Vacances sur le Canal de Nantes à Brest Du 3 au 9 août 2003



    Le canal de Nantes à Brest fait 360 kilomètres de long et compte 238 écluses. 

    Nous avons décidé de partir en train de Nantes à Brest puis de prendre le chemin du retour en vélo.

    Nous avons parcouru un peu plus de 450 km pendant cette semaine, en comptant toutes nos vadrouilles.

 



                                 Dimanche 3 août    AM: 12km        PM: 51 km        Total: 63 km    

    Nous nous réveillons à 5 h 45 et c'est une des rares fois de ma vie que je suis contente de me lever si tôt. Toutes nos affaires sont déjà prêtes. Nous n'avons plus qu'à prendre un bon petit déjeuner et à mettre nos brosses à dents dans nos sacs. Voilà, nous sommes prêts à partir pour la gare de Nantes. Nous partons avec le train de 6 h 40 qui arrivera à Brest à 10 h 40. On en a pour 45 € à tous les deux; 18 € pour Eric grâce à sa carte 12-25 ans et 27 € pour moi en tarif découverte 12-25 ans. On profite du voyage pour terminer notre nuit...

    Nous pique-niquons sur la rade de Brest, sur un gros rocher plat. Le fromage (à pâte dure) que nous avons amené ressemble déjà à de l'huile et nous nous résolvons à ne plus en acheter des vacances.

 

   
 Nous profitons de notre passage à Brest pour visiter l'Océanopolis (14.50 € / pers.). La climatisation est beaucoup trop forte et nous avons froid pendant toute la visite. Cela dit, la visite est plutôt agréable, entre autre grâce au fait qu'il n'y a presque pas de clients ce jour-là. Les gens viennent le visiter quand il pleut, alors imaginez le calme en pleine canicule. 

Si vous observez bien vous devriez y voir la tête d'une otarie en train de nager

 

    Puis nous enfourchons nos montures vers 16 h 30 sans autre but précis que de se rapprocher de Port Launay. Pendant une bonne partie du parcours nous cherchons un endroit pour bivouaquer sans en trouver un qui nous convienne à tous les deux. 

Un pont à voiture et un pont interdit aux véhicules 
à moteur, à la sortie de Brest



 A Port Launay, dernière écluse du canal  
(écluse de Guily Glas n° 237)

   
    Tant bien que mal et après de houleuses discussions, nous arrivons enfin à Port Launay, dernière écluse du canal, à 21 h 30 . Nous entreprenons donc de piquer la tente à la tombée de la nuit au camping municipal, éreintés dès la première journée car la route n'était qu'une succession de côtes et de pentes. Nous dînons ensuite d'une grosse plâtrée de pâtes pour reprendre des forces.     
    Le camping ne nous a rien coûté car nous n'avons trouvé aucun agent communal pour payer notre nuitée.

 

 
  Lundi 4 août            AM: 6 km        PM: 30km        Total: 36 km

    Gros dodo pour récupérer de la fatigue de la veille. Nous nous levons à pas d'heure, ce qui explique les 6 petits km parcourus le matin. Il n'y a pas de douche au camping et pas d'eau chaude non plus. Mais bon, à la guerre comme à la guerre: toilette au gant et à l'eau froide. Brrr...

    Nous déjeunons à Châteaulin dans une crêperie en bord de route.

    Départ à 13 h 30 sur le chemin de halage qui ne commence qu'à Châteaulin. Il fait chaud, le paysage est beau, tout est calme quand soudain, au passage d'un écluse, nous nous faisons courser par un énorme chien enragé aux babines retroussées (qui s'est finalement avéré être un gentil petit fox terrier). Eric parvient à semer le chien qui aboie furieusement et se rapproche dangereusement de son mollet. Moi, qui le suis, j'essaie de faire de même mais je dérape malheureusement sur les gravillons, chute et fait une belle glissade au sol. Le chien, ou plutôt devrais-je dire la chienne (elle s'appelle Mignonne) s'en va gentiment, contente de son effet. Comme je n'ai mal nul part, j'envisage de me relever et de repartir quand Eric me dit que j'ai du sang partout et qu'il serait plus raisonnable d'aller demander de l'aide au propriétaire de l'écluse du Buzit. 

