ATTELAGE : CONSEILS  QUE  LE  VÉTÉRINAIRE  DOIT  POUVOIR  DONNER  A  TOUT  MENEUR
              

                                                                                                               par Dr Guy  SOUFFLEUX     (décembre 2004)

   La demande de conseils de la part du meneur peut se faire une fois que l'attelage est constitué ou avant tout achat. Dans ce cas les questions peuvent porter sur le choix du cheval et celui de la voiture. Lorsque l'attelage est constitué, le meneur peut être demandeur de conseils sur l'alimentation, l'entraînement, qui seront fonction du type et de l'intensité de l'activité : concours d'attelage, TREC (Technique de Randonnée Équestre de Compétition), randonnée, de niveau régional ou national, de conseils sur la prévention des risques de traumatismes du cheval provoqués par la voiture : ajustement du harnais, adaptation de la voiture à la morphologie du cheval, de conseils sur les "Ecoles d'attelage" pour apprendre à mener ou se perfectionner (voir annexe).

1 )  CHOIX  DU  CHEVAL

  De ce choix dépendra le niveau d'investissement logistique nécessaire pour pouvoir effectuer des déplacements et participer à des compétitions. Voici les différentes options  de transports qu'il est possible d'utiliser pour déplacer son cheval et sa voiture hippomobile. Elles sont présentées dans un ordre croissant  de prix:

 *   Deux véhicules moteurs dont on dispose déjà, permettent de tirer un plateau porteur de la voiture hippomobile, et un van dans lequel voyagent chevaux ou poneys, mais cela nécessite la participation de deux personnes munies de permis de conduire.

 *   Une petite camionnette que l'on trouve facilement sur le marché de l'occasion (genre Transit ou Masters) permet de transporter deux poneys et de tirer le plateau porteur de la voiture.

 *   Une petite camionnette permet de transporter une voiture d'environ 1m 35 de large (passage des roues), et de tirer un van dans lequel ont pris place chevaux ou poneys. Le camion sans odeur de crottin peut servir de logement pour le meneur lors de déplacements sur plusieurs jours.

 *   Un camion bétaillère transporte plusieurs chevaux ou poneys et tire le plateau porte voiture.

   L'investissement en logistique détermine l'orientation cheval ou poney. Le type d'utilisation de l'attelage et le tempérament du meneur ( calme ou sportif ) feront choisir telle race d'équidé.
   Chez les poneys l'activité traction dans le calme est représentée par le Fjord, 

le Haflinger, 

le Mérens, le Camargue, le Highland, 

le shetland,

 l'activité sportive, la vivacité par le Connemara, 

le Welsh,

 le Français de selle, 

le Dartmoor, le New Forest.

    En compétition, les poneys sont classés en catégories de tailles :
     - catégorie A =  taille inférieure à 1,07 m
     - catégorie B =  taille comprise entre 1,08 et 1,30 m
     - catégorie C =  taille comprise entre 1,31 et 1,40 m
     - catégorie D =  taille comprise entre 1,41 et 1,48 m
 

     Cependant en attelage cette classification n'intervient que pour le poids des voitures de la catégorie A. En effet, cette catégorie en attelage en simple tire une voiture de plus de 60 kg, au lieu de 90 kg pour les autres poneys. 

Avec une paire de shetland la voiture passe à 180 kg au lieu de 225 kg, et en attelage à 4 elle passe à 220 kg au lieu de 300 kg pour les autres poneys. Les vitesses étant inchangées, cet avantage de poids est bien maigre pour rétablir une parité entre "les courtes pattes et les longues jambes".

   Chez le cheval l'activité traction est représentée par le Frison, le Franche-Montagne, le Welsh Cob, le Lipizzan, l'activité sportive par le Hanovrien, le Oldenbourg, le Holstein, le Selle Français, l'Arabe, le Malopolski, le Wielkopolski.

Le trotteur et ses croisements,

Chez le cheval de trait l'activité traction est représentée par le Comtois, le Breton,

 l'Ardennais, l'Auxois, le Percheron lourd,

 le trait mulassier, 

l'activité sportive se retrouve chez le Cob Normand,

 le Percheron allégé, le Boulonnais.

