ÉLEVAGE DU POULAIN D'ATTELAGE

         

                                                                                                                                           par Dr Guy  SOUFFLEUX     (mai 2008)

  

        La spécificité d'être poulain d'attelage n'apparaît qu'au dressage à partir de 18 mois. Avant cet âge tout ce qui contribue à faire un bon cheval de sport, contribue aussi à faire un bon cheval d'attelage. Cela commence par un bon entretien de la jument gestante, avec une alimentation bien suivie en fin de gestation et pendant la lactation, puis une alimentation complémentée du poulain, l'installation d'une relation entre le poulain et l'homme pour favoriser le dressage.

        I) NAISSANCE

        Il faut prendre soin du futur poulain d'attelage bien avant sa naissance en lui permettant d'avoir une croissance harmonieuse dans le ventre de la jument pendant 11 mois. Sa croissance est très lente au début. Chez une jument de 500 kg, il mesure 35 cm de long à 5 mois de gestation et baigne dans 2 litres d'eaux fœtales, puis il n'atteint que 20% de son poids de naissance au 7e mois de gestation pour une longueur de 50 cm. Puis cela s'accélère pendant les 3 derniers mois de gestation pour mesurer 80 cm de long et baigner dans 11 à 20 litres d'eaux fœtales à 300 jours de gestation (3) . Pour cela le fœtus prélève de grandes quantités d'acides aminés, de sucres, de lipides et de minéraux du sang de la jument grâce à une placentation épithélio-choriale.
        Il s'agit d'un simple affrontement de parties choriales et utérines engrenées sur toute leur surface de contact. Les éléments nutritifs doivent donc traverser six couches tissulaires pour aller du sang de la jument vers le sang du poulain : endothélium vasculaire de l'utérus, tissus conjonctif, épithélium utérin, épithélium du placenta, tissus conjonctif du placenta, endothélium vasculaire du placenta. Cette barrière placentaire ne laisse pas passer nombre de grosses molécules : immunoglobulines, acides gras, glucides complexes, protéines. Elles sont dégradées dans le tissus conjonctif et l'épithélium utérin et synthétisées sous une forme spécifique dans l'épithélium et le tissu conjonctif placentaire. Cependant cette barrière est peu étanche aux substances étrangères : médicaments, virus, certaines bactéries.

        Entre le 8e et le 11e mois se déposent 80% de ce que le poulain contient en magnésium, et 90% de ce qu'il contient en calcium et phosphore. L'accumulation du cuivre, du zinc et du manganèse s'effectue surtout lors du 10e mois (9). Le poids du poulain à la naissance dépend plus de la mère (nutrition intra utérine) que du père car le dimorphisme entre l'étalon et la jument est faible, par opposition aux bovins pour lesquels la taille du veau dépend fortement de celle du taureau qui est bien plus gros que la vache. De ce fait, le niveau d'alimentation de la jument en fin de gestation a une grande importance pour le développement du poulain futur champion.

        1) ALIMENTATION DE LA JUMENT

        EN GESTATION

        Compte tenu du développement tardif du fœtus, la jument ne nécessite un supplément nutritionnel qu'à partir du 9e mois. A la fin de la gestation, la jument doit avoir gagné près de 13% de son poids, soit 65 kg pour une jument de 500 kg. (12). Du fait de l'encombrement croissant de l'utérus dans l'abdomen de la jument, la consommation de fourrage (foin ou herbe) diminue tandis que les besoins nutritionnels augmentent. Il faut donc donner à la jument des aliments concentrés plus énergétiques.

        Jusqu'au 8e mois de gestation, la jument se suffit de 10 kg de foin et d'une pierre de sel enrichie en oligo-éléments.

        En plus de la ration d'entretien devant apporter 5 UFC pour une jument de 500 kg, il faut lui donner 1 kg par jour de concentré de fin de gestation les 9e et 10e mois, puis 2 kg pour le 11 mois
        Son besoin énergétique passe de 5,4 UFC au 7e mois de gestation, à 6,5 UFC au 11e mois. Dans le même temps son besoin en matière azotée digestible passe de 340g à 485g.

        Au 10e mois elle a besoin chaque jour de :
        6 UFC, 485g de MADC, 39g de Calcium, 28g de Phosphore, 7g de Magnésium, 600 mg de zinc, 200 mg de Cuivre, 40 000 UI de vitamine A, 6 000 UI de vitamine D, 100 UI de vitamine E
        Ceci est couvert avec une ration
- de 7 kg de foin, 2 kg d'orge, 300g de soja et un complément minéral
- de 7 kg de foin, 1,5 kg d'avoine , 30 ml d'huile de colza ou de soja, 100g de soja et un complément minéral
        L'alimentation hivernale de la jument est le plus souvent sèche (foin, concentré) aussi son transit digestif peut être ralenti et générer l'élaboration de toxines microbiennes. Pour remédier à cela, un mash peut être proposé une fois par semaine à la place d'un repas. Ce mash peut être de confection individuelle ou tout préparé du commerce.

        Une sous alimentation de la jument peut donner naissance à un poulain chétif, et surtout sensible à l'anoxie lors d'un long poulinage par une jument épuisée.

        La carence en cuivre prédispose à l'ostéochondrose ou dégénérescence du cartilage articulaire. En effet le cuivre (comme le zinc) intervient pour hydroxyler la lysine et la proline participant à la synthèse du collagène puis des chondromucoïdes du cartilage (11). Le cuivre stimule aussi la néovascularisation du cartilage ce qui permet l'ossification enchondrale, c'est à dire la transformation du cartilage en os lors de la croissance de l'os. Lors de carence en cuivre, le cartilage s'épaissit car il ne se transforme plus en os en temps voulu, et se fragilise car sa nutrition par osmose se fait mal à cause de son épaississement ( le cartilage ne possède jamais de vascularisation interne pour le nourrir, sa nutrition ne se fait que par osmose périphérique d'autant plus efficace que le cartilage est peu épais).
Le lait de jument (comme celui des autres espèces) est déficient en cuivre ( 0,2 à 0,45 mg/l) et en zinc (1,8 à 2,5 mg/l), aussi le poulain doit-il avoir acquis un stock suffisant de Cuivre et de Zinc pendant la gestation.

        Une sur alimentation de la jument est aussi néfaste :

        - l'excès de concentré allonge la durée de la gestation, et augmente le poids du poulain avec des risques de poulinage difficile :

        Risques pour la jument du fait de dépôts de graisses dans le bassin, rétrécissant la voie de passage du poulain, entraînant des déchirures vaginales ou vulvaires.
        Risques, du fait de l'engraissement du foie de la jument, de modifier le métabolisme des hormones, des minéraux, ce qui conduit à un part languissant, une non délivrance, un risque de fourbure, une moindre production laitière.
        Risques pour le poulain de souffrances fœtales lors de poulinage trop long.

        - les excès d'apports de minéraux entraînent des compétitions d'absorption. Le calcium en excès alcalinise le milieu intestinal et diminue l'absorption des oligo-éléments. L'excès de zinc , obtenu lorsqu'on veut améliorer la dureté de la corne du sabot, limite l'assimilation du cuivre.