L'écluse du Buzit (écluse n° 225)

    La dame me donne les premiers soins et m'emmène ensuite d'urgence chez son médecin chez lequel j'ai quand même droit à 10 points de suture sur l'avant bras et quelques pansements. Forcément, dans mon état nous ne pouvons pas continuer tout de suite notre périple et Danielle, l'éclusière, nous dépose gentiment au camping le plus proche, celui de Pont Coblanc (6 €).

 

   
Mardi 5 août  
          AM: 12 km        PM: 50 km        Total: 62 km

    Le matin nous prenons notre temps pour remplir la déclaration commune d'accident et visitons la petite île que possède Danielle. C'est d'ailleurs un endroit très sympathique qui vaut le détour. Il faut avouer qu'on aurait pu tomber plus mal: l'écluse est très jolie et l'éclusière fort sympathique.

    Nous pique-niquons près de l'écluse n° 222.

    Nous reprenons nos vélos en début d'après-midi. On s'arrête faire une bonne pause/sieste à l'ombre de 16 h 45 à 18 h 45. Puis nous pédalons à nouveau jusqu'à 20 h 15. Il fait tellement chaud en août sur les bords du canal que nous  préférons  rouler le matin (de bonne heure si possible) et le soir. L'après-midi nous essayons de nous reposer en général car nous craignons l'insolation et les coups de soleil (que nous n'avons pas vraiment  réussi à éviter cependant).

  
    Le soir, nous pique-niquons près de l'écluse n°192 et bivouaquons sur le bord du canal. On préfère faire du bivouac de temps en temps car les campings sont souvent éloignés du canal et forcément, ça grimpe... Et puis c'est tellement plus sympa de s'endormir en écoutant le clapotis de l'eau.

Petit déjeuner près de l'écluse n° 192

 

    Le seul vrai inconvénient est l'absence d'eau potable, mais nous avons trouvé un moyen assez pratique pour y remédier: nous avons en permanence un bidon de 5 litres d'eau avec nous qui nous sert pour nous laver, faire cuire nos aliments et faire une vaisselle sommaire. Par contre elle est imbuvable: beaucoup trop chaude!


Mercredi 6 août
        AM: 42 km        PM: 22km        Total: 64 km

    Nous nous levons à 7 h 45 pour commencer à rouler à 9 h. On n'a pas le choix si on veut profiter de la relative fraîcheur du matin. On arrive dans la matinée à la tranchée de Glomel. Pour franchir la montagne armoricaine, les ingénieurs ont dû découper le plateau sur une longueur de 3 km et une profondeur de 23 mètres. Cet immense travail a été fait à la pelle et à la pioche par 600 bagnards qui ont peiné pendant des années (vers 1820) pour déplacer cette montagne de terre et de boue. Aujourd'hui, les flans de la saignée sont totalement boisés et on ne se rend plus vraiment compte du travail qu'a représenté la Grande Tranchée de Glomel. Entre le bief de partage (point culminant: 184 mètres) et le confluent avec l'Hyère, le canal va perdre 108 mètres en 43 écluses et 18 km. 

    Nous faisons quelques courses à Gouarec pour pique-niquer un peu plus loin à proximité de l'écluse n°139. Le repas  est suivi d'une sieste, comme souvent. De toute façon, il n'y a que ça de raisonnable à faire à cette heure de la journée. 