      Conseils pour acheter un cheval : voir en annexe : "L'achat d'un cheval"
    Pour sa thèse, Joanna Moulin (9) a suivi plusieurs TREC attelés de la région Rhône Alpes en 2002 et a constaté que ces compétitions avaient été courues par 43% de poneys, 32% de chevaux de traits, 16% de chevaux, 8% de croisés.
    La race de poney la plus représentée est le Fjord 36%, le Mérens 9%, le Dartmoor 7%, le Haflinger 5%, le Poney Français de Selle 5%, le Connemara 3%, le New-Forest 3%, le Welsh Mountain 3%, et les croisés 29%. Cependant en attelage, il faut s'occuper de l'entité attelage et non de l'équidé : un attelage de 4 fjords compte pour un attelage de fjords et non pour quatre poneys fjords, ce qui bouleverse les statistiques.
    Pour les chevaux de traits, elle trouve des chevaux régionaux, ce qui est normal puisque la plupart appartiennent à des paysans qui utilisent les chevaux des berceaux de race. N'a-t-elle pas montré que 17% des meneurs de TREC étaient agriculteurs, 14% retraités, 8% enseignants, 8% maréchal-ferrant, moniteur d'équitation, vétérinaire. Elle trouve 26% de Cob normand, 25% de Comtois, 18% de Boulonnais, 11% de Percherons, 9% d'Ardennais, 11% de Croisés. Sur 28 attelages de traits d'un concours à Rennes en 2003, il y avait 50% de Cob normand, 43% de Breton, 7% de Percheron.

    L'attelage à un poney ou à un cheval est le plus facile à mettre en oeuvre, le meneur peut atteler seul. Cependant pour une sécurité optimum il faut toujours deux personnes dans la voiture pour qu'en cas d'incident en randonnée, le meneur reste aux guides tandis que le groom se porte à la tête du cheval pour le rassurer et le maintenir. Alors le meneur descend et règle le problème de voiture, de harnais ou de cheval.

    L'attelage en paire , de front ou en tandem (l'un derrière l'autre), nécessite deux personnes pour être mis en oeuvre. Le groom maintient le 1er cheval déjà attelé à la voiture tandis que le meneur va chercher le second cheval et le met en place de l'autre côté du timon. Le menage en paire (de front) nécessite moins d'attention que le menage en simple dans la prévention des écarts du cheval. En effet, lorsque le cheval a soudain peur de quelque chose, il peut faire un écart de 80 cm à 1 m. Lorsqu'il est en paire, son congénère n'a pas peur des mêmes choses, ou ne voit pas ce qui génère la peur du premier, aussi l'écart du premier se heurte au poids mort du second, et l'écart de l'attelage n'est plus que de 30 à 40 cm , ce qui est beaucoup moins dangereux sur route avec la circulation automobile.

     A l'arrachement, les chevaux attelés en paire additionnent leur force de traction qui est en gros égale à leur poids (5), mais au pas ou au trot le rythme des chevaux étant souvent différents, la force de traction de la paire diminue jusqu'à la valeur de un cheval et demi, l'un tirant beaucoup plus que l'autre. La race du cheval ou du poney intervient aussi dans la faculté de fournir une force complètement efficace à l'arrachement. Les tempéraments froids qui viennent s'appuyer sur le collier ou la bricole, puis se campent sur leurs quatre pattes pour tirer la charge sont plus efficaces que les tempéraments vifs qui se jettent en avant sur la bricole pour mettre la charge en mouvement. Les premiers utilisent leur force musculaire, ainsi le Shire nommé Vulcain a exercé une force de traction instantanée de 29,5 tonnes sur le dynamomètre mis en place lors de l'exposition de l'Empire britannique à Wembley en avril 1924, les seconds l'énergie cinétique de leur masse projetée en avant dont l'effet sur la traction est beaucoup moindre.

    Lorsque le travail fournit par les deux poneys ou chevaux d'une paire est inégal (le dominé restant en arrière du dominant), il faut régulièrement solliciter le dominé pour qu'il se mette en traction et oublie sa situation hiérarchique.

     Le système de palonniers fixés en balancelle à la voiture, et non de façon indépendante, résout ce problème et oblige les deux chevaux à tirer même si l'un se met en retrait par rapport à l'autre.

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