Pourquoi l'effet de serre est-il au départ un phénomène naturel providentiel ?

La réponse à cette question tient dans la comparaison avec les planètes voisines de la Terre.              

Sur ce schéma, on voit la température des planètes les plus proches du soleil si elles étaient dépourvues d'atmosphère. On peut considérer que la zone habitable est la zone où l'eau peut se trouver majoritairement à l'état liquide, entre 0 et 100°C. 
En supposant que ces quatre planètes (Mercure, Vénus, la Terre et Mars) soient dépourvues d'atmosphère, on s'aperçoit que seule Vénus se trouve dans la zone de température potentiellement habitable. Mercure est évidemment trop chaude car trop proche du soleil. La Terre et Mars sont par contre trop froides car trop éloignées du soleil. Sans atmosphère, la Terre aurait une température à sa surface de l'ordre de -15°C. 

Ce deuxième schéma montre les températures réellement observées à la surface de ces planètes. Mercure et Mars sont des planètes pour ainsi dire sans atmosphère et il n'y a pas de modification notable par rapport au schéma précédent. Par contre la Terre et Vénus possèdent une couche gazeuse à leur surface et leur situation a bien évolué. Vénus possède un atmosphère très riche en gaz carbonique. Il y règne un gigantesque effet de serre où la température atteint 460°C en surface. La vie y est totalement impossible car l'eau y est sous forme de vapeur. La Terre possède un atmosphère faiblement enrichi en gaz à effet de serre, mais suffisamment pour élever sa température dans la fourchette propice à la vie. Sans l'effet de serre que procure son atmosphère, la Terre ne pourrait pas accueillir la vie. C'est pourquoi l'effet de serre est un phénomène naturel providentiel.

Prenons garde à ce que l'effet de serre anthropique (lié aux activités humaines) ne fasse pas évoluer les conditions de température en dehors de la fourchette propice à la vie. Le danger d'un emballement du phénomène existe bel et bien.

Eric Souffleux

Bibliographie :
Hubert Reeves (avec Frédéric Lenoir), Mal de Terre, Seuil, Paris, 2003.