Le  STRETCHING  chez le cheval d'attelage

     Le stretching consiste en la mise en condition physique fondée sur le principe de la contraction (tension) puis du relâchement (détente) du muscle, précédent son étirement. (définition du Larousse).

1 )  BASES  DE  CETTE  TECHNIQUE

 *  ORGANISATION  DU  CHEVAL
 Le cheval est un vertébré parce que sa constitution s'appuie sur un squelette osseux. Les os qui assurent la rigidité de l'animal sont reliés entre eux par soudure (crane), par du cartilage (cage thoracique), ou par des articulations qui permettent le mouvement. Les muscles fixés sur cette charpente mobilisent les os les uns par rapport aux autres et permettent les déplacements de l'animal.

   Deux principes régissent l'adaptation de l'animal à son milieu :
     - la "nature" ne fait pas de choses inutiles, elle est fainéante. Ainsi un cheval au repos pour tendinite verra ses muscles fondre (la fonction entretient l'organe). Dans le même ordre d'exemple le cosmonaute, en apesanteur pendant des mois, voit son squelette se déminéraliser car il n'a plus grand chose à soutenir.
     - tous les tissus ou organes ont une marge d'adaptation aux contraintes auxquelles ils sont soumis. L'entraînement va développer les capacités respiratoires, circulatoires et musculaires du cheval.

   Les muscles peuvent être classés en deux groupes selon leurs fonctions :
     - les muscles posturaux proches des articulations complètent l'action des ligaments et des capsules articulaires, et contribuent à maintenir l'intégrité du squelette pour un faible degré de mouvement.
     -  Les muscles dynamiques sont plus gros et leurs grands degrés de mouvements assurent le déplacement de l'animal. Pour chaque articulation il y a au moins deux muscles antagonistes : lorsque l'un est en contraction, l'autre est en étirement et inversement.

(dessin prévu ici)

                                     Humérus

                                   Biceps                                   Triceps   en étirement
                          en contraction

                                                                                Coude

   Le système nerveux gère tout ceci. Les organes des sens (la vue, l'ouïe, l'odorat, la peau), et des récepteurs renseignent le cerveau sur la position statique de l'animal dans l'espace, d'autres le renseigne sur l'état de contraction ou d'étirement de chaque muscle. Le cerveau intègre ces données et commande les muscles en produisant un tonus postural par automatisme, ou un mouvement volontaire.
    Les automatismes posturaux du système nerveux central fonctionnent dans une certaine plage d'amplitude de mouvement propre à l'individu. Cette plage est déterminée comme étant tout mouvement ou toute attitude que le cheval a l'habitude d'avoir.
     Le rôle du stretching est d'agrandir cette plage d'amplitude par stimulation des récepteurs en positions extrêmes. Ainsi l'engagement des postérieurs pourra être amélioré car la limite de flexion du postérieur sera augmentée et le commencement du mouvement d'extension sera retardé.
     Le stretching en amplifiant chaque mouvement articulaire, stimule les récepteurs musculaires, articulaires et cutanés, ce qui informe le cortex cérébral et reprogramme progressivement les limites de mouvements tolérés avant que le cheval ne se mette en défenses.

 *  INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES DU STRETCHING

 - La contracture musculaire
     C'est une réaction de défense à un phénomène douloureux physique (coup), biochimique (toxine, acide lactique...), qui s'auto entretient. En effet la contracture entraîne une raideur articulaire, puis une compression des vaisseaux sanguins donc une mauvaise irrigation des tissus, ce qui augmente la douleur et accroît la contracture.
     Le massage de la région contracturée va participer à l'élimination des toxines et réchauffer le muscle et l'articulation, puis le stretching  va remettre le muscle en mouvement et améliorer son amplitude d'activité.

 - La résistance antagoniste
     Le muscle travaille toujours en contraction, l'étirement est un mouvement passif. Autour d'une articulation, un muscle se contracte tandis que le muscle antagoniste subit un étirement. La résistance à l'étirement fait perdre de l'efficacité au muscle qui se contracte. Cette résistance peut être due à un mauvais synchronisme neurologique des deux mouvements, ou à un signal d'arrêt de l'étirement trop précoce pendant le mouvement. Le stretching repoussera l'apparition du signal d'arrêt de l'étirement.

 - Les troubles statiques
     Lors de mauvais aplombs ou de séquelles de traumatismes, des muscles vont travailler plus que d'autres pour compenser. Le stretching va rétablir une amplitude de mouvement normale aux muscles qui travaillent moins.

Rappels concernant le massage :
 * Rôle du massage :
  Le massage dans le sens du retour veineux améliore le drainage de la région massée, puis réchauffe les tissus
 * Techniques du massage :
  Le massage ne se fait pas à contre sens du poil, sauf pour les membres. Il commence par une friction dans le voisinage de la zone à dénouer, suivie de frôlements de la zone douloureuse. Puis les manipulations et les pressions sont renforcées.
   La friction est obtenue par une pression alternative de la paume ou des doigts (mains posées l'une sur l'autre). Dans les gouttières paravertébrales la pression est exercée par le plat du coude fléchi.
   Le massage mobilisant consiste en un pétrissage à deux mains du corps musculaire.
   Le massage décollant sur les zones cicatricielles consiste en un soulèvement puis un roulement du pli cutané.
   Le massage vibration se fait en tapotant le muscle avec le plat de la main, dans un mouvement saccadé.
   Le massage de drainage se fait en effleurage à mains planes, les deux mains entourant le membre dans un mouvement de bas en haut pour résorber les épanchements, ou en pression glissée sur les autres parties du corps.
  