  Nous roulons une bonne partie de l'après-midi pour finir la journée au Camping de Mûr de Bretagne (6.10 €), près du lac de Guerlédan. Eric profite de la fin d'après-midi pour s'y baigner. Moi, je me contente de le regarder car ma blessure à l'avant bras est encore trop douloureuse pour m'aventurer parmi le sable et les algues.
    Sous ce lac sont englouties 17 écluses !

Vue partielle du Lac de Guerlédan


Jeudi 7 août 
  
          AM: 43 km        PM: 46 km        Total: 89 km   

    Réveil à 7 h 30 pour décoller à 8h 45. Avec l'habitude, on a pu se rendre compte qu'il nous fallait en moyenne 1 h 15 /      1 h 30 chaque matin pour prendre le petit déjeuner, se laver et plier bagages.

    Courses à Pontivy et pique-nique à l'écluse n° 75.

    L'après-midi nous parcourons 46 km en 3 h 10. Il faut dire que la chaleur et le chemin de halage gravillonné ne permettent pas de conserver une allure soutenue. Alors nous prenons notre temps en profitant du calme et du cadre naturel qui s'offre à nos yeux . Ca fait vraiment du bien de passer des journées entières sans bruits de moteur et sans respirer de gaz d'échappement. L'après-midi nous empruntons l'ancienne voie de chemin de fer qui relie Mauron à Questembert. Elle a été goudronnée et est désormais exclusivement réservée aux piétons et aux vélos. On en profite pour faire une petite visite du bourg de Ploërmel avant de revenir sur nos pas.

    Nous dînons à Josselin. La ville surplombe le canal et nous sommes obligés d'y accéder à pieds car même debout sur nos pédales on a l'impression de reculer. Après avoir cherché en vain dans tout le bourg un endroit où manger des moules/frites (j'ai parfois des envies de femme enceinte, des idées fixes), nous nous faisons une joie de trouver un petit restaurant qui sert de l'andouillette au cidre + frites + vin blanc. Malgré la pause goûter, on a déjà très faim car la route, ça creuse! On s'est régalé mais je me demande encore si le vin n'était pas de trop car la tête commençait sérieusement à nous tourner. Attention au mélange soleil + fatigue + alcool donc !



Arrivée au Château de Josselin

    Une fois nos esprits retrouvés, nous parcourons encore plusieurs kilomètres pour nous arrêter finalement quelque part entre les écluses 29 et 30. 

Quelque part entre les écluses 29 et 30.

    Ce soir-là nous décidons de faire un petit feu de camp près de notre bivouac car s'il fait très chaud en journée, il fait plutôt frais dès la nuit tombée. Mais bon, il faut avouer que c'est surtout pour le plaisir de se blottir en écoutant le canal et en observant les petites chauve-souris qui tournoient au dessus de nos têtes. Et oui, on n'est jamais vraiment seuls ! Je me rappelle bien ce soir-là: Eric a acheté dans la journée du melon. Et comme à son habitude, il a tout acheté en gros. Nous nous retrouvons donc avec quatre gros melons bien mûrs sur les bras... qu'il nous faut stocker dans la tente pour la nuit. Même si c'est très bon le melon, cela fait un peu bizarre de s'endormir en ayant l'impression olfactive d'être au beau milieu d'un marché.


Vendredi 8 août
  
      AM: 55km        PM: 23 km        Total: 83 km

    Réveil à 8 h 15 pour partir à 10 h. Nous roulons toute la matinée et pique-niquons à l'écluse n° 27 puis continuons jusqu' à Malestroit pour y faire une longue pause en attendant que la chaleur diminue. 

    23 kilomètres plus loin nous arrivons au camping municipal du Pont d'Oust -Peillac- (7.10 €). C'est un camping très agréable où nous piquons la tente sous un immense saule pleureur, un de mes arbres préférés. A l'accueil on apprend que nous sommes à deux pas du "sentier des châtaigniers", l'un des arbres préférés d'Eric. Que demander de plus ? Nous partons donc faire cette balade et découvrons de très beaux châtaigniers dont voici quelques clichés.

