Préparation d'une randonnée en attelage
par Dr Guy SOUFFLEUX (9 avril 2006)
Randonner à deux attelages peut se faire sous le mode de
la pure aventure, sans savoir comment se fera l'hébergement du soir.
Au delà, on devient envahissant pour un hôte éventuel, et les portes
s'ouvrent plus difficilement. Il faut donc avoir reconnu le secteur au
préalable, en prenant contact avec les futures hôtes.
Conduire un groupe d'attelages pour découvrir une région nécessite une bonne préparation pour que ce qui devrait être une gentille randonnée de groupe ne devienne pas un enfer. Il faut d'abord déterminer la région à visiter pour son intérêt architectural ou paysagé ou historique, et vérifier la présence de chemins carrossables en nombre suffisant car on ne peut pas lancer une colonne de dix attelages sur un chemin en cul de sac. Il faut réfléchir à l'hébergement et aux points repas. Il faut prévoir l'espace pour stocker les véhicules, parquer les chevaux., les nourrir et les abreuver.
Les arrêts pour un groupe de 5 à 6 attelages peuvent être spontanés et permettent des rencontres, des moments de détentes conviviaux.
1) CHOIX DE LA REGION
En fonction du nombre de jours disponibles et de la position des points essentiels à visiter, la randonnée se fera en trèfle à partir d'un point fixe, ou en progression avec un lieu d'hébergement différent chaque soir. Dans ce cas, ce sont les positions des gîtes ou autres moyens d'hébergements qui déterminent la longueur des étapes.
Sachant que la vitesse moyenne en randonnée est inférieure à 8 km/h, la
visite de deux châteaux (une heure trente par château) est permise au cours
d'une étape de 30 km. Une étape dans laquelle l'intérêt est surtout paysagé,
peut mesurer 40 km.
2) CHOIX DE L'HEBERGEMENT
L'hébergement concerne les véhicules motorisés, les chevaux la nuit, les meneurs le soir et la nuit.
* Cas de la randonnée en trèfle
Il faut trouver un lieu pour accueillir les véhicules (voitures, camions, camping-cars, plateaux, vans), pour installer des paddocks pour les chevaux, avec point d'eau, pour permettre aux randonneurs de dîner et dormir, et d'avoir des sanitaires.
Il peut s'agir d'un gîte d'étape (salle pour manger, chambres pour dormir)
avec une prairie à proximité. Les véhicules y seront stockés, et les
paddocks aménagés.
Il peut s'agir simplement d'une prairie équipée d'une arrivée d'eau et de
toilette de campagne. Dans ce cas les randonneurs dorment sous la tente, dans
les camions ou les camping-cars.
- Intérêt : pas de transfert de véhicules, paddocks installés pour tout
le séjour
- Inconvénient : des chemins peuvent être utilisés plusieurs fois au cours
des parcours
· Cas de la randonnée itinérante
- avec véhicule suiveur :
Il faut prévoir à chaque étape un terrain avec de l'eau, pour stocker les
véhicules, faire les paddocks, lié ou non à un gîte. Chaque soir ou matin
les véhicules sont convoyés à l'étape suivante. Ainsi chaque meneur dispose
de son véhicule pour transporter la nourriture de son cheval, ou pour dormir.
Intérêt : découverte d'une plus grande région, dans des gîtes variés
Inconvénient : perte de temps chaque soir pour les transferts de véhicules, pour les créations de paddocks, dépaysement chaque soir pour le cheval qui de ce fait mange insuffisamment.
- en autonomie :
Chaque meneur dispose de son matériel de camping, de ses vêtements, de ses
piquets de clôture sur son attelage. Cependant les points de chute pour la nuit
auront été visités, de la nourriture pour les chevaux y aura été déposée
à l'avance.
Intérêt : randonnée plus près de l'aventure
Inconvénient : voiture plus chargée donc traction plus fatigante pour le
cheval, dépaysement chaque soir pour le cheval qui de ce fait mange
insuffisamment.
3) CHOIX DU PARCOURS
Il doit permettre de visiter les monuments ou sites intéressants en
respectant les heures d'ouvertures, ou les heures de la marée lors de
franchissements de grèves au bord de la mer.
Ces visites seront des contraintes qui détermineront l'heure du départ le
matin.
Les sites étant déterminés, il faut rechercher l'itinéraire qui permettra de les atteindre en utilisant le plus possible de chemins. Cependant le goudron n'est pas à éliminer complètement car il permet d'avancer plus vite, pour pouvoir lambiner plus tard dans les chemins et profiter de la nature.
Dans tous les cas, les itinéraires auront été reconnus par un meneur capable de bien évaluer si les attelages peuvent passer et dans quelles conditions.