        - Les excès d'apport de vitamines A et D entraînent une fragilité osseuse, une hypercalcémie conduisant à des calcifications hétéro topiques des tissus mous.

EN LACTATION

        Le lait de jument ressemble beaucoup au lait de femme avec 20g de protéine par litre (35g pour le lait de vache), est sucré comme celui de la femme avec 65g de lactose (48g chez la vache), par contre il est maigre avec 15g de lipides (35g chez la femme, 40 à 50g chez la vache). Cependant ses lipides sont constitués de beaucoup d'acides gras oméga3. Le lait de jument est donc moins riche en énergie que le lait de femme et de vache. Il contient trois fois moins de calcium et de phosphore que le lait de vache.

        La jument de selle produit quotidiennement environ 15 litres de lait au bout d'un mois de lactation, puis 18 litres au pic de lactation vers le 3e mois, puis la production diminue à 10 litres au 7e mois. La jument de trait produit 20 litres à 1 mois, 26 litres au 3e mois, 12 litres au 7e mois.

        Avec ce lait le poulain va doubler son poids de naissance à l'âge de 1 mois, et le multiplier par 5 au sevrage, soit un gain journalier moyen de 1 kg pour un poulain de selle, et 1,5 kg pour un poulain de trait.

        Les besoins nutritionnels de la jument sont élevés pour produire tout ce lait. Ainsi au 1er mois de lactation son besoin énergétique est multiplié par 2 et son besoin azoté par 3. (8).

Apports alimentaires pour jument de selle de 500 kg

Matière Sèche UFC MADC Ca P Mg Na
Entretien 6 à 8 kg 4.6 300g 25g 15g 7g 12g
Lactation 1er mois 12 à 15 kg 10,7 950g 61g 55g 10g 15g
2e et 3e mois 10 à 15 kg 9,2 770g 47g 40g 9g 14g
4e mois et après 8 à 12,5 kg 7,5 660g 39g 32g 8g 13g

et 950 mg de zinc et 315 mg de cuivre.

        Pour une jument de trait poulinant fin avril au pâturage, une surface d'herbe de 1,5 ha couvre ses besoins. Elle va maigrir dans un premier temps, puis reconstituer ses réserves après le 4e mois. Cependant un apport de 2 à 3 kg d'aliment concentré est recommandé.

        2) POULINAGE

        Si la jument est bien suivie au niveau alimentaire, a une bonne hygiène de vie pendant la gestation, le poulain naîtra à terme vers 330 jours de gestation après un travail rapide. Il se mettra debout rapidement et ira téter. En entrant en contact avec l'intérieur de la cuisse de la jument, il déclenchera l'émission de phérormones apaisantes qui stimuleront ses narines et son cerveau. Ainsi la tétée remplira son estomac et apaisera son cerveau.
        Il est important que le poulain aille téter dés sa naissance. En effet le poulain bien qu'il naisse immunocompétent (il est capable de mettre en jeu ses moyens de défenses immunitaires pour synthétiser des anticorps en une douzaine de jours) , il n'a pas de défense humorale constituée, car l'étanchéité du placenta l'a empêché de recevoir des anticorps de sa mère.
        Sa charge en anticorps ne pourra se constituer qu'à partir du colostrum de sa mère qui est un concentré d'immunoglobulines puisqu'il en contient 2,5 fois plus que le plasma de la jument. Cependant l'absorption intestinale de ces grosses molécules protéiques que sont les immunoglobulines ne pourra se faire que pendant un court instant après la naissance. Si à la naissance 100% des immunoglobulines de la tétée sont assimilées et passent dans le sang du poulain pour assurer ses défenses immédiates, elles ne sont plus que 22% à pouvoir le faire 3 heures plus tard, et 1% 12 heures après la naissance (4). La tétée est donc la chose la plus urgente qui puisse arriver à un poulain nouveau né !
        La richesse du colostrum en immunoglobulines diminue avec l'âge de la jument. Elle est maximale au 2e poulinage, puis diminue aux suivants. Elle diminue chez les juments qui cirent beaucoup ou qui perdent leur lait avant le poulinage. Elle diminue rapidement après le poulinage du fait de la sécrétion du lait et de la dilution du colostrum, et en moins de 8 heures le taux d'immunoglobulines n'est plus que 15% du taux initial.

        Incidents au poulinage

        Toutes les causes provoquant un allongement de la durée du poulinage risquent de conduire à une souffrance fœtale résultant d'une mauvaise oxygénation du cerveau. Il peut s'agir de décollement placentaire précoce, de compression ou étirement de l'ombilic, de dystocie (fœtus mal placé, dilatation du col utérin insuffisante, engraissement excessif de la jument.. ). Les conséquences de cet état d'hypoxie cérébrale du poulain seront visibles dés la naissance ou n'apparaîtront que quelques heures à quelques jours plus tard :
        Le poulain n'a pas toute sa tête, il est en dépression, ne recherche pas sa mère, ou il présente des convulsions, n'a pas le réflexe de succion, ou plus grave il peut tomber dans le coma.
        Le traitement sera symptomatique et aussi visera à améliorer l'oxygénation et la perfusion cérébrale.
        Avec un traitement intensif, la survie des poulains atteints est passée de 55% en 1986 à 85% maintenant.
        Les poulains guéris ne présentent pas de séquelles sauf certains qui vont présenter une docilité excessive, des troubles de la vision, des tensions musculaires et des convulsions sporadiques.

        Les poulains ayant fait une septicémie néo-natale ont moins de chance de faire une carrière sportive, mais ceux qui passent les barrières de sélection ont des performances similaires aux autres poulains du même âge .

        Les poulains nés avant terme, soit avant 320 jours, sont considérés comme prématurés. Ils présentent des organes dit immatures (immaturité du surfactant pulmonaire, ossification incomplète du carpe et du tarse, tendons trop lâches) . Ce poulain immature aura moins de chance de trouver un niveau physique normal, et donc son avenir sportif sera très limité (1).

        II) CROISSANCE

        Par rapport aux autres espèces domestiques, le poulain a un poids élevé à la naissance 10 à 12% du poids adulte. Il ne perd pas de poids les premiers jours de vie et son gain de poids journalier atteint 1,9 kg pour un poulain de trait ou 1,4 kg pour un pur-sang pendant les quatre premières semaines puis se stabilise à 1,5 kg pour le poulain de trait et 1 kg pour le pur-sang pendant toute la période d'allaitement du fait d'une moindre efficacité énergétique de l'alimentation solide qui se met en place à partir de 3 mois.

        L'estomac du poulain a un faible volume. Naturellement il tête sa mère 60 à 70 fois par jour pour boire environ 150g à chaque tétée. En allaitement artificiel lors de mammite ou de mort de la jument, on lui prépare des buvées de 300 à 500 ml la première semaine de vie pour 10 à 8 repas par jour. A la fin du premier mois, il consomme le quart de son poids en lait chaque jour.
        Le poulain commence à goûter des aliments solides (herbe, granulés, céréales) dés la fin du premier mois. On peut donc mettre à sa disposition dés cet âge un aliment complémentaire du lait, contenant des produits lactés et du sucre pour le rendre plus appètent. Cet apport d'aliment solide sera déjà important dans sa ration à l'âge de trois mois.

