Mercredi 10 juillet

   Au petit matin nous sommes réveillés par des bruits gutturaux... qui proviennent de vaches, d'un âne et d'un cheval. C'est la première fois que nous voyons des animaux sur la plage. Apparemment ils se promènent en totale liberté. Il nous arrivera même un peu plus tard de trouver des chèvres sur la route, en sortie de virage. Il faut donc rester très prudents, surtout lorsqu'on roule vite. En effet, les animaux circulent à leur gré puisqu'ils ne sont pas parqués.

    Nous décidons d'aller voir la célèbre plage de Campomoro qui se trouve au bout d'une route en cul de sac de plusieurs kilomètres de long. La route est  assez étroite et les automobilistes s'impatientent parfois derrière nous. Franchement, les corses conduisent vraiment n'importe comment. Encore pire qu'à Nice et à Marseille je crois. Ils foncent dans les virages en serrant à gauche et on manque souvent de voir un accident. En tout cas, on reste sur nos gardes et on essaie surtout de pas trop nous balancer dans les côtes, ce qui n'est pas facile quand on est en danseuse sur un vélo chargé.

  

    Puis nous arrivons à Campomoro. Le mieux c'est que l'eau est très claire et qu'on peut voir tout plein de poissons. Nous allons donc les observer grâce à nos lunettes de plongée. Puis nous prenons exactement la même route Campomoro- Propriano. Ensuite nous cherchons un camping pour la nuit. Ce n'est pas qu'on n'aime plus dormir sur la plage, mais je crois qu'on a besoin d'une bonne douche, surtout après notre baignade de cet après-midi. Nous nous arrêtons donc au camping "Colomba" de Propriano (12.90 €).


Jeudi 11 juillet

    Aujourd'hui nous décidons d'aller visiter le site de Filitosa qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de là. On y reste de 12 h à 13 h 45 (4 € / pers. + 5 € le livre guide). C'est un site naturel où il y a des sculptures très anciennes faites dans la pierre. La plupart représente des statues-menhirs.

Le site de Filitosa Un énorme cactus à Filitosa

Statue-menhir à Filitosa

    Nous déjeunons sur la route du retour près de la plage à l'ombre d'un arbre. Pourquoi pas sur la plage ? Parce qu'il n'y a pas un seul arbre et qu'il fait beaucoup trop chaud pour que deux petits bretons restent en plein soleil. De retour à Propriano, nous dînons au restaurant "Nicoli", aussi dit "Le Resto Sympa". C'est vrai, l'ambiance y est très sympa et ce n'est franchement pas cher en plus. Puis nous bivouaquons comme à l'accoutumée sur la plage de "Capo Lauroso".


Vendredi 12 juillet

    Et voilà, c'est déjà l'heure du retour. Nous partons de Propriano à 8 h 45 sur un bateau de la SNCM qui nous déposera à Marseille vers 18 h le soir-même. (Prix du voyage: 99.80 € pour nous deux à la base mais en tout 117.22 € à cause de la modification faite le 4 juillet). La traversée se passe sans encombre sur le "Danièle Casanova", un ferry flambant neuf construit en Hollande et qui naviguait depuis seulement cinq jours. 

    Pour passer le temps nous allons assister à une conférence organisée par la SNCM qui traite de la faune et la flore de la Mer Méditerranée. Nous apprenons de nombreuses choses, notamment sur les dauphins et sur les mesures de prévention et de répression mises en place pour préserver cet espace naturel. En effet, les traversées entre le continent et la Corse ou la Sardaigne sont si fréquentes que les ferry doivent respecter certains trajets pour ne pas nuire à l'environnement et ne pas trop perturber les animaux qui y vivent. 


    Après, nous continuons à discuter avec le jeune homme de l'association "Souffleur d'Ecume"qui a donné la conférence. Il nous fait gentiment bénéficier de son privilège et nous emmène tout à l'avant du bateau, sur la passerelle. D'ici, on a la meilleure vue, alors on en profite pour guetter les dauphins au loin, puisqu'il paraît qu'on en voit souvent. Mais bon, nous n'avons pas de chance ce jour-là: rien à l'horizon.
    Lorsque nous arrivons au port de Marseille, le ferry fait un beau "créneau" qui lui prend de longues minutes. Nous saluons le capitaine et son équipage et débarquons. Nous dînons à Marseille puis filons à la gare pour prendre un billet pour le prochain départ vers Montpellier. Coup de chance: nous avons à peine à attendre car nous quittons Marseille à 22 h 14 pour arriver à 0 h 03 à Montpellier. (19.60 € pour nous deux avec nos cartes 12-25 ans). Comme prévu, j'appelle mon frère Jonathan chez qui nous avons prévu de passer la nuit.


Samedi 13 juillet

    Nous nous reposons un peu et visitons la ville de Montpellier à pieds. Nous dormons à nouveau chez mon frère.


Dimanche 14 juillet

    Nous profitons de notre dernière journée dans le sud pour flâner. Notre train doit partir à 0 h 08, donc nous avons encore le temps. Cette nuit, en nous dirigeant vers la gare, nous passons au beau milieu d'un concert en plein air. Puis nous attendons notre train, et attendons, et attendons... En fait, il arrive avec 1 h 30 de retard mais cela n'a pas beaucoup d'importance: nous ne sommes pas pressés et puis de toute façon, nous allons passer toute la nuit dans le train. Nous arrivons donc à Nantes vers 10 h 30, un peu-beaucoup courbaturés et encore fatigués. Ce n'est pas facile de dormir dans le train, pliés en quatre. Mais bon, nous nous rattraperons les prochains jours. (Prix du voyage: 66.20 € pour nous deux avec nos cartes 12-25 ans). Il ne nous reste plus qu'à parcourir les quatre petits kilomètres qui séparent la gare de notre appartement.    

 

    Voilà, notre périple touche à sa fin. Snif ! C'était bien, vraiment bien. Nous prévoyons déjà d'y retourner, mais quand ? La prochaine fois nous ferons sûrement la partie nord que nous n'avons pas du tout visitée cette année. La fatigue est presque déjà oubliée et ne restent plus que les bons souvenirs. 

    Comme quoi, la Corse à vélo, c'est faisable. Mais bon, il faut être un minimum entraîné si on veut pouvoir profiter du voyage sans se focaliser sur ses bobos. Nous ne sommes pas des sportifs de haut niveau, loin de là. Juste des sportifs du quotidien. Alors, si vous voulez vous lancer, ça en vaut vraiment la peine. Ces vacances à vélo, ça laisse des souvenirs indélébiles et très forts. 

    Cette première expérience ayant été très concluante, nous décidons de repartir en vélo l'année prochaine, mais nous ne savons pas encore où... Sûrement quelque part où le relief est plus clément...

 

 

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Dernière mise à jour : 11 mars 2006
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