Sachant qu'en randonnée, l'attelage est susceptible de devoir franchir des points particuliers: passages à gués, pont de bois, passerelle métallique, des raidillons… Ainsi l'itinéraire pourra être jugé sans difficultés, ou sportif, ou aventureux.
En particulier, il faut se souvenir que les talus doivent se franchir perpendiculairement, car en oblique la voiture se retrouve en dévers important et chavire.
Les participants seront donc prévenus de la nature de la randonnée lors de leurs inscriptions, et les accidents seront évités : avoir le galop 5 pour la randonnée tranquille, le galop 7 pour la randonnée sportive, être muni de tronçonneuse, pioche et cordes de rappel pour la randonnée aventureuse… et parfois de tuba si la randonnée emprunte un chemin de halage!
Le parcours peut être balisé (ce qui demande la présence de personnes plaçant les flèches le matin et les enlevant le soir), le parcours peut être cartographié. Ces deux options permettent à des attelages de faire la randonnée en solitaire, le meneur en ayant assez de lutter contre son cheval qui veut absolument mettre sa tête dans la voiture qui précède. L'esprit de convivialité ne se retrouve plus alors que pendant les arrêts.
· Cas de la randonnée en trèfle
Il faut prévoir le lieu du déjeuner à 20-25 km pour une boucle de 30 à 40
km. Ce lieu sera un restaurant non loin d'une prairie où seront parqués les
chevaux, ou un pré si possible dans un cadre agréable pour un pique-nique. La
2e option laisse libre cours à toutes les fantaisies du voyage, alors que la
1ère option exige des contraintes horaires pour se présenter au restaurant
vers 13h..
Les chevaux retrouveront leur paddock ou box chaque soir, et recevront leur
nourriture habituelle.
· Cas de la randonnée itinérante
Le transfert des véhicules moteurs se fait le matin ou le soir. Si c'est le
matin, tous les véhicules sont transférés à l'étape suivante à 30 ou 40
km, les passagers restent garder les chevaux. Tous les conducteurs reviennent à
bord de 2 ou 3 voitures qui vont rester au point de départ de l'étape. Le soir
il faut venir récupérer ces 3 véhicules.
Pour le transfert du soir, il faut commencer par emmener le matin les 2 ou 3
véhicules à l'étape suivante. Le soir, en arrivant à l'étape, il faut
reprendre les 3 véhicules pour aller récupérer les camions et camping-cars.
S'il y a beaucoup de participants à la randonnée, chaque soir un bus emmène
tous les conducteurs récupérer leurs véhicules laissés au point de départ
de l'étape..
4) EQUIPEMENTS A PREVOIR
- Matériel :
Ficelle de nylon (pour pincer une épissure défaillante), cordes (pour
remplacer un trait, pour attacher un seau et atteindre une eau profonde, pour
retenir la voiture en rappel lors du passage d'un talus), fil de fer (pour
remplacer un ardillon ou une boucle cassée, faire une épissure)
Pince universelle, pince multiple (pour remettre un bandage de roue dans sa
gorge), clés pour la voiture (purge des cylindres de frein), attache rapide
Scie, serpe ou petite tronçonneuse car on n'est jamais à l'abri de la chute
d'une grosse branche qui barre le chemin accidentellement.
Seau ou sac d'abreuvement, aliment habituel du cheval
Fers de rechange, clous et outils de maréchalerie
Matériel de pansage
Longe de 8m gainée dans un tuyau d'arrosage pour éviter les prises de longe
lors de l'arrêt du midi
- Soins infirmiers :
Pommade antiseptique pour érosion cutanée, plaie de harnachement, pommade
ophtalmique
Coton hydrophile en bande, bande en toile, bande collante
Solution antiseptique
5) ENTRAINEMENT A LA RANDONNEE
Les parcours de TREC attelage (Techniques de Randonnée Equestre de
Compétition), bien encadrés donc sécurisants, sont une bonne préparation à
la randonnée. Avant le départ, le meneur doit présenter son attelage en
parfait état de rouler en toute sécurité, muni de la trousse de maréchalerie
et d'une trousse de secours. Puis le POR (Parcours d'Orientation et de
Régularité) permet de vérifier l'aptitude du meneur à suivre un itinéraire,
tandis que le PTV (Parcours en Terrain Varié) le teste sur ses aptitudes à
passer un gué, à s'arrêter en côte montante et descendante puis à
redémarrer, à reculer dans un chemin creux ou entre des haies, à franchir un
raidillon, à rencontrer canard, mouton ou cochon… tout ce qu'un randonneur
rencontre au cours d'une promenade.
Guy Souffleux
Retour à la page d'accueil AVEMA