        A l'âge de 15 mois, le poulain pur-sang a doublé son périmètre thoracique et augmenté de 50% la hauteur de ses hanches et la longueur de son corps. De la naissance à 12 mois, la croissance des os longs est prépondérante, de 12 à 24 mois, c'est la longueur du rachis, la largeur du poitrail et du bassin qui se développent.
        Ainsi à la naissance, la hauteur du coude est de 89% de celle de l'adulte chez le mâle, 88% chez la femelle, la hauteur au garrot est de 79% de celle de l'adulte chez le mâle et de 74% chez la femelle (7).
        Le périmètre thoracique égale la hauteur au garrot chez le trotteur âgé de 98 jours, chez le selle français de 114 jours, chez le pur-sang de 115 jours.

        Chez l'adulte, la hauteur du coude est 60% de la hauteur au garrot du trotteur, elle est de 58% pour le cheval de trait et les autres chevaux de sport.
Ainsi la mesure de la hauteur du coude du poulain de deux ans permet d'évaluer sa hauteur au garrot lorsqu'il sera adulte à 3 ans pour un cheval de sang ou à 5 ans pour un cheval de trait.

        Il ne faut pas rechercher une croissance trop rapide pour un poulain d'attelage dont la carrière doit durer une vingtaine d'années. En effet, il est prouvé que les rations trop énergétiques conduisent à l'embonpoint et préparent les lésions d'ostéochondrose.
Le poulain suralimenté en céréales produit une plus grande quantité d'os, de muscle, de graisse que le poulain nourrit sans excès. Il aura donc un besoin accru en minéraux et protéine.

        Le sevrage se fera entre 6 et 9 mois en éloignant la mère pour qu'elle n'entende pas les appels du poulain qui continueraient de stimuler sa production laitière.


ALIMENTATION D'HIVER

POULAIN de 6 mois à 1 an

Importance des besoins suivant la race:

UFC MADC Ca P Zn Cu
shetland 2.8 300g
haflinger 5.1 560g
trotteur 6 620g 39g 22g 600mg 200mg

25 000 UI vit A, 3 000 UI vit D, 50 UI vit E

        Ration à base de foin, orge, avoine, soja pour poulain trotteur:

        Le poulain de 250 kg de moins d'un an consomme 2,5 kg de matière sèche pour 100 kg de poids vif, soit 6,2 kg de MS. Pour des aliments secs (foin, céréales) cela représente environ 7,3 kg de produit brut.


UFC MADC Ca P Zn Cu
4kg foin --> 2 160 g 18.8 g 6 g 96 mg 16 mg
1,3kg avoine--> 1.1 110 g 1 g 4.3 g 26 mg 4 mg
2,5kg orge --> 2.5 200 g 2.2 g 8.5 g 52 mg 9 mg
Total : 5.6 470 g  22 g 19 g 174mg 29 mg

Il faut ajouter du tourteau de soja pour couvrir le déficit en protéines.

500g soja -->                 0,46                           193g                            1,6g                            3,1g                         25mg                              9mg

La ration totale apporte donc:
                                        6                                 660g                            23g                             22g                        200mg                             38mg

        Le complément minéral doit donc apporter 16g de calcium, 400mg de zinc et 160 mg de cuivre.

        Ration à base de foin, d'avoine et d'aliment du commerce:

2 kg foin                         1                                 80g                                 9,9g                             3g                             48mg                              8mg

4 kg aliment                     3,2                             380g                                 39g                             23g                         480mg                             100mg

2 kg avoine                     1,7                             170g                                 1,6g                             6,6g                         40mg                                 8mg
                                        ---                             ----                                 -----                             -----                         -----                                 -----
total                                 5,9                             630g                                 50g                              32g                         580mg                              116mg

        L'intérêt de l'aliment industriel est qu'il couvre à peu près les besoins en minéraux et oligo-éléments. Avec une teneur de 13% en cellulose, il n'est pas dangereux pour des consommations importantes et rend le rationnement plus facile.

POULAIN DE 2 ans

Importance des besoins suivant la race:

UFC MADC Ca P Zn Cu
shetland 3.4 280 g
haflinger 6.3 380 g
trotteur 6.8 420 g 36 g 20 g 600 mg 200 mg

        Par rapport au yearling, on remarque que le poulain de 2 ans a besoin d'un peu plus d'énergie, mais de beaucoup moins de protéines, donc la supplémentation par rapport au fourrage se fera uniquement en céréales, en surveillant bien le niveau d'apport calcique et d'oligo-éléments.

Ration à base de foin, orge avoine pour poulain trotteur de 2 ans

UFC MADC Ca P Zn Cu
6,5 kg de foin  3,25 260g 30,5g 9,7g 160mg 26mg
1,3 kg avoine  1,1 110g 1 4,3g 26mg 4mg
2,5 kg orge 2,5 200g 2,2g 8,5g  52mg 9mg
total  6,9 570g 33,7g 22,5g 238mg 39mg

Il manque 2 à 3g de calcium, 360 mg de zinc, 160 mg de cuivre.

Ration à base de foin, orge, aliment du commerce:

4,5 kg foin                     2,2                             180g                             21g                             7g                             108mg                             18mg

2 kg aliment                     1,6                             190g                             20g                             12g                         240mg                             50mg

3 kg orge                           3                             240g                             2,4g                             10g                         60mg                                 12mg
                                        ---                             ----                             ----                                 ---                         -----                                     ----
total                                 6,8                             610                              43g                                29g                        408mg                                 80mg

ALIMENTATION DE PRINTEMPS

POULAIN de 1 an = yearling

Importance des besoins suivant la race:

                        UFC         MADC             Ca         P         Zn             Cu

shetland             2,9                 280g
haflinger             5,2                 480g
trotteur                 6,2             500g             37g      21g     600mg       200mg

25 000 UI vit A, 3 000 UI vit D, 50 UI vit E

        Au printemps le poulain trotteur consommera environ 6,5 à 7 kg de MS. En pâture, sans complémentation, il consommera 36 kg d'herbe, ce qui lui apportera:

4,7 UFC, 360g MADC, 39 g Ca, 18 g P, 1300 g Zn, 216 g Cu

        Il lui manque donc 1,5 UFC et 140 g MADC, qui seront apportés par un aliment complet du commerce et une céréale. L'orge est préférable à l'avoine car ici il ne s'agit pas de donner du feu, mais de construire un organisme. Son efficacité nutritive sera améliorée par l'aplatissement ou le concassage. Cette trituration n'est pas nécessaire pour l'avoine.

Ration type:

MS UFC MADC Ca P Zn Cu
16 kg d'herbe 3 kg 2,1 160g 17g 8g 108 mg 18 mg
3,5 kg aliment 3 2,8 332g 34g 20g 360 75
1 kg d'orge 0,9 1 79 0,8  3,4 20 4
Total : 6,9 5,9 571 51,8  31,4 488 97

        Il faut compléter avec des oligo-éléments, en particulier du cuivre, très important pour la nutrition des cartilages et la prévention d'ostéochondrose. Cet apport peut se faire sous forme de granulés ou de pierre à lécher.