Quelques beaux spécimens sur "Le Sentier des Châtaigniers"

Samedi 9 août            AM: 27 km        PM: 56 km        Total: 83 km

    Réveil à 8 h 30 et départ à 10 h 30. Ce matin-là Eric n'est pas pressé de partir. Il prend tout son temps (je sais, c'est les vacances !) mais je le presse car j'ai un mauvais pressentiment: je suis sûre qu'il veux que l'on rejoigne Vigneux de Bretagne le soir-même. Il ne faut donc pas partir trop tard si on veut avoir le temps de faire toute la route dans la journée. Comme il me maintient que ce n'est pas dans son intention et que nous pouvons encore faire une escale avant Vigneux, je suis rassurée de savoir qu'on ne va pas galoper et que nous pouvons continuer notre périple à l'allure de la balade. J'ai cependant quelques doutes car je sais qu'on ne va jamais assez loin ou assez vite à son goût.

    Nous faisons des courses à Redon et pique-niquons à l'écluse 16 ou 17 (?).

    L'après-midi nous pédalons sous une chaleur torride et la route ne nous est pas favorable car sur cette portion du chemin de halage il n'y a aucun arbre sur plusieurs kilomètres. Et puis la route se fait monotone car les écluses deviennent de plus en plus rares tellement le dénivelé est faible. Nous faisons une petite pause à 16 h à Guenroët où nous mangeons des glaces et buvons des boissons glacées pour nous rafraîchir. 
    Nous avons encore beaucoup de route à parcourir car Eric vient enfin de m'avouer qu'il compte rallier Vigneux ce soir: "on est si près du but, on ne va pas s'arrêter maintenant". Ben voyons... Le temps de me faire à cette idée, de passer un coup de fil à mes parents pour les prévenir que nous arriverons probablement vers 21 h, et nous sommes repartis. Plus on avance dans les terres et plus il fait chaud. Dans la journée il fait quasiment 10 degrés de plus à Nantes qu'à Brest. J'ai beau être sportive mais je n'en peux plus et je donne à Eric presque tout mon chargement pour me délester un peu. C'est affreux de rouler sur le bitume: ça emmagasine la chaleur. La fin du parcours est la plus laborieuse et la route qui rallie Fay de Bretagne au Temple de Bretagne fait plus de 10 kilomètres de long, toujours tout droit. 
    Nous arrivons enfin chez mes parents, ce qui marque la fin de notre aventure. Mon frère, qui ne m'a pas vue depuis plusieurs mois, me reconnaît à peine tellement je suis bouffie par la fatigue et la chaleur. Une bonne douche, des vêtements propres, des grillades et ça va déjà beaucoup mieux.

    Nous racontons notre voyage à mes parents et comparons nos expériences puisqu'ils ont fait à peu près le même chemin deux semaines plus tôt. Bilan des courses: ça vaut le détour, à l'unanimité, même si on aurait apprécié des températures plus clémentes.

    Il ne nous reste plus qu'à rentrer tranquillement chez nous, à Nantes, à environ 25 km de là.

    Pour nous guider dans ce voyage nous avons utilisé "Le Canal de Nantes à Brest - Guide du randonneur" de Lauriane et Jacques Clouteau, paru aux Editions du Vieux Crayon (23 €).Cet ouvrage donne de précieux renseignements sur l'hébergement et le ravitaillement. Il nous aide également à nous repérer parmi les 238 écluses et nous indique les curiosités semées au bord de la voie d'eau par des siècles d'histoire. 
    Selon les auteurs, il faut 2 semaines pour effectuer les 360 km du canal à pieds, si vous marchez 25 km par jour. Comptez 12 jours si vous marchez vos 30 bornes quotidiennes. A vélo, prévoyez entre 5 et 12 jours environ, tout dépend des haltes que vous ferez.

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Dernière mise à jour : 11 mars 2006
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