2 )  LA  SÉANCE  DE  STRETCHING

   Elle se fait sur un cheval qui a été échauffé quelques minutes en main et qui a pu faire ses étirements spontanés au sortir du box. Le cheval est amené sur une surface plane d'un lieu calme pour qu'il soit attentif à la séance. Il est tenu au licol, du coté de l'opérateur.

 - Première séance :
      Elle permet de déterminer quelles sont les articulations verrouillées ( dont l'amplitude de mouvement est la plus faible ) qui devront être particulièrement manipulées. Sur une fiche de suivi on peut repérer toutes celles qui présentent une restriction de mobilité. Toutes les articulations sont passées en revue en flexion, en extension, en rotation. Chaque manoeuvre de test est réalisée une à deux fois, mais pas plus pour ne pas impatienter le cheval.

 - Deuxième séance :
        Là, commencent les véritables étirements. Les antérieurs et les postérieurs seront étirés chacun vers l'avant puis vers l'arrière. Vous saisissez le membre par le paturon et vous le dirigez lentement dans la direction choisie. Lorsque le cheval se donne, la tension, la résistance du membre disparaissent, puis reviennent lorsque le cheval s'aperçoit que son amplitude d'élongation habituelle est dépassée, et il ramène son membre à son point neutre. Il faut accompagner ce retour et recommencer le mouvement une deuxième fois.

        Les étirements des membres se répercutent sur le dos :
                           postérieurs vers l'arrière creusent le dos
                           postérieurs vers l'avant  bombent le dos
                              antérieurs vers l'avant  abaissent le garrot
                              antérieurs vers l'arrière abaissent la tête du cheval
        L'extension, la flexion et la rotation de la tête agissent sur les cervicales hautes, la rotation et l'inclinaison de l'encolure agissent sur les autres cervicales.

 - Séance type :
     Enchaînement sur les antérieurs : Flexion Extension Rotation du paturon et du boulet, Flex de l'antérieur, Rota de l'antérieur, Ext de l'antérieur vers l'arrière puis vers l'avant, Ext - abduction, Ext - adduction, Étirement de l'épaule, glissement de l'omoplate.
      Enchaînement sur les postérieurs :Flex Ext Rota du paturon et du boulet, Flex du postérieur, Etir du postérieur vers l'arrière puis vers l'avant, Rotation grasset-hanche, abduction, adduction.
      Enchaînement sur la colonne vertébrale : Flex Ext cervicales hautes, Rota tête, Etir de l'encolure vers le haut puis vers le bas, Rota de l'encolure, mobilisation du dos en latéralité, Ext de la queue.

 3 ) INTERET  DU  STRETCHING

   - Lors de l'échauffement :
 En fin d'échauffement, sur des muscles chauds, le stretching permettra d'évacuer les tensions de stress, éveillera la vigilance du cheval en informant ses récepteurs articulaires d'atteinte d'amplitudes de flexion ou extension inhabituelles.

  - En récupération d'effort :
  Le gros de la récupération (élimination des toxines et acide lactique accumulés dans le muscle) se fera au trot pendant quelques minutes. Ceci permettra au coeur de rester à plus de 120 battements par minute et au sang de bien irriguer le muscle. Le stretching sera orienté vers des étirements légers sans rechercher la contraction de retour en fin d'étirement. Le retour en flexion sera un mouvement passif  pour le cheval;

  - En rééquilibrage du cheval vers la souplesse :
  Pour accroître l'amplitude des déplacements musculaires (engagement des postérieurs..) et donc améliorer les performances, pour dénouer des états de contracture des muscles profonds de la colonne (assouplissement du dos)

CONCLUSION

   La séance de stretching vise surtout à étirer les muscles pour augmenter l'amplitude des mouvements du cheval. Ceci se fait doucement tant que le cheval se donne, puis il faut accompagner le mouvement de retrait qui doit tendre vers la passivité. Lors de séance d'ostéopathe, celui ci cherche à aller au bout du mouvement de flexion ou d'étirement, pour déclencher un mouvement brusque des muscles antagonistes (mouvement de retrait actif). Cette secousse ébranle l'articulation concernée ou la colonne vertébrale et remet en place la vertèbre déplacée.
    Le stretching et l'ostéopathie n'ont pas les mêmes visées : les étirements de l'un sont hygiéniques, les étirements de l'autre sont médicaux donc spécifiques à une pathologie bien identifiée.

                                                                              Guy  Souffleux

Pour en savoir plus :

 BOUDARD  Jean Michel - Le stretching pour votre cheval - Edition Cheval Magazine - 2001 - 127 pages

 EVRARD  Pascal - Introduction à l'ostéopathie structurelle appliquée au cheval - Olivier éditeur - 2002 - 413 pages

HUGUET-OTHENIN Delphine - Techniques d'immobilisation et de rééducation du cheval de sport - Thèse Doc Vét Lyon 2001 - 236 pages

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