        Compte tenu des proportions , le poney haflinger aura besoin de 2 kg d'aliment du commerce et 500g d'orge.

POULAIN DE 2 ans

Importance des besoins suivant la race:

UFC MADC Ca P Zn Cu
shetland  3,4 280g
haflinger 6,3 380g
trotteur 6,8 420g 36g 20g 600mg 200mg

        Par rapport au yearling, on remarque que le poulain de 2 ans a besoin d'un peu plus d'énergie, mais de beaucoup moins de protéines, donc la supplémentation par rapport au fourrage se fera uniquement en céréales, en surveillant bien le niveau d'apport calcique et d'oligo-éléments.

        REMARQUES GENERALES

        Des excès protéiques de 50% voire de 100% ne sont pas néfastes pour la santé des chevaux en croissance.
        Par contre les besoins énergétiques doivent être juste couverts, mais augmentés lors de conditions météorologiques difficiles, avec des abris de fortune pour héberger le cheval.
        Les besoins en oligo-éléments sont doublés par rapport à ce qui était préconisé en 1989, mais ces connaissances sont encore assez imprécises, du fait des écarts importants entre la valeur du seuil de carence, la valeur physiologique optimum, la valeur du seuil de toxicité.

 

        III) CADRE DE VIE

        L'évolution a conduit le cheval à devenir un animal de course pour échapper au prédateur par la fuite. Dés la naissance le poulain est amené à gambader autour de sa mère pour entraîner ses muscles et parfaire ses aplombs.

        En effet le cartilage articulaire du poulain nouveau né a une structure homogène : la répartition des fibres de collagène, de GAG (glycosaminoglycanne) est homogène ainsi que l'activité de lysyl-hydroxylation . Celle ci est due à l'action de la lysyl-oxydase qui contient du cuivre et intervient dans la formation de l'élastine et du collagène en créant des liens covalents entre ces protéines.
        Le cartilage articulaire est constitué de cellules, les chondrocytes, entourées de fibres et fibrilles qu'elles fabriquent et qu'elles peuvent dégrader. Les fibres de collagène forment l'armature du cartilage. Les fibrilles proviennent de l'agrégation de GAG sur des filaments d'acide hyaluronique. Les GAG sont chargés négativement car constitués de chondroïtine sulfate et de kératane sulfate, et retiennent l'eau jusqu'à ce que la pression osmotique de la matrice du cartilage s'équilibre avec la tension des fibres de collagène qui forment l'ossature du cartilage. Ainsi les GAG confèrent au cartilage sa résistance à l'écrasement, et les fibres de collagène le limitent dans l'espace et lui donnent sa forme (5).
        Les apports alimentaires de glucosamine favorisent les synthèses de GAG et de collagène. La chondroïtine sulfate est précurseur de l'acide hyaluronique, mais son absorption intestinale est fonction inverse de son poids moléculaire. Ainsi la chondroïtine de bovin est mieux absorbée que celle d'aileron de requin.

        L'exercice va assurer le modelage du cartilage. Les zones soumises à des charges plus importantes présentent des concentrations élevées en GAG, tandis que les zones soumises à des effets de torsions, de cisaillement présentent des concentrations plus élevées en collagène. Les zones recevant des charges fortes, intermittentes, présentent des concentrations plus élevées en lysyl-oxydases.

 

        Ceci se met en place au cours des cinq premiers mois chez le poulain au pré. Mais le retard pris dans cette mise en place chez le poulain enfermé au box, ne sera pas rattrapable après l'âge de cinq mois, le métabolisme du cartilage n'ayant pas été suffisamment stimulé. L'orientation biochimique des chondrocytes, pour leur permettre de synthétiser du collagène ou des GAG, ou de la lysyl-oxydase deviendra définitive, et la composition du cartilage articulaire ne pourra plus beaucoup varier pour résister aux contraintes subies par les articulations.
        Les mesures de pression sur les surfaces articulaires proximales de la phalange proximale aux différentes allures nous montrent que cette pression est multipliée par 2 lorsque le cheval passe de l'arrêt au pas, par 3 lorsqu'il passe de l'arrêt au trot, par 4 lorsqu'il passe de l'arrêt au galop, par 4,5 lorsqu'il passe de l'arrêt au saut. Le bord dorsal de la phalange est le plus soumis à des pressions croissantes en fonction de la vitesse de déplacement, alors que le centre de la phalange subit une pression presque constante (11).

        Cependant il faut limiter la surface des pâtures les deux premiers mois de vie du poulain pour éviter des galopades trop longues, ou des interactions avec les autres chevaux et surveiller la vitesse de croissance.

        A la naissance, l'appareil tendineux du poulain est encore immature. L'alignement des fibres de collagène à l'intérieur des tendons n'est pas parfait. Ce sont les contraintes provoquées par la mise en tension des tendons qui vont favoriser une orientation longitudinale des fibres de collagène.
        Le poulain présente souvent des déviations des membres du fait d'une laxité des tendons ou des muscles, ou d'une déviation angulaire osseuse ou ostéo-articulaire. Il est souvent panard des antérieurs (jambes en X ). Au cours de la croissance, l'élargissement de la cage thoracique va écarter les coudes et redresser les membres. Ce phénomène rend cagneux un poulain qui était droit à la naissance.
        L'exercice augmente la tension des tendons, stimule la croissance des zones de cartilage les plus écrasées. La pose de talonnette ou de ferrure collée peut être nécessaire lorsque la déviation est importante.
        L'exercice du poulain augmente l'aire de section des tendons extenseurs (tendons de posture) et un peu moins celle des tendons fléchisseurs (tendons de mouvement) mais augmente leur résistance à la rupture. Le poulain au pré présente des tendons à taux de GAG, d'acide hyaluronique, de cellules plus élevés que le poulain au box.

        IV) APPRENTISSAGE

        Du poulain gambadant près de sa mère au cheval de 4 ans bien mis sur un attelage se passe une longue maturation faite d'évènements réguliers et progressifs, fonctions du propriétaire du poulain et de la mode du moment. Aujourd'hui nous sommes dans l'ère des chuchoteurs ou des comportementalistes, mais que ce soit dans l'art équestre ou la médecine, il ne faut pas entrer en religion avec une méthode. Le but est de communiquer avec le cheval pour l'amener à avoir confiance en nos demandes.

        1) LA METHODE D'IMPREGNATION

        Son but est d'habituer le poulain au contact de l'homme. A la naissance, le poulain est ouvert à tous les processus d'apprentissages, il ne reconnaît pas encore son espèce. Le cerveau du poulain nouveau né est ouvert à l'installation de tout type de programme qui provoquera chez lui des réactions stéréotypées à des catégories de stimulations. Il s'agit d'imprégner son cerveau de modèles de réactions ou de tolérance à présenter vis à vis de tel stimuli. C'est sa mère qui va développer chez lui en trois jours, un processus d'attachement en étant perpétuellement près de lui. Les phérormones émises par les glandes de l'intérieur des cuisses de la jument, lorsque le poulain les frotte en tétant, y sont pour quelque chose.

        La méthode de Robert M. Miller consiste à manipuler le poulain dés la naissance, en présence de la jument, pour lui faire accepter les contacts humains. Ces manipulations le plus souvent contraintes (une personne entoure l'encolure du poulain pour l'empêcher de fuir, tandis qu'une autre personne touche, manipule toutes les régions du corps), durent environ un quart d'heure, en présence de la mère pour rassurer le poulain. Il s'agit de désensibiliser le poulain à certains contacts pour qu'il ne réagisse plus : tout contact de la tête prépare à la pose de la bride, l'enserrement du thorax avec les bras prépare la pose de la sangle, la manipulation des pieds prépare le travail du maréchal ferrant, le bruit de la tondeuse. Il s'agit de sensibiliser le poulain au mouvement commandé : pousser avec le doigt sur les côtes pour le faire se déplacer sur le côté, pousser sur le poitrail pour le faire reculer, pousser sur la croupe pour le faire avancer. La stimulation par pression punctiforme fait apparaître une sensation d'inconfort pour le poulain qui cesse lorsque le déplacement est obtenu. Ces séances sont reproduites quotidiennement jusqu'à ce que le poulain ne présente plus de réaction de fuite et accepte tout ce qui lui est demandé.
        Cette méthode aboutit à la soumission du poulain par la contrainte, et le poulain perçoit alors l'homme comme un dominant. La soumission peut-être aussi considérée comme le résultat d'une sidération émotionnelle face à des stimuli de forte intensité (2).

        Des études montrent que les poulains ainsi imprégnés se laissent approcher plus facilement à 4 mois par une personne familière, se laissent manipuler les pieds, mais réagissent aussi fortement que des poulains non imprégnés, lors de la pose du licol, lors de vaccination, de vermifugation, lors de la tonte.

        2) LA METHODE VOLONTAIRE

        Si la méthode Miller utilise la contrainte du poulain dés la naissance et peut le rendre méfiant vis à vis de l'homme, la méthode volontaire va utiliser la curiosité naturelle du poulain et son sens de l'imitation.

        On a remarqué que des poulains amenés à la tétine ou imprégnés ou ayant subi des caresses forcées dés la naissance sont plus méfiants envers l'homme 2 à 3 semaines plus tard, que des poulains ayant assisté à des brossages et manipulations douces de leur mère ou ayant été soumis à la présence passive d'un homme dans le box pendant 10 minutes chaque jour.
        Le stress de la contrainte laisse donc au poulain une mémoire peu positive. A l'inverse, l'absence d'interférence avec les déplacements du poulain, et la démonstration d'une bonne relation établie entre l'homme et la jument (brossage, distribution d'aliment) stimule la curiosité du poulain et son approche vers l'homme (10).

        En fait la méthode Miller donne de bons résultats lorsqu'une bonne relation entre l'homme et la jument neutralise l'inconfort de la contrainte mémorisée par le poulain. Dans ces conditions il n'y a plus de raison objective pour pratiquer cette méthode d'imprégnation.

        3) SYNTHESE PRATIQUE

        - Les premiers jours de vie :

        Il faut s'occuper de la jument pour montrer au poulain que l'on a une bonne relation avec sa mère : caresses, brossage, distribution d'aliment. Il faut exprimer une présence même passive dans l'environnement jument / poulain.
        Le poulain apprend en imitant sa mère. Avec une jument proche de l'homme, le poulain va venir spontanément, en toute confiance chercher une caresse.. puis accepter le licol.

        - Au sevrage :

        Le poulain est plus ouvert au contact humain dés le début du sevrage, du fait de son état de privation sociale. Il acceptera les caresses, la pose du licol, la marche en main, la prise des pieds… et mémorisera durablement ces manipulations.

        - Au débourrage :

        Il a lieu vers 18 mois pour permettre d'avoir un cheval bien mis à l'attelage vers l'âge de 3 ans. Il s'agit de donner l'envie au cheval de rencontrer des situations nouvelles : marcher en main, puis accepter la selle, puis découverte de la traction.

        Il faut utiliser la psychologie du cheval pour réaliser ce dressage :
        Le cheval a un instinct grégaire et s'il a été habitué au contact de l'homme, il ne pourra que venir vers lui lorsqu'il sera seul au milieu de la carrière.
        Le cheval a un instinct de fuite et sera méfiant vis à vis de toute nouveauté dans son environnement .
        Le cheval a un instinct d'agression qui se manifeste lorsqu'il défend sa liberté, se rebelle contre l'obéissance. Cependant cet instinct est moins fort que celui de fuite.
        Le cheval est doté d'une forte mémoire qui lui permet de comparer constamment ce qu'il vit d'avec des événements passés et de prévoir une fin heureuse ou douloureuse pour lui à la situation présente, et dans ce dernier cas il cherche à fuir.
        Le cheval est très sensible à la douleur et elle génère des comportements agressifs.
        Le jeune cheval est comme l'enfant, incapable de soutenir longtemps son attention.

        Fort de ces constatations le dresseur va éduquer le cheval au cours de courtes séances au début, avec une progressivité des commandements à apprendre.
Si le jeune cheval fait une embardée pour reprendre sa liberté et se retrouve à l'autre bout de la longe face au dresseur, celui ci ne doit pas lâcher. Le licol serre la nuque du cheval et lui fait ressentir de l'inconfort. Il se rend vite compte que plus il tire, plus il est mal. Il finit par détendre son encolure pour se retrouver dans une situation plus confortable. Le dresseur lui commande alors d'avancer et tire sur la longe s'il n'obéit pas, ce qui fait recommencer la séquence précédente. Le cheval avait utilisé son instinct d'agression pour refuser le travail demandé, sa sensibilité à la douleur le fait céder.
        L'autre option est d'utiliser l'instinct grégaire du cheval, et lors de son 1er refus de maintenir la longe tendue et de lui tourner le dos… le temps d'allumer une cigarette ou d'écouter les petits oiseaux. En moins de 10 minutes le cheval viendra au contact du dresseur .

        Le poulain dit " bon d'écurie " (marche au licol, reste attaché au mur, donne les pieds) va pouvoir être travaillé à la longe puis au longues rênes.

TRAVAIL A LA LONGE

        Le travail à la longe est le premier travail auquel doit être soumis le cheval. Ce travail vise à lui apprendre les ordres, le mettre en condition, l'assouplir, atténuer sa dissymétrie originelle, le cadencer dans les différentes allures.

        Pour les premières leçons il vaut mieux que le dresseur soit accompagné d'un aide muni d'une longe d'écurie pour guider le cheval au plus près et lui inculquer les ordres de déplacements et d'arrêt pendant des séances courtes de un quart d'heure environ.
        Le cheval équipé d'un caveçon est placé sur le bord d'un rond délimité par une bordure ou une clôture d'une dizaine de mètres de diamètre. Le dresseur au centre du cercle tient la grande longe et donne les ordres, l'aide près du cheval le tient avec la longe d'écurie et lui fait vivre la correspondance entre l'ordre et la réponse attendue.
        Un début de phrase prévient le cheval qu'il va recevoir un ordre, ordre donné vivement sur une ou deux syllabes : oh,oh stop ou halte, allez au pas au pas, pour trotter trot tez, pour galoper ga-lop.
        Pour monter en allure, il faut utiliser des intonations vives, pour ralentir, il faut au contraire utiliser une voix adoucie et traînante.

        Lorsque le cheval répond bien aux ordres, le dresseur peut commencer le travail des allures (le pas, le trot, le galop) et de la cadence ( la régularité du mouvement dans l'allure). Le dresseur doit être calme car le cheval est un grand émotif, et décidé car le cheval est en général partisan du moindre effort.
Il se place au centre du cercle en regardant le garrot du cheval, longe dans la main gauche pour un cercle à main gauche, chambrière dans la main droite.

        Le cheval présente en général une dissymétrie locomotrice, ce qui a un effet sur la position que le dresseur doit prendre par rapport au centre de gravité du cheval .

        Le cheval a en général une propulsion exercée par son postérieur gauche supérieure à la droite. Ceci est pareil pour l'homme, rappelons-nous que 80% des enfants ont la jambe gauche comme jambe d'appel pour sauter ! Chez le cheval la propulsion plus forte du postérieur gauche a pour effet de projeter l'épaule droite à l'intérieur du cercle à main droite, et à l'extérieur du cercle à main gauche. C'est pourquoi les chevaux de cirque tournent à main gauche et ainsi ne cherchent pas à raccourcir le cercle.

        Le travail à la longe cherchera à donner une bonne incurvation au cheval en repoussant ses épaules à l'aide de la pointe du fouet et de la voix "LÀ-BAS" sur le cercle à main droite, en tendant la longe et en se plaçant vers la croupe pour le cercle à main gauche.

Le cheval tend à rentrer dans le cercle à main droite, il faut lui repousser l'épaule. Le cheval tend à sortir du cercle à main gauche, il faut lui repousser la croupe (l'arrière du cheval).



        Le dresseur se déplace sur un cercle parallèle à celui du cheval, à la hauteur du surfaix, la chambrière dirigée vers le surfaix en position de base. Il va à hauteur de l'épaule du cheval pour le ralentir, à hauteur de la croupe pour l'accélérer. La bonne position sur le cercle s'apprend au pas puis on passe au trot.

        Les premières séances durent un quart d'heure sur chaque main, puis cette durée sera augmentée. Cependant il semble préférable de faire deux séances journalières d'une demi heure plutôt qu'une séance d'une heure.
        En alternant des trots rapides sur un grand cercle et des petits trots sur un petit cercle tous les trois tours, le cheval se cadence plus rapidement.
On apprend ainsi au cheval à cadencer son trot et à distinguer les trots moyen, de travail, allongé

        TRAVAIL AUX LONGUES RENES

        Le travail aux longues rênes est indispensable avant de mettre le cheval à la traction. Il permet de le familiariser aux effets du mors, de la main et de la voix du meneur. Ce travail ne peut se faire sans danger que dans un espace fermé : rond de carrière, manège qui empêche le cheval de se dérober.

        Le cheval est équipé d'un filet et d'un surfaix ou une sellette. Les rênes sont fixées au mors et passent dans les anneaux du surfaix.
        Le meneur se tient au centre du cercle, perpendiculaire au cheval qui est sur le cercle.

        Sur le cercle à main gauche, le meneur tient les deux rênes dans la main gauche et la chambrière dans la main droite pour donner de l'impulsion. Le meneur marche vers l'avant sur un petit cercle pour accompagner le déplacement du cheval sur son grand cercle.

        Sur le cercle à main droite le meneur tient les deux rênes dans sa main gauche car à l'aide de la chambrière dans sa main droite il doit souvent repousser l'épaule droite du cheval vers l'extérieur du cercle en disant : " là bas ". En effet, l'impulsion donnée par le postérieur gauche est plus forte que celle donnée par le postérieur droit, ce qui transfert plus de poids sur l'épaule droite et la fait rentrer dans le cercle à main droite, ou sortir du cercle à main gauche.

        Le cheval doit être dirigé par les rênes et par la parole. Il doit être tout de suite félicité lorsqu'il répond bien à la demande.

        Pour le faire passer du cercle à main droite au cercle à main gauche, le meneur place sa main gauche avec le fouet sur la rêne gauche en avant de la main droite qui reste sur la rêne droite, puis il se déplace vers l'arrière du cheval en restant bien au contact. Le cheval commence à incliner sa tête vers la gauche, puis le meneur fait passer les rênes sur la croupe du cheval en cédant sur la rêne droite, et le cheval tourne à gauche.
        Le passage du meneur à l'arrière du cheval doit être rapide car certains jeunes chevaux ayant perdu le meneur dans leur champs visuel peuvent paniquer et détaller.

En résumé, pour passer de main droite à main gauche en faisant un grand huit il faut :

1 serrer les deux rênes dans les doigts
2 rendre la rêne droite en passant derrière le cheval
3 laisser filer la rêne droite pour qu'elle passe sur la croupe du cheval, tandis que l'on se place sur son coté gauche.

        Les changements de main incitent le cheval à trouver un nouvel équilibre, et déverrouillent ses épaules. Cependant il faut toujours être méfiant lorsque l'on passe dans l'angle visuel mort du cheval. Certains embarquent à ce moment. Dans ce cas il ne faut pas rester derrière, mais se remettre en oblique par rapport au cheval pour le replacer sur le cercle puis l'arrêter.

        Si le cheval s'énerve pour ne pas faire l'exercice demandé, il faut s'arrêter et le garder au bout des longues rênes sans le heurter, en les serrant puis rendant dès qu'il s'immobilise, le garder sous l'oeil sans montrer qu'on s'intéresse à lui. Au bout de quelques instants, il se trouve tout bête d'être encadré (presser les rênes puis rendre selon ses réactions), sans qu'on lui demande quelque chose à faire. Il finit par se décontracter (cheval qui mâche, ou qui crotte, ou qui pisse) et se soumettre..... et l'exercice de dressage peut reprendre.


CHEVAL QUI MACHE = CHEVAL RELÂCHE
                                                                                CHEVAL QUI CHIE = A MOITIE COMPRIS
                                                                                                                                                            JUMENT QUI PISSE = JUMENT SOUMISE

        Lors du changement de main, si le cheval se retrouve face à nous au cours d'une erreur de trajectoire, il faut le remettre en avant en tendant la rêne extérieure pour le faire s'éloigner.

CERCLE à DROITE = ACTIONS DES MAINS VERS LA DROITE DU DRESSEUR

             En effet, pour rétrécir le cercle il faut écarter la main droite. Pour l'agrandir ou pousser le cheval sur son épaule gauche, il faut faire passer la main gauche sur la rêne droite. Cela a pour effet de tendre la bouche du cheval à gauche sans lui casser l'encolure à gauche. Il reste ainsi incurvé dans le bon sens.

Inversement pour le cercle à gauche.

            Le rassembler se travaille aux longues rênes, il vise à augmenter l'engagement des postérieurs sous le cheval et à améliorer la mobilité des antérieurs ainsi soulagés.

            On peut commencer à mettre le cheval en traction lorsqu'il répond bien aux exercices aux longues rênes, tantôt équipé d'un bridon, tantôt d'une bride avec œillères.
On commence d'abord par lui faire tirer un objet peu volumineux et peu bruyant comme un gros pneu. Le cheval porte une bride sans œillère à la tête pour qu'il puisse bien voir son environnement, et ne pas prendre peur inutilement. Il doit faire un effort de traction et ressentir le contact des traits contre ses jarrets.

 

        TRAVAIL EN VOITURE

Avant le départ il faut vérifier les réglages de harnais:
- mors bien au contact de la commissure des lèvres
- bricole juste au dessus de la pointe de l'épaule pour ne pas gêner le mouvement, ni asphyxier le cheval
- pointe de brancard à 15 cm au dessus de la bricole bien ajustée
- avaloir à mis cuisse et permettant le passage d'un poing entre la lanière de cuir et la cuisse du cheval
- réglage des rênes meneur à terre, près de la tête du cheval puis monter dans la voiture par le côté gauche

        Pour prendre un virage à gauche il faut :

        1 RALENTIR en raccourcissant si besoin les deux guides,
        2 SERRER les doigts sur la guide droite, solliciter le cheval qui tend les guides et déplace ses épaules vers la droite, et s'éloigne d'une borne éventuelle.
        3 DESSERRER les doigts de la main droite en rendant à droite par une rotation des épaules du meneur qui accompagnent son regard dans la direction du tournant.

        Sur un parcours de maniabilité, au petit trot, on peut constater que sur des rênes ajustées, le simple fait de serrer la guide droite, sans tirer, fait dévier le cheval vers la droite sans modifier la position de son encolure ! Pour le meneur débutant, la difficulté est surtout de rester en permanence avec des rênes ajustées, bien au contact de la bouche du cheval, sans tirer. Ainsi une augmentation de la tension d'une rêne en la serrant, devient perceptible à la bouche du cheval, et tout se fait en douceur .

        Pour négocier un L en maniabilité, il faut s'engager en diagonale dans l'obstacle, avec le coin extérieur en ligne de mire, presser la guide extérieure pour que le cheval s'éloigne de la barre intérieure du L, puis desserrer et tourner le buste dans la direction du virage.


        Cette manœuvre pourra être utilisée au trot pour franchir un U en maniabilité, ou dans tout autre obstacle fermé. Il faut commencer par ralentir et bien raccourcir les guides surtout sur des voitures à 4 roues qui rapprochent la croupe du cheval du meneur. Puis presser la guide externe en parlant au cheval, ce qui l'éloigne de la barre de séparation du U , puis le meneur tourne le buste et ses épaules dans le sens du virage.

         En attelage, le demi tour est une manœuvre fort utile en randonnée lors d'obstacle imprévu sur un chemin.
Au pas, sur des guides raccourcies, on presse la guide extérieure en parlant au cheval pour qu'il soit attentif, pour qu'il se rende compte qu'on ne lui demande pas quelque chose qu'il a l'habitude de faire : "OH, OH, Oh, Oh, oh, oh".
        La pression sur la guide renvoie le cheval sur son épaule extérieure, ce qui libère l'antérieur intérieur qui sera prêt à se mobiliser lorsqu'on tournera complètement le buste vers l'intérieur. Le cheval tournera en se croisant les antérieurs.

 

 

        Le cheval est dit débourré lorsqu'il obéit aux ordres donnés par la voix et le geste, et lorsqu'il se laisse atteler. Mais un cheval au bout de 3 mois d'attelage à raison d'une fois par semaine reste encore un cheval dangereux pour cette discipline. Il lui faudra faire encore une année de route et chemin pour se familiariser avec l'environnement : volume d'une moissonneuse batteuse, volume d'un tracteur avec une presse à paille, autocar volumineux avec sifflement du ventilateur, rencontre avec des porcins que le cheval détecte de loin au bruit et à l'odeur.
        D'une façon générale le cheval s'inquiète de tout ce qui est volumineux (véhicules, autruche battant des ailes, éléphant remuant les oreilles…) et de tout ce qui ressemble à un prédateur tapi, prêt à bondir (chien allongé, homme allongé ou courbé, grosse pierre longue…). Pour anticiper sa réaction (fait demi tour ou s'emballe après le passage de l'objet du trouble), il faut tendre les rênes et le porter en avant, puis après le passage il faut le rassurer de la voix et donner du frein pour l'empêcher de partir.
        Un cheval qui s'est emballé une fois reste traumatisé, et placé dans les mêmes circonstances il s'emballera à nouveau si le meneur n'anticipe pas l'action. Il faut donc lui faire oublier cet emballement en le replaçant dans ces circonstances le plus tôt possible.
Il est dangereux de continuer à atteler un cheval qui s'est emballé deux fois (6).

        La mise au travail du cheval est plus facile lorsqu'il a un modèle. Dés l'âge de 18 mois il peut être attelé en paire à côté d'un cheval bien mis. Celui-ci est placé dans les brancards de la voiture et le poulain est mis en traction sur un palonnier à côté. Une voiture avec timon peut aussi être utilisée.


        PRECAUTIONS MEDICALES

        Nous avons vu précédemment que par rapport à l'arrêt, la pression exercée sur les surfaces articulaires des phalanges et sans doute des canons étaient multipliée par 3 lorsque le cheval faisait du trot et par 4 lorsqu'il galopait. L'apparition de stress fracture phalangienne ou du canon survient sur le galopeur de 2 ans, de grand format, dont l'entraînement comporte de longues phases de galop et des canters générant de l'acidose lactique. Le cheval en croissance a ses os en cours de croissance, le plus souvent par poussées segmentaires successives, et de minéralisation. Les états d'acidose récurrents augmentent la solubilité du calcium et gênent la minéralisation, ce qui fragilise l'os.
        Le jeune cheval d'attelage est à l'abri de ce genre de pathologie car à 2 ans on ne lui demande pas de faire de la vitesse, et il ne porte pas de cavalier qui accroît la charge portée par ses os.

        Par contre à cet âge il faut être prudent quant à l'intensité des efforts demandés aux tendons. Les tendons sont constitués de fibres de collagènes toutes orientées longitudinalement et présentant quelques ondulations (réserves d'étirement). Cependant les fibres des tendons présentent moins d'ondulations dans leurs segments métacarpiens moyens et proximaux, et de ce fait atteignent plus vite leur limite de déformation avant rupture.
Le galopeur et le poney de polo présentent plus facilement des lésions du tendon fléchisseur superficiel du doigt (TFSD = perforé) qui amortit le pied lors de la réception à l'appuis, le cheval d'attelage sollicite davantage ses tendons fléchisseurs profonds du doigt (TFPD = perforant) au démarrage d'une voiture trop lourde ou en côte, le trotteur s'abîme plutôt les ligaments suspenseurs du boulet (LSB) des postérieurs.


        4) COMPORTEMENTS VECUS

        - La peur

        Lors de la rencontre d'un gros tracteur tirant une presse à paille sur une petite route communale, le cheval ralentit devient nerveux, pousse l'encolure à droite puis à gauche. Le fossé est profond, il faut mordre largement sur le bas côté et immobiliser l'attelage. Vu l'état de nervosité dans lequel s'est mis le cheval l'aide descend et se porte à la tête du cheval pour le rassurer et l'immobiliser. Le tracteur une fois passé à vitesse réduite, le cheval s'ébroue, l'aide le lâche et l'attelage peut repartir.

        Une colonne d'attelages sur un chemin de halage approche une écluse. Un arroseur alternatif mouille le bord droit du chemin. Le 3e attelage s'approche de l'arroseur pour goûter l'eau. Le 4e attelage qui le suit de près emprunte le même itinéraire. Le 3e cheval fait un petit crochet sur la gauche au dernier moment pour ne pas se faire mouiller et permet au 4e cheval de découvrir brutalement le jet d'eau. Il prend peur, se jette en avant en tournant à angle droit sur la gauche et descend le glacis pavé qui précède l'écluse… pour prendre un grand bain. Le cheval nage pour revenir sur le bord juste avant que la voiture ne coule, le tirant vers le fond du canal. Il se maintient la tête hors de l'eau tandis que les passagers sont récupérés. Une longe est passée à la bride pour lui maintenir la tête hors de l'eau tandis que deux meneurs plongent et le détellent avec difficulté, l'opinel est nécessaire pour couper la sous ventrière.
Cheval de 6 ans manquant d'expérience, instinct grégaire poussant le cheval à coller la voiture précédente, instinct de fuite non canalisé lors de la découverte du jet d'eau.

        - L'intelligence

        Trois ponettes fjords dominent une petite ponette welsh. En hiver leur soigneur distribue chaque matin 4 paquets de foin sur la pâture, pensant que chacune mangerait à sa faim.
        Le 1er tas est mangé par les deux fjords dominantes
        Le 2e tas est mangé par l'autre fjord
        Le 3e tas est mangé par la welsh
        Le 4e tas est libre
        Lorsque le 1er tas est mangé, la fjord la plus dominante va manger le tas n° 4, sa copine va déloger la welsh et finir son tas n° 3
Au bout du compte, la dominante a mangé un tas et demi, la deuxième dominante a mangé un tas et un sixième de tas en chassant la welsh ; l'autre fjord a mangé un tas, et la petite welsh n'a mangé qu'un tiers de tas

        Ce test semble nous montrer que le cheval peut être calculateur et anticiper une action ultérieure. Pourtant il nous arrive souvent de constater que si l'on pose un aliment (granulés ou foin ou pommes…) derrière une clôture, le cheval trépigne d'impatience face à cet aliment sans avoir le réflexe de le quitter des yeux un instant pour faire 20 m et contourner la clôture. Une vache trouve la solution de ce problème très rapidement.

        - La mémoire

        Au cours d'une promenade, sur un chemin emprunté de nombreuses fois, un chien berger est tapis à l'entrée d'une propriété et surprend l'attelage en aboyant et en s'agitant. Le cheval fait un écart, piaffe et se calme 50 m plus loin.
        Trois ans plus tard, lorsqu'il passe à nouveau à cet endroit, il se met à piaffer, près à partir et refait un écart, alors qu'il n'y a pas de chien présent.

        Un cheval de 6 ans attelé régulièrement à une carriole normande à deux roues à bandages caoutchoucs, donc bien tenu dans les brancards est attelé un soir de juillet à un break de 1930 nouvellement acquis avec des roues à bandages en fer. Au retour de la promenade de 6 km, il faut emprunter la nationale qui traverse le bourg. Le cheval ralentit bien pour franchir la balise d'intersection au petit trot, puis il reprend un trot normal en franchissant le pont sur la rivière. Son trot s'accélère au bout du pont (sans doute pour prendre de l'élan pour monter la côte qui apparaît). Le meneur raccourcit les guides pour le contenir dans le virage à gauche à la sortie du pont. La voiture passe sur une bouche d'égout ce qui provoque l'émission d'un bruit métallique fort. Le cheval part au galop et s'emballe. Le meneur, une main sur chaque guide ne peut pas actionner " la mécanique " pour freiner, il craint de déséquilibrer le cheval en mettant les guides dans une seule main, la voiture fait des mouvements de roulis impressionnants. Finalement la côte a raison de la fougue du cheval.
        Il est attelé le lendemain à la carriole normande et fait le même parcours sans encombre. Le break est envoyé en atelier pour l'équiper de freins à disques et poser des bandages caoutchouc sur les roues.
        Le cheval est à nouveau attelé au break à la mi septembre pour refaire le même parcours. Au retour, à la sortie du pont, il tente à nouveau d'accélérer son trot. Il est repris aussitôt par une action de guide et une action de frein, et ne manifeste plus de désir d'emballement.


        V CONCLUSION

        L'élevage du poulain commence dés sa conception en alimentant correctement la jument, pour qu'il naisse en grande forme, qu'il ait du lait de qualité à téter. Les soins apportés à la jument par le soigneur sous les yeux du poulain rendront son approche plus facile. En liberté dans son pré, le poulain équilibrera sa locomotion.

BIBLIOGRAPHIE

1) BETSH J.M. : " Sémiologie du poulain nouveau-né : examen par appareil ", PVE, 1999, vol 31, n°121
2) BOUREAU Vincent : " L'imprégnation : mythe ou réalité ", Le nouveau Praticien Vétérinaire équine, néonatalogie 2007, p121
3) BRUYAS Jean François : " Le déroulement de la gestation de plus de quatre mois chez la jument ", Le nouveau Praticien Vétérinaire équine, n° 3, janvier 2005, p7
4) BRUYAS Jean François : " L'immunité néonatale du poulain ", Le nouveau Praticien Vétérinaire équine, néonatalogie 2007, p36
5) CARON JP, LAVERTY S, ROBION F : " Arthrose équine : physio-pathologie et aspects actuels des traitements ", PVE, 1996, vol 28, n°3, p185
6) DE DIEPOLD Brigitte : " Le cheval d'attelage ", tome 1, Maloine Editeur, Paris, 1986, p111
7) DESJARDINS Isabelle, AMMANN Vincent : " L'évaluation de la croissance et du développement du poulain ", PVE, 2007, vol 39, p87
8) FLAUBLADIER Céline, JULLIAND Véronique : " Comment alimenter la jument suitée ", Le nouveau Praticien Vétérinaire équine, néonatalogie 2007, p116
9) HARRIS Patricia : " Recommandations nutritionnelles pour une croissance optimale du poulain ", PVE, 2007, vol 39, p57
10) HENRY Séverine, HAUSBERGER Martine : " Comment favoriser un développement comportemental harmonieux du poulain ? ", PVE, 2007, vol 39, p95
11) VAN WEEREN PR : " La conformation et l'exercice du poulain déterminent-ils ses performances futures ", PVE, 2007, vol 39, p119
12) WOLTER Roger : " Alimentation du cheval ", Editions France Agricole, 1994
13) WOLTER Roger : " Ostéochondrose et alimentation du cheval ", PVE, 1996, vol 28, n° 2, p85

 

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